Quelle orientation en formation ? Soyons précis !
L’orientation professionnelle est devenue foisonnante en lien avec l’explosion des prestataires de bilans de compétences et, plus largement, des prestations mobilisées par les intermédiaires du marché de l’emploi. L’orientation en formation (longtemps réduite à l’orientation scolaire) s’est, parallèlement, dévitalisée et atomisée. Or ce déséquilibre a des effets négatifs en matière de réussite des moins qualifiés dans les dispositifs postscolaires de formation qualifiante ou diplômante (apprentissage, contrats de professionnalisation, congé individuel de formation, formations qualifiantes des programmes et dispositifs publics). Car l’élaboration d’un projet professionnel, sous-tendu par le souhait d’exercer un métier, donné ne solutionne pas complètement la question de la réussite d’une formation visant à ce métier. La compréhension de l’activité de formation est indispensable à l’identification des conditions de réussite des personnes. Elle suppose des démarches de suivi, c’est-à-dire une observation instrumentée des parcours de formation réels des personnes orientées dans des cursus censés mobiliser un large éventail de réponses pédagogiques (effet de l’individualisation). Ce suivi permet de corriger certains dysfonctionnements des formations mais aussi les insuffisances des méthodes d’orientation. Orienteurs et formateurs doivent pouvoir communiquer et échanger sur leurs appréciations respectives des réussites et des difficultés des personnes en formation.
Si l’orientation professionnelle doit plutôt relever d’une fonction indépendante des entreprises et des organismes de formation, l’hypothèse d’une autonomie fonctionnelle entre orienteurs en formation et formateurs n’a pas de consistance. L’orientation formative est donc un élément dynamique de l’ingénierie de formation en tant qu’accompagnement indispensable de l’engagement des personnes en formation. Elle apporte des éclairages sur les motifs d’engagement en formation, sur les décrochages ou les échecs, elle se distingue en cela de l’orientation professionnelle qui se focalise sur les convergences entre les compétences des personnes et les métiers.
L’interaction entre orientation professionnelle et orientation en formation est indispensable mais elle suppose une compréhension de ce qui sépare les deux fonctions. L’orientation en formation ne peut plus être considérée comme une fonction d’amont strictement limitée à l’alimentation des organismes de formation. Elle doit s’organiser dans une logique d’appui et de soutien aux stagiaires, notamment dans les formations en alternance ou les systèmes de formation qui mobilisent plusieurs modalités d’apprentissage (présentiel, à distance, espaces autonomes, groupes de travail dirigés, etc.). Cet appui est la prolongation logique de l’orientation « pré-formation » et permet de l’affiner en identifiant les éléments qui permettent de comprendre les écarts entre les pronostics de réussite en formation et le parcours de formation lui-même.
Beaucoup d’organismes, faute de services d’orientation, désignent des formateurs référents pour tenir ce rôle qui, en réalité, nécessite des compétences spécifiques (psycho-sociales) qui ne sont pas exactement celles des formateurs (même si des formateurs expérimentés acquièrent cette compétence de façon empirique). L’accompagnant/référent doit être en mesure de décrypter des situations personnelles qui échappent au formateur, notamment dans les systèmes à entrées décalées ou quand le nombre de formés est important… En fait dans les situations où il est difficile pour le formateur de préserver une relation bi-latérale avec chacun des apprenants. On mesure ainsi l’importance et l’intérêt d’une fonction d’orientation formative intégrée dans le fonctionnement de tout organisme de formation gérant des flux de stagiaires importants et hétérogènes.