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Formation Continue du Supérieur
7 avril 2012

Multiplier les compétences transférables

http://www.fafsea.com/images/actus/Fi_99_2.jpgProfesseur agrégé de sciences économiques à l’université Paris I, Bernard Gazier est économiste du travail, spécialiste des politiques de l’emploi, expert au Comité d’évaluation de Pôle emploi et au Conseil national d’évaluations de la formation professionnelle. Il défend l’idée d’une approche plus souple, mais mieux organisée du marché du travail.
La saisonnalité de nombreux emplois dans l’agriculture et ses activités annexes s’oppose-t-elle à la formation de ses salariés?

Au contraire, la formation peut être développée de manière à multiplier les qualifications transférables d’un secteur à l’autre. Cela aiderait les saisonniers à aménager leur carrière, à ne pas s’enfermer dans un seul métier. Comme un moniteur de ski peut se transformer en guide de haute montagne l’été, un salarié de l’agriculture pourrait associer élevage, travail de la vigne, culture en serre… Le marché du travail est élastique. Les gens cherchent leur voie, on peut les aider.
À ce titre, vous préconisez une approche plus pragmatique des problématiques de formation…
Des mesures simples peuvent contribuer au succès des démarches des employeurs comme des employés. En Poitou-Charentes, par exemple, une allocation spécifique permet aux personnes ayant un projet professionnel précis, en rapport avec l’un des métiers en tension recensés dans la région, d’être soutenues financièrement jusqu’à la fin de leur formation. De même, on peut envisager une période de formation pour les saisonniers, lorsqu’ils ne travaillent pas.
C’est pourquoi vous défendez la notion de marché transitionnel?

Oui, l’idée est de construire des passerelles entre les situations de prise en charge des personnes par les collectivités publiques et les emplois réguliers de l’économie « normale », c’est-à-dire à temps plein et relevant de l’économie marchande. Travailler sur les marchés transitionnels du travail (MTT), c’est comprendre les mouvements du marché du travail, puis aménager les transitions entre les différentes séquences de carrière personnelle et professionnelle. Autrement dit, c’est créer les conditions de la mobilité. Plutôt que de laisser une entreprise en difficulté licencier 100 personnes, par exemple, pourquoi ne pas lui proposer de faire travailler 200 salariés à mi-temps? Prise en charge financièrement par la collectivité, la seconde partie du temps serait dévolue à la formation ou à des activités associatives, laissant aux intéressés l’opportunité de se tester sur un autre terrain, de rebondir, de passer d’une situation à une autre. C’est avantageux à terme pour la collectivité, et c’est moins violent qu’un licenciement pour les salariés.
Il suffit de s’organiser ?

Il existe de multiples techniques pour sécuriser l’emploi à l’échelon territorial: le groupement d’employeurs, le coaching, la création d’une école professionnelle susceptible de proposer aux grandes entreprises locales et au tissu de soustraitants des candidats bien formés… Prenez les intermittents du spectacle: ils savent faire du continu avec du discontinu. Aujourd’hui désordonnée, la tendance est pourtant émergente. Il faut lui trouver des chefs d’orchestre capables de mettre les leviers d’action en cohérence. Cela passe par le dialogue avec les partenaires sociaux territoriaux.
Mais comment attirer des candidats vers des métiers mal connus ou peu valorisés, comme c’est parfois le cas pour le secteur agricole?

En travaillant sur la qualité des emplois. En 2001, lors du sommet de Laeken, en Belgique, les Européens se sont mis d’accord sur des critères communs en la matière. Ces indicateurs constituent des outils intéressants pour développer des politiques régionales. La Suède et l’Allemagne, qui sont performants dans ce domaine grâce à un meilleur dialogue social et à une prise en compte des spécificités locales, par exemple, connaissent moins de tensions sur leur marché du travail.
Bernard Gazier
est notamment l’auteur de Vers un nouveau modèle social (2005) et de L’introuvable sécurité de l’emploi, avec Peter Auer (2008), tous deux publiés chez Flammarion.

http://www.fafsea.com/images/actus/Fi_99_2.jpg Associate Professor of Economics at the University of Paris I, Bernard Gazier is a labor economist, specializing in employment policies, the Committee Expert assessment of employment center and the National evaluations of professional training. He defends the idea of a more flexible approach, but more organized labor market.
Seasonality of many jobs in agriculture and related activities preclude it to train its employees?

Instead, the training can be expanded to increase the skills transferable from one sector to another.
This would help to develop their career seasonal, not to shut himself up in a single trade. As a ski instructor can turn into a mountain guide in the summer, an employee of agriculture could involve breeding, vineyard work, greenhouse... The labor market is elastic. People are feeling their way, they can be helped. More...

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