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Formation Continue du Supérieur
4 décembre 2011

Quelles mesures de politique publique pour les langues

Soleo 28 - octobre 2011Entretien - 25/10/2011 - Soleo 28. Attachement à la langue française et à la francophonie qui ne peut se concevoir sans la pratique des langues étrangères; poursuite de l'ambitieux projet européen; aspiration profonde des jeunes à circuler, étudier, travailler dans un autre État que le leur. Rôle essentiel de l'Agence 2e2f comme vivier expérimental du multilinguisme. Ce sont là quelques-uns des axes dans les réponses qu'ont accepté de donner cinq ministres français à la question: « Quelle serait, de votre point de vue, la mesure de politique publique, nationale et européenne, la plus efficace, pour encourager l'enseignement et la pratique des langues ? »

Alain Juppé
La pratique des langues est un véritable enjeu pour la jeunesse de notre pays: c'est essentiel pour favoriser son insertion professionnelle, mais c'est aussi une priorité culturelle. Je suis profondément attaché à la langue française et à la francophonie, qui sont des vecteurs majeurs de l'influence extérieure de la France et de la diffusion de notre culture. Mais l'intérêt pour la langue française ne peut plus se concevoir sans le développement en France de la pratique des langues étrangères. Il faut défendre le français par tous les moyens, mais aussi savoir s'exprimer, lire et écrire dans d'autres langues.
Aujourd'hui, le développement et le renouvellement de notre apprentissage des langues passent principalement par les échanges d'étudiants et de jeunes professionnels. Les dispositifs existants au niveau européen contribuent particulièrement à cet objectif: avec les programmes Erasmus (depuis 1987) et Erasmus Mundus (depuis 2004), l'Union Européenne favorise le multilinguisme et a permis à plus de deux millions d'étudiants et d'enseignants européens d'étudier ou d'enseigner dans une université de l'Union ou hors de l'Union.
De la même façon, le ministère des Affaires étrangères et européennes développe un vaste programme de coopération universitaire, qui permet à la France d'accueillir de nombreux étudiants mais également de soutenir les cursus de jeunes français à l'étranger. C'est aussi l'objet de l'Agence 2e2f à Bordeaux, qui favorise les échanges universitaires et professionnels.
C'est ainsi que se créent de vrais liens binationaux et que se croisent les cultures. C'est ainsi que nous développerons l'apprentissage des langues.
Luc Chatel

La maîtrise des langues étrangères, notamment celle de l'anglais, est en effet une compétence fondamentale pour nos élèves, aussi bien dans la poursuite de leurs études que pour faciliter la recherche d'un emploi en France ou à l'étranger et favoriser les échanges.
Or, malgré toutes les innovations introduites au cours des dernières années au coeur de notre système éducatif, comme par exemple la mise en place de groupes de compétence pour l'enseignement des langues, force est de constater que nous pouvons, que nous devons aller plus loin pour que nos enfants soient capables de comprendre et de parler avec aisance au moins deux langues vivantes étrangères à la sortie du lycée.
A mon sens, il y a deux vecteurs majeurs de progrès: d'une part la précocité de l'apprentissage et d'autre part la priorité à accorder à l'expression orale.
Ce double enjeu est au coeur de la mission que j'ai confiée, au mois d'avril dernier, au comité stratégique pour l'enseignement des langues. Présidé par Suzy Halimi, présidente honoraire de l'université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle et composé d'experts et de personnalités reconnues dont Claude Hagège, Claude Bébéar et le Sénateur Jacques Legendre, le comité a pour mission de faire des propositions destinées à refonder l'enseignement des langues dans notre pays, tout en veillant à respecter la pluralité linguistique.
Il me remettra au mois d'octobre un rapport d'étape puis des propositions définitives à la fin de l'année qui permettront, je le souhaite, de donner une impulsion nouvelle à l'apprentissage des langues en France, à compter de la rentrée 2012.
Frédéric Mitterrand

Avant toute mesure propre à favoriser l'enseignement des langues dans notre pays, c'est d'une réflexion et d'un cadre stratégiques dont nous avons besoin. Ce cadre doit envisager l'ensemble de la dimension linguistique des activités humaines - du point de vue social, économique et culturel. En effet, si l'enseignement joue un rôle de premier plan dans la transmission des langues étrangères, celle-ci doit aujourd'hui beaucoup à d'autres facteurs: les technologies numériques, les expressions culturelles et artistiques, les échanges professionnels et touristiques... autant de dimensions qui placent désormais le citoyen dans un rapport constant et immédiat avec la diversité des langues du monde.
Cette situation nouvelle plaide en faveur d'une stratégie qui joue sur différents registres. Il est d'abord nécessaire de savoir parler plusieurs langues étrangères, au moins deux si l'on s'en tient aux recommandations du Conseil européen de Barcelone en 2002. En effet, penser qu'une maîtrise approximative de l'anglais - toute indispensable qu'elle soit - permet à elle seule d'affronter les défis du monde moderne est une erreur économique et un contresens culturel.
Il y a d'ailleurs des limites aux capacités d'apprentissage des langues: comprendre une langue - sans nécessairement être en mesure de la parler - est aussi une compétence utile. L'intercompréhension est de ce point de vue une approche qui ouvre de belles perspectives au plurilinguisme, dans notre pays et en Europe. « Une Europe de polyglottes n'est pas une Europe de personnes qui parlent couramment beaucoup de langues, mais, dans le meilleur des cas, de personnes qui peuvent se rencontrer en parlant chacune dans sa propre langue et en comprenant celle de l'autre », écrivait Umberto Eco dans La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne. Que cette approche puisse se développer est un de mes voeux les plus chers.
Pour permettre aux idées, aux savoirs et aux imaginaires de circuler, traduire est une condition sine qua non. Facteur clé du dialogue interculturel, la traduction favorise la diffusion des idées tout en permettant aux langues de conserver leur fonctionnalité. Qu'elle soit littéraire ou technique, qu'elle s'exprime à travers le sous-titrage ou le sur-titrage, la traduction permet d'appréhender en profondeur les cultures. Elle est une priorité de mon action, tant au plan national qu'européen. J'ajoute que les métiers de la traduction – si riches et divers – gagneraient à être mieux connus de nos jeunes concitoyens. Parler, comprendre, traduire: voilà qui répond à mes yeux aux défis de nos sociétés ouvertes, et qui contribue à renforcer leur cohésion.
Laurent Wauquiez

La pratique d'au moins deux langues vivantes par tout citoyen européen et l'encouragement à la mobilité sont des piliers de la politique européenne des langues. La France poursuit ces objectifs et porte une grande ambition pour le multilinguisme en Europe, qui contribue à son dynamisme économique et sa richesse culturelle.
L'enseignement des langues est un élément essentiel de la réforme universitaire menée en France. Il accompagne l'ouverture internationale des établissements et les met en position de mieux répondre aux défis du XXIème siècle.
Cet enseignement est à la fois un préalable et un objectif de mobilité. Développer l'apprentissage des langues renforce la capacité de mobilité des étudiants. Pareillement, développer la mobilité contribue à l'apprentissage des langues.
Le Plan Licence est exemplaire de ce qu'est notre ambition en matière d'offre de formation linguistique. Les compétences linguistiques figurent désormais parmi l'ensemble des connaissances qui doivent être acquises en licence. Elles le sont également en master puisque ce diplôme ne peut être délivré qu'après validation de l'aptitude à maîtriser au moins une langue vivante étrangère. Les compétences linguistiques sont également présentes en doctorat, dans le cadre de formations complémentaires et dans le cadre de l'ouverture européenne et internationale des écoles doctorales et des cotutelles internationales de thèse.
Cette volonté de développer l'apprentissage des langues dans le supérieur s'accompagne d'une rénovation de l'enseignement des langues dans le secondaire. L'objectif de continuité tout au long de la formation, aux différentes étapes des cursus scolaires et universitaires est un point essentiel auquel je suis personnellement très attentif. Les cursus doivent non seulement permettre de perfectionner l'apprentissage d'une langue mais aussi d'en découvrir et maîtriser d'autres.
L'Agence 2e2f, en tant qu'Agence mettant en oeuvre le programme Education et Formation Tout au Long de la Vie et ses 4 sous programmes de mobilité, Comenius, Erasmus, Leonardo et Grundtvig, a un rôle essentiel au regard des besoins de cohérence et de continuité sur les enseignements de langues étrangères depuis le secondaire jusqu'à l'enseignement supérieur. Force de propositions, d'initiatives et d'expérimentations, l'agence contribuera à relever le défi de l'apprentissage des langues étrangères en France.
La pratique d'au moins deux langues vivantes par tout citoyen européen, un référentiel commun de compétences, l'encouragement à la mobilité, sont les piliers de la politique européenne des langues. La France poursuit ces objectifs et est porteuse d'une grande ambition d'une Europe du multilinguisme essentielle, tant à son avenir politique qu'à son avenir économique et culturel.
Jean Leonetti

Il y a naturellement plusieurs façons de répondre à cette interrogation, tant il est vrai que la promotion de l'enseignement et de la pratique des langues incombent à une pluralité de structures et d'intervenants: l'Education nationale naturellement, l'Union européenne, à travers notamment le programme Education et Formation Tout au Long de la Vie dont l'Agence 2e2f a la responsabilité, les collectivités territoriales, la société civile enfin.
Dans les fonctions qui sont les miennes, je souhaite m'attacher à promouvoir d'abord la langue française et la francophonie dans les Institutions européennes et dans les Etats membres: cet effort s'appuie en particulier sur le plan pluriannuel pour le français géré par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Au-delà, c'est le multilinguisme qu'il importe de développer en Europe, car c'est sans aucun doute une condition à la poursuite du projet européen. Le multilinguisme est source et condition d'enrichissement, pour la mobilité et l'échange, pour le renforcement des compétences, des qualifications et des aptitudes professionnelles, plus largement pour répondre à une aspiration profonde, notamment chez les jeunes européens, à bénéficier de la liberté de circuler, d'étudier et de travailler dans un autre Etat membre que le sien.
Plutôt que le recours, forcément réducteur, à un idiome unique, l'apprentissage et la maîtrise des langues de l'autre, la mobilité et les échanges de personnes, le développement des cursus de formation hors de ses propres frontières, à l'instar du programme Erasmus, sont à mon sens des facteurs déterminants pour l'avenir. De manière plus concrète, des mesures comme la multiplication des écoles maternelles bilingues, à l'instar de ce qui a été décidé pour le français et l'allemand dans l'Agenda franco-allemand 2020, ou bien la diffusion sur l'ensemble des chaines de télévision des films ou séries en version originale sous-titrée sont des pistes qui pourraient contribuer à une meilleure pratique des langues et à une familiarisation de tous les publics à l'utilisation des langues étrangères.
Dans cet ensemble, je mesure l'importance du rôle dévolu à l'Agence 2e2f et je suis heureux de pouvoir l'assurer de mon appui dans la conduite de son action.
Soleo 28 - October 2011Interview - 25/10/2011 - Soleo 28. Attachment to the French language and Francophonie, which is inconceivable without the use of foreign languages; continuation of the ambitious European project, young people yearning to travel, study, work in another Member State than their own. Role of the Agency as 2E2F experimental pool of multilingualism. These are some of the axes in the responses has been accepted to give five French ministers to the question: "What would be your point of view, the measure of public policy, national and European, the most effective to encourage teaching and practice of language? "
Alain Juppé

The use of languages is a real challenge for the youth of our country: it is essential to promote the employability, but also a cultural priority.
I am deeply attached to the French language and Francophonie, which are major vectors of the external influence of France and the dissemination of our culture. But interest in the French language can not be achieved without the development in France of foreign languages. We must defend the French by any means, but also learn speaking, reading and writing in other languages. More...
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