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Formation Continue du Supérieur
31 décembre 2018

Les défis de l’Espace européen de l’enseignement supérieur

Screenshot-2018-4-21 Journal de mise en ligne - ESR enseignementsup-recherche gouv frLe processus de Bologne est aujourd’hui confronté à de nombreux défis qui relèvent autant du contexte européen général et de la mondialisation que des spécificités du processus ou des enjeux de l’ESR lui-même.
Avec l’entrée de la Biélorussie dans le processus en 2015, la question de la différence de rythme entre pays dans la mise en œuvre des réformes, est devenue plus sensible et occupe une place inédite dans le communiqué d’Erevan : « Non-implementation in some countries undermines the functioning and credibility of the whole EHEA. We need more precise measurement of performance as a basis for reporting from member countries ». De ce fait, le sujet “implantation vs non implantation” a beaucoup occupé les membres du BFUG et le groupe de travail dédié à ce sujet. Cela a abouti à une proposition d’évaluation cyclique de la façon dont les différents pays membres mettent en œuvre trois engagements majeurs, qui devrait figurer dans le communiqué de Paris. La France a alerté sur les risques politiques d’un procès qui, au bout de 3 cycles, pourrait déboucher sur l’exclusion d’un membre et défend l’idée positive et non « excluante» de réseaux d’universités de plusieurs pays d’Europe, prêts à aller très loin dans l’européanisation de leurs activités, ce qui permettrait d’articuler «constamment l’ambition motrice de quelque -uns et le respect du rythme de chacun (*)».
Un second défi, et qui n’est pas sans lien avec le premier, est celui de la durée. Le processus de Bologne doit-il et peut-il continuer au-delà de 2020, échéance qui avait été posée en 2009, lors de la Conférence de Louvain-la-Neuve, comme le terme de l’approfondissement du processus de Bologne ? La France est favorable à ce que le processus de Bologne continue au-delà de 2020 (cf. fiche 20) pour des motifs à la fois positifs et négatifs : négatif, parce qu’on voit mal, si Bologne devait disparaître, l’enseignement supérieur devenir à court terme une compétence partagée entre l’UE et les 28 Etats qui la composent, compte tenu des difficultés actuelles de l’UE et de l’ancrage national très historique et culturel de toute politique éducative ; positif parce que les pays d’Europe qui sont rentrés plus récemment dans le processus ont encore besoin de cet espace de dialogue et de confrontation qu’est Bologne pour progresser vers les objectifs communs, mais au rythme de chaque pays et avec son histoire propre.
Ce serait par ailleurs un paradoxe, et c’est là le troisième défi du processus de Bologne, que l’Europe de l’Enseignement supérieur ne se concrétise plus en tant que région au moment où plusieurs autres grandes régions du monde (ASEAN, Afrique, Amérique Latine) et d’autres régions encore nous regardent avec intérêt et réfléchissent, elles aussi, à la manière dont elles pourraient organiser leur propre espace d’enseignement supérieur, pour mieux tenir leur place dans la globalisation. Car un des enjeux majeurs posés dès la déclaration de Bologne en 1999 est toujours d’actualité et vaut pour l’ESR comme pour tous les autres sujets : non pas nier la globalisation ni en avoir peur, mais être plus forts ensemble et promouvoir à l’international nos valeurs, nos principes, notre culture, nos réussites.
Le quatrième défi dans lequel est plongé le processus de Bologne est un défi mondial : c’est celui des mutations contemporaines (politiques, sociales, environnementales, technologiques, cognitives...) qui appellent de nouvelles façons d’enseigner, de former et de faire de la recherche, tout en restant fidèle aux Fundamental Values qui fondent le processus de Bologne. Dans le contexte de ces mutations et pour que l’Europe permette à tous de partager une même citoyenneté et éviter des positions de replis, dans la diversité et la richesse des cultures et des sociétés qui la compose, la formation supérieure doit permettre à chacun : de développer tout au long de sa vie sa capacité à apprendre, son esprit critique et son autonomie ; de savoir dialoguer avec les autres, d’agir en citoyen dans un monde transformé par le numérique, d’avoir des compétences pour s’insérer dans le monde du travail, et ainsi de contribuer à un monde commun.
C’est pourquoi l’enseignement supérieur se doit d’être inclusif : il doit prendre en compte la diversité des qualités, des profils, des besoins et des projets des étudiants, comme la diversité des modalités d’études, d’apprentissage et de formation, et cela tout au long de la vie. Le caractère inclusif de l’enseignement supérieur est une exigence autant sociale et politique que culturelle et intellectuelle.
Le caractère inclusif pose bien entendu aussi la question de l’accès et des droits d’inscription.
Avec la transformation numérique des sociétés, c’est également le rôle des établissements porteurs de la mission de service public de formation supérieure et tout au long de la vie (cf. la question de l’« uberisation » possible de l’enseignement supérieur et ses conséquences), mais aussi les façons d’étudier, le rapport au savoir, les formes du travail et les modalités d’acquisition et de validation des compétences, qui sont interrogés.
A la conception de programmes d’études définis dans leurs moindres détails, la formation supérieure substitue de plus en plus une organisation en blocs de compétences correspondant à des niveaux pertinents de qualification. S’inscrivant dans une vision de la formation tout au long de la vie, intégrant des césures ou périodes d’expériences de stage, de travail, de mobilité, etc., la formation supérieure doit permettre des parcours plus individualisés, plus diversifiés, plus ouverts, mais non moins exigeants et intégrer de plus en plus la reconnaissance de compétences transversales et d’apprentissages extra-curriculaires.
Last, but non least, le cinquième défi du processus de Bologne est celui de sa gouvernance et de sa « débureaucratisation » (cf. fiche 6). La France proposera des évolutions en ce sens à la Conférence de Paris et devra elle-même améliorer sensiblement sa mobilisation politique interne autour du processus de Bologne entre deux Conférences, afin de s’approprier pleinement les enjeux qui y sont traités en faisant de l’Europe une affaire domestique. Plus...
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