24 novembre 2019

Les Nations Unies et la paix

Accueil - Vie PubliqueLe maintien de la paix et de la sécurité internationales constitue le premier objectif des Nations Unies. Depuis 1948, la paix mondiale a certes été sauvegardée et l’ONU a permis le déploiement de 85 opérations de maintien de la paix. Pourtant, son bilan global reste mitigé.
En 1919 à Versailles, les rédacteurs du pacte de la Société des Nations (SDN) écrivaient qu’il importait « d’accepter certaines obligations de ne pas recourir à la guerre ». On ne saurait être plus courtois.
Un quart de siècle plus tard, au lendemain du second conflit mondial, les rédacteurs de la charte de l’Organisation des Nations Unies (ONU) usèrent d’un langage autrement radical. Ils s’affirmèrent « résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ».
Lors des négociations de Dumbarton Oaks, durant l’été 1944, comme à San Francisco, en 1945, personne alors ne s’y trompe. La guerre est le mal, et la paix, le bien. Et de la paix, bien absolu, les auteurs de la Charte ont une vision musclée. Plus...

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La construction européenne, fille plutôt que mère de la paix

Accueil - Vie PubliqueLe mouvement d’unité européenne, porté par le congrès de La Haye en 1948, aboutit d’abord à la création du Conseil de l’Europe en 1949. Mais le Conseil de l’Europe n’est pas une organisation de sécurité collective, il exclut d’ailleurs les questions de défense de sa compétence, même si la Convention européenne des droits de l’homme adoptée en 1950 constitue « un instrument constitutionnel de l’ordre public européen » (arrêt Loizidou c. Turquie de 1995).
Elle conserve de nos jours une portée majeure à travers toute l’Europe pour le respect des droits de l’homme. Malgré la création d’une assemblée parlementaire, le Conseil de l’Europe ne fonde cependant la coopération européenne que sur une base intergouvernementale.
La relance du projet européen par la méthode « communautaire » – déclaration Schuman de 1950, lancement de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951 – ne relève pas non plus d’une logique d’organisation de la sécurité collective. Certes, l’idée de Jean Monnet et de Robert Schuman est de rendre la guerre impossible entre les États membres, en mutualisant le contrôle du cœur de leur industrie de guerre.

Dès son lancement, la construction européenne ne se pense pas contre la guerre, mais à l’abri de la guerre.

Mais si la construction européenne a bien pour objectif la paix et la réconciliation entre les nations européennes après deux guerres fratricides et meurtrières, cela n’apparaît nullement dans les traités, qui ne parlent pas de défense et d’interdiction du recours à la force.
Dès son lancement, la construction européenne ne se pense pas contre la guerre, mais à l’abri de la guerre. La réalité des communautés, notamment de la Communauté économique européenne de 1957, consiste à développer le libre-échange, à organiser des coopérations économiques, à favoriser le progrès économique et social, dans la continuité du plan Marshall qui s’accompagne, sous la pression des États-Unis, de la création d’une Organisation européenne de coopération économique (OECE, 1948).
L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a affirmé ironiquement que Joseph Staline et Harry S. Truman étaient les véritables « pères fondateurs » de la construction européenne. L’Europe de l’Ouest s’unifie dans les années 1950 par crainte de la menace soviétique et sous la protection américaine, dans le cadre de la stratégie de l’endiguement (« containment »). C’est encore plus frappant dans le domaine de la défense, avec l’échec de la Communauté européenne de défense (1954) et la primauté de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pendant toute la guerre froide et jusqu’à nos jours.
À l’ombre de la protection américaine, le projet communautaire combine en réalité trois éléments :

  • une déclinaison régionale de certains principes universels de la sécurité collective (la régulation par le droit, le libre-échange, les droits de l’homme et la démocratie) ;
  • une actualisation des projets intégrateurs et supranationaux exprimant une civilisation européenne spécifique (héritée de la Chrétienté, comme on l’a vu, et accordant une place importante aux individus et aux politiques de solidarité) ;
  • et la constitution d’un pilier ouest-européen de l’Occident libéral transatlantique (comme l’exprime, le 4 juillet 1962, John F. Kennedy dans son « grand dessein » d’une communauté transatlantique à deux piliers).

L’extension de la construction européenne au champ politique a pourtant renforcé le lien entre sécurité collective et unification européenne. L’affirmation d’une action diplomatique européenne (la coopération politique européenne, 1970) puis d’une politique étrangère et de sécurité commune (traité de Maastricht, 1992) ne vise pas seulement à défendre les intérêts de l’Union européenne dans le monde, mais aussi à porter les valeurs de la sécurité collective :

  • la démocratie et les droits de l’homme ;
  • les principes des Nations Unies et du droit international ;
  • la paix et la sécurité internationale ;
  • le développement économique, social et environnemental ;
  • la suppression des obstacles au commerce, et plus largement le multilatéralisme (art. 21 TUE).

Dorénavant, l’Union européenne s’accroche aux principes du multilatéralisme comme le naufragé à son radeau.

Les opérations de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) qui sont déployées sur le terrain à partir de 2003 ont cette même vocation de contribuer à la paix, à l’État de droit, au développement. L’Union européenne a développé une coopération institutionnalisée avec l’ONU. Elle y déploie une action notamment à l’Assemblée générale et par ses politiques de développement.
Dorénavant, alors que le multilatéralisme est remis en cause à la fois par l’administration Trump, par les ambitions géopolitiques des grandes puissances non occidentales (Russie, Chine), par la montée des nationalismes, l’Union européenne s’accroche aux principes du multilatéralisme comme le naufragé à son radeau.
En même temps, l’Europe n’est jamais complètement sortie de la logique réaliste des rapports de force. L’OTAN n’a pas disparu après la fin de la guerre froide. La défense territoriale de l’Europe est toujours assurée par l’OTAN, comme l’affirment très explicitement les traités européens (art. 42-7 TUE). L’OTAN et les États-Unis ont joué un rôle clé pour mettre fin aux guerres de Yougoslavie dans les années 1990.
L’Europe de la défense qui s’est développée depuis se borne à des missions de stabilisation, d’observation, de formation, de soutien à l’État de droit. Elle n’a jamais vraiment lancé de missions coercitives. Et dans le développement des antagonismes mondiaux, avec la montée en puissance de la Russie et de la Chine, l’OTAN revient plus que jamais en force, avec tout le poids de la puissance américaine par derrière.
Depuis le début de la crise ukrainienne en 2014, c’est dans le cadre de l’OTAN, sous la pression des États-Unis, que les pays européens ont pris l’engagement de porter à 2 % du produit intérieur brut leur effort de défense. Et c’est l’OTAN qui a pris des mesures de « réassurance » et de « dissuasion » pour protéger les pays alliés les plus exposés, notamment les pays baltes, face à une potentielle menace russe. Plus...

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Les symboles de la paix - Le drapeau olympique aux cinq anneaux

Accueil - Vie PubliqueQue la SDN ne soit jamais parvenue à se doter d’un drapeau, alors que l’ONU en adopte un dès sa création est symptomatique de la difficulté des États européens de l’entre-deux-guerres à s’entendre pour faire respecter la paix mondiale.
Pourtant, des tentatives ont eu lieu à la fin des années 1920. Un drapeau éphémère a même été utilisé lors de la Foire internationale de New York en 1939-1940 : ses deux étoiles à cinq pointes au centre d’un pentagone bleu étaient censées représenter symboliquement les cinq continents.
À ce sujet, les archives de la SDN conservent la trace de deux courriers adressés en 1930 par le baron français Pierre de Coubertin (1863-1937) fulminant contre la décision du jury de l’Union des associations pour la SDN de primer un projet de drapeau et d’emblème « inspirés par ceux des Jeux olympiques : cinq anneaux enlacés représentant les cinq continents du monde unis par l’Olympisme rénové ».
Et Coubertin de préciser que « l’argument que la disposition des cinq anneaux est différente, cette fois, n’enlève en rien au fait que le symbolisme est emprunté directement à un emblème qui date de la restauration même des jeux olympiques il y a plus de trente-cinq ans et que le drapeau olympique institué en 1914 et portant cet emblème a depuis lors flotté dans tout l’univers ».
Par une ironie de l’histoire, ce drapeau olympique qui symbolise la paix par le sport est présenté à l’occasion du Congrès olympique de Paris tenu quelques jours à peine avant l’embrasement du premier conflit mondial. C’est pourquoi il n’est hissé pour la première fois dans un stade olympique qu’en 1920 à Anvers, cité-martyre de la Grande Guerre.
Son inventeur, Pierre de Coubertin, en précisera en 1931 la signification dans ses Mémoires olympiques : « Tout blanc avec les cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge, il symbolisait les cinq parties du monde unies par l’olympisme et reproduisait les couleurs de toutes les nations. »
Amateur de la chose militaire et de vexillologie, mesurant parfaitement le pouvoir émotionnel des blasons et des couleurs, Coubertin combine ici plusieurs registres symboliques : le drapeau blanc (c’est-à-dire le plus clair des gris) pour la cessation des combats, les cinq anneaux pour évoquer l’alliance des continents et signifier l’ambition mondiale de son projet, les couleurs pour démontrer que la paix par le sport est une paix des nations (liberal pacifism) contrairement à l’internationalisme socialiste qu’il combat.
De fait, le drapeau olympique ne prend sens que dans un rituel fixé de manière progressive et pragmatique entre 1900 et 1914 pour mettre à distance les États et les marchands de spectacle : défilé des athlètes par ordre alphabétique des nations, serment de fair-play, lâcher de colombes. Sa diffusion planétaire s’accélère à compter de la retransmission en mondovision des jeux olympiques d’été à Rome en 1960, puis de la commercialisation de la marque olympique à compter des années 1980.
La guerre froide sportive, tout comme l’utilisation du podium olympique par les nations du Sud et par les mouvements identitaires, ont augmenté la puissance émotionnelle et médiatique de ces mega-events et, par là-même, accru la reconnaissance mondiale des anneaux. D’après les experts en gestion des marques commerciales (branding), ils seraient devenus la deuxième marque le plus connue au monde… après Coca-Cola. Plus...

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Les symboles de la paix - Croix rouge et casque bleu ciel

Accueil - Vie PubliqueAlors que le drapeau blanc occidental se diffuse à l’échelle mondiale au fil des guerres des XIXe et XXe siècles, d’autres drapeaux et symboles sont imaginés en réaction, là encore, aux nouvelles capacités destructrices des armes : la croix rouge sur fond blanc (1864) et le drapeau bleu ciel de l’ONU (1945).
La première Convention de Genève d’août 1864 oblige les armées des États parties prenantes à prendre soin des soldats blessés de quelque camp qu’ils soient. Elle dispose que l’emblème unique pour les services médicaux des champs de bataille sera la croix rouge sur fond blanc.
Cette convention est adoptée sous la pression du Comité international de secours aux militaires blessés, fondé à Genève en février 1863 par cinq membres de la Société d’utilité publique genevoise, et bientôt rebaptisé Comité international de la Croix-Rouge. En proposant un envers du drapeau suisse, ces philanthropes protestants s’inscrivent dans la double tradition de la paix du Christ et de la neutralité énoncée par la Diète helvétique en 1674 puis reconnue internationalement en 1815 lors du Congrès de Vienne.
Si l’identité du créateur de la croix rouge reste incertaine, c’est à Henri Dunant (1828-1910) que revient l’idée d’attribuer l’autorisation de soigner les blessés de guerre à des organisations humanitaires fondées sur le principe de la neutralité et du volontariat.
En 1859, à l’occasion d’un voyage d’affaires en Lombardie, il avait découvert avec horreur le champ de bataille de Solferino, où plusieurs milliers de soldats blessés ou tués gisaient sans que personne ne s’en occupe. Issu d’une famille engagée avec dévotion dans des actions de bienfaisance, pénétré lui-même de l’idée de responsabilité sociale, il livre en 1862 son témoignage dans un ouvrage à succès intitulé « Un souvenir de Solférino » où il défend deux thèses :

  • d’une part, un militaire hors de combat du fait de ses blessures cesse d’être un ennemi ;
  • d’autre part, médecins et infirmiers peuvent dispenser des soins sans crainte d’être capturés.

Le succès international de la croix rouge – ses limites aussi sur le plan des compatibilités religieuses – se reflète dans la création du croissant rouge ottoman en 1876, du Lion-et-soleil rouge perse reconnu comme emblème en 1929 mais tombé en désuétude depuis la révolution islamique de 1979.
En revanche, l’étoile de David rouge n’est pas reconnue internationalement et la proposition d’un svastika bouddhique, qui rappelle par trop la croix gammée nazie, n’a pas non plus abouti. C’est pourquoi, depuis la signature en 2005 du troisième Protocole additionnel aux Conventions de Genève de 1949, le cristal rouge peut être utilisé par tout État signataire qui ne souhaite pas utiliser la croix ou le croissant, ce qui est le cas d’Israël.

Le drapeau onusien de 1947 est un pur produit de la guerre froide.

C’est en octobre 1947 que l’ONU adopte son drapeau bleu ciel dont le motif central est composé de rameaux d’olivier symbolisant la paix et entourant une mappemonde obtenue par projection équidistante azimutale centrée sur le pôle Nord. Ce drapeau diffère de la première version présentée lors de la Conférence fondatrice de San Francisco en juin 1945 qui organisait le monde de part et d’autre du méridien de New York, siège de l’ONU.
Parce qu’il est centré sur le méridien de Greenwich qui sert de référence internationale, le drapeau onusien de 1947 est donc un pur produit de la guerre froide. Il reste que la complexité de son dessin rend difficile sa reproduction sur les uniformes et les matériels des personnels engagés dans des opérations de maintien de la paix.
Aussi, lors de l’établissement en 1948 de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), les observateurs et médiateurs de l’ONU au Moyen-Orient se distinguent-ils par des brassards et des drapeaux colorés en bleu ciel tandis que leurs véhicules sont peints en blanc avec un immense sigle « UN » (United Nations) en noir sur les côtés et sur le toit.
Quant aux « soldats de la paix » s’interposant dans les zones de combat, ils ne seront dotés d’un casque bleu qu’en 1956 lors de leur première intervention sur le canal de Suez en tant que « Force d’urgence des Nations Unies » (FUNU I). Le secrétaire général Dag Hammarskjöld (1905-1961) avait d’abord proposé un béret bleu ciel reconnaissable de loin par les tireurs d’élite. Les stocks étant insuffisants, ce sont des casques américains qui furent repeints en urgence en bleu ONU. Plus...

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Les symboles de la paix - Chamade et drapeau blanc

Accueil - Vie PubliqueLe drapeau blanc est assurément le symbole de la paix le plus ancien et le plus universel. Son usage est fixé en 1899 par l’annexe à la Convention de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre. Plus précisément, son article 32 stipule qu’« est considéré comme parlementaire l’individu autorisé par l’un des belligérants à entrer en pourparlers avec l’autre et se présentant avec le drapeau blanc. Il a droit à l’inviolabilité ainsi que le trompette, clairon ou tambour, le porte-drapeau et l’interprète qui l’accompagneraient ».
On croit pouvoir rattacher l’origine du drapeau blanc aux mutations des formes de la guerre survenues à compter de la Renaissance. La multiplication des armes à feu en était venue à couvrir la chamade, la sonnerie de trompette ou l’appel de tambour émis par des assiégés pour signaler à l’ennemi leur intention de parlementer.
Si seul un signe visuel pouvait se substituer au signal sonore, encore fallait-il qu’il se distingue clairement des étendards colorés des régiments. Le choix s’est d’autant plus porté sur le blanc, défini comme le plus clair des gris, qu’un simple linge pouvait faire l’affaire, la seule confusion possible étant avec le drapeau du roi de France.
On en trouve trace dans « Le Droit de la guerre et de la paix » publié en 1625 par Huig de Groot dit Grotius (1583-1645) et dédicacé à Louis XIII. Le fameux théologien et juriste de Delft dans les Provinces-Unies y atteste l’usage du drapeau blanc comme « signe qu’on demande à parlementer », mais seulement après avoir donné une liste de « signes muets » qui, dans l’Antiquité, « obligeaient à mettre bas les armes » : les bandelettes mises autour de la tête et la branche d’olivier tenue en main pour les Grecs, la pique haussée pour les Macédoniens, et le bouclier sur la tête pour les Romains.
Après Grotius, les juristes du droit des gens vont disputer de savoir ce qui, en matière de guerre et de paix, relève du droit conventionnel et du droit coutumier. Dans « La Science du gouvernement. Ouvrage de morale, de droit et de politique » publié post-mortem en 1762-1764, Gaspard de Réal de Curban (1682-1752) considère que « les hérauts, les trompettes, les tambours, ne pas tirer sur l’ennemi pendant les chamades, ne pas faire prisonniers ceux des assiégeants qui viennent parlementer en conséquence du drapeau blanc que les assiégés ont arboré sont des usages établis à la guerre », et donc « forment un droit obligatoire à même de limiter et d’encadrer les actes de guerre ».
En revanche, dans son volumineux « Traité du droit naturel », publié de façon posthume en 1777, le professeur de droit à l’Académie de Lausanne Béat-Philippe Vicat (1715-1770) considère que la chamade et le pavillon blanc comme signes de demande de capitulation relèvent « tacitement » du droit conventionnel, tout comme le héraut d’armes envoyé pour déclarer la guerre. Plus...

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Les symboles de la paix

Accueil - Vie PubliqueDrapeau blanc, croix rouge, casques bleu ciel, colombe, rameau d’olivier, drapeau olympique ou aux couleurs de l’arc-en-ciel… les symboles de la paix ne manquent pas pour rendre visible le retour à la paix ou symboliser les luttes pour la paix.
La vexillologie (vexillum signifiant l’étendard des légions romaines) et la sémiologie des symboles comme des couleurs permettent de retracer une histoire qui fait la part belle aux États de l’Europe westphalienne, aux organisations intergouvernementales comme la Société des Nations (SDN) ou l’Organisation des Nations Unies (ONU), aux initiatives de paix nées du libéral-pacifisme des années 1860-1914 comme celles du Comité international de la Croix-Rouge ou bien du Comité international olympique (CIO).
À l’ère des images télévisées puis des flux de l’Internet et des réseaux sociaux, c’est-à-dire aussi après le second conflit mondial et après la fin de la guerre froide, d’autres symboles de paix ont été diffusés à l’échelle mondiale. Pêle-mêle, la colombe de la paix de Picasso (1949), le logo « Ban the bomb » de l’organisation britannique Campaign for Nuclear Disarmament (1958), le drapeau arc-en-ciel avec le mot italien PACE (1961), mais aussi les images de Gandhi, Mandela ou l’homme au char de la place Tian’anmen reproduites à l’infini sur posters et T-shirts. Plus...

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Paix et sécurité humaine : les défis à venir - Perspectives

Accueil - Vie PubliqueLa paix passait jadis exclusivement par une entente entre les États, avant même de devenir des États (traités de Westphalie), ou au plus fort de leur puissance comme unité d’analyse des relations internationales (congrès de Vienne de 1815, ou traités suivant la Première Guerre mondiale).
Elle passait encore, pendant la guerre froide (1947-1991), par des négociations entre États, accompagnées de garanties, de mécanismes de surveillance, de l’établissement de communication entre leaders – comme le « téléphone rouge » entre États-Unis et URSS après la crise des fusées de Cuba en 1962. Elle sembla un temps passer par une gouvernance mondiale incluant de plus en plus des acteurs de la société civile, au cours des années 1990 et 2000, ponctuée de grandes conférences onusiennes.
De nos jours, la paix semble dépendre du respect des populations. Est-ce là une conception naïve, aujourd’hui principalement européenne, comme une parenthèse destinée à se refermer, pour laisser le rapport de force militaire reprendre ses droits ? Incontestablement, plusieurs capitales autoritaires le souhaiteraient. Mais le sens de l’histoire, les nouvelles technologies et l’engagement international croissant des citoyens font que la sécurité humaine, comme meilleur instrument de préservation de la paix, a de beaux jours devant elle. Plus...

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Paix, sécurité et information

Accueil - Vie PubliqueOutre la sécurité physique et matérielle des populations, qui demeure une condition essentielle de la stabilité et de la paix, les développements technologiques récents ont donné lieu à de nouveaux types de menaces, d’apparence immatérielle et symbolique, mais devenus tout aussi prioritaires.
Les polémiques sur les infox (fake news), ou la circulation rapide de fausses nouvelles, souvent de nature à inciter à la haine, à semer la discorde ou le trouble, l’information globale, les nouveaux vecteurs d’expression individuels en ligne, rebattent les cartes des enjeux de sécurité.
La liberté d’informer, et le droit d’accès à une information ouverte, non manipulée et « sans considération de frontières » (déclaration universelle des droits de l’homme, article 19), doivent désormais être intégrés dans les réflexions sur la sécurité humaine, et donc sur la préservation de la paix.
Ils le sont déjà en grande partie dans le Pacte international des droits civils et politiques des Nations Unies (1966). Ils le sont également par le Conseil de l’Europe (article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme) ou par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (article 11, avec une rédaction voisine).
Or ces principes sont bafoués. Comme le rapportent régulièrement des acteurs comme Eutelsat – opérateur de satellites créé en 1977 comme organisation intergouvernementale, aujourd’hui société de droit français et opérant la diffusion de 7 000 chaînes de télévision –, les brèches politiques à l’accès à une libre information sont devenues un fléau moderne.
L’obligation faite aux opérateurs de satellites de télévision (45 000 chaînes transportées dans le monde) d’obtenir des autorités nationales (gouvernementales ou de régulation) des droits de diffusion – hormis dans l’Union européenne du fait de la directive Services de médias audiovisuels –, politise la question des communications et de l’information.
Le satellite, initialement instrument de liberté d’informer, est soumis à des entraves croissantes : législations nationales conditionnant la fourniture de services Internet par satellites, règles permettant aux gouvernements de contrôler les flux, d’identifier les émetteurs et récepteurs, d’obtenir l’interruption du service….
Les organismes chargés de la défense de la liberté de la presse, comme Freedom House, confirment cette tendance au recul de la liberté de l’information, allant jusqu’à l’emprisonnement ou au meurtre de journalistes. Depuis les pressions des talibans sur l’information en Afghanistan jusqu’aux menées des autorités russes pour empêcher le déploiement de microsatellites permettant une couverture du territoire, en passant par la multiplication des coupures d’Internet d’origine gouvernementale, ou les éditeurs chinois enlevés à Hong Kong, une régression est en cours.
Établir un lien aussi direct entre paix, sécurité et information-communication peut paraître exagéré. Ce lien apparaît pourtant à plusieurs niveaux. D’abord, lorsque l’information est entravée par l'État pour empêcher l’accès à un discours jugé déviant, entamant un bras de fer avec une population qui aura recours à des astuces techniques pour contourner cette censure (satellites, VPN…), et donc entrant inévitablement dans une logique de tension. Ensuite, lorsqu’une information volontairement erronée est émise par un État vers l’extérieur, pour déstabiliser une société donnée (principe des fake news) : une logique de confrontation internationale est alors déjà à l’œuvre.
Également lorsqu’une bataille fait rage sur le contrôle de l’accès à l’information, télévisée ou sur les réseaux sociaux, au moment où des mouvements de protestation ont lieu, comme dans les printemps arabes de 2011 (le gouvernement égyptien a tenté de fermer Facebook), à Taïwan en 2014 (mouvement des tournesols), à Hong Kong la même année (mouvement des parapluies) ou à nouveau en 2019.
Enfin, le contrôle de l’information est désormais intégré à une stratégie globale ou « hybride », combinant action militaire, action subversive et manipulation de l’information, comme dans le cas de la déstabilisation de l’Ukraine par la Russie après 2014. Plus...

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À la recherche de la « paix positive »

Accueil - Vie PubliqueLa paix positive, en tant que réconciliation et pacification durable, se distingue du cessez-le-feu provisoire, ou d’une paix maintenue par une interposition extérieure. Sa consolidation repose sur la reconstruction d’un lien de confiance, qui suppose le désarmement des groupes armés, et une formation des forces officielles de coercition à un maintien de l’ordre ordonné, sans abus, si possible sous contrôle démocratique. Ces impératifs ont des noms, des sigles, qui font l’objet d’un vaste marché de l’expertise.
La réforme du secteur de la sécurité (RSS) consiste à (re)construire un appareil sécuritaire dans un cadre éthique et déontologique vertueux, marqué par une bonne gouvernance démocratique. Elle fut développée dans les années 1990, lorsqu’il s’agissait de réformer des polices, des armées ou des services de renseignement des anciens pays du pacte de Varsovie appelés à rejoindre l'Union européenne.
La RSS est souvent opérée par des ONG ou des think tanks spécialisés, comme le Democratic Control of Armed Forces (DCAF) de Genève. Elle participe d’une logique libérale qui, au début des années 1990, rêvait d’un « brave nouveau monde », de paix assurée par ces techniques de construction de la sécurité humaine.
Il en va de même pour le « DDR », ou « désarmement, démobilisation, réintégration », visant à convertir à la paix les ex-combattants d’un pays en guerre, pour les transformer en participants actifs d’un processus de paix. En République centrafricaine (MINUSCA), au Darfour (MINUAD), en République démocratique du Congo (MONUSCO), en Haïti (MINUSTAH), au Mali (MINUSMA), au Soudan du Sud (MINUSS) et ailleurs, les Nations Unies développent ce concept.

La victoire à la Pyrrhus du régime syrien, l’échec de processus de paix en Palestine ou en Libye, les succès des talibans en Afghanistan, la déstabilisation de l’Ukraine, la reprise en main autoritaire de l’Égypte suscitent une crise du modèle de la sécurité humaine.

Plutôt que par des conférences ou traités interétatiques – ou en plus de ces outils –, on mise donc sur des programmes d’action par le bas, visant à améliorer directement le développement, le sort des populations au sein des sociétés civiles, pour garantir la paix.
Largement dominante jusqu’au début des années 2010, cette conception est en retrait aujourd’hui. Un camp occidental, amenuisé depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis, continue d’estimer que le nouveau réalisme consiste à combattre ces insécurités humaines, autrefois jugées secondaires. La paix procède de techniques, estime-t-on, visant à protéger une sécurité humaine garante à long terme de l’évitement des conflits.
Dans des régimes plus autoritaires, on continue de voir les relations internationales comme un rapport de force où seuls comptent le fait accompli et la victoire militaire à tout prix. Les dernières années ont donné des arguments à ces derniers. La victoire à la Pyrrhus du régime syrien soutenu par l’Iran et la Russie dans des combats générant des pertes civiles massives, l’échec de processus de paix – en Palestine, mais aussi plus récemment en Libye –, les succès des talibans en Afghanistan, la déstabilisation de l’Ukraine, la reprise en main autoritaire de l’Égypte, et bien d’autres exemples suscitent une crise du modèle de la sécurité humaine. Plus...

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Paix et sécurité humaine : les défis à venir - L’affinement du contenu de la sécurité humaine

Accueil - Vie PubliqueLa sécurité humaine a suivi en effet de nouvelles déclinaisons, plus fines. En plus d’un souci maintenu de sécuritisation de la population en général, il fallait préciser l’offre de réassurance en fonction des risques encourus pour plusieurs catégories distinctes d’individus.
La sécurité des femmes, des enfants, de différents types de réfugiés, de migrants, et d’autres encore, devaient faire l’objet d’un savoir-faire précis, développé régulièrement par des acteurs publics comme privés, et une littérature abondante.
Car chacun de ces groupes constitue, par sa vulnérabilité et son insécurité même, une menace à la sécurité régionale et globale. Les viols de guerre (500 000 dans le génocide rwandais en 1994), la vulnérabilité spécifique des femmes dans les situations de violence (y compris sans guerre, comme en Asie du Sud avec les phénomènes d’infanticides féminins, des suicides, ou des enjeux liés à la dote) déséquilibrent des sociétés, suscitent des traumatismes aux répercussions psychologiques, sociétales et politiques à long terme.
Le phénomène des enfants soldats (250 000 dans le monde en 2018 selon l’UNICEF) enrôlés de force et sujets à des maltraitances représente un autre facteur de déstabilisation, avec des incapacités durables qui empêchent une réinsertion et donc une reconstruction post-conflit, ou qui nourrissent des cycles ultérieurs de vengeance. On voit comment la question du retour ou du traitement des mineurs, combattants ou enfants de combattants enrôlés dans la guerre civile syrienne, pose problème à la région et aux pays dont ils sont ressortissants, depuis 2018.

Dans le monde, un migrant sur cinq se trouve aux États-Unis tandis que l’Inde, le Mexique et la Russie sont les principaux pays de départ.

Les migrations non choisies, pour des raisons économiques, politiques, environnementales ou autres, constituent un autre phénomène majeur des relations internationales de ce début de XXIe siècle. Les Nations Unies recensent 258 millions de migrants en 2017, soit des personnes vivant dans des pays où ils ne sont pas nés. Dynamique parfois positive dans la mesure où elle marque la mobilité des êtres humains ou l’ajustement aux évolutions économiques, la migration reste le plus souvent liée à des ressorts qui impliquent une insécurité.
D’abord, du fait des conséquences économiques et sociales qui affectent les pays de départ et les pays d’arrivée, générant des déséquilibres – un migrant sur cinq se trouve aux États-Unis tandis que l’Inde, le Mexique et la Russie sont les principaux pays de départ. Ensuite, parce que le transport de migrants se solde par des drames humains, comme depuis plusieurs années en Méditerranée, principale route migratoire vers l'Europe. Enfin, parce que l’arrivée à destination de ces migrants déclenche des controverses politiques, des divisions entre États partenaires.
L’arrivée de réfugiés syriens en Europe et ses conséquences pour Angela Merkel en 2017, la montée des populismes, la division qui s’empare de la société américaine sur fond de déclarations brutales du président Trump, ne sont que les manifestations les moins violentes du phénomène.

Les nouvelles insécurités humaines rendent difficiles les sorties de conflit et la « paix positive », c’est-à-dire la reconstruction à long terme d’une société, de manière à l’empêcher de retomber dans le conflit.

Le cas des demandeurs d’asile témoigne en soi d’une insécurité politique violente avérée, aux conséquences psychologiques longues. Le cas des migrants environnementaux ou réfugiés climatiques atteste d’une impossibilité de vivre en certains lieux, annonçant des tensions politiques nouvelles.
Les nouvelles insécurités humaines ne sont pas, en soi, des insécurités nationales au même titre que la guerre. Elles sont toutefois des facteurs de déstabilisation pouvant déboucher sur des conflits. Elles rendent en effet difficiles les sorties de conflit et le phénomène qualifié de « paix positive », c’est-à-dire la reconstruction à long terme d’une société, de manière à l’empêcher de retomber dans le conflit. Plus...

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