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Formation Continue du Supérieur
3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - Enseignants-chercheurs - b. Un suivi de carrière dont la pérennisation n’a pas résolu les faiblesses

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
B. Cette survalorisation de la recherche se double d'un accompagnement professionnel insuffisant
2. Un suivi de carrière qui ne répond que partiellement à une double problématique
b. …dont la pérennisation n’a pas résolu les faiblesses 

Le caractère expérimental du suivi de carrière a été levé à compter de la campagne 2017. Limitée aux établissements de la vague C de contractualisation (1), cette campagne a marqué un certain progrès dans l’acceptation du suivi de carrière par le CNU et par les enseignants-chercheurs, bien que les chiffres de participation demeurent insatisfaisants. Au total, sur les 6 456 enseignants-chercheurs concernés en 2017, 2 534 ont déposé un dossier, soit un taux de participation de 39 %. Par ailleurs, 277 dossiers ont été déposés par des enseignants-chercheurs qui n’étaient pas concernés à titre obligatoire par cette procédure. Sur les 57 sections du CNU, 33, soit une majorité, avaient annoncé qu’elles n’examineraient pas les dossiers déposés dans le cadre du suivi de carrière. Des dossiers ont été déposés dans chacune des 57 sections du CNU, y compris dans celles ayant annoncé qu’elles refusaient d’examiner les dossiers. Parmi ces dernières, trois ont finalement décidé d’examiner les dossiers déposés, portant le nombre de sections participantes à 27.
Au total, le taux de participation s’est élevé à 55 % de la cible dans les sections ayant examiné les dossiers, et à 23 % dans les autres. Près de 2 000 dossiers ont fait l’objet d’un avis de la part du CNU, soit 71 % des dossiers déposés.
Sur ces dossiers, 431, soit 22 % d’entre eux, comportaient des suggestions d’actions à mettre en oeuvre par l’établissement, dont 204 relatives à l’enseignant-chercheur concerné. Parmi ces dernières, un peu plus de la moitié invitaient les établissements à alléger les tâches d’enseignement de l’enseignant-chercheur, en accordant une décharge ou en réduisant le volume des heures complémentaires. Trente d’entre eux suggéraient de modifier les conditions de l’activité de recherche, notamment en aidant à l’intégration dans une équipe de recherche ou en facilitant un changement de laboratoire. D’autres ont suggéré un regroupement géographique des enseignements afin de réduire le nombre de sites d’enseignement pour un même enseignant-chercheur. De manière plus marginale, des sections du CNU ont recommandé un soutien technique ou administratif, un allègement des responsabilités administratives, un appui à la prise de responsabilités administratives ou des actions de prévention des risques psycho-sociaux.
Concernant la campagne 2018, il est prévu qu’elle concerne l’ensemble des établissements, et non plus ceux de la seule vague C, et pour un cinquième des agents concernés. L’objectif est de développer une culture de l’accompagnement professionnel dans les établissements.
Un pas décisif a été franchi avec l’instauration du suivi de carrière. Ce dispositif a permis d’introduire un regard extérieur régulier accompagné de recommandations, et d’accroître, même si cela reste dans des proportions modestes, son acceptabilité. Il ne répond cependant que très imparfaitement à la double nécessité de mieux accompagner les enseignants-chercheurs pour favoriser leur épanouissement professionnel dans l’ensemble de leurs missions et de mettre en place des mécanismes de promotion correspondant à la réalité du métier. Sa périodicité, son taux de participation, sa centralisation et la rareté de ses recommandations en font un outil imparfait en dépit de l’indéniable révolution qu’il représente.
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3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - Enseignants-chercheurs - 1. Une politique de ressources humaines inexistante - a. Un accompagnement insuffisant

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
B. Cette survalorisation de la recherche se double d'un accompagnement professionnel insuffisant
1. Une politique de ressources humaines inexistante
a. Un accompagnement insuffisant

Comme mentionné précédemment, à l’inverse des chercheurs, qui sont évalués tous les deux ans sur la base d’un rapport d’activité établi conformément à des normes définies par le directeur de leur établissement de rattachement, ainsi qu’à partir d’une fiche annuelle décrivant le suivi de leurs activités, les enseignants-chercheurs ne disposent pas d’outils de suivi présentant la même régularité. Si leur temps de travail est réparti à parts égales entre leur service d’enseignement et leur activité de recherche, ainsi qu’indiqué supra, seule cette dernière fait l’objet d’une réelle évaluation, sur une base d’ailleurs volontaire ; la recherche d’un enseignant-chercheur n’est, en effet, évaluée qu’à l’occasion d’une demande de promotion, d’avancement, de mutation, de prime ou de congé. L’évaluation de l’activité d’enseignement, quant à elle, se cantonne à la vérification de la réalisation effective des heures d’enseignement prévues, sans appréciation qualitative. Les autres activités des enseignantschercheurs, enfin, ne font l’objet que de peu voire d’aucun suivi.
De ce suivi professionnel insuffisant et du manque de valorisation de certaines activités des enseignants-chercheurs découlent plusieurs implications majeures pour ces derniers.
Tout d’abord, le choix de restreindre l’utilisation de l’évaluation à des situations de demande de promotion, d’avancement, de mutation, de prime ou de congé, implique de ne prendre en considération que la dimension de contrôle que peut revêtir l’évaluation. Or cette vision réductrice engendre des crispations parce qu’elle entre en contradiction avec le principe même de l’indépendance des enseignants-chercheurs et produit des décisions couperets qui ne sont accompagnées d’aucun mécanisme d’explication, de soutien, de formation ou de gestion de carrière.
Un mécanisme d’auto-censure, sur lequel nous reviendrons, se met en place pour une part non-négligeable des enseignants-chercheurs, qui renoncent à candidater pour une promotion. Les enseignants-chercheurs concernés ne bénéficient donc, sur une période prolongée, d’aucun regard extérieur sur leur travail et leurs pratiques, ni, encore moins, d’aucune forme d’accompagnement professionnel.
Les services de ressources humaines internes aux établissements sont, d’ailleurs, de l’avis unanime des personnes entendues en audition, trop peu présents dans l’accompagnement des enseignants-chercheurs ; les formations dédiées à la pratique professionnelle de ceux-ci sont également insuffisantes. Ici encore, en l’absence de démarche volontaire de l’enseignant-chercheur, aucun rendez-vous régulier ne rythme la carrière pour ouvrir une réflexion commune sur les missions et proposer une offre de formation pertinente.
Il n’existe donc aucun mécanisme efficace pour :
– repérer un enseignant-chercheur en difficulté et lui proposer l’accompagnement nécessaire ;
– fluidifier le parcours des enseignants-chercheurs ;
– promouvoir les enseignants-chercheurs particulièrement investis dans des missions hors recherche.
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3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - Enseignants-chercheurs - B. Survalorisation de la recherche et accompagnement professionnel insuffisant

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
B. Cette survalorisation de la recherche se double d'un accompagnement professionnel insuffisant

La reconnaissance n’est pas qu’affaire de critères, elle est aussi question de processus. Or, outre le biais de la recherche qui prédomine dans l’appréciation de la carrière d’un enseignant-chercheur, on observe l’absence d’un processus satisfaisant de reconnaissance et d’accompagnement de l’enseignant-chercheur dans sa réalisation professionnelle.
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3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - Enseignants-chercheurs - 2. La place prééminente de la recherche

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
A. Parmi les nombreuses missions des enseignants chercheurs, la recherche tend à être la plus valorisée, au détriment des autres missions
2. La place prééminente de la recherche

Pourtant, parmi la diversité des facettes du métier d’enseignant-chercheur, la recherche occupe une place prééminente, sinon exclusive, dès lors qu’il s’agit d’être reconnu par ses pairs ou de progresser dans sa carrière. La qualité de la recherche demeure, en effet, le premier critère d’évaluation et de sélection des enseignants-chercheurs lors de leur recrutement et de leur promotion, ou lors de l’attribution de la prime d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR).
Plusieurs des personnalités entendues ont tenu à souligner que ce constat s’appliquait aussi bien aux promotions dites « nationales » qu’aux promotions dites « locales ». La moitié des promotions s’effectue, en effet, sur proposition de la section compétente du Conseil national des universités (CNU), tandis que l’autre moitié s’effectue au sein des établissements sur proposition du conseil académique. Si la prééminence du critère de la recherche dans les promotions issues du CNU peut s’expliquer par une faible visibilité des autres types d’activités des enseignantschercheurs au sein des établissements, il n’en va pas de même pour les promotions internes. Alors que certains établissements élargissent le champ des compétences valorisées, les auditions ont révélé que beaucoup d’entre eux reproduisent en leur sein les critères du CNU.
Cette prééminence de l’activité de recherche est renforcée par le contexte de concurrence internationale des établissements universitaires, dont la multiplication des classements depuis le début des années 2000 constitue le symptôme le plus visible (1). De fait, ces classements sont, de manière essentielle, voire exclusive, déterminés par le niveau de l’activité de recherche des établissements. Il en découle, pour les établissements soucieux d’assurer leur place internationale, une focalisation sur leurs activités de recherche.
Les transformations récentes des modalités de la recherche conduisent également les enseignants-chercheurs à consacrer à celle-ci une part croissante de leur activité. L’accroissement de la part des financements octroyés à l’issue d’appels d’offres compétitifs, dans le cadre national, à travers les projets financés par l’Agence nationale de la recherche (ANR) ou dans le cadre du programme d’investissements d’avenir (PIA), et dans le cadre européen, à travers les programmes-cadres pour la recherche et le développement (PCRD), ainsi que la fréquente nécessité d’obtenir des financements complémentaires, ont entraîné un alourdissement des procédures. Il en résulte que les enseignants-chercheurs sont amenés à attribuer un temps croissant à leur activité de recherche, ce qui réduit d’autant celui qu’ils peuvent consacrer à leurs autres missions.
De plus, tout comme les chercheurs, les enseignants-chercheurs sont engagés dans une course à la publication, occultant la palette très étendue des missions qui leur sont confiées. En effet, la qualité de la recherche est de plus en plus souvent mesurée, en particulier dans les sciences « dures », à l’aide d’indicateurs bibliométriques dits metrics, qui reposent sur le nombre de publications, le nombre de citations de celles-ci dans d’autres publications et la notoriété des revues où elles paraissent (1). Un effet pervers de cette tendance est que la quantité de publications tend à devenir un indicateur de leur qualité, entraînant une course à la publication dénoncée par le slogan Publish or perish (« Publier ou périr ») et conduisant à des dérives éthiques récemment rapportées. La survalorisation relative de la recherche par rapport aux autres activités des enseignants-chercheurs n’en est que renforcée, d’autant que cette approche quantitative revêt les apparences de l’impartialité.
Enfin, la primauté accordée à la recherche se traduit également en matière indemnitaire. La PEDR, qui récompense les enseignants-chercheurs menant une activité scientifique d’un niveau élevé, ayant réalisé une contribution exceptionnelle à la recherche ou ayant obtenu certaines distinctions scientifiques et ceux placés en délégation auprès de l’Institut universitaire de France, varie entre 3 500 et 25 000 euros (2), quand le montant de la prime de responsabilités pédagogiques, qui rémunère des responsabilités pédagogiques spécifiques exercées en sus des obligations de service, varie entre 490 et 3 900 euros environ (3).
En conséquence, comme l’indique le rapport de l’inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche sur « le recrutement, le déroulement de carrière et la formation des enseignants-chercheurs » publié en septembre 2015, certains maîtres de conférences récemment nommés reçoivent de leurs collègues plus anciens le conseil de ne pas trop s’investir dans leurs activités d’enseignement et de privilégier leur recherche, dans l’intérêt de leur carrière (1).
Parmi les activités des enseignants-chercheurs, un déséquilibre très net en faveur de la recherche se fait donc jour. S’il est bien évident que la recherche doit demeurer une activité essentielle des enseignants-chercheurs, et que sa qualité doit être prise en compte dans les promotions, il apparaît néanmoins indispensable de rééquilibrer la balance en faveur de leurs autres activités, en particulier l’enseignement, la pédagogie et la valorisation.
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3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - Enseignants-chercheurs - 1. Des missions variées, dont le champ a été récemment élargi

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
A. Parmi les nombreuses missions des enseignants chercheurs, la recherche tend à être la plus valorisée, au détriment des autres missions
1. Des missions variées, dont le champ a été récemment élargi

La spécificité et la richesse du métier des enseignants-chercheurs résident dans la capacité de ceux-ci à accomplir des missions très variées, au point qu’ils peuvent être qualifiés de « couteaux suisses ». Ils incarnent en effet un lien fondamental entre la production et la transmission et la diffusion de connaissances, entre l’administration d’un établissement et son rayonnement international, entre le savoir fondamental et son application industrielle.
L’article L. 952-3 du code de l’éducation dresse la liste des missions des enseignants-chercheurs. Selon ses termes, leurs fonctions s’exercent dans les domaines suivants :
– L’enseignement, dans la formation initiale comme continue, complété par des activités de tutorat, d’aide à l’orientation, de conseil aux étudiants et de contrôle des connaissances, incluant la participation à des jurys ;
– la recherche ;
– la diffusion des connaissances et la liaison avec l’environnement économique, social et culturel ;
– la coopération internationale ;
– l’administration et la gestion de l’établissement.
Il précise que les professeurs ont la responsabilité principale de la préparation des programmes, de l’orientation des étudiants et de la coordination des équipes pédagogiques.
Ces missions reçoivent certaines précisions à l’article L. 123-3 du code de l’éducation, qui définit les missions du service public de l’enseignement supérieur, et à l’article L. 112-1 du code de la recherche, qui énonce les objectifs de la recherche publique. L’article L. 123-3 du code de l’éducation prévoit ainsi que font partie des missions du service public de l’enseignement supérieur :
– la recherche scientifique et technologique, la diffusion et la valorisation de ses résultats au service de la société, à travers le développement de l’innovation, du transfert de technologie, de la capacité d’expertise et d’appui aux associations et fondations reconnues d’utilité publique, et à certaines politiques publiques ;
– la promotion sociale et l’insertion professionnelle ;
– la participation à la construction de l’Espace européen de l’enseignement
supérieur et de la recherche.
L’article L. 112-1 du code de la recherche énonce, parmi les missions de la recherche publique :
– la formation à la recherche et par la recherche ;
– l’organisation de l’accès libre aux données scientifiques.
Le décret n° 84-431 du 6 juin 1984 fixant les dispositions statutaires communes applicables aux enseignants-chercheurs et portant statut particulier du corps des professeurs des universités et du corps des maîtres de conférences précise encore ces missions.
On le voit, le champ des missions des enseignants-chercheurs est très large (1). L’article 1er de la loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants l’a récemment élargi en prévoyant que la procédure nationale de préinscription des nouveaux étudiants en premier cycle universitaire comprend un dispositif d’information et d’orientation mis en place par les établissements d’enseignement supérieur sur les caractéristiques de chaque formation, et que les équipes pédagogiques de ces derniers procèdent à l’examen des candidatures. En outre, cette loi a également prévu la mise en place de dispositifs d’accompagnement pédagogique pour certains étudiants.
Le rapporteur souligne l’importance de l’ensemble de ces missions, dont aucune ne peut prévaloir, par essence, sur les autres. Ne retenons que deux exemples :
– L’enseignement, l’accompagnement et l’orientation des étudiants. La loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants et, plus généralement, le plan licence visent à remédier à un constat accablant : un taux d’échec de plus de 60 % en première année de licence. Une logique de parcours personnalisé et modulaire est, pour cela, introduite. Or, le rôle d’accompagnement et d’orientation de l’enseignant-chercheur est crucial pour l’atteinte de ces objectifs. Lors de son audition, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) pointait notamment la nécessité de renforcer les temps d’échange et d’accompagnement des étudiants de première année et, plus généralement, de niveau licence. Le rapporteur partage ce souhait, ainsi qu’une vision positive du contrôle continu appelant une charge de travail supplémentaire. Il souligne, par ailleurs, les avantages des innovations pédagogiques pour les étudiants. Cette mission d’enseignement, d’accompagnement et d’orientation des étudiants est fondamentale et requiert un investissement majeur des enseignants-chercheurs qui doit être reconnu ;
– Il en va de même pour la diffusion des connaissances hors les murs. Le développement de la culture scientifique, technique et industrielle est par exemple un défi majeur de société́ à une époque où l’on assiste à un regain du scepticisme face à la science et à l’expansion de discours anxiogènes et de manipulations, sans fondement scientifique. Un défi de société́ se présente également lorsque l’on constate une désaffection des filières scientifiques, alors que ces voies s’accompagnent d’une employabilité sans égal, et forment la source de notre développement économique de demain. Et qui, mieux que l’enseignant-chercheur, peut mener cet important travail de vulgarisation ?
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3 décembre 2018

Avis PLF 2019 - II. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
Respecter l’indépendance fondamentale des enseignants-chercheurs, tout en permettant une progression de carrière sur des critères légitimes pour la communauté, est une équation complexe. La crainte de voir cet équilibre remis en cause a généré de nombreuses crispations autour des notions d’évaluation, d’accompagnement ou de suivi, lorsque la question a été placée à l’agenda.
Il en résulte une situation faiblement satisfaisante. Le métier d’enseignantchercheur est, selon les termes de la loi, multidimensionnel : recherche, enseignement, diffusion des connaissances, international, administration… Or la seule approche évaluative existante, permettant à l’enseignant-chercheur d’être reconnu et valorisé dans ses compétences, concerne la recherche.
Et encore, cette appréciation s’effectuait jusqu’à récemment uniquement sur une base volontaire, à l’occasion de demandes de promotion. Si les chercheurs dépendant des divers établissements publics à caractère scientifique et technologique sont tenus de présenter un rapport sur leur activité tous les deux ans, les enseignants-chercheurs ne disposent pas d’un outil de suivi comparable. Leur activité ne fait l’objet d’une évaluation que dans les circonstances particulières que constitue une demande de promotion, de mutation, de prime ou encore de congé de conversion. Ainsi, en 2016, un tiers des enseignantschercheurs n’avaient été l’objet d’aucun suivi au cours des cinq années précédentes. Avant la mise en place du suivi de carrière, un enseignant-chercheur pouvait donc ne jamais bénéficier d’un regard extérieur sur son activité durant la totalité de sa carrière. S’il en bénéficiait, cela portait uniquement sur le volet recherche, plus propice à une approche quantitative.
Le suivi de carrière, instauré en 2014, a amorcé un virage significatif. Bien qu’il demeure insuffisant pour remplir pleinement son office d’outil au service du développement professionnel des enseignants-chercheurs, il ouvre le champ des possibles.
Or des exemples étrangers et des travaux de recherche montrent une autre voie possible, soucieuse de l’indépendance de la profession et de la reconnaissance des compétences de chacun, sur un spectre incluant l’ensemble des missions dévolues à l’enseignant-chercheur. Reposant sur la confiance et la responsabilisation des acteurs, ce modèle promeut l’auto-évaluation et la bonne répartition des compétences entre les établissements universitaires et le Conseil national des universités.
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3 décembre 2018

Les droits d’inscription - Conclusion générale

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
Chapitre II Les hypothèses d’évolution des droits d’inscription universitaires
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les droits d’inscription peuvent avoir deux fonctions dans l’enseignement supérieur : assurer des recettes aux établissements et réguler les flux étudiants. En France, ils n’ont longtemps joué aucun de ces deux rôles. Au sein des universités, les droits sont identiques, quelle que soit la filière choisie et quel que soit l’établissement. Leur niveau ne concourt pas à l’orientation des étudiants et a pour seule fonction de ne pas représenter un obstacle financier à la poursuite d’études. La contribution particulièrement faible demandée aux étudiants, qui a été gelée pendant plusieurs années, ne participe que marginalement aux ressources financières des établissements universitaires. Elle reste difficile à comprendre dans sa finalité, sa nature et son montant. Or de plus en plus d’établissements d’enseignement supérieur publics, souvent spécialisés dans une filière, ont entrepris de faire jouer aux droits d’inscription un rôle financier plus actif.
Cette évolution, qui concerne pour l’heure un nombre réduit d’établissements et une minorité d’étudiants, repose sur des logiques de nature différente. Elle a pour particularité de n’être ni pilotée, ni coordonnée, et d’aboutir à des disparités injustifiées de droits entre des formations parfois de même nature. Les universités sont restées à l’écart de ces tendances pour leurs diplômes nationaux, mais rencontrent les mêmes tensions financières que les autres opérateurs d’enseignement supérieur. Même si les évaluations disponibles du besoin de financement ne permettent pas de déterminer une cible financière objective, le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en France connaît une hausse continue depuis 2008 et devrait continuer de s’accroître.
Dans ce contexte, les droits d’inscription, fixés à un niveau faible, peuvent d’autant moins rester à l’écart d’une réflexion que les universités sont encouragées par les pouvoirs publics à accroitre leurs ressources propres. Si les leviers d’efficience identifiés par la Cour doivent en priorité permettre de faire face dans de bonnes conditions à la croissance des besoins financiers, la possibilité d’une hausse des droits dans les universités ne peut donc être écartée a priori. L’analyse des différentes pistes envisageables conduit à écarter deux scénarios extrêmes, celui d’une suppression générale des droits d’inscription en vue de la préparation d’un diplôme national, calquée sur les modèles allemands ou suédois, et celui d’une très forte augmentation destinée à couvrir l’essentiel des coûts des formations, inspirée du modèle mis en oeuvre par des établissements privés et certains établissements publics. Il en résulte que toute perspective éventuelle d’augmentation des droits d’inscription, pour être réaliste et acceptable, devrait s’intégrer dans une trajectoire de hausse modulée en fonction du cycle d’études, faisant porter l’augmentation en priorité sur les cycles master et ingénieur, et s’accompagner, en fonction de son ampleur, de mesures d’accompagnement financier en faveur des étudiants.
Elle devrait également être liée à l’explicitation des services rendus aux étudiants, dans le cadre de la nouvelle démarche contractuelle avec l’État en cours de mise en oeuvre, ainsi que dans le cadre du renouvellement des parcours étudiants introduit par la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants.
Couplée à une hypothèse d’approfondissement de l’autonomie des universités, une telle évolution ne se résumerait pas à une simple modalité technique d’accroissement des ressources propres des universités. En infléchissant et en caractérisant la nature des droits d’inscription universitaires, qui passeraient d’une logique sociale d’accès à l’enseignement supérieur – quasiexclusive et uniforme aujourd’hui – à une fonction plus sensible de levier financier au service d’une stratégie d’établissement, le scénario d’augmentation des droits modifierait le modèle économique des universités et renouvellerait les perspectives de développement du service public dont elles ont la responsabilité.
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3 décembre 2018

Les droits d’inscription - Chapitre II - CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
Chapitre II Les hypothèses d’évolution des droits d’inscription universitaires
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les modèles étrangers ne fournissent pas d’indication claire sur le niveau optimal des droits d’inscription à l’université, notamment en raison de la diversité des modes d’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche selon les États. Le niveau des droits est étroitement dépendant du modèle d’enseignement supérieur existant et des pratiques admises dans chaque État en termes de financement des études.
Alors que l’ensemble des acteurs mettent en avant le « sous-financement de l’enseignement supérieur français », et particulièrement des universités, les droits d’inscription peuvent sembler, de prime abord, le levier le plus direct à utiliser pour augmenter les ressources des universités.
Le scénario d’un relèvement nécessiterait en premier lieu que la base légale des droits soit redéfinie et que le besoin de financement soit mieux établi, dans son calcul et sa répartition, ce qui suppose au préalable que les mesures d’efficience dans la gestion des établissements soient mises en oeuvre.
L’hypothèse d’un relèvement des droits devrait également tenir compte de plusieurs contraintes.
En raison d’un niveau de départ très faible, les droits d’inscription ne pourraient représenter un levier de financement significatif qu’à condition d’accroître leur montant substantiellement, selon les hypothèses de modulation présentées ci-dessus et en appuyant les modulations sur des fondement objectifs tels que les perspectives d’insertion professionnelle.
Cette perspective reste toutefois contrainte par le principe juridique d’égal accès à l’enseignement supérieur.
Par ailleurs, les droits d’inscription ne peuvent être considérés uniquement sous l’angle des ressources propres des établissements. Leur niveau participe à l’équilibre d’autres circuits financiers (aides directes aux étudiants, compensation des exonérations par l’État, montant de la garantie par l’État des prêts étudiants, niveau de la subvention pour charges de service public) et influe sur l’arbitrage des étudiants entre études et activité rémunérée.
L’hypothèse consistant à faire porter l’augmentation des droits en priorité sur les étudiants étrangers rencontre des limites comparables, auxquelles s’ajoute la dimension d’attraction internationale de l’enseignement supérieur français.
Il resterait encore à établir quel serait le meilleur niveau administratif pour fixer les droits d’inscription, l’échelon central ou les universités dans le cadre d’un renforcement de leur autonomie.
L’usage éventuel des droits d’inscription nationaux comme levier de financement des universités modifierait une approche héritée de l’après-guerre et ne devrait intervenir qu’au terme d’une réflexion sur les priorités de l’enseignement supérieur. Ce n’est que dans la mesure où ils se traduiraient par une amélioration substantielle des services aux étudiants que les droits pourraient faire l’objet d’une réévaluation.
Au vu de ces constats, et dans l’hypothèse où un relèvement des droits d’inscription universitaires serait retenu, la Cour formule les recommandations suivantes :
5. (MESRI et autres ministères exerçant la tutelle d’établissements d’enseignement supérieur public) : moduler la hausse des droits en fonction des cycles universitaires, en faisant porter la différenciation en priorité sur le cycle master ;
6. (MESRI et autres ministères exerçant la tutelle d’établissements d’enseignement supérieur public) : établir un cadre juridique permettant de sécuriser la fixation des droits d’inscription ;
7. (Universités, MESRI) : renforcer substantiellement, dans le cadre de la démarche contractuelle rénovée avec l’État, l’engagement des établissements à améliorer les services rendus aux étudiants ;
8. (MESRI) : mettre en place un nouvel échelon zéro de bourses sur critères sociaux ouvrant droit uniquement à une exonération des droits d’inscription ;
9. (Bpifrance, Ministère de l’économie et des finances, MESRI) : procéder à une évaluation financière et d’impact socio-économique du dispositif de prêts étudiants garantis par l’État afin de déterminer l’opportunité de son extension.
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3 décembre 2018

Les droits d’inscription - 3 - Une hypothèse exigeante

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
Chapitre II Les hypothèses d’évolution des droits d’inscription universitaires
IV - Des enjeux structurants à prendre en compte
C - Le degré d’autonomie des établissements dans la fixation des droits
2 - Une étape supplémentaire de l’autonomie financière des universités

Le choix de l’autonomie des universités en matière de fixation des droits d’inscription nécessiterait un certain nombre de prérequis exigeants.
En premier lieu, cette mesure impliquerait l’adoption d’un nouveau texte législatif.
En outre, la fixation par chaque établissement de ses propres niveaux de droits nécessiterait la prise en compte de nombreux paramètres tels que l’origine sociale des étudiants, le coût réel des formations ou le niveau d’insertion propre à chaque diplôme.
Ces opérations imposeraient aux universités de connaître précisément ces deux derniers types d’information, ce qui n’est pas encore entièrement le cas aujourd’hui. L’activité des services financiers des établissements serait rendue plus complexe par le calcul de nombreux montants de droits pour les diplômes nationaux et par les tâches de recouvrement.
Par ailleurs, la différenciation des droits au niveau territorial imposerait de redéfinir les modalités de soutien financier aux étudiants. Elle pourrait impliquer une révision du dispositif des aides directes, dans le sens d’une délégation de la gestion des bourses au niveau local, que ce soit au niveau des universités ou au niveau des régions, qui gèrent déjà actuellement certaines aides aux étudiants. La différenciation des droits d’inscription au niveau territorial pourrait également remettre en cause le cadre national des formations en accentuant la polarisation de l’enseignement supérieur et pourrait soulever une question d’équité entre étudiants, les étudiants issus des classes populaires étant moins mobiles sur le plan géographique que la
moyenne des étudiants.
Enfin, selon les représentants des universités, l’autonomie des établissements dans la fixation des droits pourrait soulever la question des modalités d’allocation des moyens des universités, voire d’une éventuelle péréquation dans l’hypothèse d’une trop forte différenciation des recettes entre établissements. Cette compensation pourrait prendre la forme soit d’un reversement entre universités des recettes complémentaires tirées des droits (péréquation « horizontale »), soit d’une modulation du financement budgétaire selon les établissements (péréquation « verticale »).
Cependant, une péréquation « horizontale » des moyens irait à l’encontre du principe
d’autonomie des établissements et de l’objectif de dégager des recettes supplémentaires à leur profit. Quant à la péréquation « verticale », elle n’aurait de sens que dans le cas d’un fort écart entre le plancher et le plafond des montants de droits.
Au total, l’approfondissement de la notion d’autonomie des universités permettrait de mettre en oeuvre une politique des droits d’inscription adaptée aux besoins de chaque université et de ses étudiants, mais supposerait des prérequis importants pour les universités, ainsi que pour la tutelle en termes de pilotage, d’accompagnement, de financement et d’évaluation de ses opérateurs.
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3 décembre 2018

Les droits d’inscription - 2 - Une étape supplémentaire de l’autonomie financière des universités

ogo2003modifII. Pour une plus grande reconnaissance et un meilleur accompagnement des enseignants-chercheurs dans l'ensemble de leurs missions
Chapitre II Les hypothèses d’évolution des droits d’inscription universitaires
IV - Des enjeux structurants à prendre en compte
C - Le degré d’autonomie des établissements dans la fixation des droits
2 - Une étape supplémentaire de l’autonomie financière des universités

Par comparaison avec les universités européennes, les établissements français restent parmi les moins autonomes, dans les domaines académique, organisationnel et financier. En 2015, dans son rapport sur l’autonomie financière des universités, la Cour recommandait d’approfondir leur autonomie dans deux domaines (la gestion des ressources humaines et celle du patrimoine immobilier) et de faire du contrat pluriannuel le cadre de l’allocation globale des moyens.
En Europe, les modèles de fixation des droits sont divers au regard du degré d’autonomie des universités dans ce domaine. Il n’existe qu’une minorité de systèmes d’enseignement supérieur dans lesquels les universités peuvent fixer elles-mêmes et librement le niveau des droits pour les étudiants nationaux.
Dans certains pays, comme l’Angleterre pour le niveau licence, un plafond est fixé par les pouvoirs publics, en-deçà duquel les universités sont libres de fixer le niveau des droits. L’introduction, en France, d’une possibilité pour les universités de fixer les droits d’inscription dans les limites d’un plafond fixé au plan national pourrait présenter plusieurs avantages.
Elle permettrait une adaptation du montant des droits au contexte spécifique de chaque établissement, en termes d’insertion professionnelle, de coût des formations et de profil des étudiants, y compris dans le cadre de l’expérimentation à venir de nouveaux modes d’organisation pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche participant à un regroupement. Les pratiques en matière de diplômes d’université illustrent déjà cette voie.
Une autonomie accrue des universités pour la fixation des droits pourrait constituer le complément naturel de l’accréditation des établissements instituée par la loi du 22 juillet 2013, dont l’objectif était de donner plus de latitude aux établissements pour mener la politique de formation.
Elle pourrait contribuer à renforcer l’efficience de la gestion des établissements en constituant une incitation à la rationalisation de l’offre de formation, recommandée par la Cour dans son rapport de 2015. Les tenants de l’autonomie en matière de fixation des droits considèrent également qu’elle permettrait de leur conférer un rôle de « signal prix » quant à la qualité des formations, mesurée également par les indicateurs d’insertion professionnelle et de réussite académique.
Le surcroît de ressources propres généré pourrait être mobilisé au service d’objectifs concrets d’amélioration de la formation et des services aux étudiants, qui seraient précisés dans le cadre du contrat pluriannuel avec l’État. Un besoin en financement calculé pour chaque université et par elle-même présenterait par ailleurs l’avantage de ne pas aligner les droits sur un hypothétique besoin de financement national.
Enfin, la fixation d’un seuil et d’un plafond au niveau national permettrait de maintenir une harmonisation minimale des droits d’inscription, les universités restant libres de fixer des droits de scolarité à l’intérieur de cette fourchette.
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