Par Cyrille Godonou, Patrick Le Roux (Insee), Béatrice Delay, Catherine Gwet (Défi métiers). Focale, n°19, avril 2013. En Ile-de-France, 26 300 personnes exercent une profession verte et 739 700 une profession potentiellement verdissante. Dans ces professions essentiellement masculines, les ouvriers sont deux à trois fois plus représentés que dans l'ensemble des emplois franciliens. Les jeunes engagés dans une formation initiale liée à l'environnement préparent en majorité des diplômes du supérieur; tandis que parmi les places de formation continue dans ce domaine, financées par les pouvoirs publics, la plupart sont accessibles à des personnes n'ayant aucun diplôme. Accéder au document.
Les professions vertes et potentiellement verdissantes
Les ouvriers largement présents parmi les professions vertes ou potentiellement verdissantes
La mutation vers une économie plus respectueuse de l’environnement suppose la transformation partielle d’activités existantes et l’émergence de nouvelles activités.
Certaines professions sont déjà dédiées à l’environnement (professions vertes); pour d’autres, les compétences sont et seront amenées à évoluer afin de prendre en compte la dimension environnementale (professions verdissantes). Le commissariat général au développement durable a identifié ces professions.
Cette publication conjointe de Défi Métiers (la mission oref) et de l’Insee Ile-de- France vise à les quantifier et les caractériser au niveau régional.
L'essentiel
On distingue actuellement les professions vertes, dont la finalité est la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles et les professions verdissantes qui intègrent de nouvelles « briques» de compétences pour répondre à la prise en compte des enjeux environnementaux.
La DARES a publié, en mars 2012, un document qui caractérise les professions de l’économie verte au niveau national en termes de volume d’emplois, de ventilation sectorielle et de profil des actifs. Défi métiers, en partenariat avec l’INSEE Île-de-France, a décliné ce travail à l’échelle francilienne, apportant ainsi des premiers éléments d’information sur ces professions dans la région capitale. Cette étude est complétée par une analyse de l’offre de formation initiale et continue.
En Île-de-France, 26 300 personnes exercent une profession verte et 739 700 une profession potentiellement verdissante. Les ouvriers sont deux à trois fois plus représentés que dans l’ensemble des emplois franciliens. Ces professions sont essentiellement masculines et offrent une relative stabilité de l’emploi. Enfin les élèves/étudiants engagés dans une formation initiale liée à l’environnement préparent en majorité des diplômes du supérieur; les places de formation continue financées par les pouvoirs publics dans ce domaine, sont, pour la plupart, accessibles à des personnes n’ayant aucun diplôme.
Les professions vertes exercées par 26 300 personnes en Île-de-France
En 2009, 26 300 personnes exercent une profession verte en Ile-de-France. Les professions vertes regroupent des professions de la production et distribution d’énergie et d’eau (46%), des professions de l’assainissement et du traitement des déchets (39%), des professions plus transversales comme les techniciens du traitement des pollutions (14%), et des professions liées à la protection de la nature (1%). Elles s’exercent dans 59% des cas dans l’économie verte.
Les professions vertes apparaissent légèrement sous-représentées en Ile-de-France par rapport au niveau national; alors que toutes professions confondues 21% des emplois sont localisés en Ile-de- France, pour les professions vertes seulement 19% des emplois sont franciliens. Deux facteurs en particulier peuvent expliquer cette sous-représentation: un territoire densément peuplé avec relativement peu d’espaces naturels protégés d’une part, et une concentration des sièges sociaux au détriment d’établissements de production d’autre part.
Les professions vertes sont exercées à plus de 40% par des ouvriers, qualifiés ou non…
Les professions vertes sont composées à 43% d’ouvriers, qualifiés ou non, alors que cette catégorie sociale ne représente que 14% des emplois franciliens. Les ouvriers sont particulièrement nombreux dans les professions liées à l’assainissement et la gestion des déchets (égoutier, agent de station d’épuration ou éboueur, par exemple), et dans une moindre mesure dans les professions de la production et distribution de l’énergie et de l’eau (agent de réseau d’eau potable ou agent technique de maintenance en chauffage, par exemple).
Les professions intermédiaires sont, par ailleurs, fortement représentées dans les professions de la production et distribution d’énergie et d’eau (technicien de production d’eau potable, par exemple). Enfin, les cadres et ingénieurs constituent près d’un quart des professions vertes.
Les professions vertes exercées majoritairement par des personnes ayant un diplôme inférieur au baccalauréat
Les personnes exerçant une profession verte sont 53% à détenir un diplôme strictement inférieur au baccalauréat. Cette part s’élève à 85% dans les professions de l’assainissement et du traitement des déchets, et retombe à 37% dans les professions de la production et de la distribution de l’énergie et de l’eau.
Les professions vertes sont essentiellement masculines
Les professions vertes sont exercées à 84% par des hommes, alors que toutes professions confondues ces derniers ne représentent que 52% des actifs en Ile-de-France. La présence masculine est particulièrement élevée dans les professions de l’assainissement et du traitement des déchets (95% des effectifs). Dans une moindre mesure, on retrouve le même phénomène dans les professions de la production et de la distribution de l’énergie et de l’eau: les hommes y constituent 80% des effectifs.
La féminisation des professions vertes a tendance à augmenter avec la catégorie sociale. La part des femmes est plus importante pour les postes d’encadrement et de haute technicité. Elle atteint 38% chez les ingénieurs et cadres techniques de l’environnement.
Relativement peu de jeunes dans l’assainissement et le traitement des déchets
Les jeunes de moins de 30 ans regroupent 22% des effectifs des professions vertes, soit une part similaire à celle que l’on observe toutes professions confondues. Cependant, pour les professions de l’assainissement et du traitement des déchets, la part des jeunes s’élève à seulement 18% des effectifs. Cette faible proportion est peut-être révélatrice d’un déficit d’attractivité de ces métiers auprès des jeunes lié à la pénibilité des conditions de travail (travail en milieu humide, travail extérieur en horaires décalés, etc.).
Inversement, dans les métiers plus transversaux (techniciens de l’environnement et du traitement des pollutions et ingénieurs et cadres techniques de l’environnement), la part des jeunes atteint 30%.
Des conditions d’emploi plus favorables dans les professions vertes
La totalité des professions vertes est exercée, en France comme en Ile-de-France, par des salariés. Il n’y a pas de travailleur indépendant recensé dans ces professions.
La part des CDI (92%) est supérieure à celle observée dans la moyenne des emplois franciliens (80%). Les professions vertes correspondent majoritairement à des emplois à temps plein, pour les hommes comme pour les femmes; le temps partiel ne concerne que 5% des personnes, contre 14% toutes professions confondues.
Une profession verte sur cinq est exercée par un salarié travaillant dans une structure publique. C’est notablement le cas pour les professions de l’assainissement et du traitement des déchets dont la mission relève des compétences des collectivités territoriales.
13% de l’emploi francilien est potentiellement verdissant
Les professions potentiellement verdissantes n’ont pas pour finalité directe l’environnement mais intègrent de nouvelles « briques de compétences » pour prendre en compte l’environnement dans le geste métier. En 2009, 739 700 personnes exercent une profession potentiellement verdissante en Ile-de-France, soit 20% des professions verdissantes françaises et 13% de l’emploi francilien. Les professions potentiellement verdissantes s’exercent dans 31% des cas dans l’économie verte.
Un tiers d’ouvriers parmi les professions verdissantes
Une personne sur trois occupant une profession verdissante est un ouvrier. C’est deux fois plus que ce qu’on observe toutes professions confondues. Parmi ces ouvriers, se trouvent notamment des conducteurs routiers et grands routiers et des ouvriers non qualifiés du gros ou second oeuvre du bâtiment.
Par ailleurs, un tiers des effectifs des professions verdissantes sont des cadres. C’est plus que pour l’ensemble des professions franciliennes (28%). Ce sont, par exemple, des architectes ou des ingénieurs et cadres d’étude. De plus, les cadres des professions verdissantes sont plus souvent diplômés de l’enseignement supérieur que la moyenne des cadres franciliens (86% contre 81%).
Les professionnels du bâtiment et des transports constituent la moitié du vivier d’emplois
Suite aux Grenelle I et II, le développement de transports plus respectueux de l’environnement (réduction des émissions de gaz à effet de serre), et de bâtiments économes en énergie (meilleure isolation pour limiter la consommation d’énergies fossiles ou nucléaires) et mobilisant des énergies renouvelables, est devenu un enjeu fort.
Avec plus de 220 000 emplois potentiellement verdissants, le bâtiment regroupe 31% des actifs qui exercent une profession verdissante. Les transports arrivent en seconde position avec 19% des effectifs. Parmi ces professionnels liés au bâtiment et aux transports, un sur deux est un ouvrier. Cependant, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent tout de même un emploi sur cinq dans le bâtiment.
Moins de diplômés du supérieur que dans le reste de l’économie
En Ile-de-France, les professions verdissantes sont exercées un peu moins souvent par des diplômés de l’enseignement supérieur que toutes professions confondues (42% contre 45%).
C’est particulièrement vrai pour les professions intermédiaires tels que animateur socioculturel et de loisirs, conducteur de travaux non cadre, responsable d’entrepôt, de magasinage ou chef de chantier non cadre. Ainsi, alors que 51% des professions intermédiaires franciliennes sont exercées par des personnes diplômées de l’enseignement supérieur, c’est le cas de seulement 35% des professions intermédiaires verdissantes.
D’autres professions verdissantes sont exercées majoritairement par des actifs ayant un diplôme inférieur au baccalauréat: les couvreurs, les électriciens ou encore les jardiniers-paysagistes par exemple.
De fortes disparités d’âge selon la profession exercée
La structure par âge des actifs exerçant une profession verdissante est relativement proche de celle de l’ensemble des actifs franciliens. Cependant, les parts respectives des jeunes et des seniors sont très variables selon les professions. Les métalliers, serruriers, réparateurs en mécanique non qualifiés sont 49% à avoir moins de 30 ans. A l’inverse, les conducteurs de taxis et ambulanciers sont 40% à avoir 50 ans ou plus. De même, la moitié des architectes libéraux est âgée de 50 ans ou plus. Cette part élevée de seniors chez les architectes correspond sans doute en partie à une logique de carrière, amenant les membres de cette profession à évoluer du salariat vers le statut libéral ensuite.
Des enjeux de féminisation
Parmi les actifs exerçant une profession verdissante, 22% sont des femmes contre 48% pour l’ensemble des emplois franciliens. Cette proportion est particulièrement faible dans les professions liées au bâtiment; c’est pourquoi la Fédération Française du Bâtiment est engagée dans des plans d’action en faveur de la mixité (plan Bâtir au féminin).
Cependant, les femmes sont plus nombreuses chez les cadres et professions intellectuelles supérieures. Les professions logistiques telles que les ingénieurs, techniciens et cadres de la logistique, du planning et de l’ordonnancement sont également plus féminisées; ainsi que les professions de responsables commerciaux et administratifs des transports de marchandises non cadres qui emploient 43% de femmes. En revanche, ces dernières sont peu présentes dans les professions ouvrières ou dans l’artisanat.
Les professions verdissantes: autant de CDI que dans l’ensemble des professions franciliennes
10% des personnes qui exercent une profession verdissante sont non-salariées, contre 8% dans l’ensemble de l’économie francilienne.
Parmi les salariés exerçant une profession verdissante, 86% ont un emploi sans limite de durée (CDI…) soit un pourcentage proche de la moyenne des emplois franciliens.
Enfin, le temps partiel est moins fréquent dans les professions verdissantes que dans l’ensemble des professions (8% contre 14%) pour les hommes comme pour les femmes.
Les formations initiales et continues liées à l’environnement
Le périmètre retenu pour identifier les formations initiales et continues liées à l’environnement ne correspond pas à celui des professions vertes et verdissantes. Ainsi, par exemple, les formations dans les travaux paysagers sont considérées comme des formations environnementales alors que celles dans le gros oeuvre du bâtiment ne le sont pas. De fait, un rapprochement entre les professions vertes et verdissantes d’une part et les formations liées à l‘environnement d’autre part n’est pas réalisable.
Les formations initiales ont été repérées à partir d’une recherche de mots clés spécifiques à l’environnement dans l’intitulé du diplôme. Après sélection, ces formations sont rattachées à l’un des six domaines suivants: « prévention et réduction des pollutions »; « protection de la nature, gestion et études des milieux »; « hygiène, santé, sécurité, environnement »; « aménagement du territoire et cadre de vie »; « maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables »; « gestion sociétale de l’environnement » (la méthodologie d’analyse de ces formations a été définie par le Service de l’observation et des statistiques du Commissariat général au développement durable).
Concernant les formations continues conventionnées (formations financées par des fonds publics), Défi métiers a retenu une liste d’une centaine de formacodes (nomenclature professionnelle des formations) liés à l’environnement. A partir de celle‑ci, 51 sessions de formation qui se sont déroulées en 2011 ont été identifiées en Ile-de-France. Elles représentent 760 places de formation de 100 heures et plus, soit moins de 3% de l’ensemble. Pour une analyse plus aisée, ces sessions ont été affectées à un domaine parmi les six mentionnés dans le paragraphe précédent.
54% des effectifs en formation initiale préparent un diplôme de niveau I
Les formations initiales liées à l’environnement accueillaient à la rentrée 2010-2011 en Ilede- France 9 500 jeunes en dernière année de préparation de diplôme.
Les élèves/étudiants se concentrent pour plus de la moitié sur des formations de niveau I (master, doctorat ou diplôme d’ingénieur). Ces formations peuvent être très généralistes dans le domaine de l’environnement (master en droit, économie et gestion mention environnement, par exemple) ou inversement très spécialisées (master énergie nucléaire, spécialité démantèlement et gestion des déchets, par exemple).
Les formations de niveau II (licence), celles de niveau III (BTS, DUT) et celles de niveau IV (Bac et BP) regroupent respectivement 14%, 13% et 14% des effectifs. Les formations de niveau V (CAP ou BEP) n’en rassemblent que 5%. Ce sont par exemple des formations au CAP Maintenance et hygiène des locaux ou le CAPA travaux forestiers option sylviculture.
Les formations relevant de l’un des 3 domaines en lien direct avec l’environnement que sont la « prévention et la réduction des pollutions», la « protection de la nature, gestion et étude des milieux » et enfin la « maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables» ne totalisent que 55% des effectifs.
La répartition des effectifs par niveau de diplôme préparé est très différente selon le domaine concerné. Par exemple, dans le domaine de la « gestion sociétale de l’environnement » et dans celui de la « prévention et réductions des pollutions », les formations de niveau I concentrent respectivement 95% et 81% des effectifs. En revanche, dans le domaine de la « maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables », les formations de niveau I représentent moins de 30% des effectifs.
Une large majorité des places en formation continue est accessible sans diplôme
En Ile-de-France, 62% des places en formation continue conventionnée en environnement sont accessibles à des personnes n’ayant aucun diplôme. Le domaine des travaux paysagers est très présent. 12% des places sont accessibles avec un niveau V. La majorité d’entre elles concernent la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables (exemple de diplôme préparé: le baccalauréat professionnel en maintenance des systèmes énergétiques).
Cette ventilation par niveau est en adéquation avec les publics prioritaires ciblés par les financeurs publics de la formation continue: les personnes pas ou peu qualifiées.
76% des places concernent l’« aménagement du territoire et cadre de vie » ou la « maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables »
Près des deux tiers des places offertes en formation continue concernent le domaine de l’« aménagement du territoire et du cadre de vie ». Il s’agit exclusivement de formations liées aux travaux paysagers. Les formations de la « maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables » regroupent 14% des places. Ces formations portent sur l’installation, la maintenance d’équipements et les différentes problématiques de l’énergie dans la construction. Accéder au document.
Trí Cyril Godonou, tá Patrick Le Roux (INSEE), Beatrice Moill, Catherine Gwet (ceirdeanna Dúshlán.) I Ile-de-France, 26 300 duine ghairm glas agus 739,700 fhéadfadh verdissante ghairm. I gairmeacha fireann-sheanársa, tá oibrithe dhá nó trí huaire níos mó ná i ionadaíocht an t-iomlán de na poist i bPáras. Na daoine óga a bhí páirteach in oiliúint tosaigh a bhaineann le hullmhú cáilíochtaí den chuid is mó treasach comhshaoil, agus i measc na n-áiteanna oiliúna sa réimse seo, atá maoinithe ag an rialtas, tá an chuid is mó inrochtana do dhaoine gan aon cháilíochtaí. Níos mó...