29 juillet 2010
Les difficultés d’insertion professionnelle des docteurs: les raisons d’une « exception française »

L’analyse comparative avec les autres pays de l’OCDE, qui enregistrent des taux de chômage des docteurs très faibles, montre que cette situation n’est pas due à une surproduction de diplômés. En France, malgré le développement important des emplois en entreprise (mais largement sur des fonctions hors recherche, ce qui témoigne aussi de l’intérêt des recruteurs au-delà du champ de la recherche), c’est surtout le sous-investissement en recherche-développement du secteur privé et, dans une moindre mesure, la préférence donnée aux ingénieurs pour les postes de recherche qui pèsent sur l’insertion professionnelle des titulaires de doctorats, notamment pour certaines disciplines. Enfin, si le faible taux de chômage des docteurs dans les pays de l’OCDE s’accompagne d’une plus grande proportion des emplois en CDD, celle-ci reste également importante en France.
Dans les prochaines années, l’augmentation des recrutements de docteurs par le secteur privé, qui devra davantage investir dans la recherche, ne dispensera pas d’agir sur les autres leviers, notamment la régulation de l’offre doctorale, l’amélioration du taux de financement des thèses ou la reconnaissance des docteurs par le monde professionnel.
- Proposition n° 1 : Améliorer l’information des établissements et des étudiants, notamment en associant davantage les acteurs privés à la production de données régulières, par disciplines, sur les besoins de recrutements et sur l’insertion professionnelle des docteurs.
- Proposition n° 2 : Réaffirmer le rôle central des Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) dans la coordination et la régulation de l’offre de formation doctorale, notamment en favorisant le transfert au PRES de la compétence de délivrance des diplômes et des moyens de financement des contrats doctoraux.
- Proposition n° 3 : Associer davantage les grandes écoles aux formations doctorales, pour permettre à davantage d’ingénieurs de préparer un doctorat.
- Proposition n° 4 : Améliorer la proportion de thèses financées, notamment par les entreprises: d’une part, en fixant un objectif aux universités dans le cadre de leur contractualisation avec l’État; d’autre part, en imaginant un dispositif permettant à une entreprise de financer une thèse en contrepartie d’un engagement du doctorant à demeurer quelques années dans l’entreprise après son embauche.
- Proposition n°5 : Reconnaître le doctorat dans les conventions collectives, notamment les grilles salariales. Les difficultés d’insertion professionnelle des docteurs: les raisons d’une « exception française ».

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