Par Olivier Rollot. "Le responsable de notre master avait un bon carnet d'adresses mais cela ne nous a pas dispensé de chercher nous même notre entreprise et administration d'accueil", se souviennent
Anne Duboscq et
Julie Patrat, qui finissent leur master affaires publiques en apprentissage à l'université Paris-Dauphine. Il faut dire qu'elles ne s'y sont prises qu'à la rentrée, en septembre 2010, à quelques semaines du début des cours.
"Mais les périodes en entreprise ne commençaient qu'en novembre, cela nous laissait un peu de temps." QUAND FAUT-IL COMMENCER À CHERCHER ? Postuler le plus tôt possible c'est mieux mais, comme le prouve l'exemple de nos deux jeunes filles, cela peut aussi être jusqu'au dernier moment. "Dans l'idéal, il est possible de démarcher les entreprises dès le mois de février", conseille Stéphane Chaissé, le directeur des relations entreprises du groupe PPA (Pôle Paris alternance), qui rappelle utilement qu'en "terminale par exemple, on entre après dans des périodes de vacances, puis de révision, puis du bac et le temps passe très vite…"
Pour aider les candidats à se présenter auprès des entreprises, PPA (Pôle Paris alternance), qui regroupe aussi bien des programmes de MBA (master in business administration) que d'informatique ou même du luxe, possède un service dédié à la gestion des contrats. "Après avoir passé un test d'aptitudes, les candidats rencontrent un chargé de relation entreprise et suivent une formation aux techniques de recherche d'emploi", explique encore Stéphane Chaissé, le directeur des relations entreprises du groupe.
Ensuite, ils ont accès à une base de données d'entreprises susceptibles de les recruter mais néanmoins sans garantie de contrat, Stéphane Chaissé parlant de "97 % de réussite" et insistant sur le fait qu'il est aussi possible de "réaliser un pré-recrutement quand une entreprise comme la SNCF nous demande des profils précis".
Même souci d'aider les jeunes à trouver une entreprise au sein du groupe EduServices, qui comprend des écoles comme Tunon ou Pigier. "Nous agissons comme une maison de l'emploi en rapprochant jeunes et entreprise. Ensuite, nous allons les aider à préparer les entretiens avec les entreprises", explique Philippe Grassaud, le président de ce groupe qui comprend 14 500 étudiants, dont 60 % en alternance.
COMMENT CONVAINCRE ? Les apprentis subissent de plus en plus une procédure de recrutement qui n'a rien à envier à celle d'un véritable emploi, notamment à partir de la licence professionnelle ou du bachelor. Résultat, les ruptures de contrat sont rares à ces niveaux alors qu'elles peuvent atteindre les 25 % en première année de BTS. "Le problème vient généralement de ceux qui viennent chez nous en ayant déjà trouvé leur entreprise, généralement par des relations familiales, et n'ont pas pris le temps de valider leur projet professionnel dans les ateliers que nous organisons", assure Luc Vignerot, directeur du Centre de formation d'apprentis (CFA) du groupe Institut de gestion sociale (IGS) à Lyon qui prépare entre autres à 7 BTS.
Comme à l'IGS, les CFA pratiquent donc une première sélection. "En partenariat avec les universités, nous choisissons des profils motivés pour le métier autant que pour l'entreprise, explique ainsi Jean-Claude Pouilly, qui dirige le CFA de l'Association pour la formation d’informaticiens par la voie de l’apprentissage (AFIA), spécialisé dans l'informatique et notamment les Miage (méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises). Les jeunes qui effectuaient des petits boulots auparavant sont particulièrement appréciés. Leur comportement, leur motivation sont encore plus important que leurs connaissances ! Il faut à la fois être très bien organisé et motivé pour le métier et l'entreprise."
UN RYTHME INTENSIF Si l'alternance entre la formation et l'entreprise est toujours le principe, il existe de nombreuses formules : deux jours en formation, trois jours en entreprise, deux semaines, deux semaines, etc. Dans le master affaires publiques de Dauphine, on a ainsi choisi le rythme 1,5 jour de cours suivi de 3,5 jours dans l'entreprise. "Quand j'ai postulé, j'ai tout de suite senti que les entreprises préféraient ce rythme deux jours-trois jours car ainsi nous avons quasiment le même qu'un employé à 4/5e qui aurait une demi-journée de réunion à l'extérieur par semaine", explique Anne Duboscq. Tout l'intérêt de la formule est alors les retours d'expérience constants entre ce qu'on apprend en cours et dans l'entreprise ou l'administration.
Mais qui dit alternance dit aussi maturité et sens de l'organisation. "Nous n'avons pas eu trop de mal à différencier les périodes de travail en entreprise ou administration et à l'université ", commentent nos deux jeunes filles, tout en admettant quand même qu'elles ont vu certains autres étudiants faire dépasser un peu leur temps en entreprise sur celui des études. Car alterner, cela veut dire étudier et travailler en même temps en préparer les mêmes examens que les autres étudiants. Et ce n'est pas facile ! "Je vois parfois des parents dont les enfants sont en échec scolaire et qui pensent que l'alternance est un remède miracle pour leur permettre de réussir, confie Luc Vignerot. Quand je leur fais remarquer que le problème de leur enfant est son manque de motivation et qu'en alternance, il devra travailler deux fois plus, ils sont surpris. Mais c'est la vérité : tout le monde n'est pas fait pour aller dans une formation en alternance et, en tout cas, ce n'est certainement pas parce qu'on échoue en formation initiale classique qu'on va forcément réussir en alternance."
UN CONTRAT À SIGNER Les apprentis font totalement partie de l'entreprise qui les emploie et avec laquelle ils ont signé un contrat. Il en existe deux types bien distincts. Si le plus répandu est l'apprentissage (425 000 apprentis dont 97 000 dans l'enseignement supérieur), il en existe un autre, dit de "professionnalisation" (180 000 apprentis). En théorie, la grande différence entre les deux est leur durée : le contrat "pro" est sensé être plus court (entre six mois et un an) et la période de formation comprise entre 15 et 25 % de la durée totale du contrat.
Résultat, on ne devrait en théorie ne pouvoir suivre en professionnalisation que des formations courtes type CQP (certificat de qualification professionnelle) reconnues dans une seule profession. Or, dans les faits, on constate que la plupart des branches professionnelles – qui gèrent ce contrat quand l'apprentissage l'est par les régions –, ont adapté le système pour permettre par exemple de préparer un BTS en deux ans avec des périodes de formation dépassant les 15 à 25 % du total prévues initialement.
Alors que reste-t-il comme différences réelles entre les deux contrats ? Le contrat de professionnalisation n'est pas seulement réservé aux jeunes mais peut aussi être ouvert aux demandeurs d'emploi de plus de 26 ans. "Pour les étudiants le choix est relativement neutre, sachant que pour les entreprises un contrat d'apprentissage coûte un peu moins cher et qu'elles auront donc tendance à le favoriser, explique Luc Vignerot. On constate quand même que certaines grandes entreprises donnent plus d'avantages aux jeunes en apprentissage. De notre côté, nous avons des quotas de formation en apprentissage et, quand nous ne pouvons plus en signer, nous passons à la professionnalisation."
UN EMPLOI EN LIGNE DE MIRE Entrée en apprentissage dans une entreprise de communication, Grayling, pour y développer son pôle affaires publiques, Anne Duboscq vient d'y être embauchée. "Déjà titulaire d'un master en géopolitique et après un stage de neuf mois à New York à la représentation française aux Nations unies, j'avais clairement choisi ce master parce qu'il s'effectuait en apprentissage et devait me permettre d'intégrer rapidement le monde du travail." Son de cloche un peu différent chez Julie Patrat, entrée elle au conseil général de Seine-et-Marne : "Je voulais surtout découvrir le monde professionnel pour être certaine que c'était là que je voulais travailler. Je vais maintenant passer des concours pour intégrer la fonction publique en tant qu'attachée territoriale."
Si tous ne sont pas recrutés à l'issue de leur contrat, lorsqu'on arrive au niveau master, l'entreprise pense souvent l'alternance en termes de pré-CDI. "Nous proposons donc aux entreprises des CV vraiment adaptés aux profils qu'elle recherchent, comme si elles s'adressaient à un cabinet de recrutement", assure Stéphane Chaissé. "Mais il faut encore que le profil corresponde vraiment et… que l'apprenti ait envie de rester", remarquent Anne Duboscq et Julie Patrat. Si le CFA de l'AFIA peut se féliciter de placer près de 100 % de ses diplômés dans les six mois suivant leur diplôme, ce ne sont ainsi que la moitié qui restent dans l'entreprise où ils ont été apprentis.
Olivier Rollot. "Juht meie kapten oli hea aadressiraamatu, kuid see ei vabastanud end leida meie firma ja vastuvõtvate asutuste," meenutab Anne Duboscq ja Julie Patrat kes lõpetab oma isanda äri avalike õppe Ülikooli Paris-Dauphine. Tuleb öelda, et nad on võtnud seal taga, september 2010, vaid mõni nädal enne algust klassi. "Kuid äriühing ei perioodidel, mis algavad novembris, jättis see meile aega". Veel...