Les mobilités des salariés

Le rapport propose donc diverses pistes pour remédier à cette situation : un bonus-malus sur les cotisations chômage et les obligations de reclassement en fonction de la qualité de la formation offerte aux salariés ; un système d’assurance couvrant les pertes salariales en cas de réorientation professionnelle ; la généralisation des contrats de transition professionnelle (CTP) aux travailleurs précaires et sur tout le territoire. Télécharger le rapport.
Nous proposons d’améliorer à la fois l’« équipement » des salariés pour qu’ils puissent être plus mobiles et ainsi prévenir les évolutions économiques conjoncturelles et structurelles, mais aussi d’adapter le marché aux individus, en trouvant des incitations, voire des obligations à former les salariés et à rendre ces formations compatibles avec des mobilités hors de l’entreprise. Une telle évolution irait dans le sens du récent arrêt de la Cour de cassation du 23 octobre 2007 qui oblige les entreprises à maintenir l’employabilité de leurs salariés et non plus seulement à verser une cotisation obligatoire pour les former. Cet arrêt (Chambre sociale de la Cour de cassation du 23 octobre 2007, n° 06-40-950), qui a condamné une entreprise pour n’avoir offert que trois jours de formation en respectivement douze et vingt-quatre années d’ancienneté à deux salariées, nous paraît devoir être le point de départ d’une réflexion sur les obligations des entreprises à permettre aux salariés d’anticiper les évolutions et les mutations du monde du travail et à favoriser leur évolution professionnelle.
Une partie du stress provient du fait que les salariés français n’ont pas l’impression de progresser et de développer leurs qualifications, et ce en dépit d’un accès à la formation assez important pour les salariés à temps plein. En effet, à la question : « Mon emploi me donne la chance d’améliorer mes compétences », la France se situe à la 26e position sur 31 pays interrogés, entre le Portugal et Chypre, et loin derrière l’Allemagne, le Danemark et le Canada. Ce n’est pourtant pas faute de faire des efforts de formation. Parmi les salariés à temps plein, 46 % des salariés français déclarent avoir reçu « au cours des douze derniers mois une formation pour améliorer les compétences professionnelles, sur le lieu de travail ou ailleurs », ce qui est légèrement plus que la moyenne sur les 32 pays (44 %).
Voir surtout "Mobilités professionnelles et formation continue" par Pauline Givord et Lionel Wilner (pp.197-203).
Extrait: Au final, il est possible d’estimer des matrices des intensités de transition relatives. Selon ces estimations, le fait de suivre une formation au cours de l’emploi le trimestre précédent a toujours une influence positive sur le fait d’être encore dans l’emploi. Par exemple, un salarié qui a suivi une formation le trimestre précédent a dix fois plus de chances qu’un chômeur d’être en emploi et en formation plutôt qu’au chômage le trimestre suivant. Lorsque l’on compare à une personne en emploi mais qui n’a pas suivi de formation plutôt qu’à un chômeur, les chances relatives sont encore de presque deux.
