Les actes des Cinquièmes rencontres régionales des Professionnels de l’Orientation Tout au Long de la Vie en Rhône-Alpes
Retrouvez les actes des Cinquièmes rencontres régionales des Professionnels de l’Orientation Tout au Long de la Vie en Rhône-Alpes.
Les rencontres régionales constituent depuis leur première édition, des temps forts d'échanges entre praticiens des réseaux et services AIO (d'Accueil, d'Information et d'Orientation) pour une réflexion partagée sur les pratiques d'orientation tout au long de la vie et sur l'articulation des services rendus au public.
Pour rappel, ces rencontres avaient pour thème: le conseil en orientation dans son environnement, réalités et perspectives. Téléchargez les actes des Cinquièmes rencontres régionales des Professionnels de l’Orientation Tout au Long de la Vie en Rhône-Alpes.
Extraits
Jean-Robert PITTE, Délégué à l’Information et à l’Orientation
J'ai été heureux de passer cette journée avec vous et de rentrer dans les problématiques de la région Rhône-Alpes. J’essaie, depuis ma prise de fonction il y a une dizaine de mois maintenant, d’aller le plus souvent possible en région car chaque espace de vie français a des problèmes différents qui doivent se résoudre différemment. Les situations sont en effet, très différentes selon le territoire dans lequel on se trouve (régional ou local) et les caractéristiques du lieu (villes de petites ou fortes importances, zones rurales, sites difficiles).
La loi de 24 novembre 2009 est une loi qui implique une coordination des différents organismes prescripteurs ou recommandant des solutions en matière d’orientation, de formation et d’insertion professionnelle.
L’un des vrais problèmes de l’orientation est celui des sigles et de leur multiplicité, notamment interrégionale. Derrière cette question, il y a la difficulté de l’usager. L’usager initié n’a pas trop de problème à se retrouver dans ce « maquis ». A l’inverse, le jeune issu de l’immigration, décrocheur, dans une famille décomposée dans un quartier sensible peut-il s’y retrouver ? De même, que fait l’étudiant « décrocheur », (et il y en a beaucoup) qui se trouve par hasard dans une université parce qu’il n’a pas bénéficié d’un vrai service d’orientation avant son inscription ? Parfois, on le « raccroche » notamment s’il vient consulter, et qu’il est aidé. Mais beaucoup disparaissent complètement ce qui est dramatique. C’est la même chose pour le demandeur d’emploi de longue durée qui, par hasard, est tombé dans un centre de Pôle emploi débordé, avec des interlocuteurs chaque fois différents du fait de la réorganisation, de la crise, de l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi. Il ne s’agit pas de critiquer les services d’orientation mais on ne peut que constater la complexité d’un système français, qui, dans le domaine de l’orientation comme dans d’autres domaines ne répond pas aux problèmes posés. Quand il y a un problème, on crée un organisme pour y répondre et on accumule, on fait du « millefeuille ». Evidemment, parfois c’est redondant, parfois au contraire, il y a de grands vides … : des cas ne peuvent pas être traités parce que personne ne sait les traiter…
En matière d’orientation, il y a en France 8500 lieux d’Accueil, Information, Orientation. Cela fait une moyenne de 70-80 organismes par département, moins dans les zones rurales, plus dans les régions urbanisées. C’est invraisemblable et on ne peut pas s’y retrouver !
Le législateur, dans sa grande sagesse, s’en est ému. Par la loi du 24 novembre 2009 qui prévoit une meilleure coordination de l’Accueil, Information, Orientation dans notre pays. Cela s’impose même si le chantier est compliqué. Dans la région Rhône-Alpes, vous avez commencé à vous y attaquer depuis bien des années : le PRAO est là pour cela, pour coordonner les efforts des différents organismes.
Il y a encore une marge de progrès, nous en sommes tous conscients et le dire n’est pas un reproche pour le PRAO… Vous avez une feuille de route que vous avez acceptée mutuellement et que la Région porte. Mais comme l’a dit Philippe Meirieu, la Région ne peut rien faire sans l’Etat et les partenaires sociaux. Il est normal que l’Etat le dise aussi. L’Etat en région (Rectorat, DIRECCTE, etc.), ne peut rien faire sans la Région, sans les autres collectivités territoriales (et Dieu sait si elles sont importantes, départements, communautés urbaines d’agglomération, villes), sans les partenaires sociaux qui représentent un « monde » difficile à coordonner.
A partir du moment où les gens commencent à travailler ensemble, il y a une vraie solidarité et on a entendu aujourd’hui des expériences passionnantes de professionnels qui ont montré que beaucoup de choses peuvent se faire…
Cependant, c’est très compliqué parce que nous avons notre culture tribale… Chaque organisme a sa culture, son histoire, parfois ses statuts, ses spécificités historiques que les professionnels ne sont pas prêts à modifier ou à abandonner. Pourtant, bien souvent, cela mériterait d’être remis en cause, regardé de près et qu’on accepte d’aller vers le changement et donc vers une meilleure coordination.
Cette loi du 24 novembre 2009 prévoit la nomination d’un Délégué à l’Information et à l’Orientation rattaché au premier ministre. J'ai été nommé 8 mois après le vote de la loi ce qui montre bien la difficulté qu’il peut y avoir à faire s’entendre cinq ministères chargés de la jeunesse, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’emploi (en ce moment, deux ministres ont un charge l’emploi et la formation professionnelle). Du fait de ces difficultés, mon premier rapport aura du retard. Nous sommes en train de le rédiger avec la petite équipe des chargés de mission de la DIO. Il s’intitulera « orientation pour tous ». Sans doute, vous professionnels, vous n’y apprendrez pas grand-chose. Mais ce rapport va être destiné au plus large public possible. Il fera l’objet d’une publication chez un grand éditeur et d’une publicité de façon à ce que parents, jeunes et moins jeunes aient l’idée de le lire, les droits d’auteur allant aux compagnons du tour de France. C’est une sorte de « mode d’emploi » dans ce maquis de l’information et de l’orientation. Il y aura aussi un certain nombre de recommandations destinées aux différents ministères. Il a en effet semblé important d’avoir un document qui aujourd’hui n’existe pas sur le marché sous quelque mode que ce soit (imprimé ou électronique).
La lettre de mission que j’ai reçue dans le courant de l’été dernier -plusieurs semaines après ma nomination- prévoit que je puisse coordonner la politique d’information et d’orientation en mettant en oeuvre en particulier, ce que la loi a appelé, disons le, assez malheureusement, « lieu unique ».
Cette expression veut dire, dans un français simple, « tout le monde sous le même toit ». L’idée est donc de se rassembler et de se mettre sous le même toit, dans un lieu géographique unique. Or avec les différents ministères, les parlementaires ayant porté la loi, les présidents de Région et les partenaires sociaux, nous nous sommes aperçus assez vite que si nous prenions cette expression dans son acception la plus étroite, il n’y aurait qu’une vingtaine de labellisations en France (soit 16-17 cités des métiers et quelques maisons de l’emploi un peu « rassembleuses ») ce qui n’était pas l’objectif de la loi. Donc, après maintes discussions avec les intéressés, nous nous sommes mis d’accord sur le fait que « le lieu unique » devait se définir comme « un espace de vie ». Un lieu géographique peut avoir pour nous, géographes, le sens d’un point donné repérable par GPS mais aussi d’une superficie, d’une surface. C’est cette interprétation qui a été acceptée par l’ensemble des ministères. Le nom retenu est « Orientation pour tous Pôle information et orientation sur les formations et les métiers ».
Le pôle regroupe en réseau différents organismes proches les uns des autres, accessibles par tous, par les transports en commun, facilement repérables. Il implique une convention entre des organismes ayant des vocations variées, (tels que ceux que vous représentez ici et peut-être quelques autres), à l’échelle d’un bassin de vie, passant une convention entre eux et acceptant de travailler ensemble et d’assurer individuellement le premier accueil.
Pour prendre un exemple absurde, un décrocheur collégien peut entrer dans un centre Pôle emploi. On lui donnera (et peut être cela se fait déjà) un minimum d’informations pour qu’il puisse se retrouver dans le paysage de l’orientation; on écoutera sa question, son problème et on l’enverra au bon endroit en l’aidant. En effet, ce que nous voulons, c’est que les personnes les plus défavorisées, les plus perdues dans le système, soient accompagnées personnellement pour aller dans le lieu de second niveau où elles bénéficieront d’un accompagnement personnalisé, d’une écoute plus approfondie, de manière à ce que nul ne soit perdu. C’est un système à deux niveaux. Le décret d’application de la loi dont la première version date de mars 2010 a été signé et paraîtra d’un jour à l’autre au journal officiel. De même un arrêté très important prévoit les conditions de la labellisation.
J’aurais préféré, et le gouvernement aussi, que la parution ait lieu dès l’automne mais c’est toujours difficile quand il y a de multiples relectures, des changements souhaités par le Conseil d’Etat et les différents ministères. Aujourd’hui, il est définitif, signé et il paraîtra au journal officiel. Il sera envoyé à tous les préfets et les recteurs avec une circulaire précisant les modalités d’application.
Les projets de conventions entre les différents organismes à l’échelle d’un bassin de vie, vont être proposés à l’Etat c'est-à-dire au préfet qui les fera analyser par ses services (DIRECCTE, par exemple) ou ceux du Rectorat. Tout le monde sera mobilisé et ce, en fonction du nombre de dossiers. Ensuite, les projets feront l’objet d’une évaluation par le CCREFP, ce qui est très important. Ce comité se réunit en Rhône-Alpes mais il est en cours de réorganisation avec « une commission Accueil Information Orientation » qui va se créer en son sein pour examiner les dossiers de demandes. Ce comité est co-présidé par le Président de la Région et le Préfet de Région. C’est donc vraiment une collaboration étroite Etat/Région, qui correspond à l’esprit du discours du Président Philippe Meirieu.
Ce comité transmettra ensuite le dossier au préfet avec un avis et le préfet validera dès lors que l’avis sera favorable. C’est une labellisation d’Etat qui a été prévue par la loi après discussions (les Régions auraient préféré co-labelliser). Mais le CCREFP donnant son avis, cela revient pratiquement à une co-labellisation. J’ai déjà eu l’occasion de le dire, je n’imagine pas qu’un préfet labellise contre l’avis du CCREFP si l’avis est négatif ou qu’un préfet ne labellise pas un dossier sur lequel le CCREFP aurait donné un avis positif. Ces dossiers doivent être portés fortement par l’Etat, la Région et les partenaires sociaux. C’est absolument essentiel pour la réussite de cette politique.
Il existe déjà actuellement des Cités des Métiers, qui fonctionnent très bien. Elles ont été créées, il y a presque 20 ans maintenant. La première a été installée à la Villette dans la Cité des sciences. Elle est la tête d’un réseau désormais international.
Dans ces cités des métiers, on répond aux questions des usagers. Il n’y a pas le nom des organismes mais la formulation de demandes: création d’entreprise, reconversion, formation initiale. On va au guichet qui correspond aux questions. Derrière les guichets, il y a des accueillants qui viennent des différents organismes, qui ne perdent pas leur identité car ils viennent là quelques demi journées par semaine. Mais, l’usager ne sait pas d’où viennent ces personnes qui accueillent. Les usagers s’y retrouvent.
En plus, il y a un équipement conséquent (en micro informatique, documentation…) ainsi que des accompagnateurs pour donner des indications. Ce modèle fonctionne très bien. Je le considère comme remarquable. Il est évident que ce modèle ne pourra pas être répandu d’un seul coup en France mais il est formidable car il permet d’accueillir tout le monde: c’est anonyme, gratuit et il y a un accompagnement personnalisé. Comme ce n’est pas possible de ne garder que ce modèle, ce seront des coordinations à l’échelle des bassins de vie, (comme Bourg-en-Bresse). Il suffit d’avoir un ensemble le plus complet possible d’organismes permettant de répondre à toutes les questions, qui travaillent entre eux et qui mettent sur leur porte leur nom ainsi que le logo « orientation pour tous ». Quelqu’un a dit ce matin que dans son CIO, il accueillait plus de 10% d’adultes, certains en ont plus (jusqu’à 30%) ; les CIO doivent accueillir tous les publics pour un premier niveau d’information. Il est évident que les CIO ne vont pas trouver un emploi à quelqu’un. Il y a d’autres organismes pour cela. Idem pour ce qui concerne les demandes de congés individuels de formation. Le CIO les enverra vers le FONGECIF.
La seconde partie de ma mission consiste à coordonner et homogénéiser le système dématérialisé qui est aujourd’hui extraordinairement complexe puisqu’il existe de nombreux de sites internet.
Pour la formation initiale, un énorme effort a été fait; aujourd’hui, il existe de la documentation écrite à l’ONISEP mais aussi surtout un site internet exceptionnel, clair ou tout le monde s’y retrouve, extrêmement lumineux, convivial avec une ergonomie parfaite. C’est un effort énorme qui a été fait. Mais l’ONISEP ne concerne que la formation initiale.
Quid de la formation tout au long de la vie ? C’est beaucoup plus compliqué. Il y a certes le site CENTRE INFFO. Il y a beaucoup de données sur le site CENTRE INFFO puisque tous les CARIF ou presque envoient leur documentation mais c’est un peu foisonnant et pour s’y retrouver, il faut être un peu initié. Ce site n’est pas aussi ergonomique que le site ONISEP. Il y a quand même des manques, par exemple pour ce qui vient du réseau jeunesse, du CIDJ, des BIJ, des CRIJ, des PIJ ou des branches professionnelles. Or, ce que nous voulons, c’est être le plus complet possible et le plus lisible et accessible possible pour tous publics. C’est ce que nous avons commencé à faire et le dossier avance. J’espère que nous aurons une version améliorée du site orientation/formation dans le courant de l’automne et une version définitive qui satisfera tout le monde à la rentrée 2012.
Du côté du « dématérialisé personnalisé » (téléphone, chat, courriel), nous sommes également en train de travailler avec l’aide de la DGEME (direction générale de la modernisation de l’Etat) qui réfléchit beaucoup à tout ce qu’il est possible de faire pour simplifier la vie des administrations françaises et pour les rendre plus efficaces et en même temps moins chères. Nous sommes aussi aidés par un service qui est la DILA et qui dispose d’un numéro unique que vous connaissez et qui est le 39 39 (numéro des services publics). Jusqu’à ce jour, le 39 39 ne donne pas d’information sur l’orientation et la formation professionnelle. Nous allons ajouter cette possibilité avec un numéro spécifique à l’orientation où une plateforme assurera un premier niveau d’information personnalisé avant de renvoyer les usagers vers un accompagnement personnalisé (par exemple la plate-forme ONISEP, la plateforme FONGECIF lorsqu’il y a une). L’idée est d’aller, de guider, d’accompagner par la main, par le téléphone ou par le chat l’usager jusqu’ à la bonne personne et éventuellement jusqu’à la prise de rendez-vous. Sur le plan budgétaire, le coût de mise en place de ce service dématérialisé sera financé par le Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP) ce qui nous permet d’avoir des opérateurs de téléphone. Même chose pour le site internet.
Pour ce qui est du regroupement ou du moins de la coordination à l’échelle des lieux physiques, bassins de vie c'est-à-dire de 300 à 400 lieux en France, la question est différente. Si je prends l’exemple de la Cité des Métiers ou des Maisons de l’Emploi qui sont des lieux aboutis, elles ont coûté un certain prix, généralement, à une collectivité territoriale. A Marseille, c’est la communauté d’agglomération de Marseille, à Limoges, c’est la Région qui a payé le bâtiment dans lequel il y a Pôle emploi, 2 CIO, une mission locale, et tous les organismes sont là. Outre l’accueil général du rez de chaussée, à l’étage sont logés tous les organismes.
Comme les collectivités locales sont assez sensibles à l’intérêt de ce genre d’organismes et parfois disposent de locaux vacants, la mise en place de ce type de lieux collectifs devient possible surtout lorsqu’il existe une volonté de travailler en commun de la part de différents partenaires. Cela permet aussi d’envisager différemment tous des problèmes d’effectifs, d’argent… Le fait de travailler ensemble permet une perspective « tout au long de la vie ». Cela aide, va permettre à l’ensemble des professionnels (et vous êtes très nombreux en France) d’être mieux en phase avec les besoins de ce pays. Il faut sortir d’une trop grande complexité, d’une trop grande opacité de nos systèmes d’orientation. Il n’y a pas un pays au monde ou le système est aussi compliqué parce que nous avons accumulé des institutions qui sont malheureusement souvent redondantes et qui ne se coordonnent pas.
Ce que je veux dire en terminant c’est que le travail qui est fait au PRAO est un travail formidable. Nous comptons bien, avec l’accord de Philippe Meirieu), repérer toutes les bonnes pratiques qui sont les vôtres pour essayer de les faire connaître et de les diffuser dans toute la France. Il y d’autres régions pilotes. Chacune a son style. Il y en a qui sont plus en avance que d’autres. Nous allons essayer d’aider l’ensemble des partenaires de l’orientation à faire que dans ce pays puisse se doter d’une orientation lisible pour les usagers. On a beaucoup parlé aujourd’hui de « besoin » d’orientation, mais un mot n’a pas été prononcé, c’est celui de « désir » d’orientation. Parce que l’orientation n’est pas une punition, c’est au contraire une belle opportunité. Je vous remercie de votre attention.
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