Séminaire inter-laboratoires CéSor/CHERPA/Idemec/Iremam (MMSH)
De la fabrique des autorités religieuses : qualifications, légitimations et ancrages des « clercs » de l’islam, du christianisme et du judaïsme en Méditerranée
Responsables : Marie-Laure Boursin (CHERPA/Idemec) et Katia Boissevain (Idemec), Franck Frégosi (CHERPA), Sabrina Mervin (CéSor), Norig Neveu (Iremam)
(Légende et crédits de la photographie: Religion Stencil edited (https://www.flickr.com/photos/58319433@N08/7428617406/).
Séance introductive le Jeudi 25 octobre 2018 à la MMSH, salle Paul Albert Février, 14h00-16h30 autour de deux présentations :
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Franck Frégosi (CHERPA, Sciences Po Aix-en-Provence), Présentation des résultats du programme « L’organisation de l’Islam en France. L’exemple du statut des ministres du culte musulman dans le cadre des mosquées »
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Lisa Anteby (Idemec-CNRS), « Défis et débats autour des fonctions religieuses publiques féminines dans le judaïsme orthodoxe »
Résumé
Synagogues "orthodoxes-égalitaires", récitation du kaddish (prière pour les morts) par une femme orthodoxe lors d'un enterrement public ou ordination de "femmes-rabbins" (rabba) par un institut orthodoxe seront quelques exemples que nous présenterons pour illustrer les bouleversements actuels qui ont lieu dans le judaïsme orthodoxe et les débats brûlants qui secouent les communautés juives de par le monde quant à la place des femmes, que ce soit dans l’étude religieuse, l’espace de la synagogue, la prière collective, les fonctions rituelles ou les rôles religieux publics.Ces phénomènes récents ne peuvent se comprendre qu’en les resituant dans un processus entamé il y a plus de 30 ans, avec les premières revendications de femmes orthodoxes à l’étude des textes religieux dont elles étaient traditionnellement exclues et l’ouverture d’institutions orthodoxes leur offrant des formations avancées en Talmud. Depuis, diverses stratégies de négociation et de contournement ont permis à ces femmes de remettre en cause le monopole masculin en matière de normes religieuses, de savoir juridique juif et de fonction rituelles genrées et de parvenir à des avancées remarquables pour des femmes, dans certains milieux orthodoxes, tout en restant dans le cadre de la loi juive (halakha).
Afin de décrire ces nouveaux développements, nous reviendrons brièvement sur l’histoire des acquis des femmes des courants du judaïsme non-orthodoxe et traiterons plus en détail du développement du féminisme juif orthodoxe, de sa structuration, de ses mobilisations, du militantisme mais aussi de la diversité de ces féministes religieuses.
Nous nous arrêterons ensuite sur trois questions essentielles qui défient le monde orthodoxe : l’accès des femmes à l’étude, l’interprétation et la décision en loi juive ; la place des femmes à la synagogue et dans le rituel religieux ; et les nouvelles fonctions religieuses publiques que les femmes occupent aujourd’hui, y compris cléricales.
Dans un troisième temps nous proposerons différentes approches que les femmes orthodoxes adoptent pour opérer ces changements : 1) la séparation des hommes et la constitution d’espaces entre femmes pour étudier, prier et lire en public la Torah; 2) le « partenariat » avec les hommes, une configuration radicale pour penser l’équité dans l’interprétation des textes et les décisions en loi juive, dans la prière collective et la lecture du texte sacré, et dans les positions de leadership religieux « en partage »; 3) le cheminement « de l’intérieur » et l’investissement d’espaces religieux masculins par des rôles féminins para-rabbiniques qui apportent des transformations sans bouleverser les structures existantes. More...