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Formation Continue du Supérieur
24 novembre 2019

Les symboles de la paix - Le drapeau olympique aux cinq anneaux

Accueil - Vie PubliqueQue la SDN ne soit jamais parvenue à se doter d’un drapeau, alors que l’ONU en adopte un dès sa création est symptomatique de la difficulté des États européens de l’entre-deux-guerres à s’entendre pour faire respecter la paix mondiale.
Pourtant, des tentatives ont eu lieu à la fin des années 1920. Un drapeau éphémère a même été utilisé lors de la Foire internationale de New York en 1939-1940 : ses deux étoiles à cinq pointes au centre d’un pentagone bleu étaient censées représenter symboliquement les cinq continents.
À ce sujet, les archives de la SDN conservent la trace de deux courriers adressés en 1930 par le baron français Pierre de Coubertin (1863-1937) fulminant contre la décision du jury de l’Union des associations pour la SDN de primer un projet de drapeau et d’emblème « inspirés par ceux des Jeux olympiques : cinq anneaux enlacés représentant les cinq continents du monde unis par l’Olympisme rénové ».
Et Coubertin de préciser que « l’argument que la disposition des cinq anneaux est différente, cette fois, n’enlève en rien au fait que le symbolisme est emprunté directement à un emblème qui date de la restauration même des jeux olympiques il y a plus de trente-cinq ans et que le drapeau olympique institué en 1914 et portant cet emblème a depuis lors flotté dans tout l’univers ».
Par une ironie de l’histoire, ce drapeau olympique qui symbolise la paix par le sport est présenté à l’occasion du Congrès olympique de Paris tenu quelques jours à peine avant l’embrasement du premier conflit mondial. C’est pourquoi il n’est hissé pour la première fois dans un stade olympique qu’en 1920 à Anvers, cité-martyre de la Grande Guerre.
Son inventeur, Pierre de Coubertin, en précisera en 1931 la signification dans ses Mémoires olympiques : « Tout blanc avec les cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge, il symbolisait les cinq parties du monde unies par l’olympisme et reproduisait les couleurs de toutes les nations. »
Amateur de la chose militaire et de vexillologie, mesurant parfaitement le pouvoir émotionnel des blasons et des couleurs, Coubertin combine ici plusieurs registres symboliques : le drapeau blanc (c’est-à-dire le plus clair des gris) pour la cessation des combats, les cinq anneaux pour évoquer l’alliance des continents et signifier l’ambition mondiale de son projet, les couleurs pour démontrer que la paix par le sport est une paix des nations (liberal pacifism) contrairement à l’internationalisme socialiste qu’il combat.
De fait, le drapeau olympique ne prend sens que dans un rituel fixé de manière progressive et pragmatique entre 1900 et 1914 pour mettre à distance les États et les marchands de spectacle : défilé des athlètes par ordre alphabétique des nations, serment de fair-play, lâcher de colombes. Sa diffusion planétaire s’accélère à compter de la retransmission en mondovision des jeux olympiques d’été à Rome en 1960, puis de la commercialisation de la marque olympique à compter des années 1980.
La guerre froide sportive, tout comme l’utilisation du podium olympique par les nations du Sud et par les mouvements identitaires, ont augmenté la puissance émotionnelle et médiatique de ces mega-events et, par là-même, accru la reconnaissance mondiale des anneaux. D’après les experts en gestion des marques commerciales (branding), ils seraient devenus la deuxième marque le plus connue au monde… après Coca-Cola. Plus...

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