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« Dahabu, l’atelier du bijoutier », l'exposition de préfiguration n°6 du MuMa
Dans la suite de la première préfiguration qui portait sur le duka traditionnel de Papa Kamardin à Pamandzi, cette exposition propose de découvrir un savoir-faire en voie de disparition - comme le duka -, à travers la reconstitution d’un atelier complet de bijoutier. L’échoppe de Dahalani Tamimou à Sada, maître et artisan de renom, est présentée, d’une part, sous la forme d’une « unité écologique » pour le poste de travail de D. Tamimou lui-même (bureau-établi, fauteuil et table). Le musée présente, d’autre part, l’intégralité des outils originaux de l’orfèvre ainsi que les objets du travail quotidien. Cette présentation donnera à voir les coulisses (« l’arrière-boutique »), rarement accessibles au public, de la création artistique de l’orfèvre.
Du mariage à la vie de tous les jours et de la naissance à la mort, du dayiyo (parure) au simple pere (bague), le bijou joue chez les Mahorais un rôle symbolique, social et économique important. Lorsqu’il est produit localement, il démontre un savoir-faire technique que pratiquent encore quelques artisans, véritables artistes des bijoux uniques. Plusieurs d’entre eux connaissent encore l’art du « filigrane », l’une des techniques décoratives préférées des Mahorais.
Néanmoins, comme dans toute société dynamique, l’ancrage dans sa région et sa connexion au monde soumettent Mayotte à des « influences » et des échanges sur le savoir-faire. Beaucoup d’artisans ont été formés aux Comores ou à Madagascar et ont été influencés dans le choix des matériaux, styles, motifs, même s’il existe des spécificités locales.
Tout comme le duka traditionnel perd du terrain devant les nouveaux modes de consommation et les grandes surfaces commerciales, la bijouterie artisanale est aujourd’hui concurrencée par de nouvelles offres de produits de moindre coût et de moindre qualité. Les objets fabriqués en grande série et importés (France métropolitaine, Arabie, Dubaï, Chine…) remplacent de plus en plus l‘œuvre unique du bijoutier. Ils témoignent d’évolutions dans les modes de vie : tout comme la parure se transforme, le vêtement évolue et la jeune fille d’aujourd’hui préfèrera peut-être le sari au salouva traditionnel.
Il existe encore une autre catégorie de bijoux remarquables, ceux que l’on crée à partir de végétaux locaux (feuilles, fleurs). Ces parures, comme les autres, ont un rôle éminemment symbolique. La plus modeste est le bijou-jouet, la plus spectaculaire est le collier de marié (dwa). Ce dernier évoque le double langage de l’éphémère du végétal et du durable de la relation qui s’institue à travers la cérémonie. Cette variété du bijou mahorais, du plus éphémère au plus inaltérable, donne l’éventail de la parure à Mayotte.
En contrepoint des bijoux traditionnels, est montrée une sélection de parures « fantaisie », issue des nouveaux réseaux de distribution. Il existe aujourd’hui en effet de nouvelles sensibilités, aussi bien masculines que féminines, de nouveaux goûts, qui privilégient des bijoux en plaqué or ou de fantaisie. Ainsi, certains préfèrent une certaine simplicité à la taille imposante, probablement due à l’influence des îles voisines, des « panneaux de bijoux » des mabvindzo, cérémonie de remise de cadeaux de mariage. Aujourd’hui, les dépenses somptuaires du grand mariage, au premier plan desquelles celle des bijoux, sont remises en question par une partie de la jeunesse. Ces bijoux alternatifs ont-ils autant de fonctions symboliques qu’auparavant ? Ils permettent à leur porteur d’être en phase avec des goûts et des mœurs nouveaux, ou expriment un souci identitaire. Plus...
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