Par Daniel Bloch, Ismail Tsouria, Jacques Perrin, Jean-Yves Ledoux, Maya Akkari. 130 000 jeunes - un sur six - sortent aujourd'hui de l'Ecole sans diplôme. Seulement un quart des jeunes atteignent ou dépassent le niveau de la licence. Face aux défis posés par le développement de la base productive et de la compétitivité de notre pays, le service public de l'éducation, avec l'appui des entreprises et des collectivités territoriales, doit pouvoir réduire la proportion de jeunes sortant du système éducatif sans diplôme, et élever le niveau national d'éducation et de formation. La présente note formule seize propositions pour développer le baccalauréat professionnel, refonder la licence professionnelle et le master, réduire les sorties sans diplôme, prendre appui dans cette stratégie sur le territorial.
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Nous mettons en avant 16 propositions, simples et pratiques, pour que l’Ecole prenne toute sa part dans la bataille de la jeunesse et de la compétitivité.
Refonder la licence professionnelle et le master - Proposition n°5 : refonder la licence professionnelle sous forme d’un dispositif présentant une cohérence pédagogique portant sur l’ensemble des trois années de préparation, qu’elles soient constituées d’un cycle continu de trois ans conduisant à cette licence, ou qu’elles incluent le passage intermédiaire d’un BTS ou d’un DUT.
- Proposition n°6 : conduire, d’ici cinq années, la moitié des bacheliers technologiques jusqu’à la licence professionnelle, dans le cadre aussi d’une refondation de la voie technologique, du lycée jusqu’à la licence.
- Proposition n°7 : supprimer la distinction entre masters Recherche et masters professionnels, tous les masters devant présenter un caractère professionnel. Supprimer la barrière entre la première et la seconde année, avec l’objectif d’un doublement à terme du nombre de diplômés au niveau des masters.
- Proposition n°8 : développer la formation par la recherche publique ou privée sous la forme d’une formation complémentaire d’une année post-master en alternance université – entreprise.
L’Université française et ses diplômes La France a adopté, en 2002, un système de certification à visibilité européenne qui distingue trois niveaux successifs de diplômes: la licence (L), le master (M) puis le doctorat (D). Même si la France en a été à l’origine - Claude Allègre en ayant été l’instigateur et le pilote - cette réforme, adoptée lors de la conférence interministérielle de Bologne en 1999, a des effets plus apparents que réels.
Hier. L’Université délivrait – en dehors notamment du secteur santé - cinq diplômes de niveaux distincts. Le premier, qui nécessitait en principe deux années d’études, était diversifié, puisqu’il incluait tout à la fois le DEUG - le diplôme d’études générales délivré par les Universités - et le DUT - le diplôme universitaire de technologie préparé dans un institut universitaire de technologie, au sein de l’Université. Le BTS ou brevet de technicien supérieur, sensiblement équivalent au DUT, était préparé dans les sections de techniciens supérieurs des Lycées.
Le deuxième niveau était celui de la licence accessible après une année d’études supplémentaire sous condition d’avoir obtenu le DEUG. Suivait le niveau de la maîtrise qui nécessitait encore une année supplémentaire, le passage de la licence à la maîtrise étant de droit pour les étudiants ayant obtenu la licence. Le quatrième niveau était, ou bien celui du Diplôme d’Études Approfondies (DEA) qui était destiné à des maîtres qui envisageaient de poursuivre en direction d’un doctorat (constituant le cinquième niveau) ou alors le Diplôme d’Études Spécialisées (DESS) pour ceux qui voulaient préparer l’entrée dans la vie professionnelle. Ces deux diplômes, le DEA comme le DESS, pouvaient être préparés en un an, et donc être obtenus cinq années après le baccalauréat, tout comme les diplômes d’ingénieur ou d’écoles de commerce qui pouvaient, en ce qui les concerne, être attribués sans qu’un diplôme intermédiaire soit imposé.
Aujourd’hui. La licence (L) demeure. A ses côtés existe une licence professionnelle, construite en principe en fonction des débouchés auxquels elle prépare. La première année du Master (M1) n’est guère différente de ce qu’était l’ancienne maîtrise, le passage de la licence à la maîtrise demeurant de droit pour ceux qui possèdent la licence. L’inscription en deuxième année du Master (M2) professionnel ou recherche s’effectue par contre sur dossier, et seuls les « meilleurs » dossiers sont retenus. Il en était de même pour l’entrée en DEA ou en DESS.
La licence professionnelle constitue de fait un objet mal identifié, non piloté. Alors que la licence générale constitue un passage obligé mais cohérent des bacheliers vers un master, la licence professionnelle prend la forme d’une année plaquée sur un cursus préexistant, sans nécessairement être associée à un parcours pédagogique cohérent. Leur lisibilité est réduite: il existe aujourd’hui 2 000 licences professionnelles distinctes avec seulement 20 étudiants chacune en moyenne! Il faut refonder la licence professionnelle afin qu’elle s’ouvre davantage aux bacheliers technologiques mais aussi professionnels, ce qui implique que soient tracés des parcours bien adaptés, notamment aux profils des bacheliers technologiques, et formant un bloc de trois années construit de façon cohérente. Il s’agit de la solution la plus réaliste, certainement aussi la plus efficace pour l’objectif consistant à conduire la moitié de la génération au niveau de la licence. Même si les IUT doivent être les moteurs essentiels de cette refondation, puisqu’il s’agit notamment de prolonger d’une année les études qui y prennent aujourd’hui place, en assurant une nouvelle cohérence d’ensemble des trois années d’études proposées, il est clair qu’elle ne peut être leur exclusivité, les sections de techniciens supérieurs pouvant aussi être mobilisées à cet effet. Et surtout, les Universités ont toute liberté également pour offrir des parcours permettant d’accéder directement à ce diplôme, le plus souvent en trois ans. Il s’agit ainsi d’un bon thème de travail pour les commissions académiques de coordination des formations post—baccalauréat. La refondation de la licence professionnelle, suivant ces bases, et au profit de cette nouvelle ambition, constitue notre sixième proposition...
Conduire, d’ici cinq années, la moitié des bacheliers technologiques jusqu’à la licence professionnelle constitue notre septième proposition d’action. Il serait important qu’une partie significative des moyens supplémentaires prévus au cours du quinquennat pour les enseignements supérieurs soient affectés ainsi à la promotion des bacheliers technologiques mais aussi professionnels, aujourd’hui pratiquement exclus de formations conduisant à des emplois de cadre. Comme, il s’agit pour l’essentiel de jeunes issus de milieux défavorisés, cette exclusion constitue aussi un déni de mobilité sociale ascendante.
L’enseignement supérieur long: évidemment professionnel De l’insuffisance du nombre de diplômés au niveau de la licence résulte un déficit de diplômés au niveau des études supérieures « longues ». Comme à peine plus de 25% des jeunes accèdent au niveau de la licence, il n’est pas anormal que moins de 20% de la génération seulement possède un diplôme ressortant des études supérieures longues. Si au cours des 25 dernières années le nombre d’ingénieurs formés – à l’extérieur ou à l’intérieur des Universités - a plus que doublé, et si celui des diplômés des écoles de commerce a presque quadruplé formant désormais 30 000 diplômés par an, le plus important secteur à ce niveau demeure celui lié aux Masters avec leurs 90 000 diplômés. Dans le même temps, les filières universitaires traditionnelles perdent de leur attractivité. Ainsi en 2005, elles accueillaient 61% des bacheliers généraux, mais seulement 53 % lors de la dernière rentrée. Sans pour autant, et c’est heureux, que le nombre total d’ingénieurs et de masters scientifiques se réduise, mais parce que les bacheliers choisissent d’abord les filières à objectifs professionnels affirmés: les classes préparatoires aux grandes écoles, les formations universitaires de la santé et du secteur paramédical, les STS ou les IUT. Si l’on s’en tient à la seule première année de la licence universitaire scientifique (L1), alors qu’elle accueillait 24% des bacheliers S en 1996, elle n’en a plus accueilli que 17% en 2002 et seulement 11% en 2008: une réduction par un facteur deux en dix ans. De même, les effectifs des masters « professionnels » ou indifférenciés s’accroissent, mais sans pour autant parvenir à contrebalancer la baisse des effectifs des masters « recherche ».
Nous proposons que soit supprimée la distinction entre les masters Recherche et les masters professionnels, et que les recrutements s’effectuent au niveau de l’entrée en première année. En l’assortissant néanmoins d’une condition : que le nouveau dispositif conduise à délivrer un nombre plus important de masters que ne le faisait le dispositif précédent. Si la France ne diplôme pas suffisamment au niveau de la licence, elle doit aussi augmenter de façon sensible le nombre de ses diplômés au niveau des masters ou équivalents. Cette huitième proposition implique que tous les masters aient un caractère professionnel, avec l’acquisition par les étudiants de compétences affirmées, y compris d’un certain nombre de celles pouvant être mobilisables au cours de la préparation ultérieure d’un doctorat. Cette relation entre les masters et les activités de recherche pourrait utilement être renforcée en associant de façon systématique les masters aux écoles doctorales relevant des mêmes spécialités. De fait, tous les étudiants des masters doivent, au cours de leur scolarité, à la fois être sensibilisés à des questions relatives à la recherche – par leurs enseignants et si possible par des stages dans des laboratoires de recherche – mais aussi par des stages sur d’autres terrains, en entreprises ou dans les administrations. Une formation plus approfondie par la recherche, d’une année environ, pourrait leur être proposée, débouchant sur un diplôme créé en 1991 mais qui n’a guère été mis en œuvre depuis, le diplôme de recherche technologique (DRT). Cette formation, placée sous une double tutelle universitaire et économique et organisée en alternance, est destinée à former à des emplois d’ingénieurs de recherche, et notamment pour les PME/PMI. Notre neuvième proposition consiste ainsi à réintroduire cette formation complémentaire courte par la recherche académique et industrielle. Télécharger la note.
Faoi Daniel Bloch, Ismail Tsouria, Jacques Perrin, Jean-Yves Ledoux, Maya Akkari 130,000 daoine óga -. Duine as gach seisear - amach inniu ó Scoil gan dioplóma. Níl ach an ceathrú cuid de dhaoine óga a bhaint amach nó ar an leibhéal an cheadúnais níos mó ná. Ní mór dúshláin a bhaineann le forbairt an bonn táirgiúil agus cumas iomaíochta na tíre, oideachas seirbhíse poiblí, le tacaíocht ó ghnólachtaí agus d'údaráis áitiúla in ann a laghdú ar líon na ndaoine óga a fhágann an córas oideachais gan céime, agus an leibhéal náisiúnta oideachais agus oiliúna. Níos mó...