De l’égalité d’accès à la formation continue
Par Paul Santelmann, Responsable de la Prospective à l’AFPA. Il semble que le gouvernement s’engage vers un droit universel d’accès à la formation des adultes qui permettrait notamment aux chômeurs de ne plus être des citoyens de seconde zone par rapport aux salariés. Si le salarié dispose en matière de droit à la formation du congé individuel de formation, du DIF et même du contrat de sécurisation professionnelle en cas de plan social, le demandeur d’emploi n’est pas maître de sa décision d’entrer en formation. C’est en fonction de sa difficulté à retrouver un emploi qu’il est incité à accepter une formation financée par Pôle Emploi ou le Conseil régional. Cette situation s’apparente à l’obligation du salarié de suivre les formations décidées par son employeur dans le cadre du plan de formation. Cette situation a d’ailleurs comme conséquence que moins on est qualifié plus on est soumis aux injonctions en matière d’accès à la formation!
La notoriété et l’efficacité des organismes de formation des adultes s’est construite historiquement sur la base de l’adhésion volontaire des stagiaires, leur degré de satisfaction et la reconnaissance par les entreprises de la qualité des formations mises en œuvre. La déconstruction, dans les années 70 et 80, de cette relation de confiance entre organismes de formation, formés et entreprises au profit d’un système de prescription en matière d’accès à la formation a été un élément majeur de déstabilisation et d’affaiblissement de l’ensemble de l’appareil de formation dédié aux moins qualifiés. Une situation qui ne concerne que de façon marginale les organismes s’adressant aux cadres et aux managers qui échappent largement aux logiques prescriptives…
Dans une société où la division du travail induit de nombreuses disparités et inégalités entre catégorie socioprofessionnelles, il est temps de considérer que la liberté de décision en matière d’usage de la formation est une manifestation d’égalité citoyenne. Par contre l’entretien d’un appareil de formation de qualité dédié aux moins qualifiés nécessite des mécanismes financiers compensateurs et des priorités quant à l’usage des prélèvements obligatoires qui fondent notre système de formation continue qui a essentiellement bénéficié aux salariés les plus diplômés et les plus qualifiés… C’est sur un redéploiement de ces financements que l’on pourra construire un droit d’accès libre à la formation qualifiante pour les ouvriers et les employés qu’ils soient en emploi ou au chômage.
