La mobilité sociale est en panne
La mobilité sociale est une question récurrente du débat public. Comment expliquer que l’on compte si peu de travaux sur le sujet?
Etudier la mobilité sociale est essentiel: ses mécanismes nous font entrer au cœur même de l’organisation des sociétés. La mobilité sociale, ou la reproduction sociale, nous disent des choses sur le degré de méritocratie de nos sociétés.
D’un côté, on dispose des travaux réalisés par les statisticiens de l’Insee qui actualisent les données concernant la mobilité sociale après chaque vague de l’enquête Formation et qualifications professionnelles (FQP). La dernière a eu lieu en 2003 et la prochaine, après avoir été repoussée, est prévue en 2014. Du côté des sociologues, Louis-André Vallet a publié un travail important en 1999 qui mesure l’évolution de la mobilité sociale au cours des quatre décennies qui suivent la fin de la seconde guerre mondiale [1]. Il est également très actif au niveau européen, en assurant l’analyse des données françaises dans les programmes comparatifs lancés par l’Association internationale de sociologie (ISA) qui permettent notamment de mesurer la fluidité sociale.
Au-delà, il est vrai que la mobilité sociale (en tout cas, sa mesure) ne constitue plus un sujet « à la mode » en sociologie. Une des explications, c’est tout de même l’effacement de l’analyse en termes de classes sociales que certains ont enterrées dès la fin des années 1950. Suite de l'article...
[1] Louis-André Vallet, « Quarante années de mobilité sociale en France. L’évolution de la fluidité sociale à la lumière de modèles récents », Revue française de sociologie, 40(1), 1999, pp.5-64.