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Formation Continue du Supérieur
16 novembre 2019

La politique culturelle - Réformes et défis à l'heure du numérique

Accueil - Vie PubliqueL’heure n’est pourtant plus à l’esprit de mission, fondé sur un militantisme que partageait la majorité des acteurs du monde de la culture. Le ministère se présente de plus en plus comme une administration de gestion qui assume des missions de régulation, d’orientation, de conseil et d’expertise. Les grands établissements publics se voient conférer une plus grande autonomie. La thématique de la “refondation” (voir le rapport de J. Rigaud, Pour une refondation de la politique culturelle, 1996) participe de l’ouverture de l’État aux nouvelles pratiques culturelles. Depuis une vingtaine d’années, le ministère de la culture affiche, par-delà les alternances gouvernementales, sa volonté de moderniser ses missions, ses structures administratives et son fonctionnement pour répondre à un environnement national et international qui enregistre de profondes mutations. La position de la France sur la scène internationale, en première ligne pour la défense de la diversité culturelle, contraste avec les orientations prises par le ministère de la culture dont les marges de manœuvre, financières et stratégiques, semblent se réduire de plus en plus. Surtout, la montée en puissance des nouvelles technologies et les stratégies des industries culturelles, organisées à l’échelle mondiale, remettent en cause les modalités des dispositifs qui sont au cœur du modèle français de politique culturelle.
L’avenir de la politique culturelle n’est cependant pas réductible à une réforme administrative. Celle-ci était en marche, depuis juillet 2007, dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques puis de la Modernisation de l’action publique. L’objectif visait à “recentrer l’administration centrale […] sur ses fonctions plus prospectives de pilotage et de stratégie”. Il s’agissait aussi de répondre aux enjeux liés à la “révolution numérique”. Le nouvel organigramme, articulé autour d’une direction générale chargée des patrimoines de France, d’une deuxième responsable du soutien à la création artistique et d’une troisième en charge du développement des médias et de l’économie, se met en place dans une conjoncture de retrait relatif de l’État, non sans susciter de vives inquiétudes de la part des acteurs culturels. Les directions régionales des affaires culturelles sont renforcées dans le cadre de la réforme de l’“État territorial”. La mise en place en 2009, auprès du président de la République, d’un Conseil de la création artistique a été perçue comme un affaiblissement de la marge de manœuvre stratégique du ministère de la culture. Le plus souvent dirigé depuis une quinzaine d’années par des ministres techniciens (Jean-Jacques Aillagon, Christine Albanel, Frédéric Mitterrand, Fleur Pellerin, Audrey Azoulay), qui ne peuvent guère s’appuyer sur leur surface politique, le ministère de la culture n’est plus le moteur de la vie culturelle nationale, concurrencé, d’une part, par les grands établissements publics, de plus en plus autonomes, et, d’autre part, par les collectivités territoriales. Ses missions demeurent néanmoins essentielles dans plusieurs domaines : assurer l’équité territoriale pour l’accès à l’offre et aux pratiques culturelles, conforter une fonction législative et réglementaire indispensable au soutien à la création artistique et à la régulation des marchés à l’heure de la révolution numérique. Son budget reste conséquent (3,6 milliards d’euros en 2018), même si ses marges de manœuvre sont entamées par le poids des grandes institutions nationales, parisiennes pour la plupart.
De 2012 à 2016, le budget a été à la peine, situation qui a inquiété fortement les acteurs culturels et les élus locaux. Les principaux dossiers (révolution numérique, éducation artistique et culturelle, place de la culture à la télévision, effets de la réforme territoriale) font certes l’objet de débats, de rapports et d’une politique de communication, mais tardent à se traduire par des mesures concrètes. La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine a cependant confirmé, au-delà de considérations techniques, la liberté de la création artistique (article 1er) et la nécessité d’une politique de service public, définie et mise en œuvre par l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics, construite en concertation avec les acteurs de la création artistique (article 3).
Pourtant, le sentiment qui prévaut est que la politique culturelle n’est plus vraiment une priorité, mais plutôt une variable d’ajustement par rapport à d’autres dossiers (rayonnement international de la France, développement économique, attractivité touristique). Les élites politiques, à droite comme à gauche, paraissent moins concernées par les questions culturelles. La professionnalisation croissante des secteurs culturels, l’éloignement manifeste des élites par rapport à la culture savante, mais aussi la domination des logiques utilitaristes expliquent cette situation. Plus...
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