
Lancée en décembre 2015, l’évaluation de la VAE a été confiée à une mission composée de membres de l’IGAS, de l’IGEN et de l’IGAENR. Ce rapport évalue la VAE, au titre de la modernisation de l’action publique (MAP).
2.3 Le suivi quantitatif et statistique est défaillant
2.3.2 Au niveau national
Une circulaire DGEFP de 2006 relative aux compétences de l’État précise qu’en ce qui concerne les modalités d’établissement des statistiques en matière de VAE, l’État, dans le cadre de sa compétence générale sur le suivi des actions conduites, et les conseils régionaux étudieront la poursuite du suivi statistique des parcours des publics en matière de VAE tout au long du parcours du candidat. Là encore, la mission regrette qu’il n’y ait pas eu, à ce jour et au niveau national, de réelle organisation de la production et de la collecte d’informations quantitatives et/ou statistiques.2.3.2 Au niveau national
En l’absence de système d’information unique pour suivre l’ensemble des candidats à la VAE, chaque certificateur est responsable des données relevant de son autorité. Ainsi, chaque année, la DARES collecte et publie des données agrégées des seuls ministères certificateurs, ce qui ne couvre pas la totalité du champ de la VAE (notamment les certifications de qualifications professionnelles de branches, les certifications des chambres de commerce et d'industrie et des chambres des métiers et de l'artisanat).
Il conviendrait à l'avenir de réorienter et de mieux diriger les capacités d'études des Carif-Oref, voire du Céreq.
Ce rôle pourrait être confié à la DARES, en lien avec la DEPP. Il lui permettrait de compléter son bilan annuel d'une part par des annexes régionales et d’autre part par des données régulières sur les motivations, comportements et évolutions individuels. Ces données, basées sur des suivis de cohortes régionales, effectués dans toutes les régions selon les mêmes méthodologies et au même moment sur les mêmes thèmes, éclaireraient les évolutions annuelles et les différences régionales, permettant de mettre en lumière les organisations et actions efficaces
Il conviendrait aussi de réaliser des analyses comptabilisant à part les données relatives au champ sanitaire et social. En effet les candidats à une certification dans ce champ professionnel sont très majoritairement issus du secteur public et associatif. Ils font déjà souvent office de faisant fonction, la certification étant une obligation pour continuer dans l'emploi ou pour exercer l'emploi (professions réglementées). Par ailleurs, le poids de certains diplômes peut biaiser certaines analyses.
Par exemple, les candidats souhaitant obtenir le diplôme d'État d'aide-soignant, qui représentent un candidat présenté aux jurys VAE sur dix, sont majoritairement des professionnels ayant une expérience d'aide à domicile ou en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Ces personnes n’ont donc pas l’occasion de développer une expérience en soin, et les unités de compétences "soins" et "état clinique d'une personne" étant des compétences « coeur de métier » attendues par les jurys VAE, ce diplôme comptabilise une part importante de validation partielle (53 %). Pour le diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture (entre 3 et 4 % des candidats), l'absence de pratique des soins au jeune enfant et d'expérience en institution fait souvent obstacle à la validation totale. Les candidats n’ayant pas pu développer ces expériences se voient parfois attribuer une validation partielle (environ 60 % des candidats).
La mission ne dispose pas d'informations complètes concernant la part que représentent les certifications du champ sanitaire et social dans l'ensemble des certifications obtenues par VAE. En 2014, les neuf certifications les plus présentées appartenaient à ce champ et représentaient 45% de l'ensemble des certifications présentées. Les taux de validation totale et partielle des certifications du ministère de la santé et des affaires sociales étaient égaux à respectivement 42 % et 38 % environ, soit des taux sensiblement différents de la moyenne (60 % et 28 %).
Hors sanitaire et social, parmi les certifications les plus demandées apparaissent des certifications à dominante commerciale ou service : bac pro secrétariat, BTS assistant manager, bac pro commerce, BTS assistant de gestion PME PMI, BTS management des unités commerciales, BTS comptabilité et gestion des organisations. La répartition femmes/hommes est globalement plus équilibrée.
L’absence de données analysables dans le détail rend inopérante l'élaboration de plans d'action et la fixation d’objectifs, comme ceux qui avaient pu être annoncés par le Premier ministre Dominique de Villepin dans son plan de relance de décembre 2005 (60 000 certifications annuelles) ou proposés par le rapport Besson de 2008 (6 millions d'actifs).
Ces objectifs n'ont d'ailleurs pas de sens s'ils ne tiennent pas compte des problématiques de chaque région et domaine d'activité, qui peuvent, comme cela a été montré, être très différents.
En particulier, ils doivent intégrer les besoins en recrutement et en compétences des entreprises qui peuvent varier selon la spécialisation de chaque région.
Enfin, afin de faciliter le suivi de la réalisation des objectifs, il conviendrait de les décliner année par année.
Recommandation n°5 : Fixer au sein du comité interministériel de développement de la VAE des objectifs par région et secteur d'activité à proposer au CNEFOP, et déterminer au préalable les moyens d’en faire un réel suivi