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Formation Continue du Supérieur
20 mars 2017

Axes de recherche de LabexMed

LabexMedDepuis 2011, LabexMed a donné une impulsion décisive à la structuration et à la visibilité des études méditerranéennes, en cohérence avec les politiques scientifiques des unités partenaires et de leurs tutelles (interdisciplinarité, Méditerranée, relations internationales, attractivité, mobilité).
En 2015, l’évaluation du rapport à mi-parcours et les échanges avec le jury international ont souligné la qualité de la démarche interdisciplinaire de LabexMed. Le jury a invité les membres de LabexMed à mener une réflexion sur la Méditerranée construite par les savoirs.
Par ailleurs, les recommandations des experts convoqués par le Comité d’Orientation Stratégique d’Aix-Marseille Université, ainsi que celles des experts internationaux qui ont participé à l’évaluation de la Fondation A*MIDEX, vont également dans le sens d’une internationalisation accrue de la recherche et de la place privilégiée à donner à la Méditerranée dans ce domaine.
Ainsi, une réflexion collective sur les axes de recherche de LabexMed a été menée en 2016 pour définir les orientations thématiques à privilégier, dans la perspective de l’après 2019. Elle a été conduite en parallèle de la définition des nouveaux contrats quinquennaux des unités de recherche partenaires.
La première proposition a été de poursuivre les études sur la Méditerranée comme observatoire des sociétés et des cultures. Toutefois, la Méditerranée devient le centre du questionnement de recherche : Comment repenser la Méditerranée aujourd’hui ?
Les projets soutenus par LabexMed devront alors situer leurs apports en matière de construction ou de déconstruction de l’objet « Méditerranée ».
L’objet « Méditerranée » pourra être étudié au travers de trois axes de recherche :

  • A. Processus socio-économiques, politiques et juridiques.
  • B. Processus culturels et dynamiques patrimoniales. Circulation des savoirs et des objets.
  • C. Dynamiques territoriales et interactions hommes-milieux.

A. Processus socio-économiques, politiques et juridiques

  1. La reconfiguration d’espaces sociopolitiques

L’histoire longue de l’espace méditerranéen est jalonnée de brassages, de métissages, mais aussi de violences, de conflits, d’exclusions, avec leurs ressorts idéologiques religieux ou racialistes qui constituent autant de prismes pour saisir le rapport à l’altérité et dont les colonisations, les nationalismes et trois génocides furent les expressions les plus douloureuses. Que reste-t-il de cette histoire dans les constructions contemporaines de la Méditerranée ? Les empires ou les États, et les modèles politiques et juridiques qui en sont issus (depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours), jouent-ils un rôle dans la structuration ou dans la fragmentation contemporaine de l’espace méditerranéen ?
A cette longue durée, doit s’ajouter, à différents niveaux d’analyse (macro, méso, micro), une interrogation plus contemporaine sur les grandes transformations induites par l’urbanisation et l’industrialisation rapide, les transitions démographique et économique, les transformations des rapports au politique et aux liens sociaux primaires et secondaires. Des mouvements sociaux se développent et engendrent de nouvelles formes d’organisation sociale, des nouvelles façons de faire de la politique. Quels sont les acteurs de ces processus de transformations sociale et politique ? On pourra aussi s’interroger sur la réception et la mise en œuvre des grands textes de réglementation européenne et internationale en Méditerranée. Quelles réceptions et formes de résistance au niveau local ? Des enjeux de démocratie se posent dès lors, propres à chaque pays, avec une reconfiguration des relations entre sécurité, démocratie et liberté.

  1. Frontières et circulations

La Méditerranée comme mer est une route de migrations, une zone de connexions, de circulations et de refuge. Une approche diachronique pourrait être proposée sur les modèles politiques et économiques en Méditerranée depuis l’Antiquité (voire depuis des périodes antérieures), sur les villes et leur organisation, les processus de construction des marchés du travail nationaux et méditerranéens, les infrastructures portuaires, sur leurs empreintes territoriales actuelles et/ou sur les enjeux de la circulation formelle ou informelle des biens et des populations.
Aujourd’hui, la Méditerranée devient de plus en plus un espace fermé et d’évitement des circulations. Il y a actuellement une diversité de traitement et d’accueil des réfugiés autour de la Méditerranée, avec au Sud des traitements très différents selon les États. Comment et pourquoi les réfugiés « font crise » ou non, ou de manières différentes ? Quel est le rôle des États dans la constitution des routes de la migration et dans la gestion des mouvements migratoires ?

  1. Transformations démographiques, différenciations sociales et formes d’appartenance

De part et d’autre de la Méditerranée, on est confronté à des situations démographiques contrastées mais, sur l’ensemble du pourtour, les questions de la place des femmes et des jeunes sont souvent très centrales. Quelle(s) évolution(s) ont connu les rapports entre les genres et entre les générations ? Comment les tendances démographiques éclairent-elles cette question ? Quels impacts ont sur les relations entre genres et entre générations, les évolutions juridiques au niveau de la famille et du travail ? Par ailleurs, comment dans une insécurité ontologique et un « polythéisme des valeurs » croissant, les jeunesses méditerranéennes trouvent-elle une orientation ?

B. Processus culturels et dynamiques patrimoniales. Circulation des savoirs et des objets

  1. Circulations des savoirs et des objets dans les cultures méditerranéennes

Dans le temps long, l’espace méditerranéen peut être considéré comme un espace de partage de savoirs, d’idées et d’objets culturels, depuis les mathématiques, la médecine, la littérature, les traductions, la musique, les conceptions de l’esthétique ou les pièces archéologiques. Il est également le cadre d’affrontements, de hiérarchisation et de division sociales entre des groupes politiques qui portent, défendent ou font circuler ces divers objets et ces disciplines.
L’étude du transfert des savoirs et des objets en Méditerranée et sur ses marges, proches ou plus lointaines, seront au centre d’un questionnement sur la place de ces partages et de ces oppositions dans la constitution des cultures méditerranéennes, leurs rôles et usages politiques à l’échelle internationale, notamment dans le cadre de l’émergence des États et de la patrimonialisation.
Ces circulations et dynamiques pourront être interrogées de manière diachronique, interdisciplinaire et en tenant compte des conditions matérielles et idéologiques qui les contraignent ou qu’elles tentent de subvertir : supports physiques des échanges (écrit, reproduction visuelle, traduction-translitération, conservation muséale, bibliothèque, enseignement, internet), mobilités forcées ou volontaires, échanges internationaux officiels ou alternatifs, réseaux transnationaux, diaspora, patrimonialisation, conflits, instrumentalisation, etc.

  1. La construction socio-économique et politique des biens culturels

Par qui et comment les biens culturels sont-ils manipulés, patrimonialisés ou détruits en Méditerranée ? Il sera nécessaire d’envisager la diversité des procédés, des outils et des intervenants dans les processus de circulation et mettre en question l’éventuelle spécificité du contexte méditerranéen à travers des démarches comparatives et interdisciplinaires.
Les biens culturels en Méditerranée s’inscrivent en effet dans une économie au sens large (marché, acteurs, régulations) qui fonctionne à plusieurs échelles spatiales, temporelles, organisationnelles, institutionnelles, juridiques.
Plusieurs perspectives peuvent être envisagées, dont celles qui portent sur les institutions (fondations, musées, bibliothèque, archives, organisations touristiques, organismes de formation et de recherche…), les individus (depuis le défenseur du patrimoine à l’expert, en passant par le passeur culturel ou le simple visiteur de musée), les spécialistes des humanités (comment chercheurs, hauts-fonctionnaires, experts se positionnent-ils dans ces jeux intellectuels et politiques), les normes et les valeurs (légitimation, hiérarchisation, dynamiques).

  1. Les objets et savoirs dans le processus de patrimonialisation

Le patrimoine ne peut donc pas être défini a priori, mais sa construction, sa définition et ses usages doivent être analysés de manière critique et contextuelle. Que patrimonialise-t-on au nom de la Méditerranée ou en Méditerranée ? Quelles sont les mutations culturelles ou les discriminations sociales qui se jouent alors ? Quels types d’objets, de savoirs, de supports sont privilégiés ? Que peut-on dire du croisement des dimensions matérielles et idéologiques des patrimoines et des cultures ? La liste des objets de recherche est riche : les manuscrits et leurs traductions, les collections muséographiques publiques ou privées, les monuments et sites archéologiques, les paysages culturels, le patrimoine industriel, les espèces végétales et animales, les mémoires collectives, les images, etc., mais également les politiques publiques, initiatives privées, mécénats et mouvements associatifs locaux.

C. Dynamiques territoriales et interactions hommes-milieux

  1. Dynamiques territoriales dans la construction de la Méditerranée.

Affirmer l’existence d’un espace méditerranéen est le fruit d’une longue histoire culturelle et de renégociations permanentes autour de dynamiques territoriales diverses à l’échelle du pourtour méditerranéen. Il s’agira ici d’interroger cette unité et homogénéité territoriale et culturelle supposée comme le résultat de dynamiques qui s’inscrivent dans des connexions mondialisées. Comment les éléments naturels et anthropiques, les relations entre territoires urbains et ruraux et les inégalités territoriales interviennent-ils dans cette construction et les redéfinitions de cet espace ? Quelles sont les conséquences de sa fragmentation sur la construction du territoire dit méditerranéen ? Les pratiques de la nature, les relations hommes/milieux y ont-elles des formes spécifiques et/ou revendiquées qui contribuent à en établir les limites ?

  1. Dispositifs et usages des milieux et des ressources

Les éléments naturels présents sur le pourtour méditerranéen peuvent, selon les époques, avoir été considérés ou non comme des ressources utiles et se prêter à des usages concrets et symboliques divers. Comment les hommes et les femmes se sont-ils appropriés ces ressources naturelles ? Leur appropriation implique la mise en place de dispositifs et génèrent des formes de compétition/coopération, des conflits d’accès, des inégalités, la mise en œuvre de réglementations coutumières ou juridiques, des stratégies de confiscation. Comment ces dispositifs se déploient-ils et dans quelle mesure contribuent-ils au marquage du territoire ? A quels savoir-faire, systèmes techniques et pratiques d’exploitations ont-ils donné lieu et quels sont et ont été leurs impacts sur les écosystèmes et leur gestion ? Les transformations de l’environnement génèrent-elles en retour de nouveaux usages et des nouvelles formes d’appropriations ? Comment s’articulent les modes de gestion traditionnels et l’idée contemporaine de protection (animaux et végétaux) ?

  1. Politiques publiques et usages locaux des éléments naturels

A chaque époque, les administrations publiques centralisées de l’aménagement du territoire cherchent à composer avec les usages locaux. Comment les populations locales prennent-elles en compte ces injonctions règlementaires dans une recherche de conciliation entre l’exploitation et la préservation des ressources et éléments naturels ? Comment les normes de gestion environnementales institutionnalisées sont-elles appropriées, détournées, reformulées par les acteurs et groupes locaux ?
Comment les nouvelles valeurs accordées à la nature influencent-elles sa gestion privée et publique? Quelles sont les interactions qui interviennent entre intérêts et légitimité des approches scientifiques de la nature et construction des politiques publiques en matière d’environnement ? On s’interrogera en particulier sur le statut de Hot Spot de la biodiversité attribué à la Méditerranée et de sa vulnérabilité face au changement climatique. Comment les intérêts scientifiques et les politiques publiques environnementales interagissent-ils dans ces requalifications ?

  1. Les rapports à la nature et la construction de l’environnement comme bien commun

La question de la protection de la nature soulève celle des rapports aussi bien utilitaires, économiques, qu’éthiques et politiques que les sociétés entretiennent avec cet objet. Le statut des choses de la nature est l’objet d’une redéfinition et d’une requalification en fonction des valeurs qui leur sont associées : morales, sensibles, opérationnelles, économiques, etc. Ces modes de relations interviennent-ils dans la construction de l’environnement comme bien commun ? Ce statut de bien commun interfère-t-il en retour dans les valeurs qui lui sont attribuées, tant du côté organismes publics que de la sphère privée ? Dans quelle mesure une telle requalification peut-elle impliquer de nouvelles conduites éthiques vis à vis de la nature et en quoi ces réflexions pourraient-elles accompagner une redéfinition des objectifs politiques de préservation de la nature à l’échelle de la Méditerranée ?
Considérée selon les contextes comme des biens utiles d’une économie marchande soumis à évaluation voire brevetabilité ou comme patrimoine à préserver pour les générations futures, la nature suscite des modes et formes d’appropriation aussi bien matériels que symboliques historiquement et culturellement situés. Comment les montagnes, la mer, les plaines, les forêts, les cours d’eau ou les villes de Méditerranée sont-ils perçus et par quels processus sont-ils érigés en paysages, lieux de pratiques récréatives ou bassins de ressources. Voir l'article...

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