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Formation Continue du Supérieur
4 juin 2017

ADEF - Équipe GESTEPRO - Orientation des travaux de l’équipe

Les recherches conduites par l’équipe visent globalement à caractériser les organisations scolaires ou de formation pour en élucider les déterminants et en apprécier l’efficacité, voire pour en prévoir et en mesurer les effets. L’examen des dispositifs et des comportements mis en œuvre par l’enseignant au travers des situations d’enseignement pour organiser les conditions d’étude, d’une part, et, d’autre part, les activités développées par les élèves pour réaliser le travail et les tâches assignées par l’enseignant constituent les contextes privilégiés de spécification des objets spécifiques de nos recherches. Nos travaux ont ainsi généralement une double portée : aussi bien en direction des élèves dont ils visent à améliorer les conditions d’étude et de formation qu’en direction  de la formation des enseignants dont ils visent à mieux connaître les besoins. Ces recherches sont par ailleurs conduites dans une double-optique : selon qu’il s’agit de recherches descriptives et explicatives des réalités actuelles de terrain ou selon qu’il s’agit d’étudier les possibles au travers de l’expérimentation de situations issues de la recherche.
L’équipe Gestepro est plus spécifiquement engagée dans des recherches qui visent à étudier le rôle des instruments sémiotiques ou matériels (intermédiaires graphiques, artefacts) qui instrumentent l’activité des enseignants et des apprenants du point de vue des processus d’enseignement-apprentissage à l’œuvre. Ces études sont conduites aussi bien aux différents niveaux de scolarité de l’enseignement général (école primaire, collège, lycée) qu’au niveau de l’enseignement supérieur ou dans le cadre de l’enseignement professionnel. Ces travaux concernent aussi plusieurs domaines d’enseignement scientifique (sciences physiques, sciences de la vie et de la terre), ou technologique  (technologie au collège, sciences de l’ingénieur technologies de l’information et de la communication au lycée) et plusieurs spécialités de formation professionnelle universitaire (par exemple, formations de licence et master professionnels en génie électrique ou formation des architectes et/ou des designers). La plupart de ces recherches font par ailleurs l’objet de coopérations scientifiques en s’intégrant à des projets de recherche régionaux, nationaux et/ou internationaux.
Les phénomènes d’enseignement-apprentissage sont regardés au travers de la mise en scène et de l’élaboration des objets de savoir, plus précisément dans la construction et la manipulation des artefacts. La mise en tension qui relève de l’articulation entre les objets manipulés et la construction de significations sur ces objets permet d’éclairer les stratégies développées par l’enseignant lorsqu’il organise ses enseignements et celles développées par les élèves pour organiser leur activité dans le cadre des dispositifs qui lui sont proposés et dans lesquels les langages symboliques spécialisés jouent un rôle souvent décisif et prépondérant. Dans cette perspective, les conditions d’organisation des situations didactiques, particulièrement dès lors qu’elles réclament des mises en scène de matériels, de machines, de dispositifs, peuvent avoir une incidence directe sur l’efficacité de ces processus d’enseignement-apprentissage.
L’analyse des conditions de l’étude, notamment les facteurs influant sur les processus d’appropriation de savoirs (structuration des contenus, niveau d’élaboration des consignes, complexité des tâches, formulation des énoncés, lisibilité des dispositifs, congruence des documents, etc.), est une entrée privilégiée pour les travaux conduits dans l’équipe. Le pendant à l’interrogation des processus d’appropriation est celui de l’interrogation des processus de transmission et donc du rôle de l’enseignant. Cette entrée se décline soit sous l’angle de l’étude des gestes professionnels de l’enseignant, soit sous l’angle de l’étude des interactions qui se nouent dans la classe entre le professeur, l’élève et le savoir, conférant à l’enseignant le rôle d’un chef d’orchestre chargé de mettre en musique une partition écrite par d’autres. Le troisième type d’études  dépasse la posture descriptive et explicative pour adopter une posture prédictive et proposer des travaux qui relèvent d’une forme d’ingénierie didactique. Il s’agit d’étudier une organisation de transmission – appropriation d’un savoir spécifique et de regarder l’incidence qu’a la modification d’un des facteurs actifs de cette organisation sur cette organisation elle-même et sur l’économie générale du système. C’est dans cette catégorie que l’on peut classer les élaborations de dispositifs d’enseignement qui mettent à l’épreuve de nouvelles modalités  ou des aménagements différents de ces organisations (enseignement à distance, utilisation de ressources distantes, de maquettes, de logiciels de simulation…).
Ces études donnent lieu à des expérimentations empiriques dont les résultats sont traités quantitativement et qualitativement. Pour cela, nous privilégions l’articulation tâche activité comme analyseur des situations didactiques :

  • une tâche, celle que l’élève doit réaliser ou celle qui est confiée à l’enseignant (les deux catégories étant forcément différentes et distinctes), est significative du processus de transposition didactique par l’organisation spécifique des savoirs qu’elle exhibe (expression de la logique de la discipline), de leur organisation et de leur transcription à des fins d’enseignement (expression de la logique de l’enseignant) et de la perception par l’institution d’enseignement des modes d’acquisition de ces savoirs (expression de la logique d’apprentissage). Au lieu de se conforter mutuellement, ou d’être congruentes, ces trois logiques sont souvent concurrentes. Les tâches proposées aux élèves sont souvent ainsi porteuses  de contradictions ou de conflits entre ce que l’institution préconise, ce que l’enseignant réalise pour se conformer aux prescriptions et ce que les élèves comprennent de ce que l’institution et l’enseignant attendent d’eux.  C’est en ce sens que le détour par l’analyse des tâches à l’œuvre à ces différents niveaux et des activités réelles qui en découlent présente l’intérêt de signifier cette concurrence en s’intéressant d’une autre manière à l’organisation scolaire ;
  • l’activité, relève effectivement et quant à elle de l’étude de la mise en œuvre d’une tâche par le sujet. L’analyse de l’activité rend compte ainsi de la distance entre la tâche prescrite et la tâche effectivement réalisée. En ce sens, elle permet d’interroger l’efficacité des organisations proposées en distinguant ce qui relève des effets immédiats (qui n’ont pas spécifiquement de caractère permanent) et des effets à moyen et plus long terme (évolution durable d’une représentation, franchissement d’obstacle, rétention des connaissances, effets de transfert, etc.).

Cette ébauche permet de caractériser les discontinuités, les incohérences, les malentendus, les ruptures et les obstacles ; ainsi, il existe différentes tâches qui peuvent prendre des formes voisines bien que radicalement différentes : la tâche prescrite par l’enseignant est, par exemple, forcément différente de la tâche perçue par l’élève et finalement de la tâche réelle qu’il va s’auto-assigner. De la même manière, l’activité du sujet n’est pas nécessairement déployée pour réaliser la tâche mais elle s’inscrit dans le jeu des acteurs et dans l’environnement social de la situation didactique. De fait, il s’agit bien de définir un cadre d’analyse qui permet de regarder le fonctionnement de ce type de situation.
Le croisement des deux niveaux d’analyse, tâche et activité, permet de caractériser les interactions qui existent entre trois logiques concourantes mais qui peuvent également se révéler concurrentes ou discordantes : la logique de la discipline, la logique de l’enseignant et la logique de l’élève. De fait, nous ne nous intéressons réellement qu’à la mise en tension de ces trois logiques dans une classe et nous essayons de regarder et d’analyser les effets produits par cette mise en tension. La tâche apparaît comme l’expression concentrée de tout un ensemble de valeurs, de modèles, d’éléments de théories, de savoirs qui fondent le corpus de savoirs en référence et qui identifient l’enseignant dans une population enseignante. L’analyse de la tâche est donc significative de la mise en œuvre d’un programme d’enseignement dans l’intimité particulière d’une classe spécifique. Elle est également significative des activités qu’elle induit chez les élèves. Le passage au réel suppose de mettre en œuvre une analyse de l’activité de l’élève. Sa lecture de la tâche, sa façon d’organiser son activité et d’orienter ses actions, ce qu’il prend en considération et ce qu’il ne voit même pas, permettent souvent de mieux comprendre pourquoi et en quoi les processus d’apprentissage qui ont été mobilisés ne produisent pas les effets escomptés. Dans cette perspective, on peut repérer les difficultés intrinsèques (au savoir) et extrinsèques (liés aux dispositifs) rencontrés par les élèves, la manière dont elles ont été traitées, les stratégies adoptées et la planification des différentes actions. Le croisement tâche-activité permet ainsi d’instancier les activités de l’élève aux éléments caractéristiques des tâches. On peut de la sorte valoriser les difficultés rencontrées par l’élève et identifier ce qui relève de difficultés inhérentes au contexte (la formulation de la tâche et ses conditions de réalisation, l’organisation des conditions de l’étude, etc.) et ce qui relève d’obstacles inhérents au contenu lui-même de l’apprentissage concerné. Plus...

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