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Formation Continue du Supérieur
23 décembre 2011

L’apprentissage: faire bouger les lignes!

http://web.polytech.univ-nantes.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?CODE_FICHIER=1283351891459&ID_FICHE=272262Par Florence Letessier et Michel Gordin (ESSEC). Il y a 15 ans, l’apprentissage se devait de relever un défi principal: faire accepter auprès des entreprises et de l’inconscient collectif que des formations d’excellence, dispensées par de grandes écoles de management, pouvaient utiliser ce dispositif en le transformant et en l’adaptant afin de former les managers de demain. Fortement critiquées, ces écoles pionnières dans le sillage de l’ESSEC, ont persévéré et convaincu.
Par la force de l’exemple, elles ont su valoriser:
- la satisfaction et la fierté des maîtres d’apprentissage dans l’accompagnement de la montée en compétences de leur apprenti,
- l’enthousiasme des étudiants apprentis pour ce modèle leur apportant sécurité et professionnalisation et les rendant légitimes à exercer un métier aux yeux de notre société,
- la dynamique pédagogique insufflée dans les cadres d’enseignement.
Ces constats sont aujourd’hui partagés par tous: l’apprentissage dans le supérieur n’a plus à se justifier; il est devenu une évidence pour l’ensemble des parties: étudiants, entreprises, écoles et universités. Tous les acteurs sont convaincus de sa nécessité, mêlant « pratique et théorie », « école et entreprise ». Même si l’apprentissage au sein des écoles de management a gagné la bataille de la reconnaissance, il lui en reste encore de nombreuses à mener et non des moindres.
Le financement

Il devient un thème récurrent voir crucial pour certaines formations. Le cadre législatif est en voie d’éclatement. La taxe d’apprentissage ne permet plus le financement du coût complet d’un nombre croissant d’apprentis. L’incitation des pouvoirs publics à une forte réduction de ces coûts conduirait soit à une baisse de la qualité des formations, soit à une diminution ou à une disparition de l’apprentissage dans certains centres de formation. Ces issues sont graves.
La limitation du nombre d’apprentis mise en œuvre par certains CFA, en raison de leurs difficultés financières, renforce l’injustice entre les apprentis (salaire mensuel, études gratuites) alors que leurs camarades dans la même salle de cours et recevant les mêmes enseignements paieront la totalité de leurs frais de scolarité et ne bénéficieront pas d’une rémunération mensuelle. De plus la situation économique actuelle et les mutations des cellules familiales entraînent une augmentation de la paupérisation des étudiants et renforcent l’attractivité de cette filière.
Enfin la compétition mondiale et les standards internationaux qu’elle impose conduit, à terme, à une augmentation inéluctable des besoins et des ressources des écoles.
Le dispositif aurait-il atteint ses limites? Comment le relancer afin qu’il joue à nouveau son rôle d’ascenseur social?

Proposer, innover, trouver des dispositifs alternatifs qui conservent les avantages reconnus et gomment les obstacles. Certaines actions peuvent être initiées directement, d’autres nécessiteront l’appui des pouvoirs publics et la volonté de ces derniers de faire bouger les lignes et d’adapter la législation.
Ainsi le statut de l’apprenti dans le supérieur (niveau 1, voire 2) pourrait être revu, permettant à chaque apprenti de participer financièrement à une partie de ses frais de scolarité, allégeant par là même le coût de formation demandé à l’entreprise et rendant ainsi possible l’accès de ce dispositif à un plus grand nombre.
Sans doute faudrait-il aussi fixer de nouvelles règles pour que le CFA et l’apprenti soient traités équitablement : que l’apprenti ne perçoive pas un salaire exagéré (bien au-delà du salaire légal) alors que le CFA ne perçoit qu’une fraction du coût complet de formation. Un système analogue à celui mis en œuvre pour les VIE par exemple pourrait être mis en œuvre..
L’ouverture internationale

Bien que le décret du 28 août 2007 ait autorisé l’accès à l’apprentissage pour les étudiants internationaux préparant un diplôme de Grade Master et ainsi leur ait permis de poursuivre leurs études en France gratuitement, l’accès pour des apprentis français à une mission se déroulant à l’international reste un défi majeur. Certes quelques entreprises ont développé des missions durant lesquelles l’étudiant accomplira une partie de son apprentissage à l’étranger (plus de 20 % des étudiants apprentis de l’ESSEC accomplissent durant leur contrat une mission d’au mois 3 mois à l’international) mais lorsque l’on mesure le nombre d’étudiants désireux de partir à l’international, l’offre reste largement insuffisante et quasi exclusivement proposée par de grandes entreprises.
Plusieurs solutions pourraient être envisagées:
- Permettre à une entreprise non française de signer un contrat d’apprentissage et d’en tirer avantage.
- Développer un apprentissage international gagnant – gagnant avec un cadre législatif national et européen adapté.
- Faire bouger les lignes et convaincre les entreprises étrangères de l’intérêt d’une formation par alternance avec une présence relativement longue en entreprise tout en élaborant un dispositif de financement.
Utopie ou nouveau challenge à relever comme l’était celui de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur il y a 15 ans?
Adapter et implémenter des pédagogies innovantes

Selon une enquête réalisée par le CFA de L’ESSEC en juin dernier: 75% des maîtres d’apprentissage se voient surtout comme un coach, 65% comme un formateur et 40% comme un supérieur hiérarchique. Le suivi et l’accompagnement de l’apprenti a lui aussi fait ses preuves. Cependant nos étudiants, issus de ces générations Y ou Z ont des attentes nouvelles et nous obligent à nous remettre en question sans que nous perdions notre cap. Nous, Centre de Formation, devons conjuguer au présent les exigences professionnelles émergentes que nous pressentons, les fragilités que nous détectons chez nos étudiants et les évolutions de nos missions de pédagogue. Il nous faut mixer les vecteurs de communication et les contenus, développer l’utilisation des réseaux sociaux, des serious games, des plateformes d’ e-learning en étroite relation avec un face à face individualisé afin de conserver et de valoriser la personnalisation de la relation d’accompagnement.
En ces périodes ou l’employabilité des jeunes générations devient central, l’apprentissage voie d’excellence, voie de transmission des savoirs faire, enraciné dans une tradition millénaire demeure une voie de formation et d’insertion pour nos jeunes managers appréciés par les employeurs pour leurs aptitudes à être rapidement opérationnels. Nos établissements sont reconnus comme facilitant l’insertion dans le monde économique, ainsi répondons-nous à notre vocation.
Il nous faut donc convaincre encore et encore.
By Florence Letessier and Michael Gordin (ESSEC). 15 years ago, learning had to face a major challenge: acceptance among companies and the collective unconscious as training of excellence offered by large schools management, could use this device in transforming and adapting to train tomorrow's managers. Heavily criticized, the pioneer schools in the wake of ESSEC, persevered and convinced. More...
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