L’accès à la validation des acquis de l’expérience (VAE)
Par Paul Santelmann, Responsable de la Prospective à l’AFPA. Dans un pays marqué par la domination des diplômes obtenus en formation initiale, la faible prise en compte de l’expérience dans les représentations relatives aux savoirs, aux compétences et aux qualifications professionnelles a fortement pénalisé celles et ceux qui ont connu l’échec scolaire. La loi sur la VAE de 2002 a ouvert la voie à une autre approche de la reconnaissance sociale des savoirs et des compétences. 10 ans après qu’en est-il de l’usage de cette loi? Le Ministère du Travail occupe une place particulière dans cette démarche puisqu’il est le seul Ministère qui ne se situe pas dans le champ de la formation initiale. De ce point de vue la comparaison entre l’accès aux titres professionnels du Ministère du Travail et aux diplômes de l’Education Nationale est intéressante. Entre 2004 et 2011 le nombre de diplômés de l’Education Nationale est passé de 10 778 à 13 406, ceux du Ministère du Travail sont passés de 1542 à 5939.
Ce faible poids des niveaux V traduit plusieurs phénomènes (sous-évaluation par les personnes de leurs acquis, procédures lourdes ou compliquées d’accès au droit à la VAE, manque d’information, doute sur l’intérêt de la démarche, etc.) mais il illustre également un autre phénomène. Pour les personnes possédant déjà un bon niveau universitaire la VAE est plutôt un point d’arrivée, pour les moins qualifiés la VAE doit plutôt être appréhendée comme un point de départ et un point d’appui à combiner avec d’autres instruments dans le cadre des politiques d’emploi et de mobilités.
De même il paraît nécessaire de faciliter pour les moins qualifiés la combinaison entre validation partielle et formation plutôt que d’organiser des mises en échec pénalisantes. L’obtention d’un diplôme ou d’un titre de niveau V a comme effet chez de nombreuses personnes une prise de conscience de leurs savoirs et une mise en confiance pour aller plus loin. La VAE pour les moins qualifiés joue donc un rôle non négligeable en matière de demande de formation chez une population souvent peu encline à vouloir s’y engager. Bref la VAE est un facteur de motivation à la formation qu’il ne faudrait pas occulter.