Etude nationale: Regards croisés sur les mobilités. La branche sanitaire, sociale et médico-sociale, en partenariat avec le PRAO, publie une étude >> Lire l'étude.
Zoom sur la VAE - un levier efficace favorisant la mobilité (p. 51-53 de l'étude). RÉDIGÉ PAR PRAO – Oref de la région Rhône-Alpes
La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) est un droit individuel, inscrit dans le Code du travail, issu de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002. Elle permet à toute personne de faire reconnaître les compétences acquises au cours d’une activité salariée, non salariée ou bénévole, en obtenant un diplôme, titre ou certificat de qualification professionnelle en lien avec son expérience.
La VAE s’est développée progressivement depuis 2002 dans le secteur sanitaire et social. Par exemple, le diplôme d’éducateur spécialisé a été ouvert à la VAE en juillet 2004; celui d’aide-soignant en janvier 2005. En plus du dispositif de droit commun, Unifaf propose depuis 2009 un dispositif de soutien de Branche à la VAE (DSB) ouvert à huit diplômes du travail social.
Des informations quantitatives sur la VAE existent, comme les tableaux de bord annuels réalisés par les Carif-Oref sur les candidats ayant effectué une démarche de VAE. Cependant, peu d’éléments qualitatifs sont disponibles pour connaître le parcours des candidats ou encore les effets de la VAE sur l’évolution professionnelle des personnes.
Plusieurs questions se posent: l’obtention d’une certification par la VAE a-t-elle permis un changement professionnel et dans quels délais? Comment la VAE est-elle perçue par les salariés et par les employeurs? Quels sont les dispositifs d’accompagnement mobilisés par les personnes entrant dans cette démarche?
L’analyse des entretiens réalisés auprès d’employeurs, de représentants du personnel et des salariés a permis d’apporter des éléments de réponse concernant les caractéristiques des salariés engagés dans une démarche de VAE, l’impact de la VAE sur leur évolution professionnelle, les points de vue, divergents, des employeurs sur la VAE et enfin les outils d’accompagnement mobilisés.
Caractéristiques des personnes ayant suivi une VAE
Parmi les 80 salariés rencontrés, près de 20% d’entre eux ont abordé le thème de la VAE au cours des entretiens. Sept personnes ont validé totalement un diplôme du sanitaire et social et dix autres ont un projet en cours ou envisagent de s’engager dans la démarche.
Les personnes qui ont validé travaillent actuellement dans les régions Languedoc-Roussillon, PACA et Rhône-Alpes, dans le secteur de la dépendance (personnes âgées, personnes handicapées) et de la protection de l’enfance. Elles ont obtenu l’un de ces quatre diplômes par la VAE: auxiliaire de vie sociale (DEAVS), aide-soignant (DEAS), moniteur-éducateur (DEME) ou éducateur spécialisé (DEES).
Effets de la VAE sur l’évolution professionnelle
Pour les personnes non qualifiées, la VAE apparaît comme une étape dans un parcours de stabilisation professionnelle Plusieurs parcours de reconversion professionnelle comportent une première étape de validation des acquis, qui facilite ensuite l’accès à une qualification complémentaire, gage d’une stabilisation dans l’emploi.
Le parcours de Madame J. illustre parfaitement ce cas. Elle a quitté le système scolaire après la classe de 3e, sans qualification. Pendant plusieurs années, elle a travaillé comme assistante de vie à domicile, enchaînant les contrats à durée déterminée. Elle obtient le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale par la VAE. Si elle continue d’alterner des contrats courts, à domicile ou en établissements, l’obtention de ce premier diplôme a renforcé sa confiance en elle et lui a donné l’envie de poursuivre son évolution professionnelle. Dans une seconde étape, elle a pu accéder à la formation d’aide-soignante, en étant dispensée de l’épreuve de sélection grâce aux passerelles entre diplômes.
Dès l’obtention du diplôme d’aide-soignante, elle a eu accès à un CDI, après dix années de succession de contrats courts.
Après cette phase de stabilisation dans l’emploi, plusieurs personnes envisagent de préparer le diplôme d’aide médico-psychologique (DEAMP), par la VAE ou la formation, dans le souci de mieux prendre en charge les personnes.
Dans d’autres cas, la VAE permet l’accès à une qualification supérieure qui n’est pas toujours accompagnée d’une mobilité ascendante
Plusieurs cas ont été observés dans la filière éducative, avec l’obtention de diplômes de moniteur-éducateur et d’éducateur spécialisé. Les personnes ayant validé ces diplômes n’ont pas eu d’évolution professionnelle immédiate, les établissements n’ayant pas toujours de postes qualifiés à pourvoir. Ces démarches de VAE étaient essentiellement des projets individuels, indépendants des projets d’évolution des établissements. Ces cas ont souvent été observés dans des territoires ruraux où les possibilités de changement d’établissements sont plus réduites qu’en zone urbaine. De plus, l’attachement des personnes à leur territoire les incite à attendre une opportunité locale, parfois pendant plusieurs années.
Les personnes rencontrées se trouvant dans cette situation ne considèrent pas de manière négative le fait de ne pas évoluer vers un poste plus qualifié. Deux raisons sont évoquées: d’une part, la satisfaction personnelle d’avoir obtenu un diplôme d’un niveau supérieur et d’autre part, la possibilité d’un élargissement de leurs activités liée aux modes de travail en équipe (AMP, ME, ES) où les frontières entre fonctions sont parfois poreuses (par exemple, formalisation écrite de projets par des moniteurs-éducateurs).
Des perceptions de la VAE variables selon les employeurs: du scepticisme au plébiscite
Les dirigeants interrogés ont souvent évoqué le développement de la VAE dans leurs structures, avec toutefois des perceptions divergentes. Trois cas de figure ressortent des entretiens.
≥ Certains employeurs, souvent dans le social, ont une vision négative de la VAE. Selon eux, ce dispositif ne peut remplacer « une vraie formation ». Au-delà d’un attachement à une tradition de formation, trois types d’argument sont avancés. D’une part, il y a peu d’apports conceptuels en VAE; ces apports théoriques leur paraissant nécessaires à l’exercice des métiers du social. D’autre part, la VAE est une démarche individuelle qui offre moins d’ouverture et de possibilités d’échanges qu’une formation en groupe avec une diversité d’intervenants. Enfin, selon ces employeurs, c’est une démarche longue, difficile et contraignante en terme d’exigence de formalisation du dossier.
≥ D’autres employeurs y ont recours « par défaut ». La VAE permet de répondre aux exigences de qualification accrues (évolution des structures pour accueillir des publics plus dépendants ou plus difficiles) tout en respectant les contraintes budgétaires fortes. Ce recours à la VAE s’inscrit en complémentarité du plan de formation.
Cette utilisation limitée renvoie aux questions que se posent les employeurs: quelle implication de l’établissement dans l’accompagnement des salariés? Quelles possibilités d’évolution suite à l’obtention d’un nouveau diplôme?
Dans cette catégorie d’employeurs, certains présentent la VAE comme une possibilité, à terme, d’évolution professionnelle. Par exemple, des moniteurs-éducateurs ont été embauchés pour remplacer des éducateurs spécialisés partis en retraite; ces personnes pourront ensuite suivre une démarche de VAE d’éducateur spécialisé. Cette pratique est cependant perçue par les représentants du personnel comme un risque à court terme de déqualification de la structure des emplois.
≥ Une troisième catégorie d’employeurs plébiscite le dispositif, plus souple et moins coûteux qu’un départ en formation.
Certains articulent les projets de VAE au projet de leur établissement, dans une stratégie de fidélisation. Ils accompagnent leurs salariés dans la démarche, créant ainsi un contexte favorable à la démarche de VAE. C’est le cas par exemple d’un directeur, ancien éducateur spécialisé, qui aide ainsi les salariés de son établissement à prendre du recul par rapport à leurs pratiques professionnelles.
D’autres employeurs, principalement dans les capitales régionales, encouragent le recours à la VAE pour faciliter une mobilité externe. Selon l’un d’eux, la carrière idéale devrait correspondre à une succession de projets d’une durée moyenne de quatre à cinq ans: « il faut qu’ils bougent et pas seulement par de la mobilité interne ». Ce point de vue est surtout porté dans des zones connaissant peu de difficultés de recrutement.
Les outils d’accompagnement à la VAE
Avant de s’engager dans le dispositif de VAE, les premiers relais d’information efficaces s’avèrent souvent être des contacts de proximité. Des collègues parlent de leur expérience de VAE, ce qui incite la personne à chercher ensuite plus d’informations: « Ici, on avait déjà deux ou trois moniteurs éducateurs qui étaient passés par là… On en a discuté et je me suis lancé ». Puis, l’expérience des premiers vient en aide aux suivants dans la préparation des dossiers de VAE.
Au-delà du soutien de leur entourage, les candidats peuvent bénéficier de deux types d’accompagnement: le dispositif de droit commun et le dispositif spécifique de soutien de Branche à la VAE (DSB).
Le parcours des candidats dans le dispositif de droit commun
Il comporte quatre étapes:
≥ l’information préalable des candidats, pour définir le projet
et le diplôme à valider
≥ le dépôt de la demande de VAE, pour en vérifier la recevabilité,
≥ l’élaboration du dossier VAE,
≥ le passage devant le jury.
Le candidat peut se faire accompagner dans sa préparation à la validation. Un accompagnement facultatif de 24 heures est assuré par des organismes de formation. Il peut prendre différentes formes, notamment le repérage et la formalisation des compétences acquises, ainsi qu’une aide méthodologique à la rédaction du dossier VAE.
Lors de l’enquête, la plupart des salariés engagés dans la démarche de VAE ont bénéficié d’un accompagnement dans le cadre du dispositif de droit commun, financé sur le plan de formation des établissements ou dans le cadre du congé individuel de formation.
Deux catégories d’organismes de formation réalisent cet accompagnement: des organismes généralistes coexistent avec des structures spécialisées dans le sanitaire et social. Si les structures généralistes maîtrisent les étapes du parcours, la valeur ajoutée des structures spécialisées dans le secteur, pointée à plusieurs reprises par les salariés, porte sur la formalisation des compétences professionnelles spécifiques. Pour autant, c’est très souvent la logique de proximité géographique qui préside au choix du prestataire.
L’accompagnement à la VAE dans le dispositif de soutien de Branche (DSB)
Pour optimiser les chances d’obtention du diplôme par la VAE, la Branche propose depuis plusieurs années un accompagnement renforcé, le dispositif de soutien de Branche à la VAE (DSB). Dans le cadre du plan de formation des établissements, cet accompagnement de 179 heures pour le secteur social et médico-social, et 253 heures pour le secteur sanitaire (durées maximales, adaptées aux situations), pris en charge par Unifaf, comprend un diagnostic, un appui méthodologique à la rédaction du dossier de VAE, avec des temps individuels et collectifs, des mises en situation professionnelle et des séquences formatives. En cas de validation partielle ou d’absence de validation, un suivi individuel est systématiquement proposé pour formaliser le parcours de formation nécessaire pour obtenir la validation. Parmi les salariés enquêtés, un moniteur-éducateur a bénéficié d’un DSB pour préparer le diplôme d’éducateur spécialisé par la VAE. Sa démarche a été fortement soutenue par le directeur de son établissement. Outre l’accompagnement par un organisme de formation, il a pu compter sur l’aide de ses collègues et de son chef de service. « Mon dossier est presque bouclé; ça devrait aller! ».
Vers des démarches collectives de VAE?
À plusieurs reprises, des démarches de VAE ont été mises en place par des groupes de deux ou trois collègues d’une même structure. L’intérêt d’une approche collective est de développer une dynamique autour de la préparation du dossier et de maintenir la motivation tout au long de la démarche qui mobilise du temps et de l’énergie sur plusieurs mois. Ces logiques de démarches collectives ont des perspectives de développement, tant au sein d’un établissement qu’au niveau d’un territoire.
National Study: Perspectives on mobility. Branch health, social and medico-social, in partnership with the COPE publishes a study >> Read the study.
Zoom on the VAE - an effective lever for mobility (p. 51-53 of the study). PREPARED BY COPE - OREF of the Rhône-Alpes
Validation of Acquired Experience (VAE) is an individual right, enshrined in the Labour Code, from the social modernization law of 17 January 2002. It allows anyone to recognize skills acquired during paid employment, self-employment or volunteer, obtaining a diploma or certificate of qualification related experience.
VAE has grown steadily since 2002 in the health and social sector. For example, the degree of special education was opened to the VAE in July 2004 of the caregiver in January 2005. In addition to the common law system, since 2009 Unifaf offers a support branch of the VAE (DSB) opened eight degrees in social work. More...