Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Formation Continue du Supérieur
9 septembre 2015

Mettre en place une véritable formation tout au long de la vie (StraNES)

Mettre en place une véritable formation tout au long de la vie (StraNES)
La formation tout au long de la vie (FTLV) est un impératif pour donner de nouvelles chances d’accès à l’éducation supérieure et pour accompagner les évolutions des besoins dans les entreprises et sur le marché du travail. Un développement important de la FTLV est nécessaire pour contribuer à combler l’écart de formation entre les jeunes et les moins jeunes (seulement 20 % des 55-64 ans sont diplômés de l’enseignement supérieur contre 43 % des 25-34 ans). C’est un objectif que les établissements d’enseignement supérieur doivent pleinement assumer. Pour cela, il sera nécessaire d’adopter des règles incitatives claires et de décloisonner formation initiale et formation professionnelle continue.
« Un développement important de la formation tout au long de la vie est nécessaire pour contribuer à combler l’écart de formation entre les jeunes et les moins jeunes. »

Décloisonner la formation initiale et la formation continue
 La FTLV ne peut se développer en marge de la formation initiale. Il s’agit, à l’inverse, d’envisager l’ensemble de la formation d’une personne comme une trajectoire au cours de laquelle elle suivra des formations à temps plein, travaillera tout en accumulant des acquis qui pourront être valorisés, suivra des formations tout en continuant à travailler… Cela conduit nécessairement à penser l’offre de formation des établissements et à faire évoluer le statut de l’étudiant pour qu’une partie importante des cursus puisse être suivie par des étudiants par ailleurs salariés. Au-delà du bénéfice pour ces derniers, c’est aussi une richesse pour les étudiants de formation initiale et les enseignants de profiter de la participation de publics ayant des expériences professionnelles.
« C’est toute l’ingénierie de l’ensemble de l’offre de formation qui doit être pensée et organisée pour accueillir ces nouveaux publics. »
Pour parvenir à ce résultat, les formations doivent contenir des modules accessibles à des personnes en reprise d’études, en formation continue qualifiante comme diplômante. C’est toute l’ingénierie de l’ensemble de l’offre de formation qui doit être pensée et organisée pour accueillir ces nouveaux publics, proposer des formes pédagogiques originales et répondre dans le même temps aux attentes de la jeunesse pour plus de souplesse, de réussite et de reconnaissance des apprentissages professionnels ou informels. Il s’agit aussi de nouer un dialogue avec les entreprises et les branches professionnelles pour mieux appréhender les besoins de formation, étant entendu que la responsabilité pédagogique doit rester la prérogative des établissements d’enseignement supérieur, afin notamment d’éviter tout conflit d’intérêts. Par ailleurs, les modalités de la validation des acquis de l’expérience (VAE), doivent être rendues plus rapides et efficaces afin que ce dispositif joue pleinement son rôle de levier au service du développement de la formation tout au long de la vie. Sont en cause la visibilité, la simplicité et la notoriété de la VAE.
Il faudra aussi revoir les indicateurs d’activité des établissements, qui ne comptabilisent aujourd’hui que les étudiants en formation initiale, ainsi que la place des services de FTLV au sein des établissements, qui doit être recentrée. Quant à l’implication des enseignants dans ces missions, elle doit être reconnue (cf. levier 2).
Il n’était pas dans la mission du comité StraNES d’analyser le fonctionnement de la formation professionnelle continue, mais nos travaux nous ont conduits à nous interroger sur ce marché concurrentiel de plus de 58 000 prestataires, peu régulé, qui fait peu de place aux institutions publiques d’enseignement supérieur (elles représentent 3,1 % du chiffre d’affaires de ce marché, % des stagiaires et 5,9 % des heures stagiaires). Si une seconde chance peut être donnée et la mobilité sociale encouragée grâce à la formation tout au long de la vie, si des compétences nouvelles doivent être acquises pour sécuriser les parcours professionnels et favoriser l’innovation dans les entreprises, si l’enseignement supérieur doit mettre en oeuvre des transformations (modulariser les formations, adapter les rythmes de formation…), il serait peut-être important que l’État lance un chantier pour décloisonner ces deux mondes et pour apporter des garanties plus fortes aux citoyens comme aux entreprises sur la qualité des formations qui leur sont délivrées. Viser les formations d’enseignement supérieur et privilégier les établissements et formations dont la qualité est attestée par une évaluation nationale est un moyen de répondre à ces enjeux. Il faudra pour cela mettre en oeuvre la loi du 5 mars 2014, qui institue le compte professionnel de formation, en incitant entreprises, organismes collecteurs et régions à orienter les financements vers des formations de niveaux I, II et III, et à reconnaître explicitement les établissements publics d’enseignement supérieur, notamment les universités, parmi les prestataires les plus pertinents.
Enfin, il est nécessaire d’examiner en profondeur tous les freins au développement de la formation tout au long de la vie. En particulier, la situation des chômeurs doit être évaluée : trop souvent, l’accès à la formation pendant la période de chômage est rendue impossible sauf à perdre des droits, car le catalogue de formations accessibles est très contraint.

Développer l’alternance dans le supérieur
L’alternance sous ses diverses formes – apprentissage, contrats de professionnalisation, formation des enseignants en deuxième année de Master « métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF) – s’est beaucoup développée depuis plusieurs années, et est entrée dans les moeurs des établissements d’enseignement supérieur. Ce développement est bénéfique à plusieurs niveaux : pour l’image de l’alternance elle-même, qui était auparavant vue surtout comme une voie pour élèves en difficulté, pour les établissements d’enseignement supérieur, qui accueillent des étudiants au profil nouveau et stimulant, pour les entreprises, qui connaissent ainsi mieux les établissements d’enseignement supérieur et leurs formations. Toutefois, on observe que, contrairement à ce qui se passe dans le secondaire, l’apprentissage dans le supérieur ne contribue pas toujours à diminuer les inégalités sociales d’accès à la formation. Par ailleurs, les évolutions récentes ont donné la priorité à l’apprentissage dans le secondaire plutôt que dans le supérieur, ce qui est un risque. Si nous sommes conscients de l’importance de ce dispositif pour l’accès de certains lycéens au diplôme et à l’emploi, nous alertons sur le risque d’une régression de l’alternance dans le supérieur en l’absence d’un plan de développement général. Cela serait très négatif : l’alternance apparaît comme une forme d’études particulièrement adaptée pour des jeunes dont la motivation est le rapport à un métier et un environnement professionnel, leur permettant de trouver un sens à la formation. C’est donc un facteur de réussite dans l’enseignement supérieur comme dans le second degré. De plus, le développement de l’alternance dans le supérieur a permis de montrer que ce n’est en rien une voie de relégation mais à l’inverse une forme valorisée et valorisante de poursuite d’études.

Développer de nouveaux parcours de formation associés à l’emploi
Pour favoriser l’accès et la réussite à des diplômes du supérieur des bacheliers professionnels et technologiques, des formes nouvelles d’alternance pourraient être conçues dans une vraie perspective de FTLV. Il s’agit d’une part de répondre à la demande de formation supérieure des jeunes, d’autre part de prendre en compte les besoins de recrutement des entreprises qui, dans certains secteurs, ne trouvent pas de candidats pour leurs emplois, bien que le vivier existe en théorie.
« Il s’agit en quelque sorte de créer une alternance de longue durée qui participe ainsi à la sécurisation des parcours professionnels. »
Dans ces situations, des contrats de travail associés à des contrats de formation pourraient être signés, permettant au salarié de s’engager dans un parcours de plusieurs années au cours desquelles il accumulerait des crédits de formation issus soit de la validation d’acquis de l’expérience, soit de formations dispensées dans des établissements d’enseignement supérieur. La validation de ces différents crédits lui permettrait, au bout de quelques années, d’obtenir un diplôme. Il s’agit en quelque sorte de créer une alternance de longue durée qui participe ainsi à la sécurisation des parcours professionnels.
Sur ces questions, le comité StraNES a travaillé étroitement en lien avec le Comité Sup’emploi dont les premières propositions sont en phase avec les nôtres.

Encadré 5 – Des politiques volontaristes et efficaces d’apprentissage tout au long de la vie
De nombreux pays ont formalisé et mis en oeuvre une stratégie nationale pour l’apprentissage tout au long de la vie. Les pays d’Europe du Nord (Danemark, Norvège, Suède) sont – d’après l’OCDE (Regards sur l’éducation, 2014) – les pays qui réussissent le mieux à proposer une offre de FTLV. Des traits communs peuvent expliquer la réussite des pays du Nord dans ce domaine :

  • „„Approche globale couvrant tous les niveaux de l’éducation : la plupart des pays nordiques ont lancé des stratégies globales de formation des adultes qui intègrent l’éducation de base, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur ainsi que l’éducation formelle, non formelle et informelle ;
  • „„Focale sur le parcours individuel, spécifique à chacun : compte individuel de formation, plan d’études individuel en Norvège (document que l’étudiant doit compléter en indiquant s’il envisage d’étudier à plein-temps ou à temps partiel, ainsi que le nombre de crédits ECTS qu’il entend obtenir par semestre/année académique. Le plan d’études individuel permet de suivre les progrès de l’étudiant et de suivre les étudiants qui accusent beaucoup de retard par rapport aux objectifs qu’ils ont déclarés dans leur plan) ;
  • „„Grande flexibilité des études supérieures : cours à la carte, temps partiel, cours à distance, interruption d’études ;
  • „„Voies d’accès alternatives à l’enseignement supérieur : programmes préparatoires, reconnaissances des acquis ;
  • „„Absence quasi-totale de frontière entre formations initiale et continue ;
  • „„Coopération étroite entre le système éducatif et la vie professionnelle ;
  • „„Rôle majeur d’impulsion des partenaires sociaux dans la conception et l’organisation de la formation professionnelle, tant initiale que continue ;
  • „„Fort développement du système d’éducation populaire ;
  • „„Grande importance attribuée aux dispositifs d’information et d’orientation (ex : organisation de « semaines de la formation des adultes ») ;
  • „„Gratuité des programmes d’éducation de base ou d’enseignement secondaire pour adultes ; „„Aides étatiques pour encourager la participation des plus vulnérables (aides directes, incitations fiscales pour les apprenants et pour les employeurs).

En Asie, la Corée du Sud apparaît comme un bon exemple de politique volontariste de FTLV avec :

  • „„un système de crédit (l’Academic Credit Bank System) qui permet à des personnes ayant bénéficié de différents types d’apprentissage, à l’école ou en dehors, d’obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur de niveau bachelor ou équivalent ;
  • „„une stratégie nationale aux objectifs ambitieux : construire un « système » de FTLV complet, en ligne et hors ligne, supporté par différents types d’établissements implantés sur tout le territoire ;
  • „„une offre de programmes d’enseignement adaptés à chaque étape de la vie et accessibles pour tous et partout ;
  • „„la fixation d’indicateurs de performance : nombre d’universités par région axées sur la FTLV, de programmes de FTLV, de personnes issues de milieux défavorisés y participant, nombre de villes ayant le label « FTLV ». Les évaluations réalisées à l’issue des deux premiers plans d’action sont plutôt positives : augmentation du taux de participation générale à la FTLV de 9,2 % entre 2008 et 2012, du taux de participation des personnes d’un niveau inférieur au premier cycle du secondaire de 7,1 % et de celle des groupes à faibles revenus de 8,4 %.

Documents à consulter
Recueil des contributions
Bibliographie
Les synthèses
Propositions pour une stratégie nationale de l'enseignement supérieur - synthèse du rapport
Fostering a learning society - Synthesis and main proposals
La StraNES en poche
La StraNES en poche - Petit Vademecum des quarante propositions pour une Stratégie nationale de l’Enseignement Supérieur
Voir aussi
La stratégie nationale de l'enseignement supérieur (StraNES). Voir l'article...

Rapport StraNES

Commentaires
Newsletter
49 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 2 783 472
Formation Continue du Supérieur
Archives