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Formation Continue du Supérieur
31 décembre 2018

L'avenir de l'EEES - Faut-il poursuivre la consolidation de l’Espace européen de l’enseignement supérieur ?

Screenshot-2018-4-21 Journal de mise en ligne - ESR enseignementsup-recherche gouv frSi cette question se pose avec acuité en 2017, c’est d’abord que nous approchons de la date de 2020, qui a été présentée lors de la conférence de Louvain-la-Neuve (2009) comme le terme de l’approfondissement du processus de Bologne (cf. fiche 22).
Une seconde raison, moins formelle, pourrait tenir à la lourdeur supposée du processus (cf. fiche 6), due en grande partie à son périmètre (48 contre 28 pour l’UE) et au niveau inégal de mise en œuvre des grands objectifs que sont en particulier l’instauration des trois cycles, le système de transferts de crédits, la démarche qualité, etc.
Mais que signifierait arrêter le processus de Bologne en 2020 ?
Se rabattre sur les 28 (bientôt 27) Etats de l’UE et faire de l’enseignement supérieur une compétence partagée entre l’Union européenne et les Etats ?
Cela ne semble pas du tout à l’ordre du jour de l’UE, compte tenu de la nécessité de donner aujourd’hui un second souffle à l’Union européenne sans l’alourdir, et compte tenu aussi des spécificités culturelles, linguistiques, politiques, qui marquent encore profondément l’organisation des systèmes d’enseignement supérieur et entraînent des différences telles qu’on voit mal comment elles s’accommoderaient du fonctionnement par normes et contraintes qui est celui de l’UE.
Dissoudre le processus de Bologne et considérer qu’il est soluble dans la globalisation de l’Enseignement Supérieur ?
Ce serait abandonner une bonne partie de l’Europe(*)  à son sort, celle de l’Est en particulier qui est rentrée plus récemment dans le processus et peut tirer parti de cet espace de dialogue et de confrontation qu’est Bologne pour progresser vers les objectifs communs et la voie à suivre, mais à leur rythme et avec leur histoire propre.
A l’heure de la montée des nationalismes et des replis identitaires, du Brexit et des atteintes aux libertés universitaires dans certains pays, ce serait oublier l’horizon et la « lumière » que représentent le processus de Bologne et ses valeurs fondamentales (cf. fiche 1) pour les universitaires européens « en danger » (Turquie, Russie, Biélorussie, Ukraine, Hongrie, etc.).
Ce serait aussi un vrai paradoxe au moment où plusieurs autres grandes zones du monde (ASEAN, Afrique, Amérique Latine nous regardent avec intérêt et réfléchissent, elles aussi, à la manière dont elles pourraient organiser leur propre espace d’enseignement supérieur, pour mieux tenir leur place dans le cadre de la globalisation. Mêmes les pays anglo-saxons s’interrogent sur leurs systèmes s’agissant notamment de l’élargissement de l’accès à l’enseignement supérieur et regardent avec attention les pratiques du continent européen en matière de financement.
Ce serait en fait renoncer à un des objectifs affichés dès la déclaration de Bologne : non pas nier la globalisation ni en avoir peur, mais être plus forts ensemble et promouvoir à l’international nos valeurs, nos principes, notre culture, nos réussites.
La proposition française pour l’après 2020 :

La proposition française, telle que formulée par le président de la République le 26 septembre 2017, en Sorbonne, de créer des réseaux d'universités européennes(**)  va dans le sens d’actions concrètes à spectre limité, « articulant constamment l’ambition motrice de quelques-uns et le respect du rythme de chacun »(***) . Cela reviendrait à encourager les coopérations renforcées entre universités de pays proches ou partenaires, ouvertes sur les autres pays du processus et sur l'international, sur l'innovation, adhérentes à un socle commun de valeurs académiques, démocratiques et civiques. Cela reviendrait à ancrer le processus dans des coopérations transfrontalières vivantes et ouvertes, à donner un nouveau rôle aux "universités binationales", telles que l’université franco-allemande et les réseaux binationaux (franco-italien, franco-néerlandais, etc.).

Encourager les coopérations renforcées tout en continuant Bologne, c’est garder l’esprit des fondateurs en s’adaptant aux défis du 21ème siècle.

A côté de ces actions à spectre limité que le Président de la République invite la France à promouvoir, les pays engagés dans processus de Bologne doivent continuer chacun à leur rythme et en fonction de leur histoire à progresser dans la mise en œuvre des réformes nécessaires pour la construction d’un espace européen d’enseignement supérieur fluide et lisible favorable à la mobilité des étudiants comme des salariés (cf. fiche 13). C’est la condition pour que les situations s’harmonisent progressivement vers le haut et pour que les « réseaux d’universités » n’intègrent pas que des universités de l’ouest européen.

Mais les instances de Bologne doivent surtout fonctionner comme un think tank innovant, un incubateur d’idées capable de permettre aux pays européens de mieux répondre ensemble aux défis nouveaux, sociaux et cognitifs, qu’entraînent les grandes mutations politiques, technologiques et environnementales du 21ème siècle. Au-delà des questions de cycles d’études et d’ECTS, imagine-t-on former, enseigner et faire de la recherche comme c’était le cas il y a 20 ou 30 ans ? (cf. fiche 21).

Et pour que cette incubation soit possible, il faudra sans aucun doute que le fonctionnement de l’Espace européen de l’enseignement supérieur soit plus participatif, plus ouvert, plus réactif et plus à l’écoute des parties prenantes et des communautés universitaires de chaque pays, sans pour autant renoncer à l’intergouvernementalité qui le caractérise et le distingue du fonctionnement communautaire (cf. fiche 9). Plus...
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