La loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État reconnait
la liberté religieuse et garantit le libre exercice du culte. Pour permettre aux détenus de pratiquer leur religion, l’administration pénitentiaire prend en charge les dépenses relatives aux
services d’aumôneries dans les prisons.
L'article 26 de la loi pénitentiaire de 2009 précise que "Les personnes détenues ont droit à la liberté d'opinion, de conscience et de religion. Elles peuvent exercer le culte de leur choix, selon les conditions adaptées à l'organisation des lieux, sans autres limites que celles imposées par la sécurité et le bon ordre de l'établissement" .
Ainsi, les détenus peuvent prier dans leur cellule et y conserver les objets et les livres nécessaires à leur vie spirituelle. Ils ont le droit d’assister aux offices religieux et aux réunions cultuelles. Ils peuvent s’entretenir, aussi souvent qu’ils le souhaitent, avec un aumônier de leur confession. Les entretiens ont lieu au parloir ou dans une "salle polycultuelle" ou en cellule, hors de la présence des surveillants. Les correspondances écrites des détenus avec un aumônier de la prison sont, par ailleurs, strictement protégées.
Sept confessions sont agréées au plan national dans les prisons : les aumôneries catholique, israélite, musulmane, orthodoxe, protestante, bouddhiste et les Témoins de Jéhovah.Les intervenants des aumôneries peuvent être soit des aumôniers indemnisés ou bénévoles, soit des auxiliaires bénévoles. Tous sont agréés par l’administration pénitentiaire. Celle-ci a été condamnée plusieurs fois par le juge administratif en raison de son refus de reconnaître des aumôniers Témoins de Jéhovah. Dans un
arrêt du 16 octobre 2013, le Conseil d’État a rejeté tous les recours du ministère de la justice et a conclu que les refus de l’administration pénitentiaire d’agréer des aumôniers Témoins de Jéhovah, qui sont reconnus comme association cultuelle, n’avaient pas de base légale.
En 2018, l’administration pénitentiaire recense
1 655 intervenants cultuels, indemnisés et bénévoles, répartis comme suit :
- Culte bouddhiste : 18
- Culte catholique : 720
- Culte israélite : 74
- Culte musulman : 231
- Culte orthodoxe : 60
- Culte protestant : 361
- Culte des Témoins de Jéhovah : 191
Depuis 2012, les effectifs des aumôneries pénitentiaires ont progressé de 36%.
À la suite des attentats terroristes qui ont frappé la France ces dernières années et de la hausse du nombre de "détenus de droit commun susceptibles de radicalisation" (DCSR), les pouvoirs publics ont renforcé significativement le budget consacré à la pratique des cultes en prison ainsi qu’à la formation des aumôniers et personnels pénitentiaires.
En 2016, l'aumônerie musulmane, qui manquait jusqu'en 2012 d'aumôniers, a été la plus impactée par ces nouveaux moyens. Elle est devenue la plus importante en termes de ressources budgétaires allouées.
En 2017, les indemnités forfaitaires horaires des aumôniers pénitentiaires ont été revalorisées. Des diplômes universitaires pour les aumôniers ont été aussi mis en place.
En 2018, la dotation totale des aumôneries s’est élevée à presque 4,2 millions d’euros (contre 2,4 millions d’euros en 2014).
Dans
son avis sur le programme "administration pénitentiaire" du projet de loi de finances pour 2019, le député Bruno Questel formule plusieurs recommandations sur le culte en prison : renforcer la formation des personnels pénitentiaires afin d'éviter certaines difficultés, uniformiser la formation et l'agrément des aumôniers, améliorer le financement et le fonctionnement des aumôneries.
Plus...