Universités & Territoires n° 95
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"Vie étudiante et droit commun" par Nicolas Delesque, Directeur de la publication.
Dans les changements à l’œuvre de notre système d’enseignement supérieur, un aspect est resté le parent pauvre des priorités : la vie étudiante.
Recherche, regroupement, attractivité, réussite, immobilier, excellence, gouvernance ont, tour à tour été au centre des rapports, mesures et plans divers. La vie étudiante demeure à la traîne, elle est finalement évoquée de manière complexe au point de n’avoir plus aucun sens ou presque, sans priorités et objectifs définis.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’expression « Vie étudiante » n’existe pas dans Wikipédia. Il ne faut pas être devin pour imaginer que les différentes institutions et acteurs concernés n’auraient pas la même définition.
L’Observatoire de la Vie Étudiante du CNOUS se penche régulièrement sur les conditions matérielles des étudiants et nous livre régulièrement des don - nées précieuses sur la situation exact de ce milieu . Peut on résumer la Vie étudiante à ses conditions matérielles ?
Pourtant depuis quelques mois, la question de la vie étudiante arrive petit à petit sur le devant de la scène. Le rapport du PUCA de 2012 sur l’aménagement des sites Universitaires analysait la prise en compte des usages étudiants, la note du CAS de cet été essayait d’indiquer une méthode d’analyse des services à mettre en œuvre pour développer positivement cette vie étudiante, l’ORSU dans ces travaux, comme AnimaFac dans ses initiatives, soulignent régulièrement l’aspect positif de la participation à la vie étudiante dans l’acquisition de compétences utiles à la réussite universitaire,...
Enfin la loi sur l’ESR de cet été, même si les propositions des assises sur cette question ont été peu reprises, en favorisant la mise en œuvres et surtout la formalisation des relations entre les collectivités territoriales et les établissements, avec les contrats de sites et la prise en compte des différents schémas élaboré par les territoires, a montré l’attachement des élus locaux pour cette question.
Démocratisation et attractivité sont deux objectifs, aujourd’hui largement partagé. En effet, personne ne niera qu’une amélioration de l’accueil et de l’accompagnement des nouveaux étudiants pourrait avoir un impact direct sur les taux de réussite en Licence, et de la même manière que l’attractivité d’un établissement, et donc sa réputation, se fait aussi sur les souvenirs gardés par les « alumni » qu’ils ne manqueront pas de rappeler tout au long de leurs carrières.
Au vue des enjeux pour notre pays et nos territoires - qu’ont d’ailleurs compris les responsables des collectivités en multipliant les initiatives à leur échelle - il nous semblerait pertinent de trancher rapidement un débat lancinant : la politique de vie étudiante est-elle une politique publique particulière, et alors il faut en tirer les conséquence dans tous domaines concernés, ou juste un aménagement du droit commun ?
Autrement dit, peut on se contenter d’une adaptation de certaines politiques publiques jeunesses, sociales, logements, emplois... pour faire face aux enjeux que la France s’est fixée : plus de 50% d’une classe d’âge diplômé de l’enseignement supérieur et rester parmi les pays les plus attractifs au monde dans le marché de la mobilité internationale ?
La disparition annoncée ces derniers jours de l’AFIJ - comme d’ailleurs les questionnements autour de l’avenir du régime social étudiant – avec comme conséquence l’orientation de ses bénéficiaires vers le réseau des missions locales semble indiquer l’orientation choisie par le gouvernement. D’un coté, on affirme l’importance de la vie étudiante comme éléments stratégiques de développement de nos établissements, et de l’autre on assiste sans réagir à la liquidation judiciaire d’un acteur majeur de l’insertion des jeunes diplômés, émanant de l’ensemble des organisations étudiantes. Tout ceci nous paraît pour le moins contra - dictoire !
Suite aux prochains épisodes : la future loi sur le logement avec la création de règles spécifiques pour le logement étudiant ou juste une adaptation des règles du loge - ment social ? Et le nouvel acte de décentralisation avec enfin des prérogatives affirmées et une répartition clarifiée ou une simple sous traitante de l’impuissance publique ?
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