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Formation Continue du Supérieur
24 novembre 2019

Les figures diplomatiques pontificales

Accueil - Vie PubliqueReposant sur un appareil d’État, disposant d’une longue tradition et donc d’une expérience multiséculaire, la diplomatie pontificale dépend aussi de la personnalité du pape. Si des lignes de force perdurent, l’observateur décèle aisément des inflexions voire des changements entre les trois derniers papes.
La diplomatie du pape François est tout d’abord une diplomatie de mouvement visant à modifier les situations bloquées et à toucher les périphéries géographiques et sociales, ce qu’il nomme les « marges ». Dans ce cadre, le pape emprunte les traits de trois figures principales.
  • La première est la figure du médiateur. Le Saint-Siège a traditionnellement exercé des missions de bons offices. La diplomatie pontificale a pris sous François un tournant, en sachant tout à la fois comprendre que les questions religieuses étaient désormais sur l’agenda des puissances étatiques, mais que la complexité des enjeux permettait aussi un exercice inédit de la « Multi-Track Diplomacy » incluant les acteurs religieux. En s’impliquant dans le conflit israélo-palestinien – réception des deux leaders politiques au Vatican –, en permettant des rencontres officieuses entre Cuba et les États-Unis, des rencontres au Venezuela ou en Birmanie, le pape réintroduit le Saint-Siège dans le jeu des puissances.
  • La deuxième figure est la figure du médecin, ou de l’humanitaire. À Lampedusa, en Sicile, à Lesbos, au Parlement européen, le pape n’a de cesse de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » à l’égard des migrants et des réfugiés, et plus globalement des exclus. Sa dénonciation accompagnée d’actions concrètes relayées par des ONG – la communauté de Sant’Egidio –, des congrégations – le Jesuit Refugee Service par exemple – et des institutions catholiques – la Fédération internationale des universités catholiques crée ainsi un RefugeesLab – renoue avec un imaginaire et des représentations traditionnelles qui associent l’Église au champ caritatif.
  • La troisième figure est celle du protestataire ou du lanceur d’alerte. Dans les enceintes internationales où s’active la diplomatie pontificale, les dénonciations d’un ordre international néolibéral et du capitalisme financier s’enchaînent. À l’UNESCO, au Conseil de l’Europe, au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) ou à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les prises de positions du Saint-Siège se multiplient, participant ainsi des débats globaux sur les biens communs de l'humanité (common goods).

Au regard d’une approche réaliste des relations internationales, le rôle joué par le Saint-Siège présente un triple intérêt. Il constitue un cas de figure spécifique des enjeux d’une politique de coopération, ici fondée sur une relation bilatérale asymétrique. Il manifeste également l’importance des enjeux culturels – intégrant le religieux – à l’encontre d’une vision trop exclusivement axée sur les rapports militaires et financiers. Enfin, il symbolise la permanence de certains traits de la vie diplomatique, par-delà les changements de configuration historique. Plus...

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