Dans le droit fil de ses travaux « Pour une stratégie ambitieuse de développement de l’enseignement supérieur en Poitou-Charentes », le CESER a apporté sa vision et ses propositions aux côtés de l’Université de Poitiers sur le thème de l’avenir des sites universitaires délocalisés. Un 4ème « cahier » a été réalisé sur ce thème afin d’enrichir le débat, apporter des réflexions et pistes d’actions aux acteurs concernés en vue de l’élaboration des projets de schéma de développement local de l’enseignement supérieur et de la recherche des sites universitaires d’Angoulême et de Niort. Télécharger le cahier n° 4 "Les sites délocalisés de l’Université de Poitiers". Télécharger les autres cahiers.
"Les sites délocalisés de l’Université de Poitiers" - Introduction
Les politiques d'enseignement supérieur ont orienté depuis la fin des années 80 le développement universitaire vers une territorialisation croissante des premiers cycles. Cette territorialisation de l'enseignement supérieur était le fruit de processus multiples qui doivent autant à la politique de décentralisation, à la volonté de l'Etat à travers les plans « Université 2000 » en 1990 et « Université du 3ème millénaire » (U3M) en 2000, qu'à l'émergence des collectivités territoriales comme acteur à part entière des politiques universitaires locales.
Ce phénomène s'est concrétisé par le développement de nouveaux sites universitaires délocalisés, dans des villes moyennes, hors des capitales régionales, accueillant non seulement des IUT mais également des premiers cycles universitaires et des formations plus ou moins spécialisées de niveaux licence ou master. Progressivement, il s'est créé un « service public d'enseignement supérieur de proximité » favorisant l'accès à l'université sur le territoire, en particulier pour les enfants issus de milieux modestes, participant ainsi au rééquilibrage de la répartition des populations étudiantes dans un contexte d’accroissement des effectifs. Ce maillage territorial des sites universitaires délocalisés est devenu en une quinzaine d'années dense et contrasté du fait des différences d'offres de formation, de conditions d'études et de nature de publics. En Poitou-Charentes, des relations institutionnelles et financières existent depuis des années entre les universités et les collectivités territoriales (contrats de plan successifs, contrat de projets actuel et divers partenariats thématiques ou conjoncturels).
2 sites universitaires à Angoulême et à Niort sont nés de la volonté des collectivités territoriales, en particulier des villes et des Conseils généraux concernés, pour développer une offre d'enseignement supérieur locale et répondre aux besoins de formation de leur bassin d'emplois. S'ils sont similaires par la taille (respectivement 1 800 et 1 200 étudiants), ils sont très différents dans leurs finalités, leurs conceptions et leurs organisations territoriales. L'une des principales questions qui se pose aujourd'hui est celle de leur avenir compte tenu du contexte actuel de stabilisation des effectifs universitaires, de renforcement des pôles nationaux et de concurrence entre les sites d'enseignement supérieur aux niveaux international, national et régional.
Par ailleurs, la clarification des responsabilités des collectivités territoriales (projet de Loi de décentralisation et réforme de l'action publique) risque de remettre en cause leurs domaines de compétences alors qu'elles financent (Régions comprises) pour moitié les activités des sites délocalisés. Il devient nécessaire de développer l'attractivité de ces sites dans une logique de renforcement et de spécialisation à la fois parce qu'ils correspondent à une volonté des étudiants de s'orienter vers des filières plus qualifiantes et parce qu'ils doivent se positionner différemment des grandes universités pour faire face à la mondialisation de l'enseignement supérieur...
II- Enjeux et Préconisations du CESER...
Le CESER a identifié 3 enjeux assortis de préconisations et d'actions prioritaires à mener pour le développement des sites universitaires délocalisés:
1. La formalisation des partenariats entre les acteurs institutionnels et les universités pour pérenniser et amplifier le développement universitaire en région
2. La constitution de « Pôles universitaires spécialisés » ancrés sur le territoire
3. L'obligation de stratégies immobilières pour optimiser les équipements et créer des Campus durables et attractifs.
1. La formalisation des partenariats entre les acteurs institutionnels et les universités pour pérenniser et amplifier le développement universitaire en région
En Poitou-Charentes, les universités et les territoires sont liés depuis plusieurs années et évoluent en interaction. Si l'enseignement supérieur et la recherche relèvent des compétences de l'Etat, des collectivités territoriales ont choisi de s'y investir, au-delà des politiques contractuelles (CPER et Contrat de projets) dans le cadre de la clause générale de compétences.
Avec la LRU dans la gouvernance des universités et la future réforme des collectivités territoriales, les universités sont plus que jamais amenées à se rapprocher des collectivités territoriales pour déterminer ensemble une stratégie de développement.
Une stratégie régionale d'autant plus importante que dans le même temps, et ce même si l'Etat laisse aux collectivités la possibilité de financer l'enseignement supérieur dans les territoires, les moyens qu'elles y consacreront pourraient être amenés à diminuer.
• Pour le CESER, le maintien du soutien des collectivités territoriales est essentiel pour l'avenir des sites universitaires délocalisés.
Il est urgent de formaliser les engagements entre l'Etat, l'université de Poitiers et les collectivités territoriales concernées sous la forme d'un COM (Contrat d'objectifs et de moyens) ou d'un SDU (Schéma de développement universitaire) comme il en existe par exemple depuis 2005 entre la Communauté urbaine de Lyon et l'université.
L'enjeu de cette contractualisation est triple:
– planifier de manière pluriannuelle le soutien financier des partenaires concernés;
– déterminer des priorités partagées avec les moyens humains et financiers répondant aux objectifs et aux stratégies d'actions des différents partenaires;
– donner une stabilité aux actions engagées, indispensable pour l'attractivité des sites.
• Par ailleurs, il importe d'améliorer la cohérence régionale des interventions des collectivités territoriales en matière d'enseignement supérieur et de recherche.
Le projet de Schéma régional de l'enseignement supérieur et de la recherche (SRESR) du Conseil régional peut aider à la construction d'une stratégie partagée de développement de l'enseignement supérieur et de la recherche en Poitou-Charentes.
Pour cela, ce schéma devrait:
– inscrire ses orientations dans l'ensemble des « grandes politiques » menées à l'échelle de la région et servir de trait d'union entre le CPRDFP (Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles), le SRDEESS (Schéma régional de développement économique, écologique, social et solidaire), et la SRI (Stratégie régionale de l'innovation)];
– donner plus de lisibilité et d'efficacité aux différentes interventions et dispositifs de soutien en matière d'enseignement supérieur et de recherche;
– rendre lisibles les compétences et actions de chacune des structures;
– favoriser l'émergence de « Pôles d'enseignement supérieur » avec des réorganisations, mises en réseaux, voire des mutualisations;
– instaurer un dispositif de prospective pour permettre un suivi et une amélioration du système d'enseignement supérieur et de recherche en région.
Ce Schéma pourrait également compenser les effets générés par les politiques nationales d'excellence (priorité aux grands ensembles à visibilité mondiale) et apporter un soutien aux projets, structures ou équipes nécessaires au développement régional ou les aider à progresser pour intégrer les programmes régionaux d'excellence.
2. La constitution de « Pôles universitaires spécialisés » ancrés sur le territoire
Les sites universitaires d'Angoulême et de Niort donnent accès à une offre de formation de proximité complémentaire des filières d'enseignement supérieur de l'université de Poitiers (dont ils dépendent) et de La Rochelle.
• Pour le CESER, l'internationalisation et la concurrence ne sont pas incompatibles avec une approche territorialisée de l'enseignement supérieur dès lors que l'offre de formation s'appuie sur des spécialités ou des spécificités territoriales. Créés pour répondre aux attentes des territoires, ces sites universitaires délocalisés doivent aujourd'hui voir leur légitimité et leur lisibilité renforcées en devenant de véritables « Pôles universitaires ».
– À Niort, un effort important a déjà été mené par l'université de Poitiers et les collectivités territoriales pour regrouper dans un « mini Campus » l'ensemble des filières d'enseignement supérieur et construire une offre de formation globale sur le thème du risque et de l'épargne en partenariat avec les mutuelles et les banques.
Ce travail doit être poursuivi pour créer autour de l'IRIAF (Institut des risques industriels, assurantiels et financiers) un « Pôle universitaire d'expertise des risques » rassemblant l'ensemble des formations supérieures dans ces domaines.
Pour le CESER, il s'agit non seulement de développer la coopération et le fléchage de ces formations mais de leur donner une lisibilité internationale.
A cet effet, l'offre de formation continue doit être développée. Au-delà d'une adaptation des formations existantes aux besoins des entreprises, le CESER propose de:
➢ créer à cet effet une interface universités/entreprises;
➢ développer des formations ou des modules de formation ouverts à des étudiants en temps partagé.
– A Angoulême, la situation est différente avec une importante dispersion des sites d'enseignement supérieur, mais une offre de formation supérieure à la fois attractive, diversifiée et très spécialisée sur le thème de l'image.
Pour le CESER, vouloir construire un véritable « Pôle universitaire Charentais » implique un plan global de réorganisation et de rationalisation des sites d'enseignement supérieur publics et privés avec 2 objectifs majeurs:
➢ créer un « Pôle universitaire de l'image » autour de l'ENJMIN et des autres établissements d'enseignement supérieur du Pôle de l'image Magelis (cf. annexe 3);
➢ structurer un Campus universitaire unique avec une gouvernance commune des formations en tenant compte des besoins exprimés par l'IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) et l'EIA (Ecole d'ingénieurs par apprentissage).
• Pour améliorer la gouvernance de ces « Pôles universitaires », le CESER insiste sur la formalisation juridique des partenariats entre l'université et les différents acteurs/financeurs concernés sous la forme d'un COM (Contrat d'objectifs et de moyens) et la présence sur place d'un correspondant permanent de l'université de Poitiers pour, en particulier, représenter l'ensemble des filières de formation.
Il propose par ailleurs, comme pour le PUN (Pôle universitaire de Niort), la mise en place d'une structure d'interface pour favoriser les échanges avec l'environnement professionnel, exploiter les particularités économiques locales, développer la formation continue.
• Enfin, la qualité des conditions de vie étudiante de ces « Pôles universitaires » est à améliorer.
Outre l'éloignement de certains sites entre eux, comme à Angoulême, ils souffrent tous d'un manque de logement, de services et de vie étudiante.
3.L'obligation de stratégies immobilières pour optimiser les équipements et créer des Campus durables et attractifs
Les universités du Poitou-Charentes présentent sur le plan immobilier des situations très différentes du fait de leur histoire, de leur taille, de leur situation géographique, qui nécessitent des stratégies d'aménagement et de développement spécifiques.
Les orientations proposées par les universités rejoignent les préoccupations du CESER. Elles ont inscrit dans leurs SPSI (Schéma pluriannuel de stratégie immobilière) et SDIA (Schéma directeur immobilier et d'aménagement) les grands principes de leurs programmes d'actions pour les années à venir quant à la gestion et à l'utilisation de leur patrimoine.
• Pour le CESER, l'objectif doit être tout d'abord de rendre les sites universitaires plus lisibles, plus cohérents et plus faciles à vivre:
– en améliorant l'organisation logistique et les lieux de vie étudiant des Campus,
– en renforçant l'utilisation et la mutualisation des équipements,
– tout en conservant la lisibilité des formations et sans « diluer » l'identité propre à chaque composante.
Désormais propriétaire de son patrimoine, un effort tout particulier devra être fait par l'université de Poitiers pour optimiser ses locaux et améliorer son taux d'occupation mais c'est aussi une opportunité pour faire du Campus universitaire, notamment grâce à son projet de « Learning Center », un véritable lieu de vie créant du lien social entre les étudiants.
• Les universités doivent intégrer les préoccupations environnementales dans tous leurs projets afin de maîtriser leur flux (donc des marges de manoeuvre financières futures) pour développer l'image et l'attractivité des Campus.
Dans le cadre du référentiel de « développement durable », l'université de Poitiers a engagé une réflexion globale en ce sens avec l'objectif de créer un « Eco Campus ».
Au-delà de la perspective purement patrimoniale, cette orientation a vocation à toucher l'ensemble des publics de l'établissement, à commencer par les étudiants et les personnels (politiques d'achats, pratiques professionnelles,...). Parallèlement aux actions engagées avec les collectivités locales en fonction des projets, des partenariats sont à mener avec le Conseil régional pour la mise en oeuvre d'une politique universitaire de développement durable dans 2 dimensions: stratégie éducative et gestion patrimoniale.
• Plus globalement, une stratégie de développement des universités à l'horizon 2020 doit marquer la fin de la conception d'une université avec des Campus plus ou moins « excentrés » sans lien direct entre les sites universitaires et le reste de la cité.
L'université doit s'ouvrir à la ville comme cette dernière doit également l'intégrer sur son territoire.
Des politiques communes d'aménagement et de développement du territoire sont à construire entre les universités et les différentes collectivités territoriales pour:
– renforcer l'accessibilité des sites et à leurs différents services communs (bibliothèques universitaires, Restos U, équipements sportifs) en transports collectifs et développer le réseau et la pratique de modes « doux »;
– encourager la mise en oeuvre de services coordonnés entre les villes et les universités pour une vie de Campus accueillante;
– créer les conditions d'une politique de logement étudiant qui réponde aux enjeux de mise à niveau et d'internationalisation (accueil étudiants étrangers).
In line with its work "for an ambitious development strategy for higher education in Poitou-Charentes", the CESER brought his vision and proposals alongside the University of Poitiers on the theme of the future university sites offshore.A fourth "book" was conducted on this topic to enrich the debate, provide ideas and courses of action to stakeholders for the preparation of draft scheme of local development of higher education and research university sites Angouleme and Niort. More...