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Formation Continue du Supérieur
3 novembre 2013

La mobilité des étudiants du Moyen-Orient

http://www.campusfrance.org/sites/default/files/styles/ressource_image/public/ca_ressource/221009/note_04_hs_fr.pngLa Note Campus France Hors Série n°4 est consacrée à la mobilité des étudiants du Moyen-Orient. Quinze pays font l’objet de cette étude : Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte, Émirats Arabes Unis, Irak, Iran, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Territoires palestiniens, Qatar, Syrie et Yémen. Ces pays avaient déjà fait l’objet d’une Note n°22 publiée en avril 2010.
Dans une première partie, cette étude fait le point sur la mobilité internationale des étudiants de quinze pays du Moyen-Orient, en listant les principaux pays qui les accueillent, grâce aux données fournies par l’UNESCO. La deuxième partie de la Note s’attache à la mobilité de ces étudiants en France, à partir des statistiques communiquées par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Des commentaires détaillés permettent de mieux comprendre les enjeux de chacun de ces pays, dans un contexte modifié notamment par les événements liés au « Printemps arabe ». La Note fait également le point sur le programme de l’Office Méditerranéen de la Jeunesse où participent en particulier l’Égypte et le Liban et qui a vocation à se diffuser dans ces pays du pourtour méditerranéen.
En 2011-2012, la France accueillait 12 475 étudiants originaires des pays du Moyen-Orient, représentant 4,34 % du total des étudiants étrangers en France. Les Libanais, bien qu’en nombre de moins en moins important, représentent toujours à eux seuls plus du tiers des ressortissants de la zone (40 % avec 4 935 étudiants2 dans les établissements français en 2011-2012).
Viennent ensuite l’Iran (2 103 en France en 2011 soit + 5 % depuis 2009), la Syrie (qui passe derrière l’Iran pour la 1ère fois avec 1 993 étudiants en France en 2011) et l’Égypte qui, après une forte progression entre 2007 et 2009, marque le pas et envoie moins d’étudiants en France (1 254 dans les établissements français en 2011 soit - 5 % depuis 2009). Le nombre de ces étudiants est en baisse régulière depuis les années 2000, principalement du fait de la baisse du nombre d’étudiants du Liban et de la Syrie (- 27 % d’étudiants de ces pays dans les universités françaises entre 2007 et 2011).
À l’opposé, les autres pays de la zone, et notamment les pays du Golfe Persique, envoient eux de plus en plus d’étudiants dans l’hexagone. Ainsi, entre 2007 et 2011 on observe une croissance de 73 % des étudiants saoudiens dans les universités françaises, de 63 % pour les ressortissants des Émirats Arabes Unis et de 18 % pour les étudiants koweïtiens. Dans cette zone actuellement au centre de toutes les attentions, en raison du « Printemps arabe » mais aussi de l’activité économique et politique de plus en plus marquée de pays du Golfe Persique comme le Qatar, l’enseignement supérieur français doit travailler à mieux faire connaitre l’offre de formation auprès des étudiants et des prescripteurs traditionnels (établissements locaux, parents, responsables des bourses de mobilité...) tous habitués au schéma anglo-saxon omniprésent. Dans le même temps, la France bénéficie indubitablement d’une image traditionnellement positive auprès des acteurs académiques des pays de la zone.
La France n’est pas une destination naturelle pour les étudiants originaires du Moyen-Orient, sauf pour le Liban et la Syrie, grâce aux liens historiques et linguistiques qu’ils ont avec la France. Il y a cependant, notamment dans les pays du Golfe, une récente volonté de donner une plus grande place à la langue française (où elle est en cours d’introduction dans les écoles publiques au Qatar et au Bahreïn) ainsi qu’un souhait de plus en plus marqué de diversification dans les pays d’accueil, où la France a un rôle à jouer.
Les étudiants du Moyen-Orient en France : fiches statistiques et commentaires
Selon les données statistiques du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la France a accueilli, en 2011-2012, 12 475 étudiants originaires des pays du Moyen-Orient parmi lesquels 79 % étaient inscrits en université. 23 % des étudiants du Moyen-Orient dans les universités françaises ont poursuivi des études au niveau Licence, 45 % d’entre eux au niveau Master et 32 % au niveau Doctorat. Pour mémoire, 43 % de tous les étudiants étrangers en France étaient inscrits en Licence, 44 % en Master et 12 % en Doctorat.
Les filières les plus choisies par les jeunes ressortissants de cette région du monde étaient les sciences dures (31 %) suivies par les lettres-sciences humaines (28 %) et par les sciences économiques (13 %). Pour mémoire, 26 % de l’effectif total des étudiants étrangers dans les universités françaises étaient inscrits en sciences, 30 % en lettres sciences humaines et 23 % en sciences économiques.
• Arabie Saoudite
La mise en oeuvre de partenariats avec l’Arabie Saoudite participe à la relance de la coopération universitaire dans les domaines du droit (Paris 1, Paris 5 et Lyon 3), des sciences économiques et de gestion (Bordeaux 3, Paris 1, Grenoble School of Management, HEC, SKEMA) des sciences de l’ingénieur (Lille 1, Université de Versailles, École des Mines de Nantes), du tourisme et d’archéologie (Paris 1, Lille 2, Nancy 2), de la médecine (programme de formation en France de médecins...). La hausse des étudiants saoudiens en France (498 dans les universités françaises en 2011, en progression de 73 % depuis 2007) semble être principalement le fruit de la volonté des autorités locales de diversifier les destinations de leurs étudiants et d’échapper au « tout anglo-saxon ». La politique d’ouverture entreprise par le Roi Abdallah a favorisé la hausse du niveau des bourses octroyées aux étudiants saoudiens souhaitant poursuivre leurs études à l’étranger.
De même, les actions de promotion de l’enseignement supérieur, initiées par l’Ambassade de France sur place et soutenues par l’Agence Campus France depuis 2005 ont très certainement contribué à cette hausse (ouverture de 2 Espaces à Riyad et Djeddah, participation des établissements français chaque année plus importante au salon IECHE de Riyad, contacts réguliers avec le bureau culturel saoudiens à Paris…). D’autres éléments peuvent être à l’origine de cette tendance, notamment la mise en place d’une forte coopération médicale afin de permettre aux étudiants saoudiens de se spécialiser lors d’études (longues ou courtes) dans les CHU français (50 nouveaux médecins débuteront leur spécialisation en France en novembre 2013, précédée par une année d’approfondissement de leur niveau de français).
• Bahreïn
Le Bahreïn, comme ses voisins, a une réelle volonté de diversifier ses partenariats dans tous les domaines et particulièrement pour l’enseignement. C’est ainsi que la langue française a été introduite dans les écoles publiques du Royaume. Après la baisse du nombre de visas pour études observée ces dernières années, on peut espérer que la hausse du nombre d’accords universitaires, les demandes et visites toujours nombreuses à l’Espace Campus France et la mise en place de la French Arabian School of Management and Finance rectifient la tendance et rendent la France plus attractive.
• Égypte
Après des années de forte croissance du nombre d’étudiants égyptiens en France (+ 10,3 % dans les universités françaises entre 2007 et 2011) on observe une légère baisse qui peut être imputée au « Printemps arabe » qui a bouleversé le paysage politique depuis 2011 et impacté la dernière année universitaire. Mais les partenariats signés par les établis - sements français en Égypte, la présence de l’Université francophone du Caire et les efforts du poste et de l’Agence sur place en termes de promotion (par exemple la mise en place du Club France-Égypte qui a pour but d’animer une communauté d’anciens étudiants égyptiens en France) laissent penser que le nombre de candidats vers l’hexagone devrait repartir à la hausse.
• Émirats Arabes Unis
La hausse des étudiants émiriens en France (243 dans les universités françaises en 2011) est surtout liée à l’ouverture de l’université Paris Sorbonne Abou-Dhabi. Les étudiants émiriens comptabilisés comme étudiants étrangers en France n’effectuent pas tous un séjour dans notre pays, ce qui justifie une différence entre le nombre des étudiants émiriens inscrits dans les universités françaises (en forte hausse : + 63,1 % entre 2007 et 2011) et le nombre de visas pour études délivrés (- 50 % pendant la même période).
• Iran
Le nombre d’étudiants iraniens en France reste relativement stable (+ 4,9 % entre 2007 et 2011 pour 1 685 étudiants inscrits à l’université en France l’année passée), c’est d’autant plus remarquable que l’obtention des visas reste problématique dans ce pays sensible. Les refus de délivrance sont de plus en plus dissuasifs pour les étudiants iraniens souhaitant se rendre en France. Une part importante des universitaires français prêts à accueillir de jeunes Iraniens a connaissance des procédures. La question du financement des frais de scolarité n’est pas négligeable, néanmoins elle est moins préoccupante que celle du logement. Dans un tel pays l’information accessible via internet est capitale en raison du contexte actuel et des contraintes sur la promotion de l’enseignement supérieur français, aussi un site d’information en persan a été lancé récemment par l’Ambassade de France à Téhéran et l’Agence Campus France (www.iran.campusfrance.org). Il constitue un moyen très important de transmission de l’information.
• Irak
Le nombre d’étudiants irakiens en France est en croissance constante (+ 32,5 % entre 2007 et 2011 dans les universités françaises pour un total de 261 étudiants l’année passée). Suite aux guerres irakiennes, les besoins de reconstruction et de développement du pays sont énormes et touchent tous les secteurs. Les autorités irakiennes et kurdes, bien conscientes de cette situation, ont délibérément choisi de privilégier la formation universitaire et le potentiel intellectuel comme vecteur de reconstruction et de développement selon des modalités variées : formation initiale d’étudiants ou formation continue d’enseignants, dans le cadre de plusieurs programmes relevant de différentes autorités. L’Irak est un pays riche (3e réserves mondiales de pétrole) et appelé à se développer. Les programmes de bourse sont donc totalement ou majoritairement pris en charge par la partie irakienne ou kurde.
• Israël
Après une baisse du nombre d’étudiants israéliens en France jusqu’à 2009 (essentiellement dûe à une très forte concurrence anglo-saxonne et à l’excellence des universités israéliennes), on observe une inversion de tendance depuis 2 ans et une augmentation du nombre de visas pour études délivrés.
• Jordanie
La faiblesse du flux des étudiants d’origine jordanienne vers la France est dûe d’abord au niveau de francophonie très faible de ses ressortissants, par rapport aux pays proches, notamment le Liban et la Syrie. D’autres facteurs s’ajoutent pour expliquer cette désaffection :
- le contexte historique, économique et géopolitique favorisant les études dans les pays anglo-saxons ;
- le système scolaire et universitaire jordanien, lui-même inspiré du système anglo-saxon ;
- l’omniprésence de l’anglais comme langue d’enseignement aux niveaux secondaire et universitaire, l’anglais restant la langue dominante dans les branches professionnelles les plus prisées.
Il faut toutefois prendre en compte des développements récents qui pourraient améliorer l’attractivité de la France : le ministère de l’enseignement jordanien a récemment reconnu les diplômes délivrés par les établissements membres de la Conférence des Grandes Écoles. En outre, l’Ambassade de France en Jordanie a activement contribué en 2012 à la signature de plusieurs conventions de coopération dans le domaine du droit et des sciences politiques. Enfin, il est prévu d’organiser une réunion avec l’association des diplômés de France, peu active jusqu’à présent, pour qu’elle devienne un véritable réseau d’anciens étudiants, sous le nom de Club France, et un outil au service de l’attractivité.
• Koweït
Les études supérieures au Koweït sont chères ; l’Université nationale veut rester une université d’État, à sélection rigoureuse, mais un défaut de planification a entraîné une inflation des effectifs d’étudiants, si bien que pour 1 700 étudiants en droit restant au Koweït 5 500 étudient actuellement « hors les murs », aux États Unis, en Jordanie, en Syrie et au Liban principalement. À l’instar d’autres pays du Golfe Persique, un programme de bourses existe et reste un bon investissement pour les autorités locales puisque les boursiers coûtent moins chers à financer que leurs homologues restés au Koweït ! Si la France et son système d’enseignement supérieur sont encore méconnus des étudiants et des autorités, l’ouverture d’un Espace Campus France en 2011 et les deux Tournées du Golfe qui ont fait étape à Koweït City en 2010 et 2012 commencent à porter leurs fruits et le nombre d’étudiants choisissant la France est ainsi en croissance (+ 18,3 % d’étudiants koweïtiens dans les universités françaises entre 2007 et 2011).
• Liban
Bien que les étudiants libanais soient toujours les représentants du Moyen-Orient les plus nombreux dans les établissements français, on observe une baisse régulière d’année en année dans les universités (- 27 % entre 2007 et 2011). Leur nombre total semble toutefois se stabiliser depuis 2009. On observe même une légère hausse du nombre de visas pour études délivrés depuis cette même année. Ce sont notamment les Grandes Écoles (de management et d’ingénieurs) qui attirent de plus en plus ces étudiants. La baisse observée ces dernières années peut être expliquée par différents facteurs et notamment :
- la présence d’une concurrence anglo-saxonne accrue avec des universités anglophones implantées au Liban ainsi que de nombreux partenariats signés avec les universités américaines ;
- la stabilité qu’a connue le Liban depuis 2007 s’est traduite par une volonté et des actions du gouvernement pour inciter les jeunes à rester au Liban et y poursuivre leurs études.
Il est cependant possible que les récents troubles qu’a vécus le pays aient des répercussions sur les souhaits de départ des étudiants, cela sera à observer dans les prochains mois.
• Sultanat d’Oman
Il y a encore très peu d’étudiants omanais qui choisissent la France comme destination pour leurs études (24 dans les universités françaises en 2011). Mais le travail mené sur place par le poste et l’Espace Campus France nouvellement labellisé laisse espérer une augmentation sensible de ces flux, d’autant que la France vient d’être intégrée à la liste des pays vers lesquels peuvent se diriger les boursiers du gouvernement omanais.
• Qatar
En baisse depuis plusieurs années, on observe enfin une inversion de la tendance et le nombre d’étudiants du Qatar venant en France pour suivre leurs études est reparti à la hausse en 2011 où il est revenu au niveau de 2007 (47 étudiants dans les universités françaises). Cette amélioration peut être expliquée par trois raisons principales : - la volonté des autorités de diversifier les pays de destination de leurs étudiants et sortir du « tout anglo-saxon » ; - la très bonne image de l’enseignement supérieur français ; - l’activisme économique de l’Émirat en France et plus modestement l’introduction graduelle de la langue française dans les écoles publiques locales qui offrent une exposition non-négligeable de la France dans les médias.
• Syrie
Le gouvernement syrien soutenait depuis toujours la mobilité de ses étudiants vers la France, en développant un système de bourses importantes, surtout dans les domaines de la médecine, du droit et du management. Comme pour le Liban, on observe une baisse du nombre d’étudiants syriens en France depuis quelques années (- 27,7 % dans les universités françaises entre 2007 et 2011). Malgré cette tendance, la France reste le premier pays de destination des jeunes Syriens partant étudier à l’étranger. Étant donné la situation actuelle dans le pays il est tout à fait impossible de prévoir les futures orientations de la politique locale en terme de coopération universitaire et de mobilité des étudiants. Mais malgré les événements actuels et la fermeture de l’Ambassade et de l’Espace Campus France, l’Agence et le Ministère des Affaires étrangères ont tout mis en oeuvre pour permettre aux étudiants syriens qui souhaitaient poursuivre leurs études en France de faire leurs démarches depuis les Espaces et les consulats en Jordanie et au Liban.
• Yémen
Bien que faible, le nombre d’étudiants yéménites en France a tendance à augmenter régulièrement (+ 23,1 % dans les universités françaises entre 2007 et 2011, soit 80 en 2011). Là encore, le travail fait dans le pays par l’Ambassade de France et l’Espace Campus France joue très certainement un rôle important. L’existence de programmes de bourses est également à souligner (bourses fléchées vers la France et financées par la société Yémen LNG notamment). Télécharger la Note Campus France Hors Série n°4 consacrée à la mobilité des étudiants du Moyen-Orient.

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