Avec un art consommé du timing politique, puisqu’au milieu de la mobilisation des gilets jaunes, le premier ministre a annoncé une augmentation des droits de scolarité à destination des étudiants étrangers, espérant sans doute que personne n‘irait s’émouvoir du sort de ces derniers.
C’est pourtant un signal inquiétant, et à plusieurs titres.
D’abord par le caractère insultant d’un argumentaire [3] qui laisse entendre que le faible coût des diplômes français serait la seule motivation des étudiants qui souhaitent étudier en France (et quelle curieuse façon ce serait, si c’était leur seule motivation, de promouvoir le système universitaire français par une hausse de son coût !). Parce que nous sommes enseignants-chercheurs, nous recevons depuis ce matin des messages bouleversés et humiliés d’étudiants mexicains, chinois, turcs… qui ont eu la faiblesse de croire aux valeurs que notre pays prétend incarner et se voient soupçonnés d’être des profiteurs.
Inquiétant, ce signal l’est aussi parce qu’il ouvre la porte au déploiement en France de plusieurs étapes de la marchandisation internationale de l’enseignement supérieur: à partir du moment où l'on vend des études (nous avons pu en avoir l’expérience pour ceux d’entre nous qui ont enseigné comme professeurs invités dans des universités étrangères à 40.000 euros l’année), il devient bien difficile de ne pas donner ce diplôme qui a été en fait acheté. Plus...