M. Baslé, J-M. Dubois, Bref , n° 296-2 , 2012 , 4p. Longtemps protégés du chômage, les étudiants scientifiques doivent aujourd’hui se préoccuper de préparer leur insertion.
Le projet Science Insert, retenu parmi les projets financés par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, les outille dans cet objectif. La méthode retenue pour son évaluation, dite des doubles différences, permet de montrer que les actions de sensibilisation élaborées dans ce cadre sont appropriées.
Télécharger la publication. Les étudiants scientifiques à l’université ont longtemps semblé à l’abri des difficultés d’insertion. Dans certaines disciplines, comme les sciences de l’ingénieur, la mécanique, l’informatique et l’électronique, l’insertion y était même comparable à celle des écoles d’ingénieurs. Les étudiants des sciences dites fondamentales s’orientaient souvent quant à eux, vers l’enseignement, ou s’inscrivaient en doctorat pour préparer une carrière de chercheur ou d’enseignant-chercheur.
Or, depuis le milieu des années 1990, plusieurs facteurs concourent à la désaffection des étudiants pour les carrières scientifiques: diminution du nombre d’admis aux concours d’enseignement, expansion continue des filières technologiques, concurrence des écoles, ou encore manque d’avantage décisif, perceptible au départ, du doctorat par rapport aux diplômes d’ingénieur. Le colloque de Palaiseau en 2005 rend bien compte de cette situation.
Certaines universités à dominante scientifique ont ainsi été incitées à développer des actions innovantes pour améliorer l’attractivité de ces filières. Ces actions prennent différentes formes: sensibilisation à l’insertion professionnelle des étudiant(e)s, suivi de cette insertion, création d’annuaires des diplômés etc. L’université de Rennes 1 s’est engagée dans la voie des innovations « de sensibilisation » auprès de ses 1 600 étudiants de masters scientifiques, en mettant en oeuvre un dispositif de préparation à une «insertion améliorée ». Ce projet, intitulé Science Insert, comporte trois dimensions. La première introduit une innovation organisationnelle avec la création d’un nouveau service unique d’aide à l’orientation et à l’insertion. La deuxième est une innovation de type « ouverture sur l’emploi », et vise l’intervention renforcée de professionnels dans les formations. Enfin, la dernière innovation est instrumentale, et fournit un outillage aux étudiants de masters dans leurs démarches d’insertion professionnelle. Science insert est un projet précurseur de ce type d’innovations.
Retenu dans le cadre des projets financés par le Fonds d’expérimentation sociale (FEJ), ce projet a été assorti d’une évaluation dite « embarquée » pour mesurer les effets de ces trois types d’innovations sur l’acculturation à l’insertion professionnelle des étudiants issus de filières scientifiques. L’évaluation « embarquée » présente la particularité de se dérouler tout le long du projet, dans le temps même de l’action. Ici, c’est la méthode non expérimentale dite des doubles différences, couplée à une économétrie de variables qualitatives, qui permet d’observer et de mesurer si le changement d’acculturation des étudiants scientifiques à l’insertion professionnelle peut être attribué à certaines
réalisations du programme.
L’application de cette méthode montre que les bénéficiaires d’innovations réalisées selon les protocoles de type Science Insert identifient mieux ex post les outils de professionnalisation, ce qui rend ces protocoles de sensibilisation des étudiants scientifiques à l’insertion professionnelle dignes d’intérêt.
Des masters scientifiques à la recherche d’attractivité Á partir du milieu des années 1990, le nombre d’inscriptions dans les disciplines scientifiques a commencé à diminuer, mettant en lumière une certaine désaffection des étudiants pour ces filières. Les transformations de l’offre de formation, conjuguées à des changements sociodémographiques affectant la population étudiante, ont fait apparaître les études scientifiques comme de plus en plus difficiles. Un déplacement (non spécifique aux filières scientifiques) des étudiants des filières générales vers les filières professionnelles complétait l’explication.
L’université de Rennes 1, avant même le lancement de Science Insert, avait pris des initiatives visant à renforcer l’attractivité des filières scientifiques: professionnalisation des masters, transformation de certains masters à finalité recherche en masters à finalité professionnelle et recherche, augmentation du nombre et de la durée des stages obligatoires. Il convenait donc en 2010 d’encourager ces innovations vers plus de professionnalisation des formations. La première nouveauté pour les 1 600 étudiants de masters scientifiques potentiellement concernés, a été l’ouverture des dispositifs aux partenaires extérieurs à l’université.
Une expérimentation bâtie avec des partenariats innovants L’objectif du projet Science Insert était de tester les effets de la mise en place de différentes actions visant la mobilisation des acteurs, la sensibilisation des étudiants à la thématique, et donc - si possible - l’amélioration à moyen terme de leur insertion professionnelle.
Pour professionnaliser l’offre de services en direction des étudiants, l’expérimentateur a cherché à fédérer les savoir-faire internes et externes à l’université. Pour cela, il a choisi de renforcer les partenariats institutionnels de l’université avec les branches professionnelles, les entreprises et les acteurs de l’insertion. La mobilisation de
l’ensemble des services internes de l’université ayant tissé des relations étroites avec l’environnement économique a été nécessaire, ainsi que, celle des responsables de filières et, enfin, il ne faut pas les oublier, celle des étudiants. Ce « cluster de compétences » a proposé plusieurs actions, ou réalisations, concrètes:
- le lancement d’une plateforme numérique d’insertion professionnelle et de relations entreprises (TRIPTIK) à destination de trois publics étudiants/diplômés/entreprises et proposant des fonctions dédiées: applicatifs avec accès réservé (dépôt et consultation des offres de stages et d’emplois, dépôt et consultation de CV d’étudiants authentifiés par l’université, annuaire des diplômés), guides des diplômes, fiches outils et conseils pour aider les étudiants et diplômés à construire leur projet professionnel, webographies détaillées, enquêtes sur les métiers exercés par les diplômés de l’université.
- la mise en place dans de nombreuses formations de modules de techniques de recherche d’emplois et/ou de stages (TRE/TRS) permettant d’accompagner les étudiants dans la définition de leur projet professionnel et dans leur stratégie de recherche de stage et d’emploi avec les outils de CV et lettres de motivation nécessaires.
- l’organisation d’un forum des masters scientifiques, lieu de rencontres privilégié entre étudiants, enseignants et entreprises ciblées en fonction de leur secteur d’activité. Des propositions directes d’offres de stages et d’emplois sont faites aux étudiants, leur permettant de mettre en oeuvre les enseignements pratiques acquis au cours des modules TRE/TRS.
L’originalité d’un tel projet est d’avoir eu recours à des compétences extérieures à l’université, notamment pour les coachs/consultants recrutés pour animer les modules TRE/TRS. En outre, la mise en oeuvre d’un service plus individualisé a permis d’adapter les compétences extérieures au plus près des besoins des étudiants.
Une évaluation par la méthode des doubles différences Au départ, le protocole choisi était celui d’une évaluation quasi-expérimentale en recourant à la méthode des groupes de comparaison ex-ante et ex-post: deux groupes de mentions (parmi 12) sont formés par tirage au sort, chacun bénéficiant d’un programme spécifique. Dans les faits, les conditions quasi-expérimentales de réalisation du programme Science Insert sont apparues difficiles à créer. D’une part, la mise en place des modules TRE/TRS s’est faite au cas par cas en fonction des actions existantes et de l’intérêt que leur portaient ou non les responsables pédagogiques. D’autre part, les autres réalisations (forum, annuaire, plateforme) sont devenues accessibles à l’ensemble des étudiants, ce qui ne permettait plus de distinguer les bénéficiaires des non bénéficiaires. La méthode d’évaluation finalement choisie, dite des doubles différences, a tenu compte des réalités du contexte et de l’organisation des masters.
La méthode des doubles différences présente de multiples avantages. En recourant à l’économétrie de variables qualitatives et notamment au test du probit, elle permet d’attribuer, ou non, l’évolution des indicateurs liés à la connaissance de l’insertion professionnelle aux réalisations entre t0 et t1 pour chacun des quatre groupes identifiés. D’autre part, elle permet d’apprécier si l’évolution de ces mêmes indicateurs est significative selon que les étudiants ont bénéficié ou non de chacune des réalisations.
Premiers enseignements Á ce jour, deux principaux enseignements ont été tirés. D’une part, l’ensemble des étudiants montrait, au départ, une relative méconnaissance des conditions d’accès à l’emploi, et identifiait des besoins réels en termes d’accompagnement et d’aide à l’insertion professionnelle. L’analyse a permis de mettre en évidence, à l’issue de la première année d’expérimentation, une meilleure identification des outils et des acteurs liés à leur insertion professionnelle, attribuable aux réalisations dont ils ont bénéficié.
D’autre part, le programme a fait émerger le besoin de « spécialistes » de l’insertion. À l’issue des différentes actions, les étudiants considèrent davantage les conseillers du service d’orientation (SOIE) comme les interlocuteurs les plus à même de les conseiller ou de les informer sur de nombreuses problématiques liées à leur insertion professionnelle. Ce repérage des spécialistes se fait au détriment des enseignants, qui restent pourtant leurs principaux référents en la matière.
D’une manière générale, les étudiants soulignent l’intérêt des différentes réalisations mises en place par le SOIE, qu’ils perçoivent comme des réponses adaptées à leurs besoins. Beaucoup cependant affirment qu’elles arrivent trop tardivement.
Il faut donc également compter avec un « effet calendrier » de l’acculturation des étudiants scientifiques à l’insertion professionnelle. Le projet d’insertion se construit sur deux ans: à la fin de la première année, l’étudiant choisit d’une spécialité sur laquelle il joue l’admission en M2, et ce n’est qu’à la fin de la seconde année qu’il vise le stage et l’entrée dans la vie active. Ces préoccupations immédiates, d’abord liées à la réussite au diplôme - mais aussi au financement des études pour certains d’entre eux - conduisent les étudiants à différer le moment où ils s’investiront réellement dans des actions liées à leur future insertion professionnelle. Les innovations de type Science Insert pendant le master sont donc les premiers jalons d’un processus progressif.
Mr. Basel, JM. Dubois, Kort, nr. 296-2, 2012, 4p. Lang beskyttet arbejdsløshed, skal studerende i naturvidenskab nu beskæftiger sig med forberedelse af deres integration.
Den foreslåede Science Indsæt, blandt de projekter, der finansieres af eksperimentet for unge, ruster til dette formål. Den anvendte metode for sin vurdering, kendt som dobbelt forskelle, kan vise, at bevidstheden er udviklet inden for denne ramme er passende. Download publikationen.
Studerende i naturvidenskab på universitetet har længe syntes immune over for problemer med integration. I nogle discipliner, ligesom teknik, mekanik, computere og elektronik indsættelsen var der endda sammenlignelig med tekniske skoler. Science studerende bevægede sig ofte kaldet afgørende for deres vedkommende, til uddannelse, eller var en del af ph.d.-forberedelse til en karriere inden for forskning eller forskning professor.
Men siden midten af 1990'erne, flere faktorer bidrager til elevernes faldende interesse for en videnskabelig løbebane: færre optaget til undervisningen konkurrence, fortsat udvidelse af teknologigrupper, skoler konkurrence, eller mangel på fordel afgørende, mærkbare i første omgang, i forhold til de ph.d.-tekniske grader. Den konference på Palaiseau i 2005 er godt klar over denne situation. Mere...