30 juin 2012
Les confusions à propos des pédagogies actives
Par Paul Santelmann, Responsable de la Prospective à l’AFPA. Le faible investissement en matière de recherche appliquée en formation professionnelle des adultes depuis quelques décennies a abouti à une floraison de représentations approximatives sur les méthodes de formation des jeunes en insertion et des adultes peu qualifiés. Les injonctions péremptoires sur les pédagogies actives, participatives, sur les démarches d’autoformation accompagnée ou d’espaces d’apprentissage autonome, sont remplies de bonnes intentions mais colportent de nombreuses confusions et illusions.
D’abord, il faut rappeler que toute formation professionnelle intensive centrée sur des objectifs précis et opérationnels, dans des délais resserrés et fondée sur une pédagogie active en situation n’est pas une solution:
- Pour les publics qui veulent reprendre leurs études pour des raisons d’élargissement de leur culture personnelle ou professionnelle. Le cadre éducatif classique est beaucoup plus adapté à ce type de situations.
- Pour les populations qui ont socialement « décroché ». En effet les pédagogies de l’action sont doublement contraignantes car elles mobilisent une « énergie cognitive » plus intense que l’exercice d’un travail que l’on maîtrise ou qu’un apprentissage plus théorique. Pour ces publics c’est le rapport au travail qu’il faut préalablement (re)construire.
Les théories qui considèrent les pédagogies actives, mises en œuvre en formation professionnelle, comme plus adaptées aux personnes qui ont des difficultés scolaires font un contre-sens manifeste dès lors qu’elles supposent que ces démarches sont moins coûteuses que les modalités classiques d’enseignement. En fait, les pédagogies actives ne sont pas seulement applicables à la formation professionnelle mais à tout type de discipline (philosophie ou mathématiques) et à tout type d’objectif de formation, elles nécessitent cependant plus de temps de préparation, plus de temps de formation, des groupes d’apprenants restreints, des ressources sophistiquées, des formateurs expérimentés, bref un éventail de conditions et de ressources sous-tendues par une ingénierie de formation solide. On est loin du stage-parking occupationnel pour public « en difficulté » !
Les pédagogies actives n’excluent pas la théorie mais la repositionnent dans une logique de réflexion par rapport à l’action. Elles permettent de motiver certaines personnes mais certainement pas au prix de contraintes moindres qu’un enseignement plus directif ou magistral. Bien au contraire, elles obligent à une vérification collective et concrète des acquis (ce qui nécessite plus d’implication du formateur et des apprenants) et une dynamique collective qui entretient les motivations.
En ce qui concerne les publics en rupture avec l’engagement professionnel, il n’y a pas de solutions pédagogiques miracle qui permettraient d’obtenir à moindre coût ce que les enseignements plus classiques ne sont pas parvenus à réaliser. La remise en situation de travail accompagnée est beaucoup plus adaptée pour cette population qui a besoin de redonner du sens aux rapports de production, aux engagements qu’implique l’activité de travail et surtout à vérifier concrètement leurs aptitudes et leurs capacités spontanées… L’alternance formative peut combiner des apprentissages opérationnels et des mises en situation de travail mais ça nécessite des méthodes efficaces, un climat de coopération et de confiance avec les entreprises et certainement pas une approche laxiste de la formation professionnelle… Un laxisme entretenu par l’absence de suivi et d’évaluation des pratiques de formation et de leurs résultats.
By Paul Santelmann, Head of Forecasting at the AFPA. The low investment in research in applied vocational training for adults in recent decades has led to a flowering of approximate representations of the training methods of young adults with low insertion and qualified. Peremptory injunctions on active teaching methods, participatory, self-training on the procedures with or autonomous learning spaces are filled with good intentions but many peddle illusions and confusions.
First, we must remember that any intensive training focused on specific objectives and operational, and in shorter time-frames based on active learning situations is not a solution. More...
- Pour les publics qui veulent reprendre leurs études pour des raisons d’élargissement de leur culture personnelle ou professionnelle. Le cadre éducatif classique est beaucoup plus adapté à ce type de situations.
- Pour les populations qui ont socialement « décroché ». En effet les pédagogies de l’action sont doublement contraignantes car elles mobilisent une « énergie cognitive » plus intense que l’exercice d’un travail que l’on maîtrise ou qu’un apprentissage plus théorique. Pour ces publics c’est le rapport au travail qu’il faut préalablement (re)construire.
Les théories qui considèrent les pédagogies actives, mises en œuvre en formation professionnelle, comme plus adaptées aux personnes qui ont des difficultés scolaires font un contre-sens manifeste dès lors qu’elles supposent que ces démarches sont moins coûteuses que les modalités classiques d’enseignement. En fait, les pédagogies actives ne sont pas seulement applicables à la formation professionnelle mais à tout type de discipline (philosophie ou mathématiques) et à tout type d’objectif de formation, elles nécessitent cependant plus de temps de préparation, plus de temps de formation, des groupes d’apprenants restreints, des ressources sophistiquées, des formateurs expérimentés, bref un éventail de conditions et de ressources sous-tendues par une ingénierie de formation solide. On est loin du stage-parking occupationnel pour public « en difficulté » !
Les pédagogies actives n’excluent pas la théorie mais la repositionnent dans une logique de réflexion par rapport à l’action. Elles permettent de motiver certaines personnes mais certainement pas au prix de contraintes moindres qu’un enseignement plus directif ou magistral. Bien au contraire, elles obligent à une vérification collective et concrète des acquis (ce qui nécessite plus d’implication du formateur et des apprenants) et une dynamique collective qui entretient les motivations.
En ce qui concerne les publics en rupture avec l’engagement professionnel, il n’y a pas de solutions pédagogiques miracle qui permettraient d’obtenir à moindre coût ce que les enseignements plus classiques ne sont pas parvenus à réaliser. La remise en situation de travail accompagnée est beaucoup plus adaptée pour cette population qui a besoin de redonner du sens aux rapports de production, aux engagements qu’implique l’activité de travail et surtout à vérifier concrètement leurs aptitudes et leurs capacités spontanées… L’alternance formative peut combiner des apprentissages opérationnels et des mises en situation de travail mais ça nécessite des méthodes efficaces, un climat de coopération et de confiance avec les entreprises et certainement pas une approche laxiste de la formation professionnelle… Un laxisme entretenu par l’absence de suivi et d’évaluation des pratiques de formation et de leurs résultats.

First, we must remember that any intensive training focused on specific objectives and operational, and in shorter time-frames based on active learning situations is not a solution. More...
Commentaires