L'insertion professionnelle des diplômés de l'université
Par Isabelle Maetz, Département des études statistiques, SIES MESR. L'insertion professionnelle des diplômés de l'université. Note d'information n°12.06 juin 2012. 91% des jeunes diplômés 2008 de master qui ont fait le choix d’arrêter leurs études après l’obtention du diplôme sont en emploi trente mois après leur entrée dans la vie active. Le pourcentage est le même pour le petit nombre de diplômés de DUT qui sont dans le même cas et il est de 92% pour ceux, beaucoup plus nombreux, de licence professionnelle qui vérifient les mêmes conditions. Certains diplômés de master accèdent plus difficilement à l’emploi ou bénéficient de conditions d’embauche moins favorables. Il en est ainsi pour les diplômés de lettres, langues et arts, pour les diplômés issus d’un milieu social moins favorisé, ou pour les femmes. Dans 44% des cas, l’emploi qu’un diplômé de master occupe trente mois après l’obtention de son diplôme ne se situe pas dans la région de son université d’origine. L’Île-de-France accueille à elle seule 30% des diplômés dans ce cas et 15% d’entre eux occupent un poste à l’étranger.
En 2008 ont été délivrés 94 000 masters (65 000 masters professionnels, 22 000 masters recherche, et 7 000 masters indifférenciés), 38 000 licences professionnelles (LP) et 47 000 diplômes universitaires de technologie (DUT). Les titulaires de ces diplômes peuvent poursuivre leurs études, ou se porter sur le marché du travail. Parmi les étudiants français qui ont obtenu leur diplôme en formation initiale (soit respectivement 65%, 80% et 93% des diplômés de master, LP, et DUT), la proportion de ceux qui poursuivent leurs études est très variable selon le diplôme. Continuer à étudier concerne la quasi-totalité des titulaires d’un DUT (83% d’entre eux font ce choix), et près d’un diplômé de master sur deux (40%). En revanche, la poursuite d’études après une LP n’est choisie que par 27% des diplômés.
Une enquête a été menée début 2011 pour connaître la situation professionnelle au 1er décembre 2010, soit trente mois après leur entrée dans la vie active, des diplômés français issus de la formation initiale qui ont fait le choix de mettre fin à leurs études après l’obtention de leur diplôme.
Ces diplômés représentent respectivement 38%, 58% et 15% de l’ensemble des diplômés de master, de licence professionnelle et de DUT. Leur situation professionnelle a été évaluée au travers d’un ensemble d’indicateurs dont le premier, appelé « taux d’insertion », est égal au pourcentage des diplômés de ce champ qui sont en emploi à cette date. Ce taux est pratiquement identique pour les trois types de diplômes dans le champ de l’enquête: il est de 91% pour les diplômés de master et de DUT et de 92% pour ceux de licence professionnelle. Le taux de chômage de ces diplômés – entre 8% et 9% – n’est certes pas très différent de celui de l’ensemble de la population active à cette date, égal à 10%. Mais lorsqu’on le compare au taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans, qui s’élève à 23%, l’avantage que confèrent ces diplômes sur le marché de l’emploi apparaît très nettement.
Toutefois, au terme de trente mois, une partie seulement des emplois occupés est en adéquation avec le diplôme obtenu: 67% des diplômés de master qui occupent un emploi déclarent être cadres; 21% d’entre eux se classent parmi les professions intermédiaires (personnel de catégorie B de la fonction publique, technicien, agent de maîtrise…). Au total, 89% des emplois occupés par les diplômés de master sont de niveau cadre ou profession intermédiaire. Pour les diplômés de licence professionnelle et de DUT, ce pourcentage est respectivement de 76% et de 59%. Le niveau des emplois occupés progresse donc avec le nombre d’années d’études supérieures.
Des conditions d’insertion plus ou moins favorables selon le domaine d’études
Les conditions d’insertion d’un diplômé dépendent sensiblement de son domaine d’études.
Les titulaires d’un master de droit-économie- gestion ou de sciences, technologies et santé obtiennent des taux d’insertion de 93% et de 92%, contre 90% en sciences humaines et sociales et 87% pour les lettres, langues et arts.
Les domaines offrant une insertion plus favorable regroupent les trois quarts des diplômés de master, 43% en droit-économie-gestion, et 30% en sciences, technologies, santé, le quart restant se répartissant entre les sciences humaines et sociales (20%), et les lettres, langues et arts (7%). Les diplômés de lettres, langues et arts sont moins nombreux à entrer dans la vie active après l’obtention de leur master puisque la moitié d’entre eux poursuivent ou reprennent des études, un quart de plus que pour l’ensemble des masters.
En termes de qualité d’emploi, les différences entre domaines sont plus nettes encore: la part des emplois déclarés comme de niveau cadre ou profession intermédiaire n’est que de 75% en lettres, langues et arts contre 95% en sciences, technologies, santé, avec une moyenne de 89% pour l’ensemble des diplômés de master. La part d’emplois stables n’est que de 58% en sciences humaines et sociales contre 81% en droit-économie-gestion, avec une moyenne à 74%.
Les conditions d’insertion sont généralement bonnes dans toutes les disciplines des formations juridiques, économiques et de gestion. Les conditions d’insertion dans les différentes disciplines des sciences, technologies et santé sont en revanche plus contrastées. Elles sont excellentes en informatique, où le taux d’insertion est le plus élevé toutes disciplines confondues (97%), elles sont très bonnes dans les sciences de l’ingénieur mais nettement moins favorables en sciences de la vie et de la Terre, où le taux d’insertion n’est pas plus élevé qu’en lettres, langues et arts, ou en chimie, où il est également inférieur à 90%. Toutefois, même dans ces disciplines, la part des emplois de niveau cadre ou profession intermédiaire reste supérieure à la moyenne, soit parce qu’il y existe moins d’emplois sous-qualifiés, soit parce que ces diplômés sont plus exigeants sur le niveau de l’emploi occupé.
En sciences humaines et sociales, c’est la psychologie qui offre à ses diplômés les meilleures chances d’insertion puisque 93% d’entre eux sont en emploi, même si CDD et temps partiels y sont plus fréquents qu’ailleurs. Ce taux élevé est à mettre en lien avec la sélectivité du passage de M1 en M2, qui concerne moins du quart des étudiants.
On observe des différences entre domaines de même ordre chez les diplômés de DUT et de licence professionnelle. En dehors du niveau des emplois, les conditions d’insertion, mesurées au travers des trois autres indicateurs retenus – taux d’insertion, part d’emplois stables et part d’emplois à temps plein – dépendent beaucoup plus du domaine de formation que du type de diplôme. Ainsi, par exemple, les titulaires d’une licence professionnelle en sciences, technologies et santé bénéficient de conditions d’insertion bien meilleure que les titulaires d’un master en lettres, langues et arts, quel que soit le critère de comparaison retenu, y compris, dans cet exemple, celui du niveau des emplois occupés.
Accès à l’emploi et conditions d’embauche moins favorables pour les diplômés issus d’un milieu social moins favorisé
Les diplômés de master issus d’un milieu social moins favorisé ont en moyenne plus de mal à trouver un emploi que les autres: le taux d’insertion de ceux qui ont bénéficié d’une bourse sur critères sociaux pendant leur dernière année d’études est de 89% contre 92% pour les autres.
Leurs conditions d’embauche sont également moins favorables: ceux qui sont en emploi sont moins nombreux à occuper un emploi de niveau cadre ou profession intermédiaire (86% contre 90%) ou un emploi à durée indéterminée (72% contre 75%). Les diffi cultés liées à l’origine sociale sont sensibles à des degrés divers dans pratiquement tous les domaines de formation.
Peut-être ces diplômés ont-ils tendance à accepter plus facilement des emplois qui ne correspondent pas à leur niveau d’études; ils disposent peut-être aussi d’un réseau relationnel moins susceptible de les aider dans leur recherche d’emploi.
Conditions d’embauche moins favorables pour les femmes
Trente mois après l’obtention du master, les femmes, qui représentent un peu plus de la moitié des diplômés dans le champ de l’enquête, ont un taux d’insertion moyen très légèrement inférieur à celui des hommes: 91% contre 92% pour ces derniers. Cette petite différence, toutefois, est entièrement expliquée par le fait que les femmes sont largement majoritaires dans les filières moins porteuses puisqu’elles représentent 80% des diplômés en lettres, langues, arts et 73% des diplômés en sciences humaines et sociales, contre 56% en moyenne.
En revanche, leurs conditions d’embauche sont sensiblement moins favorables que celles des hommes: moins d’emplois de niveau cadre ou profession intermédiaire (86% contre 93%), moins d’emplois stables (70% contre 80%), moins d’emplois à temps plein (92% contre 97%). Cette fois les différences ne s’expliquent pas par leur prédominance dans les filières moins porteuses puisqu’elles sont sensibles, à des degrés divers, dans toutes les filières. La détention d’un second diplôme de niveau bac +4 ou plus est un atout certain 9% des diplômés de master détiennent un autre diplôme de niveau bac +4 ou plus: diplôme d’école de commerce ou de gestion, diplôme d’ingénieur, diplôme spécifique au droit (CAPA…), diplôme d’État des filières de santé ou diplôme d’un Institut d’études politiques. La détention d’un tel diplôme est un atout certain pour l’accès à l’emploi: les diplômés dans ce cas voient leur taux d’insertion augmenter de 4 points à 95% contre 91% pour les autres. Leurs conditions d’embauche sont également plus favorables puisque 95% de ces diplômés obtiennent un emploi de niveau cadre ou profession intermédiaire contre 88% pour les autres.
44% des diplômés de master travaillent à l’extérieur de leur région d’origine
Dans 44% des cas, l’emploi qu’un diplômé de master occupe trente mois après l’obtention de son diplôme ne se situe pas dans la région de son université d’origine. Les diplômés concernés se dirigent massivement vers la région Île-de-France qui accueille à elle seule 30% des diplômés en emploi ayant quitté la région de leur université. Par ailleurs, 15% d’entre eux occupent un poste à l’étranger.
La mobilité varie sensiblement d’une région à l’autre. Les diplômés du Nord-Pas-de-Calais sont moins nombreux que les autres à quitter leur région (41%). Ils y trouvent facilement du travail – leur taux d’insertion moyen est un des meilleurs en France (93% contre 91% en moyenne) – car cette région est également celle qui attire le moins de diplômés de l’extérieur (18% seulement des emplois occupés). À l’opposé, c’est en Poitou-Charentes que les diplômés sont les plus nombreux à quitter leur région puisqu’un quart seulement d’entre eux y travaillent.
La mobilité des diplômés de DUT et de LP est moins élevée que celle des diplômés de master: les pourcentages de diplômés en emploi ayant quitté leur région d’origine sont respectivement de 30% et 38% pour ces deux diplômes.
Les deux tiers des diplômés de master sont en emploi dans une entreprise privée Les deux tiers des diplômés de master sont en emploi dans une entreprise privée. Les diplômés de droit-économie-gestion et de sciences, technologies et santé sont même trois sur quatre à être dans ce cas. La proportion est moindre dans les domaines des lettres, langues et arts et des sciences humaines et sociales. Dans ces domaines, les diplômés sont plus nombreux à intégrer la fonction publique, mais cette différence n’est pas la seule. En sciences humaines et sociales, une personne sur cinq travaille dans une association, deux fois plus que la moyenne. En lettres, langues et arts, une personne sur dix est à son compte, une proportion trois fois plus élevée que la moyenne.
Parcours d’entrée dans la vie active
La durée du stage qui termine l’année de M2 conduit souvent à reporter la validation du diplôme de master aux mois de septembre ou d’octobre, parfois même plus tard. Un tiers seulement des diplômes de master sont validés avant le mois de septembre, la moitié d’entre eux le sont au cours de ce mois. Malgré ce décalage, un tiers des diplômés ont trouvé du travail entre juillet et septembre 2008. Un tiers commencent à travailler dans les trois mois qui suivent, entre octobre et décembre 2008. Au bout de huit mois, en février 2009, les trois quarts ont trouvé du travail. On atteint 90% en septembre 2009. Une toute petite minorité – 1% du total – n’ont toujours pas décroché un premier emploi au 1er décembre 2010. Un quart d’entre eux semblent avoir différé leur entrée dans la vie active car ils déclarent avoir entamé leurs recherches depuis moins d’un an. Mais la moitié a commencé à chercher du travail dès l’obtention du diplôme en 2008 et est donc au chômage depuis plus de deux ans. 40% des diplômés dans ce cas bénéficiaient d’une bourse sur critères sociaux la dernière année de leurs études, contre 25% en moyenne sur l’ensemble des diplômés de master. Un diplômé de master issu d’un milieu social défavorisé a ainsi deux fois plus de risques de n’avoir occupé aucun emploi au cours des trente mois suivant son entrée dans la vie active qu’un jeune issu d’un milieu social plus favorisé.
