
B. Le modèle français classique
Ainsi, les SHS françaises résistent ici et là au modèle international dominant, tout comme elles témoignent de peu d’intérêt pour les appels d’offres européens, ce qui n’est pas exactement la même chose. Les chercheurs et les responsables institutionnels français ont alors bien des arguments et des critiques à faire valoir.
Ils considèrent que ce modèle ne permet pas l’originalité, la fécondité de la recherche – ce qui est injuste, on vient de le voir, si l’on considère les appels d’offres de l’ERC qui fonctionnent exclusivement selon un principe bottom up : c’est le chercheur qui définit ce qui l’intéresse, il n’y a aucune orientation exigée, suggérée ou encouragée. Ils voient dans ce modèle international le triomphe du néo-libéralisme, le poids de l’argent tout puissant – il est vrai que culturellement, la recherche française financée par la puissance publique semble échapper à cette critique, qui, là aussi, ne devrait pas valoir pour les programmes européens, qui sont financés avec l’argent des contribuables. Ils s’inquiètent de voir se renforcer les pensées dominantes, mainstream, au plus loin de la pensée critique, plus ou moins décalée.