Si l’enseignement supérieur et la recherche font partie des questions essentielles, alors la Commission permanente du Conseil national des universités vous propose sa contribution. La CP-CNU représente les quelque 50 000 enseignants-chercheurs présents dans 138 EPSCP dont 75 universités et 3 universités de technologie. Elle a déjà eu l’occasion de s’exprimer auprès de votre prédécesseur dans une lettre datée du 15 décembre 2016.
1. Fiscalité et dépenses publiques.
Le budget consacré par l’État à l’enseignement supérieur et à la recherche est globalement insuffisant. Il serait passé sous les 2,2% du PIB et n’est pas au niveau de celui des pays comparables aux nôtres tels que les États- Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Japon. Atteindre l’objectif des 3% nécessite un investissement d’un milliard d’euros par an pendant dix ans. Cette disparité concerne le budget consacré à la recherche et au développement, comme le budget consacré aux étudiants du supérieur (quand la France consacre 11 000€ par an pour un étudiant en moyenne, les États-Unis en consacrent 28 000€…). De plus, la statistique globale est biaisée par l’existence en France de multiples systèmes d’enseignement supérieur, le budget consacré à certains étudiants de licence étant fréquemment de moins de 3000€/an. La CPCNU rappelle qu’elle s'oppose à toute augmentation significative des droits d'inscriptions des étudiants. Sans entrer dans un débat financier technique, il apparait aussi que les niveaux de rémunération, notamment à l’entrée dans l’ESR, sont particulièrement bas compte tenu du niveau de formation et de l’âge d’entrée dans le métier (1775€/mois pour une formation à bac +8).
Le crédit impôt recherche (~6,2 Md€) semble avoir souvent été détourné de son objectif initial et en tout cas n’a pas apporté le dynamisme annoncé au niveau de la recherche… Il a même parfois conduit à des attitudes déontologiquement répréhensibles.
2. Organisation de l’État et des collectivités publiques
La CP-CNU défend un ESR public, une recherche indépendante des partenariats public-privé, et l’égalité territoriale, notamment pour un égal accès aux formations. La CP-CNU est particulièrement attachée au développement de toutes les disciplines, dont aucune ne doit être négligée.
Les multiples réformes des quinze dernières années ne font que renforcer la sélection de quelques-uns et l’isolement de la plupart : 2005 (création de l’ANR), 2007 (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), 2013 (loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche), etc.
La régionalisation, associée au développement de quelques pôles de recherche ou d’enseignement supérieur dans le cadre des différents PIA notamment), abandonne de nombreux territoires.
L’ESR doit être conduit dans une logique nationale voire internationale, et non locale ou régionale.
3. Transition écologique
Le sujet de la transition écologique – même si l’expression ne paraît pas très heureuse – doit faire appel à toutes les compétences des disciplines scientifiques, tant en sciences fondamentales et appliquées qu’en sciences économiques et en droit, ou encore en sciences de l’homme et de la société. La CP-CNU attire l’attention du gouvernement sur la nécessité d’un débat scientifique et non dogmatique ou sensationnaliste sur des questions aussi importantes que la préservation de la planète, la santé, l’alimentation, la production agricole, le climat, les migrations climatiques ou encore les risques naturels.
Pour un tel objectif, il est nécessaire que des chercheurs de haut niveau soient formés et recrutés dans l’ESR sur la base de titres et diplômes délivrés ou reconnus par l’État. Ces chercheurs doivent être indépendants des groupes de pression, des réseaux d’influence et des sources de financement ; dans le cas contraire, les erreurs du passé seront reproduites et les solutions envisagées ne seront pas les plus efficientes pour contribuer à une planète plus saine.
4. Démocratie et citoyenneté
Conformément aux traditions de l’université, la collégialité doit être pleinement rétablie et les instances de gestion doivent être élues par les acteurs de l’ESR.
Les pouvoirs publics et particulièrement le MESRI (ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation) doivent respecter et donc consulter le CNU, instance représentative dont les deux tiers des membres sont élus par la communauté des enseignants-chercheurs.. Plus...