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Formation Continue du Supérieur
31 mars 2013

De la précarité dans les professions intellectuelles

Par Cyprien Tasset, Thomas Amossé, Mathieu Grégoire. Télécharger le rapport de recherche n°82: Libres ou prolétarisés? Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.
Ce rapport, issu d'une recherche menée en 2011, en convention avec la Fonda, porte sur les travailleurs intellectuels précaires. Une notion qui pointe vers une zone de l'espace social où les catégories instituées jouent et pourraient se reconfigurer en des formes nouvelles.
Télécharger Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.
CONCLUSION GENERALE
DE LA PRÉCARITÉ DANS LES PROFESSIONS INTELLECTUELLES

Au terme de l’étude et de ses trois volets, on peut mettre en avant certains traits saillants de la précarité chez les travailleurs intellectuels. Indépendamment des débats sur l’existence du groupe, sur sa nature et sur ses contours, certaines caractéristiques peuvent être mises en avant.
Avant tout, le caractère vocationnel de l’activité et l’idéal d’un travail-oeuvre apparaissent comme des moteurs d’un engagement dans le travail souvent total. Du moins, c’est cet idéal qui justifie subjectivement un certain nombre de sacrifices. En particulier, le caractère souvent instable de l’emploi n’est pas unilatéralement vécu comme subi. L’intermittence peut être un choix. A minima, celle-ci permet de ne pas renoncer à plein temps à l’activité vocationnelle. La pluri-activité, conjuguant un emploi « alimentaire » à l’activité de vocation constitue ainsi un modus operandi fort commun parmi ces travailleurs intellectuels précaires. Plus généralement, c’est la nécessité d’un double revenu qui permet à la grande masse de ces travailleurs de se maintenir sur le marché du travail et d’y vivre ou d’y survivre.
Dire que l’intermittence et l’instabilité de l’emploi ne sont pas subies de manière univoque ne doit pas pour autant gommer les difficultés professionnelles liées à la labilité du marché. Trouver du travail, en permanence, est une injonction continue d’une économie de « coups » fondée sur des projets. La frontière entre l’alimentaire et le vocationnel, les moyens et les fins n’est d’ailleurs pas toujours très claire. Il convient, pour entretenir le réseau qui peut-être permettra plus tard un travail intéressant, de le ménager et d’accepter des engagements parfois sans grand intérêt. De même, l’instabilité de cette condition sociale s’accompagne d’une série de dommages collatéraux que les concernés ont parfois tendance à minorer: l’anxiété, les problèmes de santé, le stress qui occasionne burn-out et dépression. De fait, c’est tout un rapport au temps et au travail qui se trouve décalé par rapport à la norme de l’emploi salarié, tel qu’il s’est constitué au XXe siècle. Là où l’emploi stable se fonde sur une adéquation précise et stricte des temps de travail et des temps d’emploi, et désigne une frontière claire entre ces temps et les temps de « loisirs » voués au hors-travail, le temps des travailleurs intellectuels précaires n’est que transgression de ces structures binaires.
Le travail déborde l’emploi de toute part. Et, en premier lieu, d’un point de vue temporel. Le travail s’accumule, s’étend dans le temps, au-delà de l’emploi, mais aussi parfois au-delà de ce que le travailleur considère comme raisonnable. Le travail déborde l’emploi aussi d’autres points de vue: en particulier, en termes de rémunération (lorsque la conscience professionnelle et l’attachement au produit poussent à approfondir, à améliorer de manière illimitée, alors que la rémunération est fixée, elle, longtemps à l’avance), mais aussi en termes de reconnaissance. Le travail accompli n’a parfois guère d’autre mode de reconnaissance que « symbolique ». Il ne paie pas. Bien sûr, pour beaucoup ce n’est pas une reconnaissance classique de temps de travail conjugué à une qualification et un salaire horaire qui est recherché. Mais les alternatives (droits de propriétés intellectuelles, tarifs…) n’apparaissent guère plus satisfaisantes. Dans ce contexte de fatigue de « l’économie de coups » et parfois d’asservissement volontaire, le statut des intermittents du spectacle, ou d’autres modes de revenu garanti et inconditionnel, peuvent apparaître comme des horizons d’émancipation crédibles. De fait, l’idée de délier radicalement ressources et emploi, d'assurer la continuité de l’un malgré la discontinuité de l’autre constitue un idéal souvent partagé. Du moins, si les voies d’amélioration de leur condition sont confuses, il est remarquable de constater que le CDI n’est pas toujours, loin de là, l’idéal poursuivi par chacun de ces travailleurs. De ce point de vue, nous avons pu constater une grande diversité: pour certains, la précarité n’est qu’une étape (obligée) dans un parcours dont on espère qu’il aboutira à l’emploi stable.
Mais cet objectif est loin d’être généralisé. Pour beaucoup, l’intermittence de l’activité est consentie comme le prix d’une autonomie jalousement protégée. La mobilité peut être lue comme une forme de critique du travail, comme un rapport libertaire au marché du travail et à l’entreprise. Il s’agit de ne pas être asservi à un patron, de rester maître des moyens et des fins de la production, de la définition même des produits. De même, l’ascétisme et les « sacrifices » matériels consentis par de nombreux travailleurs intellectuels peuvent constituer un moyen de tenir le monde de l’entreprise à distance (pour le dire avec pudeur). Les conséquences d’un tel engagement dans le travail, en termes de confort économique, de reconnaissance sociale, en termes de vie familiale, amoureuse, de santé, se conjuguent dans une vie de sacrifices consentis au prix fort.
LES « INTELLOS PRÉCAIRES », PROMOTION POLITIQUE D’UNE IDENTITÉ ET DE SOLIDARITÉS IMPOSSIBLES?

De ces caractéristiques, de ces traits saillants, il est tentant de faire une nouvelle figure simple, cohérente, transparente du travailleur d’aujourd’hui ou de demain. L’analyse de la littérature autour des « intellos précaires », des industries créatives, etc. montre que la tentation de réifier cette figure est forte: on aurait là, en suivant, P-M. Menger « une incarnation possible du travailleur du futur, avec la figure du professionnel inventif, mobile, indocile aux hiérarchies, intrinsèquement motivé, pris dans une économie de l'incertain, et plus exposé aux risques de concurrence interindividuelle et aux nouvelles insécurités des trajectoires professionnelles. » (Menger, 2002, 9). On aurait là aussi le ferment d’un nouveau groupe social partageant 1/ une même condition sociale, 2/ une même identité, voire une même culture, 3/ des intérêts économiques communs et une position commune dans l’appareil productif post-taylorien fondé sur le « cognitariat ». Sur cette base, on pourrait même imaginer des statuts, des droits et des solidarités nouvelles.
À l’issue de notre travail de recherche empirique, il apparaît assez clairement que si ces perspectives sont stimulantes et non dénuées de quelques fondements empiriques, elles relèvent malgré tout d’un prolongement théorique de traits empiriques qui demeurent plus disparates et complexes, et d’une mise en cohérence dans un même portrait-robot de traits qu’on retrouve rarement incarnés simultanément dans les mêmes individus et les mêmes groupes. Le volet statistique de l’étude tout autant que son volet qualitatif montre que, malgré des éléments parfois convergents dans la condition sociale des populations considérées, l’hétérogénéité l’emporte. La statistique a mis en lumière un espace contrasté. Et le moins que l'on puisse dire est que les entretiens ne nous ont pas permis d'apercevoir une unité culturelle ou d'attitude parmi les interviewés puisés en différents points de l'espace statistique, ni non plus une configuration unique de l'activité professionnelle. « Quoi de commun entre un(e)… et un(e)…? », demandait déjà un rapport « Mouvements de chômeurs et de précaires en France, la revendication d’un revenu garanti » (Baudouin, Chopart, Collin et Guillotteau, 1989). L’hétérogénéité des figures possibles est assez aisément repérable dans le corpus d’entretiens. Quoi de commun entre une docteure en économie de 40 ans, enchaînant depuis près de dix ans des CDD d'un ou deux ans dans un grand établissement de finances publiques, et disposant d'un salaire de plus de 5 000 euros, et un jeune pigiste sans pige de 30 ans, sans revenu au moment de l'entretien? Quoi de commun entre une enseignante vacataire d'anglais dans l'enseignement supérieur, embauchée en CDI, titulaire d'un master d'anglais et proche de la quarantaine, et une jeune femme qui, multipliant les projets artistiques et les emplois périphériques, présente une identité professionnelle peu saisissable…? Un des résultats de notre recherche est la grande hétérogénéité de la zone observée tant avec un regard et des méthodes statistiques qu’avec un regard et des méthodes qualitatives.
Cette hétérogénéité, qui plus est, se décline sur plusieurs niveaux. Si on tente de la caractériser, on peut mettre en avant la pluralité des précarités, la pluralité et la confusion des cultures et des identités, la pluralité et la confusion des intérêts économiques.
• Pluralité des précarités, car le degré d’exposition à l’aléa économique est fort variable et parce que, derrière le terme de « précarité », le risque est toujours présent de rassembler artificiellement des situations de natures fort différentes. En effet, il ne s'agit pas toujours de « quelque chose de négatif et de préjudiciable » (Nicole-Drancourt, 1992, p. 58), ou du moins, force est de constater que les préjudices en question diffèrent. Ainsi, le statut juridique de l’emploi et le décalage par rapport à l’emploi stable, prennent des significations extrêmement variables: pour certains, les CDD peuvent s’enchaîner dans une relative stabilité et être associés à des revenus plus que confortables. Pour d’autres, les précarités se conjuguent: faiblesse des revenus, absence de revenu secondaire sur lequel s’appuyer (revenus de la rente, soutien familial, emploi alimentaire satisfaisant, système d’indemnisation-chômage…), difficulté de logement, fuite en avant en matière de santé, de vie familiale, fatigue et anxiété face à l’incertitude radicale du lendemain. Entre ces deux pôles extrêmes, on trouve un continuum de situations diverses.
• Pluralité et confusion des cultures et des identités. Un des résultats de l’étude est que, finalement, peu des personnes interrogées se satisfont d’une identité « d’intellos précaires ». Certes, pour certains (en particulier, dans les milieux des pigistes) le terme « parle » et permet de relier entre elles des situations et des personnes que l’intuition rapproche. Mais, très souvent, des identités concurrentes (et divergentes entre elles) ou la confusion identitaire l’emportent. Certains se rattachent clairement à une identité professionnelle forte, d’autres à un « statut » de salarié, d’auteur, d’intermittent, etc. Enfin, pour beaucoup, c’est davantage la confusion identitaire qui domine: suis-je salarié? Suis-je auteur? À laquelle de mes activité dois-je m’identifier?
• Pluralité et confusion des intérêts économiques. La pluralité des cultures et des identités n’est pas sans lien avec la difficulté à identifier et à défendre des intérêts économiques propres à cette population. Rien de très cohérent n’émerge de ce point de vue. La stabilisation de l’emploi n’est clairement pas un objectif poursuivi par tous. La défense, la protection et la valorisation de droits de propriété intellectuelle fait débat. Les ressources économiques mobilisées relèvent aussi de financement considérés comme des pis-aller (soutien familial, rente, travail alimentaire, assistance) et qui, de ce fait, ne peuvent constituer des idéaux à poursuivre. Reste le système d’indemnisation des intermittents et/ou des systèmes de revenu garanti qui sont susceptibles de constituer des mobiles de convergence pour la partie la plus critique vis-à-vis du modèle de l’emploi stable.
LA DIFFICILE ÉMERGENCE D’UNE IDENTITÉ ET DE SOLIDARITÉS DES TRAVAILLEURS INTELLECTUELS PRÉCAIRES: L’HISTOIRE SOCIALE NE S’ÉCRIT PAS SUR UNE TABLE RASE

Comment naissent et se structurent les groupes sociaux? La sociologie, depuis ses origines, s’intéresse à la façon dont des identités et des solidarités structurent des groupes ou des « classes sociales ». Dans une lignée marxiste, on s’est en particulier interrogé sur les liens entre les dimensions économiques, les convergences d’intérêts de groupes partageant une même position dans le système productif. Dans un vocabulaire aujourd’hui quelque peu suranné, on parlait de « classe en soi » et on pouvait identifier ces groupes en fonction du type de revenu qu’ils percevaient. Un ouvrier ne vivant que de son travail touchait un salaire, un patron les fruits du capital investi dans la production, un rentier ceux de sa propriété. Les « classes en soi » pouvaient devenir des « classes pour soi » à condition de prendre conscience de ses intérêts propres et de devenir un véritable acteur de l’histoire en les défendant activement contre des intérêts antagonistes.
La sociologie s’est considérablement enrichie de nombreuses approches qui ont profondément amendé le modèle proposé par Marx. Pourtant, pour l’essentiel, une question demeure et permet de comprendre la difficulté (voire peut-être l’impossibilité) de l’émergence d’une identité et de solidarités des travailleurs intellectuels précaires.
De fait, les différentes tentatives de promotion d’un nouveau groupe social et, au premier chef, celle d’une identité « d’intello précaire », relèvent de la volonté politique de cristalliser une « conscience de classe », de faire advenir comme acteur de l’histoire des « intellos précaires » qui défendraient leur intérêt propre, pourraient mettre en avant des revendications communes contre un ou des adversaires- interlocuteurs communs. Autrement dit, il s’agit avant tout de créer, dans le vieux vocabulaire marxiste, une « classe pour soi », c’est-à-dire une représentation au double sens du terme. Représentation sociale d’abord: le groupe doit se représenter lui-même comme partageant un sort historique commun, une condition sociale commune et des intérêts communs. Il doit en outre faire en sorte d’être reconnu dans cette identité par le reste du corps social. Représentation politique ensuite: il convient de cristalliser des revendications communes en se posant en acteur politique de l’histoire (par la mise en place d’organisations syndicales, politiques ou d’autres formes plus contemporaines de représentation). Or, pour faire la promotion d’une « classe en soi », de ces représentations sociales et politiques du groupe, il convient de faire la démonstration qu’il existe effectivement des intérêts objectivement partagés entre les individus de la catégorie qui entend cristalliser le groupe. Les ouvrages de prophéties qu’on a analysés cherchent tous, d’une manière ou d’une autre, à trouver la justification d’un « commun » et à faire la preuve qu’il existe, entre les travailleurs intellectuels précaires, des intérêts communs dans le système productif. De ce point de vue, le courant le plus abouti est celui dit du « capitalisme cognitif » (Moulier-Boutang, 2007) qui prétend fonder le substrat des identités et des solidarités nouvelles sur une condition économique commune de ces travailleurs : celle d’être des travailleurs de l’immatériel. Au fond, l’idée de ces analyses néomarxistes est de considérer que le système productif industriel est dépassé et que le post-fordisme se caractérise par une production de biens immatériels et s’accompagne d’une profonde transformation des rapports sociaux. Le déclin du salariat industriel correspondrait à l’émergence d’une classe de travailleur de l’immatériel. Dans ce schéma, il « suffirait » que ces travailleurs prennent conscience d’eux-mêmes et de leur intérêt commun pour qu’advienne un nouveau groupe. Dans une variante moins savante, c’est la même dynamique qui est sous-jacente dans les ouvrages des Rambach.
C’est aussi sur ce dernier point que les évolutions de la sociologie – et des sociétés – depuis Marx incitent à être sceptique sur la possibilité d’émergence d’une identité et de solidarités des travailleurs intellectuels précaires. En effet, si, au temps de Marx, analyser le système productif d’un point de vue technologique et du point de vue des statuts et des revenus revenait sans doute à peu près à la même chose, il n’en est certainement plus de même cent cinquante ans plus tard. Le prolétaire du XIXe siècle est celui qui ne possède que sa force de travail. Le salarié du début du XXIe siècle ne se réduit pas à cela. Il porte, avec lui, une histoire longue qui a modelé son statut social, des droits sociaux étendus, et par conséquent ses intérêts. De ce point de vue, tenter de fonder une identité et des solidarités des travailleurs intellectuels sur l’immatérialité du travail semble un peu court. Cela semble, précisément, faire peu de cas d’une histoire sociale longue qui a modelé, aux marges du salariat, des statuts professionnels extrêmement divers… Historiquement, les professions intellectuelles ont emprunté des parcours d’institutionnalisation et ont conçu des horizons d’émancipation qui les ont éloignées les unes des autres. Certaines ont privilégié la constitution de professions fermées à l’extérieur du salariat (comme c’est le cas des architectes) ; d’autres ont tenté de s’intégrer au salariat tout en tenant l’emploi stable plus ou moins à distance (comme les intermittents du spectacle ou les pigistes) ; d’autres encore ont défendu leur intégration à la Fonction publique (comme les travailleurs scientifiques) ; d’autres enfin ont privilégié des horizons spécifiquement intellectuels (comme les gens de lettres, les plasticiens et autres artistes-auteurs). Il en résulte aujourd’hui des intérêts profondément divergents entre ces groupes. À la limite, l’histoire d’un groupe social des travailleurs intellectuels aurait pu s’écrire dans le contexte beaucoup plus ouvert de l’entre-deuxguerres (les statuts de « salarié », de « cadre », etc. demeuraient alors largement indéterminés et susceptibles de nombreuses trajectoires historiques…). L’expérience de la Confédération des travailleurs intellectuels (la CTI) pendant l’entre-deux-guerres en constitue l’exemple le plus significatif: l’ambition de la CTI n’était rien moins que d’être aux travailleurs intellectuels ce que la CGT était au salariat, d’être le ferment de la constitution d’une nouvelle classe sociale, de promouvoir l’émergence de droits spécifiques.
De ce point de vue, les tentatives de fédération des intérêts des « intellos précaires », les mouvements embryonnaires de « travailleurs du cognitariat » font face à l’inertie historique d’intérêts puissamment structurés qui n’ont rien avoir avec la relative « table rase » sociale de l’entre-deuxguerres. Le champ des possibles sociaux s’est considérablement réduit avec l’institutionnalisation de ces intérêts divergents. La difficulté à cristalliser un intérêt commun apparaît ainsi dans toute son ampleur lorsqu’on fait la liste des sources de revenus possibles des travailleurs intellectuels précaires. Si l’on s’en tient à ce que nous avons pu observer dans le volet qualitatif de l’étude, on peut identifier les sources suivantes : un salaire issu d’un CDI dans un métier alimentaire, un salaire issu d’un CDD ou autre contrat « atypique » dans un métier alimentaire, un salaire issu d’un CDD ou autre contrat « atypique » dans l’activité vocationnelle, les ressources issues de l’économie informelle et du travail au noir, les revenus issus de la socialisation du salaire (indemnités-chômage, RMI/RSA), les ressources provenant de l’assistance, la rente et l’héritage, les revenus du capital ou des honoraires pour les indépendants, les droits de propriété intellectuels, les ressources domestiques et la solidarité familiales… Accepter certaines formes de misère et d’ascétisme peut aussi constituer des moyens économiques de maintien sur le marché et d’exercice autonome d’une activité vocationnelle. Quoi qu’il en soit, la pluralité de ces modes d’accès à la ressource, et parfois leur caractère contradictoire (entre par exemple celui qui se maintient sur le marché grâce à une rente et celui qui s’en trouve évincé par le poids économique que représente un loyer parisien dans un budget étroit), explique qu’il soit difficile de lier ces sous-groupes dans des perspectives revendicatrices communes. La pluralité des horizons d’émancipation possibles (revendiquer des droits de propriétés intellectuelles, s’orienter vers des revendications salariales classiques, promouvoir une socialisation du salaire à l’instar des intermittents du spectacle, etc.) constitue un frein à la constitution d’un « commun ». De fait, pour beaucoup, les horizons collectifs sont éclipsés par l'urgence de mener sa propre entreprise personnelle (au sens littéral ou métaphorique), porteuse de ressources, de possibilités et de contraintes incommensurables. Qui plus est, cette diversité des sources de revenus, instituée dans des statuts différents, ne fonde pas seulement une opposition entre des groupes différents; elle peut aussi s’incarner dans un seul et même individu partagé entre plusieurs intérêts différents. Il en résulte une grande confusion identitaire et une difficulté accrue à identifier une direction à emprunter. Si une chose est souvent commune entre ces travailleurs intellectuels précaires c’est la confusion identitaire et la difficulté à penser un horizon d’émancipation commun. Sur cette confusion des intérêts individuels et cette balkanisation des intérêts collectifs, ne peuvent se développer pour l’essentiel que des stratégies individuelles et une concurrence dure, éventuellement tempérée par des réseaux de solidarité. Dans ce contexte, désigner un groupe ne suffit pas à lui donner corps. Quoique non dénuée d’une potentielle efficacité, la parole des prophètes sociaux promouvant l’émergence d’un groupe social des travailleurs intellectuels précaires ne suffit pas à réaliser performativement ce qu'elle désigne. Bruno Latour affirme: « Il n'y a pas de monde commun; il faut le composer » (Latour, 2011). De même, notre recherche invite d'éventuels entrepreneurs de regroupement social à reprendre le travail de composition, en prenant acte de la diversité empirique que nous avons mise en lumière. Télécharger le rapport de recherche n°82: Libres ou prolétarisés? Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.

De réir Cyprien Tasset, Amossé Thomas, Matthew Gregory. Íoslódáil Tuarascáil Taighde Uimh 82: saor in aisce nó proletarianized? Oibrithe intleachtúil neamhbhuana i Ile-de-France.
An tuarascáil seo, bunaithe ar thaighde a rinneadh i 2011, i gcomhaontú leis an bhFondúireacht, díríonn sé ar na hoibrithe neamhbhuana intleachtúil. A coincheap a dhíríonn ar limistéar spás ina aicmí sóisialta ar bun agus a d'fhéadfadh a athchumrú i bhfoirmeacha nua. Íosluchtaigh oibrithe intleachtúil neamhbhuana Île-de-France. Níos mó...

31 mars 2013

Libres ou prolétarisés? Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France

Par Cyprien Tasset, Thomas Amossé, Mathieu Grégoire. Télécharger le rapport de recherche n°82: Libres ou prolétarisés? Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.
Ce rapport, issu d'une recherche menée en 2011, en convention avec la Fonda, porte sur les travailleurs intellectuels précaires. Une notion qui pointe vers une zone de l'espace social où les catégories instituées jouent et pourraient se reconfigurer en des formes nouvelles.
Comment statuer sur la réalité même de cette population? Renvoie-t-elle à un phénomène statistiquement observable et, si oui, quels sont les résultats de cette observation en termes de composition sociale objective? Comment les expériences sociales correspondantes sont-elles décrites et évaluées par les premiers intéressés?
Pour répondre à ces questions, le texte comporte trois parties qui correspondent aux trois chantiers de recherche mis en œuvre. Premièrement, un bilan de la littérature française et internationale… Deuxièmement, une exploitation inédite d'une source statistique existante, l'enquête sur l’emploi de l'Insee… Celle-ci montre que les frontières de cet objet restent floues et en partie poreuses avec des situations de déclassement social ou scolaire. Cette hétérogénéité est confirmée par l'enquête qualitative qui, à partir de soixante-dix entretiens réalisés en région parisienne, met en lumière la diversité des situations professionnelles parmi les actifs exerçant une (ou plusieurs) activité(s) intellectuelle(s) sans emploi stable. Télécharger Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.
RÉSUMÉ
Ce rapport, issu d'une recherche menée en 2011, en convention avec la Fonda, porte sur les travailleurs intellectuels précaires. Cette notion pointe vers une zone de l'espace social où les catégories instituées jouent et pourraient se reconfigurer en des formes nouvelles. Comment statuer sur la réalité même de cette population? Renvoie-t-elle à un phénomène statistiquement observable et, si oui, quels sont les résultats de cette observation en termes de composition sociale objective? Comment les expériences sociales correspondantes sont-elles décrites et évaluées par les premiers intéressés?
Pour répondre à ces questions, ce rapport comporte trois parties qui correspondent aux trois chantiers de recherche que nous avons mis en oeuvre.
Premièrement, un bilan de la littérature française et internationale montre que plusieurs monographies professionnelles se rapportent à notre objet, mais que celui-ci doit aussi être resitué parmi une série d'hypothèses quant aux groupes sociaux en cours d'émergence. Les travaux les plus stimulants d'un point de vue empirique sont ceux consacrés, dans plusieurs pays européens, au « creative work ».
Deuxièmement, une exploitation inédite d'une source statistique existante, l'enquête sur l’emploi de l'Insee, aboutit à une estimation tout à la fois minoritaire et non marginale des « travailleurs intellectuels précaires ». On repère une population large qui englobe un coeur de professions correspondant aux figures sociales qui leur sont usuellement associées. Néanmoins, les frontières de cet objet restent floues et en partie poreuses avec des situations de déclassement social ou scolaire. L'analyse statistique souligne des traits communs à la population investiguée et en même temps différentes façons d'être un intellectuel précaire.
Cette hétérogénéité est confirmée par l'enquête qualitative qui, à partir de soixante-dix entretiens réalisés en région parisienne, met en lumière la diversité des situations professionnelles parmi les actifs exerçant une (ou plusieurs) activité(s) intellectuelle(s) sans emploi stable. La multiplicité inter- et intra-individuelle des ressources économiques utilisées dans cette population semble un frein à la constitution d'un « commun », même si un tel processus relève sans doute davantage de mobilisations politiques que de conditions objectives et d’expériences personnelles...
1.3. Université, recherche : une précarité issue du management public

Mis à part l'article de Charles Soulié sur les ambiguïtés et les désillusions et la condition précaire des doctorants allocataires et moniteurs en sciences sociales (Soulié, 1996), peu de recherches ont été menées, à notre connaissance, sur la question de la précarité dans l'enseignement supérieur. Or, s'il n'est pas certain que tous les emplois formellement instables du monde de la recherche méritent d'être qualifiés de précaires, les travaux existants justifient de le supposer dans un grand nombre de cas. Il vaut d’autant plus la peine de s'y intéresser que les travailleurs scientifiques sont fortement surreprésentés en Île-de-France.
D'après un rapport de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) sur « La population doctorale en Île-de-France, sous l’angle de l’emploi et de l’insertion professionnelle » (IAU, 2010), on compte 15 235 inscrits en doctorat en-Île-de-France en 2009 (p. 14). Au niveau national, « le taux de chômage global touchant les jeunes docteurs augmente et atteint plus de 10% en 2004. De la même manière, la précarité des emplois estimée en fonction de leur durée est également de plus en plus préoccupante: après avoir chuté en 2001, elle revient presque au niveau de 1999 avec près de 25% de CDD. » (p. 22). Autrement dit, et si la structure de leur population est la même que celle du niveau national, et si ces niveaux sont restés stables, ce serait près d'un tiers des jeunes docteurs franciliens qui connaîtraient, ou bien le chômage, ou bien l'emploi précaire. Sans compter que la précarité des docteurs ne se résorbe pas nécessairement une fois qu'ils ont cessé d'être « jeunes ».
D'où l'intérêt de l'ouvrage récent Recherche précarisée, recherche atomisée (PECRES, 2011). Il repose sur un questionnaire administré par voie informatique en marge du mouvement de protestation contre la loi LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités) en 2009-2010. Il s'adressait aux enseignants-chercheurs (doctorants compris) et au personnel administratif. Pour délimiter la précarité, les auteurs ont choisi de recourir à l'autodéfinition par les répondants, à partir du terme « précarité »:
« Il ne pouvait s'agir d'imposer une définition de la précarité qui nous aurait amené-e-s à ne pas saisir toute la diversité des situations que cette notion recouvre. Nous avons choisi la définition qu'en donnent les individus eux-mêmes. Ont répondu à cette enquête toutes les personnes qui se considèrent comme précaires et non celles qui sont considérées statutairement comme telles ».
Les auteurs invitent par conséquent à la prudence dans l'interprétation de leurs résultats. Leur échantillon n'apportant pas de garantie de représentativité, les résultats doivent être lus comme de simples indications.
« En l'absence de recensement, il est impossible de construire un échantillon représentatif (aléatoire ou stratifié) ». D'où une valeur « d'enquête exploratoire. Ne pouvant prétendre compter, elle vise à décrire »; les chiffres y sont des « indications ». Pour aller plus loin, le collectif préconise la « création d'indicateurs mieux à même de rendre compte de la précarité dans ce secteur ».
Cependant, le recoupement du questionnaire et des données disponibles (rapports officiels...) permet « une estimation réaliste et argumentée du nombre de précaires que doivent compter aujourd'hui l'enseignement supérieur et la recherche (ERS). Elle est comprise dans une fourchette de 45 000 à 50 000 personnes, c'est-à-dire environ un quart du personnel » (24,5), sans compter les doctorants qui sont 67 000, et avec lesquels, par conséquent, on approcherait de la moitié.
1.3.1. Une précarité particulièrement précaire

Quelles sont les spécificités de la précarité dans l'ESR en France au cours des années 2000 ? Sans doute, la présence de hors-statut est un fait ancien dans l'histoire de l'université française. Cependant, alors que les « hors-statut » divers depuis la création du CNRS ont surtout été des variables d'ajustement (fluctuations, etc.), la précarité d'aujourd'hui est une politique délibérée (s'inscrit dans une remise en cause de l'indépendance de la recherche). À l'encontre du lieu commun opposant la sécurité du public à l'arbitraire du secteur privé, les auteurs rappellent que « les contrats précaires y sont plus précaires qu'ailleurs » (p. 37). L'université peut recruter en CDD; les précaires y sont confrontés à des règles officieuses de non-renouvellement de contrat; l'éventail des emplois précaires dans l'ESR comporte des vacations n'offrant aucun droit social, sans compter les formes purement illégales. Or, ces particularités de la gestion universitaire des ressources humaines découlent d'« une politique contre la science » (p. 39), à savoir celle du pilotage de la recherche par projets et objectifs plutôt que par dotations fixes. Ce système est défendu par ses organisateurs comme un idéal d'émulation que la seconde partie du livre veut réfuter.
1.3.2. Politique d'excellence, emplois dégradés

La défonctionnarisation de l'ESR donne lieu à « des emplois discontinus » (p. 52), le travail se poursuivant souvent au chômage. De plus, cette discontinuité prend chez beaucoup une allure durable: la « précarité-transition » est peu à peu remplacée par une « précarité-horizon » chez ceux qui connaissent « des ancrages de longue durée dans la précarité » (p. 57), « véritables carrières » (p. 58). De plus, l'emploi précaire s'accompagne d'un « revenu précaire ». En effet, non seulement la brièveté d'emploi n'est pas compensée par un salaire élevé, mais encore les précaires sont couramment payés avec plusieurs mois de retard.
Dans ce tableau, les auteurs notent le sort particulièrement sévère des « précaires parmi les précaires » (p. 68), les femmes (qui subissent des discriminations salariales), et les disciplines les plus féminisées: les sciences humaines et sociales.
Confirmant sur leur propre terrain les indications des Rambach ou d'Alain Accardo, le collectif PECRES relève la règle de « La 'ligne de CV' pour toute rémunération » (p. 71), à laquelle nombre de précaires se plient. On remarque également la « précarité des protections » contre le chômage (p. 72). En effet, ce sont ici les employeurs – publics – qui versent – ou pas – les indemnités de chômage, et peuvent faire pression sur les précaires pour qu'ils renoncent à leurs droits. Enfin, dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que les cotisations-retraite engrangées par les précaires soient particulièrement basses. Quant au suivi médical, il est réservé aux titulaires.
1.3.3. Conditions de travail

Au-delà de la sphère de l'emploi, quels sont les effets de la précarité sur les conditions de travail ? Tout d'abord, les précaires sont pris dans un « cercle vicieux » d'invisibilité (p. 82), aggravé par la « mutation permanente » des « règles de la précarité » (p. 83). Traités, qu'ils soient de recherche et d'enseignement ou administratifs, comme « du personnel de seconde catégorie » (p. 87), tandis que leurs conditions de vie les handicapent dans la course à la reconnaissance scientifique. Il en résulte « un boulevard pour les abus de pouvoir » (p. 90), entre « pillage intellectuel et harcèlement » (p. 93).
Bien sûr, les titulaires peuvent être bienveillants, mais cela se limite à « la solidarité dans l'impuissance » (p. 96), les initiatives de bonne volonté se heurtant rapidement à la dureté du système. Or, soulignent les membres du collectif PECRES, de telles conditions de travail sont contreproductives sur le plan de la qualité de la recherche et de l'enseignement. En effet, le turn-over empêche le cumul progressif de compétences, aussi bien administratives qu'académiques. De même, la recherche par projets tend à noyer le temps de recherche (à long terme) sous celui de l'élaboration de projets en vue de financements. Les auteurs relèvent encore que les conditions de travail et d'emploi dans l'enseignement supérieur tendent à favoriser les candidats bénéficiant d'assurances économiques par leur famille, aux dépends de l'objectif de démocratisation des derniers échelons de l'enseignement supérieur.
Les répondants au questionnaire ont témoigné aussi bien de leur « passion » que de leur « désespoir » (p. 135), et hésitent à renoncer à ce où ils ont tant investi. Leurs demandes, telles que les auteurs les traduisent, portent, indissociablement, sur un droit du travail au moins aussi protecteur que dans le privé, et sur la création de postes de titulaires. Les résultats du groupe PECRES renforcent les témoignages (Pourmir, 1998; Verdrager, 2002; Beau, 2004; Rambach, 2001 et 2009) ou les statistiques (OVE, juin 2010, sur les doctorants) qui font état de situations nombreuses et durables de précarité dans la recherche et l’enseignement supérieur. Télécharger Les travailleurs intellectuels précaires en Île-de-France.

By Cyprien Tasset, Amossé Thomas, Matthew Gregory.
Download Research Report No. 82: Free or proletarianized?
Precarious intellectual workers in Ile-de-France.
This report, based on research conducted in 2011, in agreement with the Foundation, focuses on the precarious intellectual workers.
A concept that points to an area of space where social classes are established and may be reconfigured into new forms
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15 décembre 2012

L’université fait travailler au noir!

http://blog.educpros.fr/pierredubois/files/2012/01/duboismanifnovembre-copie.jpgBlog Educpros de Pierre Dubois. “Mon université me fait travailler au noir”. Cette phrase a été prononcée par un professeur de l’université de Strasbourg dans une réunion intersyndicale, début octobre 2012. L’accusation est grave car le Code du travail considère, depuis 1985, que l’infraction du “travail dissimulé” est un délit. Du travail au noir dans l’université de Strasbourg, mais aussi dans l’université de Paris Ouest Nanterre la Défense, présidée par Jean-François Balaudé, l’apôtre de la "responsabilité sociale des universités"! La colère commence à monter chez les enseignants-chercheurs ! Des premières démissions sont enregistrées.
L’enseignant strasbourgeois qualifie de "travail au noir" le fait que certaines activités remplies par des enseignants-chercheurs, jusque là rémunérées, ne le sont plus ou le sont moins. Il s’agit bien d’un travail effectué dans l’exercice de ses missions, de ses fonctions et que l’université ne veut plus prendre en compte.
Pour comprendre cette situation scandaleuse dans un service public, il faut préciser en quoi consiste le travail d’un enseignant-chercheur et comment est décompté son temps de travail annuel. En savoir plus, chronique du blog d’octobre 2011: "Les temps de l’enseignement". La réglementation en vigueur est celle définie au début de l’annexe de l’arrêté du 31 juillet 2009, approuvant le référentiel national d’équivalences horaires. Ce référentiel a introduit le ver dans le fruit. Suite de l'article...
http://blog.educpros.fr/pierredubois/files/2012/01/duboismanifnovembre-copie.jpg Blog Educpros Pierre Dubois. "Πανεπιστήμιο μου κάνει εμένα απασχόληση σε δεύτερη εργασία." Αυτή η φράση έχει παραταθεί από έναν καθηγητή στο Πανεπιστήμιο του Στρασβούργου σε Inter συνάντηση στις αρχές Οκτωβρίου 2012. Η χρέωση είναι σοβαρό, διότι ο Εργατικός Κώδικας θεωρεί ότι, από το 1985, το αδίκημα της «παράνομης εργασίας» είναι ένα έγκλημα. Η αδήλωτη εργασία στο Πανεπιστήμιο του Στρασβούργου, αλλά και στο Πανεπιστήμιο Paris Ouest Nanterre Άμυνας, υπό την προεδρία του Jean-François Balaudé, ο απόστολος της "κοινωνικής ευθύνης των πανεπιστημίων!" Ο θυμός αρχίζει να αυξάνεται σε λέκτορες! Καταγράφονται Πρόωρη απόσυρση. Περισσότερα...
23 novembre 2012

Résorption progressive de la précarité dans l'enseignement supérieur et la recherche

http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/image/Ressources_humaines/59/8/foule_220598.79.jpgLors d'une rencontre avec les organisations syndicales, Geneviève Fioraso a présenté le plan d'action ministériel de résorption de l'emploi précaire. Plus de 2000 agents seront concernés en 2013.
Geneviève Fioraso a reçu les organisations syndicales représentatives dans l'enseignement supérieur et la recherche pour leur annoncer le plan d'action ministériel pour la résorption de l'emploi précaire.
Trop souvent, des fonctions durables sont assurées par des agents employés sur contrat court. Une préférence idéologique pour les C.D.D. a caractérisé l'action des gouvernements précédents. Elle a fragilisé les établissements académiques.
Pour remédier à cette situation, le ministère a d'abord conduit un recensement des agents en C.D.D. éligibles à la titularisation. A ce jour, 8400 sont recensés dans les universités et 1400 dans les organismes de recherche.
Il a ensuite obtenu les moyens de créer une voie supplémentaire et réservée d'accès à la fonction publique.  En 2013, plus de 2000 personnes pourront en bénéficier. Le ministère se donne pour objectif de conduire le plan de titularisation en quatre ans.
En complément, les nouvelles orientations de l'Agence nationale pour la Recherche (A.N.R.) vont contribuer à diminuer le flux de nouveaux C.D.D.. En particulier, aucun projet scientifique ne pourra être financé s'il repose à plus de 30% sur le travail d'agents non titulaires.
During a meeting with trade unions, Geneviève Fioraso presented departmental action plan for the elimination of precarious employment. More than 2,000 officers will be involved in 2013.
Genevieve Fioraso received representative trade unions in higher education and research to announce the departmental action plan for the reduction of precarious employment.

Too often, durable functions are carried out by staff employed on short-term contract.
An ideological preference for the CSD has characterized the actions of previous governments. Elle a fragilisé les établissements académiques. It has undermined academic institutions. More...
8 juillet 2012

Les précaires de la recherche font pression sur Geneviève Fioraso

http://sciences.blogs.liberation.fr/test/images/logo_libe.pngPar Sylvestre Huet. Les précaires de l'enseignement supérieur et de la recherche font monter la pression sur la ministre Geneviève Fioraso. Il s'agit de la plus explosive des bombes à retardement laissés derrière lui par le gouvernement Sarkozy. Il y aurait 10.000 précaires dans les laboratoires du Cnrs, près de 15.000 en tout dans la recherche et près de 30.000 dans les universités (lire ici une enquête de 2010). Voir l'article...
http://sciences.blogs.liberation.fr/test/images/logo_libe.png~~V Με Sylvestre Huet. Η επισφαλής τριτοβάθμια εκπαίδευση και την έρευνα αυξάνουν την πίεση στον υπουργό Fioraso Genevieve. Αυτό είναι το πιο εκρηκτικό βόμβες που άφησε πίσω του την κυβέρνηση Σαρκοζί. Θα πρέπει να υπάρχουν 10.000 επισφαλής στα εργαστήρια του CNRS, συνολικά σχεδόν 15.000 στην έρευνα και σχεδόν 30.000 στα πανεπιστήμια (διαβάστε εδώ μια έρευνα του 2010). Περισσότερα...
6 février 2012

La fin de la précarité pour les contractuels?

Aller a la home de France 5La Fonction publique compte  5,9 millions d'agents dont 891 000 contractuels. Un statut précaire qui devrait évoluer prochainement.
Le projet de loi relatif à l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels dans la fonction publique a été adopté, le 26 janvier par le Senat. Il sera débattu l’Assemblée nationale le 7 février.
La Fonction publique compte  5,9 millions d’agents dont 891 000 contractuels. « Si dans leur grande majorité, ces agents ne sont pas en situation de précarité, certains se voient proposer des CDD à répétition et ce depuis plusieurs années. Il en découle pour ces agents une précarité sociale qui se répercute sur leur vie familiale et personnelle », soulignait le gouvernement.
Le projet de loi relatif à l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels dans la fonction publique concerne la Fonction publique d’Etat, la territoriale et l’hospitalière. Il découle d'un accord signé le 31 mars 2011 par six syndicats sur les huit représentatifs (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC et CFE-CGC) après de longues négociations.
Que prévoit ce texte ?
Un dispositif spécifique de titularisation.

Le texte vise à ouvrir, pendant 4 ans et sous certaines conditions d’ancienneté, un dispositif spécifique d’accès à la titularisation notamment via des examens professionnel ou des concours.
Ce, sans conditions de diplôme mais en valorisant la reconnaissance  des acquis de l’expérience. Selon le ministère, 40 à 50 000 personnes sont concernées : les agents contractuels (en CDD ou CDI) occupant un poste qui répond à un besoin permanent, et ayant effectué au moins quatre ans de service public sur les six dernières années.
Les agents employés au 31 mars 2011, mais dont le contrat a pris fin par la suite, pourront bénéficier de ce dispositif, de même que ceux dont le contrat a cessé entre le 1er janvier et le 31 mars 2011.
En revanche, les agents recrutés après le 31 mars 2011 ne pourront pas bénéficier du dispositif.
La requalification des contrats en CDI

Les agents contractuels embauchés depuis plus de six ans sur des postes répondant à des besoins pérennes pourraient voir leur CDD requalifier automatiquement en CDI.
Pour les seniors de 55 ans et plus, le CDI sera accessible après trois années de service sur les quatre dernières années, au moment de la publication de la loi. 100 000 contractuels sont concernés.
Dans les 3 mois suivant le vote de la loi, chaque collectivité présentera au comité­ technique un rapport de situation des agents remplissant ces conditions et un programme pluriannuel d’accès à l’emploi titulaire.
Le recours aux agents contractuels mieux encadré

Afin d’éviter de reconstituer un vivier de précaires par des "renouvellements abusifs de CDD", le projet de loi propose de clarifier les dispositions relatives au recrutement d’agents contractuels: les conditions de durée des contrats et de leur renouvellement sont redéfinies et précisées.
Les collectivités recrutent aussi sans concours.
Go to the home of France 5Public Service has 5.9 million workers including 891,000 contract. A precarious situation that should change soon.
Bill on access to employment and holder to improve conditions of employment of contract staff in the civil service was adopted on 26 January by the Senate. It will be debated the National Assembly on February 7. More...
11 novembre 2010

Les 24207 personnels enseignants non permanents du MESR

http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/image/60/9/6609.jpgLa DGRH du MESR vient de publier une étude sur les personnels enseignants non permanents de l'Enseignement supérieur: http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/.

SITUATION DES PERSONNELS ENSEIGNANTS NON PERMANENTS AFFECTES DANS L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
(hors disciplines médicales et odontologiques, dans ces disciplines, au cours de l’année 2009-2010, on enregistre 4249 chefs de clinique, assistants hospitalo-universitaires ou praticiens hospitalo-universitaires).
Depuis 1997, les services en charge des personnels enseignants de l’enseignement supérieur réalisent chaque année une enquête sur la situation des enseignants non permanents de l’enseignement supérieur afin de disposer de données nécessaires au pilotage de la ressource enseignante. La gestion de tous les personnels concernés par l’enquête est déconcentrée.
Cette enquête consiste notamment à recenser les attachés d’enseignement et de recherche (ATER) ainsi qu’à comptabiliser les professeurs invités en fonctions dans les établissements d’enseignement supérieur. Les doctorants contractuels assurant un service d’enseignement ont, pour la première année, été intégrés à cette enquête et ont fait l’objet d’un dénombrement.
Tous les établissements ont répondu à l’enquête qui s’est déroulée entre le 14 décembre 2009 et le 30 juin 2010. Les réponses obtenues ont été complétées dans cette publication, notamment en ce qui concerne les associés et les moniteurs, par des données issues d’autres systèmes d’information.
Les principales tendances révélées par cette étude sont les suivantes:
- La proportion d’enseignants non permanents demeure à son niveau le plus élevé depuis 12 ans, soit 15,5%, -Près des deux tiers de ces enseignants sont moniteurs, doctorants contractuels ou ATER, -Les trois-quarts enseignent à temps partiel, -La catégorie des doctorants contractuels créée par un décret du 25 avril 2009 a connu dès sa première année un certain succès avec 3181 contrats signés en 2009-2010. Une projection de ces chiffres permet une prévision de 10000 doctorants-contractuels à l’horizon 2012-2013, -Les établissements à dominante juridique recourent à une plus grande proportion d’enseignants non permanents que les autres établissements, -Chaque année, les trois-quarts des ATER sont en premier contrat et la part des titulaires d’un doctorat avoisine les 60%, -La population des ATER constitue toujours un vivier pour le recrutement des MCF (30% des MCF recrutés en 2009 étaient ATER en 2008-2009), -Ces ATER sont concentrés sur un petit nombre d’établissements : 50% des ATER dans 21% des établissements.
Depuis 1999 et jusqu’en 2005, ils ont crû à un rythme annuel moyen de 2,95%, soit deux fois plus vite que les effectifs des enseignants titulaires. Toutefois, après une forte progression au cours de l’année 2003, le taux de croissance de ces effectifs s’est ralenti, comme le montre le graphique ci-dessous, au point de devenir négatif à partir de l’année 2005, jusqu’en 2008. La reprise à la hausse en 2009 des effectifs d’enseignants non permanents a été de courte durée, puisqu’en 2010, leur croissance s’est à nouveau annulée.
L’examen de la répartition des enseignants non permanents entre les établissements montre notamment que les établissements dans lesquels la part de ces enseignants sur l’effectif total est réduite (inférieure à 10 %) sont peu nombreux, voire en diminution par rapport à 2009: l’INSA de Rennes ou de Toulouse, l’ENS de chimie de Clermont- Ferrand, les universités de Brest et de Grenoble I, voire quelques établissements spécifiques comme l’ENSEA de Cergy ou SUP MECA Paris. Aucune information complémentaire n’est aujourd’hui disponible pour rendre compte de cette faible proportion.
Au contraire, le recours aux enseignants non permanents est beaucoup plus important dans les universités à dominante juridique, comme Paris II (32,4 %), Lyon III (24 %). De même, dans l’ensemble des Instituts d’Etudes Politiques (non compris l’IEP de Strasbourg intégré à l’université de Strasbourg), le « poids » des non permanents oscille entre 19,3 % à Grenoble et 32,1 % à Rennes. A l’IEP de Paris, le taux enregistre à nouveau un taux toujours élevé en 2010 (32,1% contre 36,8 % en 2009, 34,8 % en 2008, 27,2 % en 2007 et 34 % en 2006).
D’autres établissements à grande spécificité professionnelle recourent, toutes proportions gardées, à de forts contingents d’enseignants non permanents (cf. l’école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon ou l’école des arts et du spectacle de Noisy-Le-Grand ou encore l’école nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois avec respectivement 85,9%, 76% et 69,2% d’enseignants non permanents).
http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/image/60/9/6609.jpg HRB de Mor heeft net een studie gepubliceerd over niet-permanente onderwijzend personeel van hoger onderwijs: http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/.
Status van niet-permanente leerkrachten die IN HET HOGER ONDERWIJS (met uitzondering van medische en tandheelkundige disciplines in deze disciplines in de jaren 2009-2010, geregistreerd 4249 klinische leiders, assistent-academisch ziekenhuis of academisch ziekenhuis beoefenaars). Meer...
11 octobre 2009

Les soutiers de l'université

En dix minutes, son sort a été scellé. Michelle (le prénom a été modifié) ne fera pas sa rentrée à l'université de province où elle enseignait depuis deux ans. L'affaire s'est réglée entre deux portes, fin juin. "Vos heures ne seront pas renouvelées, en septembre", lui a asséné le responsable du département de langues. On ne s'embarrasse pas d'explications avec les enseignants "non permanents" comme elle.
A côté des 57500 enseignants-chercheurs qui bénéficient du statut de fonctionnaires, combien sont-elles, ces petites mains de l'université qui, comme Michelle, cohabitent dans l'ombre des maîtres de conférence et professeurs d'université titulaires ? Personne ne le sait vraiment. Le ministère de l'enseignement supérieur recensait en 2007-2008, près de 23000 enseignants "non permanents", soit 26 % des personnels enseignants.
Sans statut, leur parcours professionnel est souvent chaotique, rythmé par les besoins de l'université. "J'ai commencé comme "faux vacataire", payé à l'heure", explique William Charton. Puis il obtient un premier CDD ; d'autres suivront. Pour boucler ses fins de mois, en plus de ses 400 heures de cours par an, il cumule les heures "complémentaires" dans plusieurs universités. "Parfois jusqu'à 800 heures", dit-il. Salaire moyen : 1 500 euros net. Il y a deux ans, il a obtenu un CDI à l'université Nancy-II. "Le salaire est le même, pour un peu moins d'heures et plus de sécurité." Après son master, "enseigner en FLE a été un choix". Mais beaucoup de ses collègues ont décroché. "Il y en a un qui est devenu coiffeur, un autre qui est parti à l'étranger, je suis l'un des seuls à avoir tenu le coup pendant si longtemps."

In ten minutes, his fate was sealed. Michelle (the real name) will not make his return to the provincial university where she taught for two years. The case was settled between two doors in late June "Your hours will not be renewed in September, he has dealt the Department official languages. It does not bother with explanations of teachers' non-permanent "like her.
Besides the 57,500 teachers and researchers who have the status of officials, how are they, these little hands of the university, like Michelle, live in the shadow of lecturers and university professors?
Nobody really knows. The Ministry of Higher Education listing in 2007-2008, nearly 23,000 teachers "not permanent", or 26% of teaching staff. More...

24 août 2009

Plus de 300 000 « intellos précaires »

Les nouveaux intellos précairesDiplômés, compétents mais exploités : qui sont les « intellos précaires » ?

Ils seraient plus de 300 000 « intellos précaires » en France actuellement. Qui se cache derrière ces diplômés, certes compétents, mais qui vivent dans la précarité ? Anne et Marine Rambach viennent de consacrer un ouvrage à cette catégorie de la population : « Les Nouveaux Intellos Précaires », paru aux éditions Stock.
Rencontre.
Qui sont les « intellos précaires » ?
- Ce sont des personnes qui travaillent dans la recherche, l’enseignement, l’édition, les bibliothèques, les musées. Ce sont aussi des architectes, des journalistes, des scénaristes. La plupart n’ont ni revenu fixe, ni contrat à durée indéterminée. Ils sont rémunérés à la pige ou en droits d’auteur, ils cumulent les CDD ou les vacations. Ils ont une couverture sociale minimale ou inexistante. Beaucoup d’entre eux sont dans la survie. Certains gagnent la moitié du SMIC, d’autres atteignent 1 500 euros par mois mais doivent travailler énormément. Seule une petite minorité a des revenus supérieurs à 2 500 euros.
Les chercheurs sont-ils autant concernés par cette précarité ?
- C’est le seul métier sur lequel il y a une volonté de ne pas trop faire baisser le prix du travail. La profession est mieux payée qu’à une époque. Il y a en effet des chercheurs précaires qui gagnent 2 000 euros par mois. Ce qui est dur, c’est le temps d’attente dans la précarité, sachant qu’un chercheur est titularisé en moyenne à l’âge de 35 ans. L’autre difficulté majeure, c’est la concurrence : il peut y avoir 150 candidats pour 1 poste ! Or, cette concurrence est source de conflits entre chercheurs titulaires et précaires. Le plagiat, le vol d’idées et le harcèlement moral sont monnaie courante dans ce milieu.
New intellektuella otryggaAkademiker är behöriga men utnyttjas: Vilka är "osäkra intellektuella?
De skulle vara mer än 300 000 "lösa intellektuella" i Frankrike i dag. Vem står bakom dessa akademiker, förvisso kompetent, men som lever i fattigdom? Anne och Marine Rambach kommer att ägna en bok till denna kategori av befolkningen: "The New Intellos lösa", utgiven av Editions Stock.
Möte.
Vilka är "osäker intellektuella?
- De är människor som arbetar inom forskning, undervisning, förlag, bibliotek, museer. De är också arkitekter, journalister, manusförfattare. De flesta har varken en fast inkomst eller fast anställning. De betalas på frilansbasis eller upphovsrätt, de kombinerar CSD eller semester. De har en viss minsta täckning eller obefintlig. Många av dem är i överlevnad. Vissa tjänar hälften av minimilönen, medan andra har uppnått 1 500 euro per månad utan måste arbeta hårt. Endast en liten minoritet har inkomster som överstiger 2 500 euro. Mer...
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