Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Formation Continue du Supérieur
31 décembre 2018

Les bases de Bologne - Pays de l’ex-Yougoslavie : controverses sur l’autonomie des facultés en Croatie, Serbie et Slovénie

Screenshot-2018-4-21 Journal de mise en ligne - ESR enseignementsup-recherche gouv frDu principe "d’autogestion socialiste" à l’autonomie des facultés yougoslaves
Par rapport à l’Europe occidentale, les institutions d’enseignement supérieur des pays issus de l’ex-Yougoslavie ne se sont développées qu’après la Seconde Guerre Mondiale. Trois exceptions cependant : l’université de Zagreb en Croatie est fondée en 1874, celle de Belgrade en Serbie date de 1905 et l’université de Ljubljana en Slovénie remonte à 1919. Sous la République Fédérative Socialiste, la compétence de l’enseignement supérieur est laissée aux Etats fédérés. Ces derniers, pour appliquer le principe "d’autogestion socialiste" instauré par le gouvernement fédéral, accordent aux facultés la personnalité morale dans les années 1970. L’université devient alors une échelle symbolique vidée de sa substance : toutes les décisions sont prises à l’échelle des facultés, qui négocient directement leur budget avec l’Etat.
Dès les années 1980, la trop grande distinction entre les activités de recherche et l’enseignement fait débat. Lors de la transition politique et économique du début des années 1990, des réformes de l’enseignement supérieur sont engagées en Serbie, Croatie et Slovénie. Pour coordonner les activités des facultés, les Etats souhaitent restreindre leur autonomie et les intégrer davantage aux universités. Si le principe d’autonomie des universités est inscrit dans la Constitution de chaque Etat indépendant, les différences sont notables quant à l’interprétation et à l’échelle d’application de ce principe.
La politisation du processus de Bologne sur la question de l’autonomie des facultés
Les négociations pour l’accès à l’Union Européenne et l’adhésion au processus de Bologne jouent un rôle majeur dans la recomposition des universités en tant que telles dans les trois pays.  Le processus de Bologne a été perçu comme très proche de l’intégration européenne. Par l’introduction de l’assurance qualité, de la structuration en deux cycles (Bachelor – Master) ou encore des ECTS, l’enseignement supérieur des trois pays a été largement européanisé. Les changements dans les systèmes éducatifs des Etats issus de la Yougoslavie ont mobilisé des acteurs internationaux, notamment l’EUA (European University Association), le MCO (Magna Charta Observatory) et le Conseil de l’Europe. Ces organisations ont supporté de manière unanime l’idée d’universités plus intégrées et la nécessité de restreindre l’autonomie des facultés au profit de l’échelle universitaire.
La révision de l’organisation interne des universités a provoqué de vastes débats et a contribué à rendre le processus de Bologne impopulaire par son assimilation aux changements des structures internes des institutions. L’enseignement supérieur est devenu une question très politisée, avec une forte mobilisation de la communauté académique contre la perte d’autonomie des facultés. Les changements n’ont finalement pas été radicaux et l’interprétation de la notion d’autonomie est variable selon les pays.
La définition retenue en Croatie est la plus large. Après deux recours en 2000 et 2003, le Conseil Constitutionnel a statué en faveur de l’autonomie des facultés en 2006. Ces dernières demeurent légalement indépendantes de leur université de rattachement.
En Serbie, la définition de l’autonomie universitaire demeure ambiguë. En août 2005, la « loi de Bologne » est adoptée par le Parlement, laissant le choix aux facultés de rester ou non juridiquement indépendantes. Aucune des facultés de l’époque ne choisit d’abandonner sa personnalité morale. Pour autant en 2006, une nouvelle université publique est créée à Novi Pazar, dont les composantes sont intégrées à l’établissement.
Enfin en Slovénie, engagée dans le processus de Bologne dès 1999, le Conseil Constitutionnel a statué pour l’autonomie à l’échelle universitaire. Les facultés sont légalement intégrées aux universités, et l’application des objectifs de Bologne s’est concrétisée en 2011 par l’adoption de la loi sur l’enseignement supérieur.
Sources :
Marta Vukasovic. “Contestation over integration and autonomy of universities in the former Yugoslavia: how global and European ideas are used in domestic politics”. In Meng-Hsuan Chou,‎ Isaac Kamola,‎ Tamson Pietsch.
The transnational politics of higher education: contesting the global / transforming the local. Routledge; 1st edition, March 2016. Plus...
Commentaires
Newsletter
49 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 2 783 765
Formation Continue du Supérieur
Archives