Lors de nos deux précédents billets consacrés à ParcourSup, nous en avons analysé les modalités concrètes et les tenants idéologiques — managérialisation de l’orientation, mise en concurrence par évaluation croisée des étudiants et des universités, différenciation des formations et des établissements, suppression du baccalauréat comme certification homogène. Force est de constater que nos prédictions sur le ralentissement critique dû aux interblocages de l’algorithme (deadlocks en anglais) se sont révélées exactes [1]. Autre prédiction fondée, l’élite scolairement et socialement dominante a été mécaniquement sélectionnée pour la quasi totalité des places disponibles (winners take all), conduisant seulement un candidat sur quatre à se voir proposer son premier vœu [2]. Malgré ses défaillances [3], le système précédent d’admission post-baccalauréat conduisait deux tiers des élèves de terminale générale et un tiers des élèves de bac professionnel à recevoir une proposition coïncidant avec leur premier vœu [4]. (MàJ) Les bacheliers professionnels n’ont reçu des propositions de formation supérieure qu’à 58%, contre 78% en 2017 [4bis]. Les premiers retours que nous avons reçus de collègues franciliens enseignant en première année de Licence accréditent la conjecture selon laquelle ParcourSup a fonctionné pour le plus grand nombre comme une gigantesque loterie [5] visant à caser (sic [6]) les candidats. Il faudra du temps pour attester de cette dégradation de l’orientation sur une base statistiquement fondée et ce d’autant plus que ParcourSup a été mis en place précipitamment, avant les réformes du lycée, du baccalauréat et de l’orientation qui vont se déployer sur cette même base idéologique (différenciation [7] des établissements par les options et spécialités) dans les trois ans qui viennent. Plus...