L’ancien modèle éducatif croate était orienté sur la théorie, l’observation passive et la mémorisation. La lourde charge de travail demandée aux étudiants et la déconnexion des formations vis-à-vis des attentes du marché du travail génèrent le besoin de refonder le système éducatif et un soutien consensuel au processus de Bologne. Bien que la Déclaration de 1999 ne statue pas sur le modèle d’organisation interne aux universités, le gouvernement croate tente de légitimer la suppression de l’autonomie des facultés en la présentant comme un des critères de l’harmonisation. Il bénéficie du conseil d’organisations internationales comme l’EUA (European University Association) et le MCO (Magna Charta Observatory).
En 2003, le Parlement adopte la «loi de Bologne». Bien qu’elle stipule que les universités sont autonomes et peuvent décider de leur structure interne, la loi entendait limiter l’autonomie des facultés en définissant les compétences de chaque niveau de gouvernance (facultés et universités).
L’introduction du principe « d’intégration fonctionnelle » supposait l’alignement des facultés à une stratégie portée par l’université, ainsi qu’une approche unifiée sur les questions juridiques et financières. L’ambiguïté du concept d’intégration fonctionnelle devait permettre aux facultés de rester légalement indépendantes tout en répondant à la politique de l’établissement. Immédiatement, la loi provoque un recours au Conseil Constitutionnel. En 2006, ce dernier statue en faveur des plaintifs et s’oppose à la perte d’autonomie des facultés.
La dernière étape de la réforme universitaire concernait la mise en œuvre de l’assurance qualité en 2009. Le Parlement croate définit l’assurance qualité au niveau universitaire en s’appuyant sur le principe d’intégration fonctionnelle ; il épouse ainsi les standards européens.
Si les révoltes étudiantes de 2009 n’ont pas empêché l’introduction des frais d’inscription, l’assimilation de Bologne aux négociations pour l’intégration de la Croatie à l’Union Européenne a contribué à rendre Bologne impopulaire, alors que le processus faisait consensus en 2001.
Sources :
Anna Triandafylliou, Ayhan Kaya, Ayşe Tecmen, Hara Kouki and Martina Topić. “Bologna Process as modernisation and Europeanisation”. Identities and modernities in Europe, Decembre 2011.
Marta Vukasovic. “Contestation over integration and autonomy of universities in the former Yugoslavia: how global and European ideas are used in domestic politics”. In Meng-Hsuan Chou, Isaac Kamola, Tamson Pietsch. The transnational politics of higher education: contesting the global / transforming the local. Routledge; 1st edition, March 2016. Plus...