Sur le blog de Michel Abhervé pour Alternatives économiques. Changer l’alphabet utilisé pour une langue est avant tout un acte politique.
Quant Mustapha Kemal Atatürk décide en 1928 lors de la
Révolution des signes de remplacer l’alphabet arabe, en usage sous l’Empire ottoman pour transcrire la langue turque, par un alphabet dérivé de l’alphabet latin il visait à conforter la modernisation du pays, sa laïcisation et à l’éloigner du monde arabe pour le rapprocher de l’Europe
Quant le vietnamien abandonna l’alphabet chinois pour adopter un alphabet proche du latin, sous l’impulsion de missionnaires la volonté était de prendre de la distance par rapport au puissant voisin. Et lorsque la France décida en 1918 d’attribuer le statut d’orthographe officielle de la langue dans le système scolaire français destiné aux indigènes au
chữ quốc ngữ, la visée politique n’échappa à personne.
Quant le président du
Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, annonce que son pays troquera pour écrire la langue kazakh l’alphabet cyrillique contre l’alphabet latin, avec l’objectif d’une application complète en 2025, nil ne peut croire qu’il ne s’agit aps d’une démarche qui s’inscrit dans une volonté de distanciation avec le voisin russe.
Jusqu’à la révolution de 1917, le Kazakhstan, protectorat de l’Empire russe depuis 1731, utilisait indifféremment l’écriture cyrillique et l’écriture arabe. Le cyrillique est devenu le seul alphabet officiel en 1940. Les partisans de ce changement estiment qu’il émane de «
la volonté du Kazakhstan de s’intégrer dans la communauté mondiale développée ». Mais il est évident que le remplacement du cyrillique permettra à la langue kazakhe de réduire l’influence du russe.
Après la fin de l’URSS quatre pays, l’
Ouzbékistan, le
Turkménistan, l’
Azerbaïdjan et la
Moldavie ont déjà effectué la transition du cyrillique au latin, non sans difficulté, pour marquer une distance durable avec la puissante Russie dont la langue continue à jouer un rôle véhiculaire.
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