30 juin 2011
Le doctorat nouveau est arrivé
Par Olivier Rollot. "Un modèle où le doctorat sera le diplôme phare et la recherche un moteur", c'est ainsi que Valérie Pécresse, alors ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, prônait le développement du doctorat en France dans un entretien paru en janvier dans notre hors-série "Le Guide des masters et MBA".
A cet effet, et sous l'impulsion de la Confédération des jeunes chercheurs, le ministère a créé des contrats doctoraux qui ouvrent différents droits dont ceux à la retraite et attestent d'au moins trois ans d'expérience professionnelle dans le public ou le privé. "Reste à ce que cette formation par la recherche soit reconnue dans les conventions collectives. Les entreprises doivent mieux reconnaitre les connaissances et les compétences qu'il y a derrière le doctorat", insistait encore la ministre.
Des compétences à valoriser
Et pour que les docteurs soient encore plus pros, les universités leur demandent aujourd'hui de suivre des cours pour compléter leurs compétences disciplinaires. "Depuis l'année dernière, nous avons rendu obligatoires des cours d'anglais pour nos 390 doctorants, explique ainsi Pauline Dreux-Palassy, qui dirige le département de la recherche et de la valorisation de l'université de Cergy-Pontoise. Certains, notamment dans les sciences expérimentales ont un excellent niveau mais d'autres, notamment en droit, ont moins l'occasion de pratiquer l'anglais. Il nous fallait imposer à tous d'acquérir un niveau suffisant pour s'intégrer ensuite sur le marché du travail."
Même volonté à l'université de Nantes (1400 doctorants), où chaque doctorant suit 100 heures de cours dont la moitié est disciplinaire et l'autre consacrée à la rédaction d'un CV ou au montage d'un projet financier. "Avec le soutien de l'Intelli'agence (ex-association Bernard Grégory), nous organisons aussi des 'Doctoriales' dans le cadre desquelles nos doctorants de toutes disciplines travaillent ensemble sur des projets innovants susceptibles d'intéresser des entreprises", explique Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique.
Les doctorants peuvent également réaliser une mission complémentaire, dite "doctorants expert", pour laquelle ils consacrent 32 jours de travail à une entreprise de la région. "C'est un dispositif peu coûteux et très efficace pour qu'une entreprise et un doctorant apprennent à se connaître", insiste Agnès Florin.
Comment amener les ingénieurs vers le doctorat ?
Si les ingénieurs bénéficient en France d'une grande aura, un petit séjour en Allemagne les déçoit vite quand ils se rendent compte qu'ils passent derrière les ingénieurs-docteurs. Et c'est le cas dans beaucoup d'autres pays. Les grandes écoles d'ingénieurs mettent donc aujourd'hui tout en œuvre pour pousser leurs élèves à poursuivre leur cursus trois ans de plus. "A l'ESTP, nous avons aujourd'hui 15 thésards en contrat Cifre dans le cadre de notre Institut de la constructabilité mais aucun n'est encore ingénieur de l'ESTP, explique Florence Darmon, la directrice de l'école parisienne spécialisés dans le bâtiment et les travaux publics. Pour les motiver à poursuivre leur cursus, nous devons obtenir des entreprises qu'elles les rémunèrent au même niveau que des salariés." Et elles devraient y trouver leur compte selon elle : "Avoir des ingénieurs chercheurs permettra aux entreprises de mieux faire communiquer ces deux mondes."
Une approche que reprend Olivier Fourure, directeur de la grande école d'ingénieurs aéronautique qu'est l'Isae de Toulouse (issue du rapprochement de l'Ensica et de Sup Aéro) : "Nous avons plus de 200 thésards dont 15 % issus des rangs de l'école. Mais ce chiffre monte depuis que nous initions, dès leur première année, nos élèves à la recherche en les amenant à aller dans nos laboratoires." Et d'insister : "Nous sommes un secteur qui a particulièrement besoin d'innovation et nos ingénieurs trouvent en thèse les méthodes qui permettront à notre industrie aéronautique de rester un leader mondial."
Un véritable 3e cycle de formation à la recherche
"Un docteur c'est quelqu'un de créatif, qui sait sortir du moule, qui arrive à se moduler en fonction des besoins de l'entreprise grâce à sa formation universitaire, confirme Pauline Dreux-Palassy. A nous de leur donner les armes pour faire valoir leurs qualités face aux ingénieurs. A les aider à passer d'un projet passionnel, leur thèse, à un projet professionnel." Et les thésards ont des compétences à faire valoir dont ils n'ont eux-mêmes peu conscience. "Dans le cas d'un scientifique, il aura par exemple appris à négocier avec des fournisseurs ou à faire du management ", reprend Pauline Dreux-Palassy.
La réputation des thésards de ne jamais finir leur thèse est aussi en passe d'être totalement dépassée. "Aujourd'hui en moyenne les thèses dans notre université durent un peu plus de quatre ans et nous travaillons pour arriver progressivement aux trois ans pour tous, ce qui n'est pas loin d'être le cas dans les disciplines scientifiques alors qu'on se rapproche plutôt des cinq ans en sciences humaines et sociales", commente Agnès Florin. Mais il faut aussi compter avec des personnes en activité auxquelles on donne plus de temps.
"Avec sa réduction à trois ans et l'obligation de suivre certains cours la thèse a changé de statut pour devenir un véritable troisième cycle de formation à la recherche, conclut Laurent Batsch, président de l'université Paris-Dauphine. Ce n'est plus l'œuvre d'une vie mais un apprentissage qui sera utile au doctorant, qu'il devienne lui-même enseignant-chercheur ou qu'il se destine à des services d'études en entreprise. L'image du 'doux rêveur' qui collait au thésard est totalement dépassée et on comprend bien maintenant que la thèse est une formation de l'esprit professionnalisante."
By Olivier Rollot. "A model where the doctoral degree will be the flagship and the search engine," is how Valerie Pécresse, Minister of Higher Education and Research, advocated the development of a PhD in France interview published in January in our special issue "The Guide to MBA and masters."
For this purpose, and under the leadership of the Confederation of young researchers, the Department has established doctoral contracts that open various rights including retirement and demonstrate at least three years professional experience in public or private ". remains that this research training is recognized in the collective agreements. Companies need to better recognize the knowledge and expertise is behind the doctorate," still insisted the minister. More...
Des compétences à valoriser
Et pour que les docteurs soient encore plus pros, les universités leur demandent aujourd'hui de suivre des cours pour compléter leurs compétences disciplinaires. "Depuis l'année dernière, nous avons rendu obligatoires des cours d'anglais pour nos 390 doctorants, explique ainsi Pauline Dreux-Palassy, qui dirige le département de la recherche et de la valorisation de l'université de Cergy-Pontoise. Certains, notamment dans les sciences expérimentales ont un excellent niveau mais d'autres, notamment en droit, ont moins l'occasion de pratiquer l'anglais. Il nous fallait imposer à tous d'acquérir un niveau suffisant pour s'intégrer ensuite sur le marché du travail."
Même volonté à l'université de Nantes (1400 doctorants), où chaque doctorant suit 100 heures de cours dont la moitié est disciplinaire et l'autre consacrée à la rédaction d'un CV ou au montage d'un projet financier. "Avec le soutien de l'Intelli'agence (ex-association Bernard Grégory), nous organisons aussi des 'Doctoriales' dans le cadre desquelles nos doctorants de toutes disciplines travaillent ensemble sur des projets innovants susceptibles d'intéresser des entreprises", explique Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique.
Les doctorants peuvent également réaliser une mission complémentaire, dite "doctorants expert", pour laquelle ils consacrent 32 jours de travail à une entreprise de la région. "C'est un dispositif peu coûteux et très efficace pour qu'une entreprise et un doctorant apprennent à se connaître", insiste Agnès Florin.
Comment amener les ingénieurs vers le doctorat ?
Si les ingénieurs bénéficient en France d'une grande aura, un petit séjour en Allemagne les déçoit vite quand ils se rendent compte qu'ils passent derrière les ingénieurs-docteurs. Et c'est le cas dans beaucoup d'autres pays. Les grandes écoles d'ingénieurs mettent donc aujourd'hui tout en œuvre pour pousser leurs élèves à poursuivre leur cursus trois ans de plus. "A l'ESTP, nous avons aujourd'hui 15 thésards en contrat Cifre dans le cadre de notre Institut de la constructabilité mais aucun n'est encore ingénieur de l'ESTP, explique Florence Darmon, la directrice de l'école parisienne spécialisés dans le bâtiment et les travaux publics. Pour les motiver à poursuivre leur cursus, nous devons obtenir des entreprises qu'elles les rémunèrent au même niveau que des salariés." Et elles devraient y trouver leur compte selon elle : "Avoir des ingénieurs chercheurs permettra aux entreprises de mieux faire communiquer ces deux mondes."
Une approche que reprend Olivier Fourure, directeur de la grande école d'ingénieurs aéronautique qu'est l'Isae de Toulouse (issue du rapprochement de l'Ensica et de Sup Aéro) : "Nous avons plus de 200 thésards dont 15 % issus des rangs de l'école. Mais ce chiffre monte depuis que nous initions, dès leur première année, nos élèves à la recherche en les amenant à aller dans nos laboratoires." Et d'insister : "Nous sommes un secteur qui a particulièrement besoin d'innovation et nos ingénieurs trouvent en thèse les méthodes qui permettront à notre industrie aéronautique de rester un leader mondial."
Un véritable 3e cycle de formation à la recherche
"Un docteur c'est quelqu'un de créatif, qui sait sortir du moule, qui arrive à se moduler en fonction des besoins de l'entreprise grâce à sa formation universitaire, confirme Pauline Dreux-Palassy. A nous de leur donner les armes pour faire valoir leurs qualités face aux ingénieurs. A les aider à passer d'un projet passionnel, leur thèse, à un projet professionnel." Et les thésards ont des compétences à faire valoir dont ils n'ont eux-mêmes peu conscience. "Dans le cas d'un scientifique, il aura par exemple appris à négocier avec des fournisseurs ou à faire du management ", reprend Pauline Dreux-Palassy.
La réputation des thésards de ne jamais finir leur thèse est aussi en passe d'être totalement dépassée. "Aujourd'hui en moyenne les thèses dans notre université durent un peu plus de quatre ans et nous travaillons pour arriver progressivement aux trois ans pour tous, ce qui n'est pas loin d'être le cas dans les disciplines scientifiques alors qu'on se rapproche plutôt des cinq ans en sciences humaines et sociales", commente Agnès Florin. Mais il faut aussi compter avec des personnes en activité auxquelles on donne plus de temps.
"Avec sa réduction à trois ans et l'obligation de suivre certains cours la thèse a changé de statut pour devenir un véritable troisième cycle de formation à la recherche, conclut Laurent Batsch, président de l'université Paris-Dauphine. Ce n'est plus l'œuvre d'une vie mais un apprentissage qui sera utile au doctorant, qu'il devienne lui-même enseignant-chercheur ou qu'il se destine à des services d'études en entreprise. L'image du 'doux rêveur' qui collait au thésard est totalement dépassée et on comprend bien maintenant que la thèse est une formation de l'esprit professionnalisante."

For this purpose, and under the leadership of the Confederation of young researchers, the Department has established doctoral contracts that open various rights including retirement and demonstrate at least three years professional experience in public or private ". remains that this research training is recognized in the collective agreements. Companies need to better recognize the knowledge and expertise is behind the doctorate," still insisted the minister. More...
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