17 décembre 2010
Former les seniors, un objectif à reformuler

Parmi les moyens visant à sécuriser les trajectoires professionnelles des individus, la formation vient en bonne place. Pour que son impact ne reste pas un voeu pieux, il faudrait faire de la formation un véritable outil de promotion, de reconversion ou de maintien dans l’emploi. Cela suppose des modalités à la hauteur des enjeux invoqués, et ce tout au long de la vie, surtout pour les moins qualifiés qui peinent plus que les autres à rester dans la course. Qu’en est-il aujourd’hui des effets de l’âge sur l’accès à la formation et sur le type de formations suivies?
En 2006, 44% des salariés ont accédé à la formation. Cette moyenne cache toutefois de nombreuses disparités parmi lesquelles celles liées à l’âge: le taux d’accès à la formation décroît à mesure que l’âge augmente, passant progressivement de 51% pour les moins de 30 ans à 28% pour les plus de 60 ans.
Les cadres de 50 ans se forment plus que les ouvriers de 30 ans
Dans l’ensemble, plus on vieillit moins on se forme. Certes, mais la formule ne s’applique pas dans les mêmes proportions quel que soit le profil du salarié. Si l’âge imprime clairement sa marque sur l’accès à la formation, il n’est qu’un facteur aggravant des inégalités qui partagent les salariés en fonction de la catégorie socioprofessionnelle.
Plus de la moitié des cadres âgés de 50 à 59 ans ont accédé à la formation au cours de l’année 2006 ; c’est le cas de 18 % des ouvriers aux mêmes âges. Ainsi, l’écart le plus marquant ne tient pas tant aux âges qu’aux catégories car, au final, les cadres de plus de 50 ans se forment plus que les ouvriers de moins de 30 ans. Le constat, déjà dressé dans d’autres enquêtes, est réaffirmé : l’accès à la formation est plus favorable aux plus qualifiés, et secondairement aux plus jeunes.
Les contrastes ne se limitent pas au seul accès à la formation. Ainsi le nombre de formations suivies au cours d’une année décroît avec l’âge et amplifie les inégalités: 14% des moins de 30 ans ont suivi trois formations ou plus, pour 10% des plus de 50 ans. Une fois de plus, l’âge ne vient jouer que comme facteur aggravant des inégalités liées à la catégorie socioprofessionnelle : parmi les plus de 50 ans, 23% des cadres ont suivi trois formations ou plus, contre seulement 2% des ouvriers. La différence vient jouer dès le début de la vie active: parmi les moins de 30 ans, 35% des cadres ont suivi trois formations au moins, contre seulement 5% des ouvriers.
La façon de se former divise également les salariés selon l’âge et cet aspect n’est pas négligeable. Alternance, cours et stages, auto-formation et formation en situation de travail (FEST) se différencient à maints égards. Les conditions d’apprentissage, le niveau de transférabilité des savoirs acquis, et surtout les coûts ne sont pas neutres. Ces dimensions jouent sur l’investissement consenti tant par les salariés que par leurs employeurs et n’ont pas les mêmes impacts sur la carrière.
Seule la part de cours et stages s’élève progressivement avec l’âge: de 67% pour les moins de 30 ans, elle passe la barre des 80% pour les plus de 50 ans.

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