Evaluation du Service Public Régional de Formation professionnelle de la Région Poitou-Charentes
Le laboratoire CRIEF-TEIR est chargé, dans le cadre d’une convention le reliant à la Région Poitou-Charentes, de mettre en place un dispositif d’évaluation du SPRF. Ce travail d’évaluation s’organise en trois axes :
1) Suivi des personnes sans qualification :
* Comparaison de publics en formation et formés (SPRF, dispositif classique) afin de mesurer l’impact du dispositif sur les parcours de formation,
* Analyse des caractéristiques socio-démographiques des stagiaires par la création d’une base de données sur les stagiaires (âge, sexe, niveau de qualification, provenance géographique) en lien avec leur formation
* Collecte et analyse des données, exploitations statistiques,
2) Suivi des organismes de formation :
* Collecte de données sur les méthodes employées par les organismes pour répondre aux exigences du SPRF (questionnaires, entretiens),
* Comparaison des prestations proposées depuis la mise en place du SPRF,
* Élaboration d’un échantillon d’organismes aux méthodes jugées efficaces,
3) Élaboration d’un modèle économique :
* Comparaison des coûts de formation du SPRF par rapport aux dispositifs habituels,
* Analyse et identification des coûts et résultats produits comparés aux systèmes traditionnellement utilisés (marchés publics, convention).
Un premier rapport d’évaluation a été produit en décembre 2010. L’équipe d’évaluation a par ailleurs apporté sa contribution scientifique à la réalisation du Repères n°73 (Edition ARFTLV Poitou-Charentes) intitulé Le service public régional de la formation professionnelle en Poitou-Charentes.
Conclusion du premier rapport d’évaluation
Le SPRF, après plus d’un an d’existence, a montré, comme tout nouveau dispositif, ses forces (public cible atteint) et ses faiblesses (accès à la qualification faible). Celles-ci sont liées, en partie, aux pratiques des acteurs. Même ci ces dernières ne sont pas encore en total harmonie avec les objectifs du SPRF, les organismes de formation semblent s’être engagés dans une démarche de changement qu’il convient d’accompagner.
L’évaluation permet de prendre de la hauteur sur le processus à l’oeuvre et d’identifier les éventuels freins à son bon fonctionnement. Les problèmes identifiés à ce stade de l’évaluation ont été, pour la plupart, pris en compte par la Région Poitou-Charentes qui cherche à les résoudre en associant les partenaires (organismes de formation et prescripteurs) à la construction du dispositif. Il semble en effet indispensable que les acteurs malgré leurs différences agissent avec un objectif commun et une ligne directrice commune. Il s’agira en 2011 d’étudier l’évolution du dispositif et d’observer si les exigences imposées par le SPRF sont davantage respectées que lors de la première année où une certaine souplesse a été laissée aux acteurs.
Extraits du Repères n°73:
Caractéristiques du public accueilli
Les données sur les premiers stagiaires entrés dans le SPRF montrent clairement que Pôle emploi est le premier prescripteur du dispositif avec 58% des prescriptions totales. Les missions locales, avec 36% des prescriptions sont les seconds pourvoyeurs de stagiaires vers le SPRF. Cap emploi et CIDFF, représentant respectivement 2% et 0,80% des prescriptions, restent très à la marge.
Par ailleurs, les résultats sur les caractéristiques de base des stagiaires montrent que, globalement, le public SPRF est plus éloigné, en termes de ressources cognitives, que celui des marchés de formation. Ce constat est conforme à l’objectif du SPRF qui est d’offrir aux moins qualifiés l’opportunité de se former afin de s’insérer durablement sur le marché du travail. En revanche, la périodicité des entrées sur le SPRF, et par voie de conséquence des sorties, fait qu’il est plus difficile pour un demandeur d’emploi de rentrer en formation à certaines périodes (décembre à août) qu’à d’autres (septembre à novembre).
La différence la plus proéminente entre les deux populations est celle de l’âge : le public SPRF est beaucoup plus jeune avec 44% de moins de 25 ans, contre 28% pour le public « marché ». De la même façon que le SPRF s’adresse davantage aux plus jeunes, il cible particulièrement les moins qualifiés. En effet, 29% du public SPRF ne possède aucun diplôme, alors que cette proportion est de 18% dans le cadre des formations « marché ». La part des contrats précaires est légèrement plus élevée pour le public SPRF (77% pour le SPRF contre 73% pour le marché). Seuls 10% des stagiaires SPRF avaient pour dernier contrat un CDI avant leur entrée en formation, contre 19% pour la configuration « marché ». La part des stagiaires n’ayant jamais travaillé est beaucoup plus importante dans le cadre du SPRF (11% contre 5%), mais s’explique par la part importante des jeunes dans le dispositif : 90% des stagiaires n’ayant jamais travaillé avant leur entrée en formation ont moins de 25 ans.
Les sorties du dispositif
Former tous les stagiaires entrés sur le SPRF est un objectif majeur qui implique que chacun puisse en sortir avec une validation (totale ou à défaut partielle) et par réciprocité qu’aucun stagiaire n’abandonne ou ne soit exclu. Sur 1732 stagiaires sortis du SPRF au 30 septembre 2010, 56% ont terminé leur formation, 30% ont abandonné, 4% ont été exclus, moins de 1% ont suspendu leur parcours tandis que pour 9%, aucun renseignement n’a été donné. Nous nous intéressons ici aux stagiaires ayant abandonné, ayant été exclus, ou ayant suspendu leur formation.
Les suspensions de parcours semblent être minorées. En effet, certaines suspensions sont comptabilisées comme des abandons par certains organismes de formation alors que d’autres ne mentionnent pas les suspensions et continuent de classer les stagiaires comme étant en formation. En analysant les autres formes de sorties du SPRF on observe que 34% des stagiaires sont sortis avant la fin de leur formation : 30% pour abandon et 4% pour exclusion (63% des exclusions15 ont comme motif l’absentéisme). Ces deux motifs de sortie ont été recensés de manière régulière tout au long de l’année même si une baisse est à observer depuis juillet 2010 pour chacun d’eux...
Céline Allo, Emilie Bourdu, Etienne Fouqueray, Olivier Bouba-Olga, Laboratoire CRIEF de l’Université de Poitiers.