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Formation Continue du Supérieur
15 décembre 2012

La crise de Sciences-Po - quelques leçons

Suite à deux tribunes diamétralement opposées publiées dans le journal Le Monde sur la crise de Sciences-Po, François Vatin a rédigé cette réponse à leurs deux auteurs, Bruno Latour et Nicolas Jounin, pour insister sur le fait que, trop polarisées sur le seul cas de Sciences-Po, ces tribunes ont en commun d’ignorer le problème fondamental révélé par cette crise: l’invraisemblable inégalité de traitement entre l’Université et les Grandes Écoles. Aussi longtemps que ce problème ne sera pas abordé de front, la défense du modèle Descoing au nom du modèle anglo-saxon ne pourra passer que pour l’apologie d’une rente de situation, et sa critique au nom de l’égal droit d’accès de tous au savoir pour une solution démocratique imaginaire.
Chers collègues,

Vos tribunes sur la crise de Science-Po mises en regard dans le journal Le Monde du 28 novembre 2012 méritent je crois un commentaire croisé, car, à mon sens, la pertinence de l’analyse de chacun d’entre vous marque la faiblesse de l’analyse de l’autre et réciproquement.
Oui, Bruno Latour, vous avez raison de critiquer le blocage de l’université française et de la haute fonction publique française et de saluer l’imagination qui fut celle de Richard Descoing. Je ne vous suis pas en revanche sur l’idée, fort répandue dans les élites, que tout ce qui serait anglo-saxon serait par nature plus « progressiste » et qu’il vaudrait donc mieux des « university » que des « universités ». La France a une tradition qui en vaut une autre, où le mécénat est public et non privé et Science-Po profite de ce mécénat public plus qu’à son tour, comme le rappelle Nicolas Jounin. Le financement des entreprises, via les fondations ou toute autre procédure, constitue tout autant de l’argent social que celui qui vient par l’impôt. Je continue quant à moi à croire, sans excès d’illusions, en la vertu de principe d’institutions démocratiques (le Parlement) en charge de la répartition de l’argent public prélevé par l’impôt. On voudrait passer aujourd’hui en France à un modèle anglo-saxon de financement des études supérieures dont nous n’avons pas les bases. Que les grandes entreprises commencent à mettre sérieusement de l’argent avant de critiquer l’étatisme. En France, en matière d’éducation, les entreprises n’ont cessé de se reposer sur l’Etat tout en le critiquant et en lui « savonnant la planche ». On pense ici à la configuration qui préside au débat sur le financement des retraites: le lobbying entrepreunarial demande l’allongement du temps d’activité, la diminution des cotisations sociales et, dans le même temps, les entreprises, individuellement, mettent à la porte leurs salariés âgés en comptant sur l’argent public pour les financer...
Le « scandale » Science-Po a de mon point de vue l’intérêt de mettre en lumière la perversion de l’ensemble de notre enseignement supérieur. Il mérite donc à mon sens un débat qui aille au-delà des indignations morales et qui ne se focalise pas sur cette seule institution. C’est ce qui a motivé la présente réponse à vos deux tribunes. Suite de l'article...
Following two diametrically opposed stands published in Le Monde on the crisis of Sciences-Po, François Vatin wrote this answer to the two authors, Bruno Latour and Nicolas Jounin to emphasize that too polarized on one case Sciences-Po, these forums have in common to ignore the fundamental problem revealed by this crisis: the incredible inequality of treatment between the University and the Grandes Ecoles. More...
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