Attractivité et rayonnement des villes universitaires
Attractivité et rayonnement des villes universitaires, par Hélène Mandroux, Présidente de l’AVUF et Maire de Montpellier. Télécharger Universités & territoires n°86.
Je souhaite adresser mes remerciements à l’ensemble des parties prenantes de ce colloque sur l’attractivité des villes universitaires (la Conférence des Présidents d’Université, la Caisse des dépôts, Sodexo, Latitude, Universités & Territoires, Sup Conseil,...) et plus particulièrement à Alain Claeys, Maire et Président de l’agglomération de Grand Poitiers, et surtout parlementaire aguerri sur les questions d’enseignement supérieur et de recherche. Je veux le remercier d’avoir accepté d’accueillir un colloque sur le thème de l’attractivité universitaire de nos villes: question devenue essentielle pour les membres de notre association.
Le thème du colloque dont Universités & Territoires publie la synthèse avait été systématiquement évoqué lors de nos derniers colloques, à Aix-en-Provence fin 2009 et Roanne en mai dernier, notamment.
Les rendez-vous des villes universitaires et de leurs partenaires que nous organisons permettent aux élus locaux, aux cadres territoriaux ainsi qu’à leurs interlocuteurs du monde universitaire et des organisations étudiantes d’échanger sur leurs pratiques et surtout de mutualiser leurs expériences. Le but poursuivi est de faire progresser, partout en France, les coopérations entre les universités et leurs territoires d’implantation et de rayonnement.
L’enseignement supérieur et la recherche contribuent en effet au rayonnement de nombreuses villes françaises, qu’elles soient métropoles régionales ou villes moyennes. Mais dans un contexte de mondialisation de l’enseignement supérieur, qui entraîne progressivement comparaisons, classements et mobilité des étudiants ou des chercheurs, la pérennité ou l’accroissement de ce rayonnement suppose aujourd’hui de développer de véritables politiques d’attractivité.
L’attractivité n’est pas un acquis définitif; elle se construit et s’entretient par une multiplicité de facteurs extrêmement variés, comme l’excellence de la recherche, l’amélioration du cadre de vie, la réputation des formations, le potentiel d’emploi local pour les jeunes diplômés, ou encore l’image générale de la ville universitaire, véhiculée notamment à partir d’innovations urbaines ou d’événements scientifiques, sportifs ou culturels.
Nos débats ont été fructueux pour la réflexion, les projets et les actions que chacun de nous doit entreprendre sur ses territoires. La qualité des experts et des élus qui ont apporté leurs critiques, analyses et témoignages a largement contribué à la réussite de nos travaux. Je vous souhaite une excellente lecture.
Attractivité et rayonnement
Les questions d’attractivité et de rayonnement de nos universités sont, à l’évidence, affaires de nos universités; mais comment, en cette période de concurrence internationale et de poursuite d’accroissement des effectifs de diplômés, séparer les politiques universitaires de celles des territoires sur lesquelles elles sont implantées? Les territoires ont leurs spécificités démographiques, géographiques, économiques, sociologiques, et c’est ici que se trouve l’apport essentiel du couple « Université - collectivité locale. »
Univers... cité - Séance d’ouverture
Selon Alain Claeys, Président de Grand Poitiers, il y a trois défis à relever pour favoriser l’attractivité et le rayonnement de l’enseignement supérieur.
Cela passe tout d’abord par une problématique liée à l’aménagement du territoire où « il n’y a pas d’autonomie durable des universités sans un Etat stratège.» Pour que le développement du supérieur soit soutenable, il faut de forts « contrats de projets » sur lesquels l’ensemble des acteurs s’investissent.
Le second enjeu se trouve dans la montée en puissance des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), mis en place depuis 2006 mais qui restent encore aujourd’hui des « structures assez floues, utiles dans le cadre du Plan Campus pour certaines universités. » Pour le moment, les PRES ont strictement un rôle de coordinateur des territoires de l’enseignement supérieur, agissant à différentes échelles en fonction des entités et des académies.
Enfin, Alain Claeys considère que la question de l’orientation des bacheliers est primordiale, au sens où les régions doivent y jouer un rôle. Le rayonnement des établissements passe aussi par leur adéquation à la vie socio-économique des territoires. Hélène Mandroux, Présidente de l’AVUF, réaffirme le rôle de cette association comme espace de réflexion pour les collectivités.
Créée par Pierre Albertini, elle fêtera ses 20 ans en 2013. Aujourd’hui et avec cette maturité, on y compte 70 villes de tailles diverses: « l’AVUF couvre l’ensemble du territoire français, dans toute sa complexité. » La recherche est une chance pour les territoires et le rayonnement des villes. La convention AVUF-CPU signée en 2010, et la participation de l’AVUF au colloque de la CPU à Marseille en février 2012 témoignent des liens forts entre les collectivités et les universités sur cette thématique. L’influence croissante des classements des établissements (Shanghai, Times Higher Éducation, etc.) font que « du jour au lendemain, on est à l’international. » Tous les acteurs doivent travailler ensemble et de façon complémentaire et convergente.
« La notion d’attractivité pose alors une question réelle : va-t-on vers une logique de concurrence ou de complémentarité pour l’aménagement des territoires? » Les universités sont des pôles essentielles d’attractivité du territoire. Globalement, l’éducation doit rester un secteur prioritaire: « les collectivités ont déjà la responsabilité de la maternelle et du primaire » pour faire de notre jeunesse un vecteur de citoyenneté.
Jean-Pierre Gesson, représentant la CPU, témoigne de la volonté des universités à « faciliter l’élaboration des Schémas Locaux et Régionaux d’Enseignement Supérieur et de Recherche via les accords-cadres. » En France, les situations sont contrastées et inégales, en fonction des pactes locaux, socioéconomiques et culturels des territoires concernés. Le récent colloque annuel de la CPU a participé à l’élaboration de 20 propositions pour l’enseignement supérieur de demain, en s’appuyant sur un souhait central: « l’Université pour la Cité, la Cité pour l’Université. » Le rayonnement national, mais aussi international, est donc au coeur des réflexions des universités.
Interrogations critiques
Cet exposé introductif présenté par l’économiste Olivier Bouba-Olga et l’urbaniste Christophe Demazière avait pour objet de s’interroger sur les notions d’attractivité et de rayonnement. Ces interrogations critiques à deux voix ont donné du recul à l’ensemble des participants de ce colloque: élus, universitaires, acteurs du monde économique et social, responsables nationaux, etc. Par cette présentation originale, les organisateurs du colloque ont cherché à démontrer qu’il était impossible de penser les relations universités et territoires à travers un seul et même prisme, et qu’une pluralité d’acteurs était nécessaire pour comprendre et agir sur cette problématique.
Olivier Bouba-Olga a introduit son propos en projetant le classement 2011-2012, édité par le magazine L’Etudiant, sur « Les villes où il fait bon étudier. »
L’économiste de l’Université de Poitiers a volontairement présenté cet exemple en particulier pour insister sur le fait qu’on doit avoir un regard critique sur les classements en général. Il pointe en effet le manque d’objectivité d’un classement à « 39 critères regroupés en 4 catégories auxquelles l’application de coefficients n’est pas indiquée. » En effet, on y trouve plusieurs critères dépendant de la taille de la ville universitaire et d’autres plus corrélés entre eux: total des emplois, nombre d’étudiants, nombre de fauteuils de cinéma, etc. Il met également en avant la présence de « critères assez farfelus » au regard du rayonnement des villes, comme la fréquentation des sites touristiques sur les trois dernières années. Enfin, on peut facilement constater des « évolutions radicales en un an pour des éléments structurels », au lieu de prêter une véritable attention aux éléments structurels.
On essaye souvent via les classements de « faire parler les chiffres », au lieu d’identifier les vrais problèmes pour y trouver des réponses politiques. La logique de benchmarking consacre donc ici une pratique théorique où seules les statistiques sont audibles. « Ceux qui râlent sont ceux qui sont mal classés. » Ceux-ci pensent ensuite à tort qu’il « suffira d’imiter les meilleurs pour arriver à leur niveau » ce qui enferme les classements dans une vision toute relative. Or, comme le souligne l’économiste Bouba-Olga, cette « stratégie du pingouin » nous ferait donc importer, en créant passivement une version française, des points de systèmes institutionnels fonctionnant bien à l’étranger comme « le système éducatif finlandais, le système monétaire américain ou encore le système d’emploi du Danemark. » .... Télécharger Universités & territoires n°86.
Tiltrækningskraft og indflydelse universitetsbyer, af Helen Mandroux, formand for AVUF og borgmester i Montpellier. Hent & Universiteter nr. 86 områder.
Jeg ønsker at udtrykke min tak til alle interessenter i symposium om tiltrækningskraft universitetet byer (konferencen af universitetet præsidenter, deponering, Sodexo, Latitude, universiteter og territorier, Sup Rådet ...) og mere specifikt Alain Claeys, borgmester og formand for større Grand Poitiers, krydret parlamentariker og især på spørgsmål om videregående uddannelse og forskning. Viac...