Rapport IGAENR - Gestion des heures - Conclusion
Par Philippe BÉZAGU, Jean DÉROCHE, Amaury FLÉGES, François PAQUIS, Inspecteurs généraux de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche. Rapport - n° 2014-035 La gestion des heures d’enseignement au regard de la carte des formations supérieures. Juin 2014, publié le 23.04.15, IGAENR - inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche.
Conclusion
Les analyses qui précèdent font apparaître une évolution significative dans la gestion par les universités de leur activité de formation. On constate en effet jusqu’au début des années 2010 un désajustement progressif entre la charge d’enseignement d’une part, les effectifs et le potentiel de l’autre, qui s’est traduit par une augmentation du nombre de formations à faibles effectifs et du volume d’heures complémentaires.
Ces déséquilibres, qui ont conduit au développement ou la pérennisation de modèles pédagogiques très différents selon les disciplines, ont eux-mêmes un coût, difficile à mesurer mais qui pèse sur le modèle économique des établissements.
Le passage à l’autonomie et l’accession des universités aux responsabilités et compétences élargies ont marqué un tournant dans la prise de conscience de la dimension économique de l’offre. Les universités ont commencé à mesurer l’impact de leur activité de formation sur leur masse salariale et leur équilibre financier. Le coût de l’offre, naguère considéré comme accessoire, constitue désormais une préoccupation constante de la plupart des responsables universitaires.
La diffusion progressive d’une culture de gestion, les difficultés budgétaires auxquelles sont confrontés certains établissements, la volonté, enfin, de dégager des marges pour développer de nouvelles formations ou faire face à l’augmentation d’autres types de charge, notamment immobilières, les ont conduit à renforcer le pilotage de l’offre, à se doter d’outils leur permettant de calculer son coût par diplôme et par composante, à mettre en place un véritable dialogue de gestion. Ces progrès incontestables participent de la modernisation de la gestion des universités engagée depuis 2007 et ne sont pas sans effet sur la gouvernance elle-même ; ils se traduisent notamment par une évolution du rôle et des responsabilités des directeurs de composante.
Enfin l’élaboration d’une véritable politique de formation – au-delà des mesures ponctuelles de réduction des coûts –, le développement de nouveaux modèles pédagogiques fondés notamment sur les usages du numérique, la mise en cohérence de l’offre de formation à l’échelle régionale dans le cadre de la politique de site ou encore l’élaboration d’une carte nationale des disciplines rares sont autant de nouveaux chantiers, prometteurs mais encore incertains. Il est difficile aujourd’hui d’apprécier l’ampleur et la portée des évolutions auxquels ils donneront lieu au cours des prochaines années : il n’est pas certain qu’ils permettent à court terme de réguler l’offre et de réduire le coût des formations.
Les mesures prises au cours des derniers mois par l’État (accompagnement des universités confrontées à des difficultés structurelles en partie liées au poids de leur charge d’enseignement, instauration du contrat de site et de la procédure d’accréditation (fondée sur l’analyse de la stratégie globale de formation et de la soutenabilité de l’offre), projet de connaissance du coût des activités des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, etc.) devraient contribuer à l’amélioration de la gestion des universités en favorisant une meilleure utilisation des moyens disponibles. Elles ne suffiront pas pour autant à réduire leur besoin de financement global. Les ressources actuelles des universités françaises sont trop faibles (comparées à celles d’autres établissements d’enseignement supérieur publics ou privés ou encore à celles des grands pôles internationaux de formation et de recherche) pour leur permettre de contribuer de manière significative à l’effort de rétablissement des comptes publics ; leurs marges sont trop étroites et leur équilibre budgétaire trop fragile pour en attendre autre chose que la stabilisation de leur situation financière ou l’amélioration de leur offre à moyens constants. Télécharger le rapport La gestion des heures d’enseignement au regard de la carte des formations supérieures. Voir l'article...