Par Blanche Lochmann. Voilà que la Société des agrégés se voit demander de jouer les pierres de touche... Ces derniers jours, j'ai été appelée par les trois quarts de la presse française pour commenter l'affaire Bernheim.
Pour ceux d'entre vous à qui cela aurait échappé, la chose est simple: après avoir été accusé de plagiat, s'être emberlificoté dans des justifications invraisemblables puis avoir platement avoué la tromperie, le Grand Rabbin de France se trouve maintenant attaqué sur la réalité de son succès à l'agrégation de philosophie.
Je ne sais rien de ce qu'il dit lui-même, de ce qu'il a réellement prétendu avoir obtenu et n'en veux d'ailleurs rien savoir: cela le regarde. En revanche je n'avais aucune raison de refuser l'accès aux archives de la Société des agrégés aux reporters qui désiraient s'assurer eux-mêmes, par la consultation des listes publiées dans notre revue, de son admission au concours. A ce jour aucun journaliste ne l'a trouvé dans ces listes.
Jamais autant la presse ne s'était spontanément intéressée à l'agrégation. Pendant quelques jours, j'ai, de vive voix ou au téléphone, expliqué ce qu'est l'agrégation, comment on l'obtient, ce qu'elle vaut, son histoire, les raisons de son prestige. Rassurez-vous, chers adhérents; soyez heureux, vous tous agrégés, ce prestige est intact car une chose est certaine: on ne contrefait que ce qui est rare, beau et cher.
Voyez le scandale! Quelqu'un a prétendu avoir obtenu l'agrégation! Sur les forums, les commentaires abondent, les twittos se récrient, quoi, on a osé se parer indûment de l'agrégation! Comment a-t-on osé usurper l'agrégation! Dans toute cette indignation, on perçoit que la tromperie ne porte pas offense à un simple mode de recrutement des professeurs mais qu'elle atteint quelque chose de bien plus grand: être lauréat de l'agrégation c'est comme être sélectionné en équipe de France, devenir officier supérieur, être sociétaire de la Comédie Française, entrer au ballet de l'Opéra de Paris. Il y a, dans tous ces corps, quelque chose qui concerne l'ensemble de la Nation et l'idée qu'elle se fait d'elle-même. Faire insulte à ces talents, c'est offenser la Nation tout entière, c'est nier que le mérite est l'unique critère juste de distinction entre ses membres.
Donc on ne touche pas à l'agrégation. Et dans le même temps, quels outrages ne fera-t-on pas subir à l'agrégé (le vrai, celui qui a obtenu le concours et qui enseigne toujours en collège, malgré une mutation demandée depuis dix ans)... C'est à peine si l'on peut concevoir que l'agrégé ait pu décrocher l'agrégation. L'agrégation, désincarnée, possède tous les mérites; l'agrégé, toutes les tares. Et pourtant, l'agrégation n'existe que parce que, tous les ans, environ 1500 courageux lauréats ont fait la preuve de leur talent devant un jury impartial, national et souverain. Ne croyez pas que ce talent s'évanouisse au lendemain de leur succès.
Agrégé, toi
dont on a pu laisser vieillir l'ambition
dans les honneurs obscurs de quelque légion,
toute cette soudaine admiration suffira-t-elle à consoler ta peine?
De réir Blanche Lochmann. Behold Corporation comhiomlán iarr a imirt ar an touchstones ... Na laethanta seo, bhí ar a dtugtar mé ag trí cheathrú den phreas na Fraince trácht a dhéanamh ar an gcás Bernheim. Dóibh siúd agaibh a chaill sé, is é an rud is simplí: is féidir tar éis a bheith cúisithe bradaíl, tar éis tangled i bhfírinnithe dochreidte a ghlacadh flatly an deception, tá an Rabbi Grand na Fraince ionsaí anois ar an réaltacht a rath le comhshuimiú na fealsúnachta. Níos mó...