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Formation Continue du Supérieur
21 février 2019

Bina - Collections patrimoniales numérisées de la BULAC - Manuscrits naxi

Parmi ses trésors, la BULAC conserve une petite vingtaine de manuscrits très mal connus, rédigés dans une écriture tout à fait surprenante, le naxi « dongba ». Cette écriture a la particularité d’être la seule écriture pictographique encore utilisée à l’heure actuelle. Probablement antérieure au XIe siècle, elle est employée pour coucher par écrit les mythes et légendes de la culture naxi intimement liés à la religion dongba, dont cette écriture porte le nom. Elle est secondée par un syllabaire, dont la graphie est doublement influencée par les caractères yi [1] et chinois, qui sert principalement à transcrire les mantras (formules magiques) ou à annoter les manuscrits pictographiques. La BULAC en conserve deux exemples. Le nom de ce syllabaire, « geba », fait référence dans la langue naxi aux disciples du fondateur de la religion dongba.
Cette religion est principalement pratiquée par le peuple naxi 纳西, l’une des cinquante-cinq minorités de Chine. Ses quelques 300 000 ressortissants se répartissent entre les provinces du Yunnan (en particulier dans la préfecture de Lijiang 丽江), du Sichuan et du Tibet. Apparentés aux Qiang 羌, ethnie nomade, les Naxi se sédentarisent sous la dynastie des Han  (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.) et assimilent les coutumes et croyances locales, empreintes de shamanisme et d’animisme. Ils intègrent par la suite des influences extérieures, en particulier celle de la branche Bön du bouddhisme tibétain, donnant naissance à une religion syncrétiste qui tient son nom du terme utilisé dans la langue naxi pour désigner les prêtres de la communauté [2].
Pour simplifier, l’écriture naxi « dongba » se partage entre des caractères pictographiques, représentant concrètement l’objet désigné, et des caractères phonétiques, lorsqu’une idée abstraite impossible à illustrer de manière figurative est représentée par un ou plusieurs caractères homophones, selon le procédé bien connu du rébus. Il faut donc connaître intimement les mythes et légendes consignés dans les manuscrits pour parvenir à les lire, car un certain nombre de mots impossibles à illustrer sont omis et reconstitués de mémoire à l’oral ou bien devinés sous une forme proche du rébus. En effet, les textes naxi servent essentiellement d’appui mnémotechnique aux prêtres dongba lors des danses et récitations rituelles qui ponctuent les cérémonies religieuses. Pour cette raison, les prêtres dongba, détenteurs des mythes et légendes naxi, sont traditionnellement les seuls initiés de cette écriture dont ils se transmettent la maîtrise et les instruments de père en fils. Plus...
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